Michel Foucault contre la gauche antilibérale

Ce qui est remarquable chez Foucault, c’est sa capacité à penser autrement et à comprendre de l’intérieur les courants de pensée.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Michel Foucault, painted portrait Credit thierry ehrmann (Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Michel Foucault contre la gauche antilibérale

Publié le 8 décembre 2014
- A +

Par Damien Theillier.

Michel Foucault, painted portrait Credit thierry ehrmann (Creative Commons)

Penseur de la transgression, icône de Mai 68 et de la gauche radicale, Michel Foucault est mort il y a trente ans. Il fut d’abord un observateur brillant de la civilisation occidentale, de ses rituels d’exclusion et de normalisation depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il fut l’auteur d’une œuvre prolifique et atypique qui passe au crible tous les dispositifs mis en place par le pouvoir afin de quadriller le corps social : l’ordre du discours, l’exercice de la médecine, le contrôle de l’intime, le système judiciaire, qui tous ensemble forment la machine du pouvoir. Plutôt que de procéder à partir des cadres traditionnels de l’analyse, l’auteur de Surveiller et punir a voulu partir du crime pour interroger la loi, il a voulu partir de la prison pour interroger le système pénal. De la même façon, à la fin de sa vie, il s’est intéressé à la pensée « néolibérale » (expression de Michel Foucault pour désigner les libéraux d’après-guerre) pour faire éclater les cadres de la bien-pensance de gauche.

En effet, selon Geoffroy de Lagasnerie, auteur de La dernière leçon de Michel Foucault en 2012, ce dernier a été fasciné par des penseurs tels que Friedrich Hayek, Gary Becker ou Milton Friedman. Le cours de Michel Foucault qui discute de cette question est Naissance de la biopolitique. C’est un cours qui a été conçu au Collège de France en 1978-1979. Alors que la rhétorique anti-néolibérale, à droite comme à gauche, ne cessait déjà de dénoncer l’anomie, la marchandisation, l’individualisme et le matérialisme du marché, Foucault décidait d’en faire le centre de sa réflexion. Avait-il tourné le dos à la critique sociale ? S’était-il éloigné de la gauche pour se convertir à l’idéologie dite « de droite » ? Pourquoi lisait-il des auteurs comme Milton Friedman et Friedrich Hayek ? Pourquoi s’intéressait-il à un courant de pensée tellement détesté et diffamé dans l’espace public ?

Pour Geoffroy de Lagasnerie, Foucault a su échapper complètement aux schémas simplistes et à l’uniformisation de la vie intellectuelle française. S’il a été fasciné par le néolibéralisme, explique-t-il, c’est parce qu’il a vu au cœur de cette pensée une exigence de ne pas être gouverné, de résister aux pouvoirs et aux diverses formes de domination. Il y a vu l’importance de la diversité et de l’hétérogénéité du monde social, la prise en compte du fait que les gens n’adhèrent pas aux mêmes valeurs, l’idéal d’une société qui favorise l’individualisation des modes de vie, qui permet aux gens d’établir des « plans de vie différents », selon le mot d’Hayek.

Ce cours est un moment où Foucault a perçu dans le néolibéralisme une pensée singulière, un foyer d’imagination, en écho à ses propres questionnements. En effet, comme lui, Gary Becker s’est intéressé à des sujets relevant habituellement du domaine de la sociologie. Il a appliqué au crime, à la délinquance, à la sexualité, les outils de la microéconomie (utilité, optimisation sous contrainte, courbes d’indifférence, offre et demande…). Surtout, il nous a appris à penser comme un économiste.

Cette démarche tout à fait inhabituelle et impertinente fait littéralement éclater les cadres de la pensée sociologique, figée depuis Durkheim dans l’idée que la collectivité doit affirmer son emprise régulatrice contre l’individualisme et la concurrence des intérêts particuliers. Michel Foucault cite longuement l’introduction à L’Approche économique du comportement humain, l’ouvrage de Gary Becker, l’un des plus importants chercheurs en sciences sociales du XXe siècle (voir mon article en cliquant ici). Il montre  que l’économie moderne rompt avec les sciences sociales qui prétendent rendre compte du comportement des individus en invoquant leurs goûts, leurs inclinations morales, leur psychologie, leur culture, leur identité, etc. L’économie se propose de partir du postulat inverse : elle présuppose que les individus sont identiques, qu’ils ont des tendances comparables. Elle rend compte de la variabilité des pratiques par les incitations objectives et le calcul coûts-bénéfices. Du coup, elle récuse la pertinence des opérations de normalisation (classification des individus en normaux et anormaux). Elle brise la volonté de corriger les individus de l’intérieur par des mécanismes d’assujettissement internes. Elle remet la loi à sa juste place : agir sur les comportements, pas sur les consciences.

Par ailleurs, l’idée libérale du marché comme forme d’organisation de la société trouve son fondement dans le rejet de l’État. Or selon Foucault, le néolibéralisme est la théorie politique contemporaine anti-État la plus puissante et celle qui déploie les instruments de critique du pouvoir les plus radicaux. En fait, explique Geoffroy de Lagasnerie, l’intérêt de Foucault pour le néolibéralisme à la fin des années soixante-dix vient d’abord de son opposition au marxisme. Dans ce cours au Collège de France, il n’a pas voulu restituer le néolibéralisme dans toute sa cohérence mais plutôt l’utiliser comme un instrument dans la guerre qu’il menait dans le champ politique et intellectuel français. L’idée que combat Foucault à cette époque, c’est l’idée que la théorie authentiquement subversive serait la théorie révolutionnaire marxiste. Mais cette idée se fourvoie, selon lui, dans une impasse : l’idée que la société a un centre, que tout s’articule autour des rapports de production. Donc, selon le dogme marxiste, si on transforme les rapports économiques, on transforme toute la société.

Pourtant il y a des luttes et des résistances qui ne rentrent pas dans cette vision moniste. Ce qui pose problème à Foucault dans le marxisme, c’est notamment sa tentative de trouver une solution unique, finale, universelle aux problèmes humains. Il y a une obsession de l’unité, une volonté de toujours vouloir donner par en haut et de façon autoritaire de la cohérence à la société.

Or la critique néolibérale du marxisme consiste justement à montrer que la société n’a pas de centre ou qu’elle en a plusieurs. Le monde fonctionne à la pluralité, à l’ordre spontané, au polycentrisme, à l’échange libre entre les individus. « La société néolibérale ne se fixe pas comme objectif de normaliser les individus, de les contrôler. Elle est une société de la pluralité. Elle est marquée par quelque chose comme une ‘tolérance’ accordée aux individus ‘infracteurs’ et aux pratiques minoritaires », écrit Geoffroy de Lagasnerie. Pour Foucault, comme pour les néolibéraux, la pluralité du monde social et culturel est irréductible ; elle doit constituer un point d’arrivée, et non le point de départ contre lequel devrait nécessairement se définir une théorie politique.

En conclusion, quoi que l’on puisse penser de ses revirements idéologiques, ce qui est remarquable chez Foucault, c’est sa capacité à penser autrement et à comprendre de l’intérieur les courants de pensée, sans se laisser influencer par la vulgate dominante. Il a su percevoir la question centrale que les néolibéraux (ou les libéraux tout court) sont les seuls à penser de façon cohérente : que signifie vivre dans un monde ou les hommes ont des éthiques et des valeurs différentes ?


Sur le web

Voir les commentaires (31)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (31)
  • « Il a su percevoir la question centrale que les néolibéraux (ou les libéraux tout court) sont les seuls à penser de façon cohérente : que signifie vivre dans un monde ou les hommes ont des éthiques et des valeurs différentes ? »

    Je ne pense pas que ‘penser de façon cohérente’ soit la bonne formule : cela implique la conception, la description d’un modèle cartésien, qui est donc par nature réducteur et simplificateur.

    L’innovation, la créativité, l’invention de ce qui n’existe pas encore, la découverte de nouveaux usages … sont au cœur du libéralisme : sans liberté : pas d’innovation, sans innovation : pas de croissance, sans croissance : pas de progrès.

    Et il est impossible de rationaliser de façon cohérente quelque chose qui n’existe pas (encore).

    Le libéralisme est une démarche empirique, pragmatique (ou mystique, ou relativiste), pas une représentation mentale cohérente : toute représentation mentale cohérente entrainant systématiquement vers la création d’un système, d’une utopie, d’un modèle … donc d’un socialisme.

    Le libéralisme érigé en système devient un socialisme. C’est d’ailleurs ce que lui reprochent ses opposants quand ils parlent d’ultralibéralisme.

    La croyance en la capacité à tout pouvoir rationaliser de façon cohérente est un mythe très Français (on n’apprend pas le pragmatisme à l’école publique gratuite et obligatoire), mythe qui détruit notre société.

    • « le libéralisme érigé en système devient un socialisme » => cela ne veut strictement rien dire.

      C’est quoi « un système » ?

      En quoi le respect de l’individu et de ses droits érigé en « système » pourait-il devenir du socialisme, cad un système basé syr le non respect de l’individu et de ses droits, cad tout le contraire du libéralisme ????

      incohérent.

      « c’est ce que reproche les opposants quand ils parlent d’ultra libéralisme »

      Des socialistes qui reprochent au libéralisme de devenir socialiste ???

      incohérent.

      • Pour les opposants au libéralisme, le libéralisme est une utopie qui vise à mettre en place un système (constructiviste) comme les autres, système où la construction de la société est basée sur un sous ensemble réduit de lois (les droits naturels), ce sous ensemble étant selon eux insuffisant pour construire une société de façon juste, équilibrée, viable pour tous.

        L’approche qui consiste à présenter le libéralisme comme une ‘pensée cohérente’ est une vision utopique et constructiviste du libéralisme : le libéralisme décrivant alors un certain type de société qu’il reste à construire.

        • @Boulots : Ce n’est pas les opposants au libéralisme qui pensent cela, ce sont les ignorants du libéralisme (qui sont bien souvent les mêmes, je vous l’accorde).

          On ne définit pas une philosophie par la vision tronquée ou déformée de ses ennemis.

          Une pensée cohérente ne veut pas forcément dire vision utopique et constructiviste. Le libéralisme est par nature et construction la seule pensée politique cohérente car entièrement fondée sur la Raison, mais cela ne sous entend aucunement une utopie ou un constructivisme quelconque.

          • @Stéphane :

            Je crois que l’on est d’accord, mais alors le terme de ‘pensée cohérente’ est très mal choisi : le principe guidant le libéralisme étant empirique et non rationaliste.

            C’est à force de présenter le libéralisme sous forme rationaliste, que l’on donne du blé à moudre aux anti-libéraux.

            • @Boulots : il me semble bien au contraire que le principe guidant l’émergence du libéralisme est avant tout rationaliste et ne doit rien à l’empirisme.

              Le libéralisme a été pensé bien avant sa mise en oeuvre (partielle), et même avant sa mise en oeuvre, ses penseurs savaint déjà, par un raisonnement logique, ce qu’il en serait, compte tenu de la nature humaine intangible.

              • La notion de ‘droits naturels’ est une notion empirique, pas rationaliste. Sinon, expliquez moi quels sont les axiomes desquels découlent les ‘droits naturels’. Le terme même de ‘naturel’ implique une origine empirique.

                Si le principe en était le rationalisme, on parlerait de ‘droits fondamentaux’ : d’axiomes décidés à posteriori et qui n’existent que parce que la raison en a décidé ainsi. C’est d’ailleurs comme cela que les socialistes ont fait un holdup sur la DDHC : en prétendant que les droits naturels étaient des droits fondamentaux.

                La logique qui découle du rationalisme est incompatible avec le libéralisme, parce que la liberté n’est pas rationnelle : la liberté c’est l’absence de raison.

                Référez vous à John Locke
                http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Locke

                (OK, je l’admet c’est un Anglais, et la propagande marxiste, s’appuyant sur le narcissisme et l’arrogance Française, nous a fait croire que le siècle des lumières s’était Descartes et Rousseau)

                • Vous pourriez faire l’effort de vous renseigner: http://dantou.fr/DroitNaturel.html

                  • – Il existe un ordre conforme à la nature humaine permettant aux individus de vivre en société sans renoncer à leur individualité et à leur domaine propre.
                    – La connaissance de cet ordre ne vient pas d’une révélation ou de la tradition mais de l’usage de la raison sur la nature humaine ou partant d’axiomes incontestables-

                    Ceci est une définition purement constructiviste et rationaliste

                    Dans la définition de l’état naturel la société est absente :

                    Etat naturel : état dans lequel les hommes se trouvent en tant qu’homme et non pas en tant que membre d’une société.

                    On ne peut considérer cet etat que de façon empirique et non de façon rationnelle.

    • Non, le libéralisme s’oppose au constructivisme, le libéralisme c’est du réalisme, le socialisme une utopie constructiviste.

      • Réalisme et pragmatisme procèdent de la même démarche empirique : un principe qui ne serait pas corroboré par son observation dans le réel n’a pas de vérité.

        pragmatisme : un principe n’est vrai que si on peut observer son application réelle dans le monde
        réalisme : c’est l’observation du réel dans le monde qui permet de remonter aux principes

        La conséquence est que la démarche empirique procède de la vérité comme étant une conséquence de l’observation : une vérité se définit par défaut : on peut définir ce qui est faux, mais pas ce qui est vrai.

        On ne peut donc pas définir de vérité universelle. (Pour les chrétiens, la seule vérité universelle s’appelle Dieu et est par définition inatteignable – cf les pères de l’église et en particulier Saint Augustin)

        Eriger le libéralisme en principes vrais (en seule pensée cohérente qui … ) est donc un constructivisme utopique, c’est juste ce que je voulais dire.

        Le fait que la pensée soit cohérente et seule ne prouvant en aucun cas que celle-ci soit vraie, juste qu’elle n’est pas fausse jusqu’à preuve du contraire.

        • @ Boulots : le libéralisme se veut parfaitement universel en ce qu’il concerne la nature humaine, qui est universelle.

          Ce qui est vrai c’est ce qui n’est pas encore démontré faux. J’attends toujours que l’on démontre fausse la nature humaine 🙂

          Cependant, Aristote déclarait que la vérité (les faits) ne contredit pas une définition vraie.

          Dans le domaine de la philosophie politique, la seule philosophie jamais contredite par la vérité (les faits) reste le libéralisme …

          • @Stéphane :

            Non la nature humaine n’est pas universelle, cela voudrait dire que la liberté, la culture, la créativité, les sensibilités, mais aussi la bêtise, l’aveuglement, les comportement déviants … n’existent pas.

            La ‘nature humaine’ est une construction mentale : il n’existe que des individus tous différents qui pensent par eux même (et parfois arrivent à faire des efforts pour se mettre d’accord)

            Il n’existe pas plus de nature humaine que de classes sociales ou de race ….

            Ceci dit, vous avez raison pour la citation d’Aristote (qui ne contredit en rien ce que j’ai dit) et je suis à 100% d’accord avec vous : la seule philosophie jamais contredite est le libéralisme (mais cela ne veut pas dire qu’elle soit la seule vraie 🙂 )

            • « la nature humaine » n’existe pas : ça par exemple, c’est du pur constructivisme.

              Vous vous méprenez sur ce qu’est la nature humaine. La nature humaine, c’est cela : l’être humain est doué de raison et d’une raison autonome se réduisant à chaque individu.

              De là, vous en déduisez le libéralisme.

              Vous dites que la nature humaine est une construction mentale, et pourtant vous en donnez l’exacte définition, qui est simplement une réalité intangible …

              La réalité n’est pas qu’une construction mentale.

              « La réalité, c’est ce qui ne disparait pas quand on cesse d’y croire » Philippe K. Dick.

              ans cette logique, si vous pensez qu’il n’existe pas de classes sociales ou de race, là, je ne peux pas faire grand chose pour vous, vous avez un problème avec la réalité.

              Je n’ai jamais dit que le libéralisme est la seule philosphie qui soit vraie. C’est la seule par contre qui soit Juste, et la seule qui permet le développement économique (c’est en cela qu’elle est « vraie »).

            • « Non la nature humaine n’est pas universelle, cela voudrait dire que la liberté, la culture, la créativité, les sensibilités, mais aussi la bêtise, l’aveuglement, les comportement déviants … n’existent pas.  »

              N’importe quoi.

  •  » … sont les seuls à penser de façon cohérente … » tendrait à impliquer la conception d’un système, d’une représentation rationnelle et finie, d’un modèle cartésien qui expliquerait et décrirait le libéralisme.

    Le point du libéralisme n’est pas qu’il pense de façon cohérente un système complexe basé sur la diversité et non sur la classification réductrice. Le point du libéralisme est d’être pragmatique, de partir du principe que ce qui importe est ce qui n’existe pas encore : l’innovation, le progrès, le futur à découvrir.

    Futur qui par définition ne peut pas se penser de façon cohérente, sinon il devient une utopie, et est donc forcement socialiste.

    C’est d’ailleurs se que reprochent au libéralisme les anti : d’être un système comme les autres, ce qu’il n’est pas.

    • Le libéralisme n’est pas en premier pragmatique, vous confondez avec l’utilitarisme, qui n’est pas un libéralisme (car le pragmatique est plus important que les principes pour les utilitaristes)

      Ce qui importe pour lui n’est pas ce qui n’existe pas encore, aucun rapport.

      Ce qui compte pour le libéralisme, ce n’est pas le futur, c’est le respect des droits fondamentaux de l’individu, seul principe intangible permettant une vie en société paisible et prospère.

      Enfin, une utopie n’est pas forcément socialiste, aucun rapport.

      • Vous déformez mes propos je n’ai jamais dit qu’une utopie était forcément socialiste… Par ailleurs le libéralisme n’est pas de l’utilitarisme, car l’utilitarisme est une doctrine éthique qui prescrit d’agir (ou ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être global de l’ensemble des êtres sensibles.
        L’utilitarisme peut être socialisme ou autre quand une caste dirigeante pèse ce qu’elle pense être bien ou pas pour une population. Ça peut marcher sur une population non informée, comme ça à marché France à partir de 81. Mais bienvenu au XXI eme siècle, maintenant le monde est informé, un homme intelligent informé devient l’égal de ces hommes de la caste dirigeante. Ces derniers ont peur de perdre le pouvoir et pour ne pas le perdre sont obligé de recourir à la force pour maintenir leur dogmes et donc leur pouvoir (ex la justice c’est socialiste, l’égalité c’est socialiste, si vous ne donnez pas à l’état socialiste vous n’aiderez pas les pauvres etc…). C’est ça qui vous fait peur

        • Le libéralisme n’est pas de l’utilitarisme : on est d’accord
          Une utopie est forcément constructiviste, et donc se transforme forcement en socialisme.

          Toute utopie constructiviste (même libérale) ne peut pas prendre en compte les changements, l’innovation, les découvertes, les progrès qui n’existent pas ou pas encore … elle et est donc forcement fausse dans le temps.

          Afin d’évoluer, elle ‘rajoute’ au système et avance inexorablement vers le socialisme.

          La seule solution pour éviter cela, est de définir le libéralisme comme autre chose qu’un système, qu’une utopie.

          • @ Boulots : une utopie constructiviste ne se transforme pas nécessairement en socialisme, ou alors j’aimerai bien connaitre votre définition du socialisme.

            La royauté absolue du moyen age était une utopie cosntructiviste mais pas du tout socialiste.

            une utopie constructiviste libérale est une contradiction dans les termes.

            Le libéralisme, c’est la défense des droits fondamentaux de l’individu, et rien que cela. Voilà la définition.

            • La monarchie absolue n’a existé en France qu’après le moyen âge.

              Je pense que vous voulez parler de la monarchie de droit divin, qui n’a rien d’une utopie ni d’un constructivisme, c’était même tout l’inverse d’un constructivisme : la nature du pouvoir étant d’origine divine et non humaine, et tout l’inverse d’une utopie : la société se devant d’être acceptée et non idéalisée.

              Défendre les droits fondamentaux est un constructivisme :

              Le constructivisme ou rationalisme constructiviste est une attitude politique, qui proclame que les choix publics doivent être guidés par la volonté de construire un certain type de société.

              Dans votre cas, le type de société à construire est une société qui défend les droits fondamentaux.

              http://fr.wikipedia.org/wiki/Constructivisme_(politique)

      • J’ai parlé d’une démarche empirique, j’aurais du écrire « empirique (pragmatique ou réaliste ou mystique ou relativiste …) »

        Le respect des droits fondamentaux … dans le but d’une société paisible et prospère … est du constructivisme utopiste.

        OK ce n’est pas du constructivisme collectiviste, mais c’est du constructivisme quand même.

        Tout constructivisme finit toujours par du socialisme : étant donné que l’on ne peut qu’en rajouter, qu’essayer d’améliorer le système construit.

        • « Le respect des droits fondamentaux … dans le but d’une société paisible et prospère … est du constructivisme utopiste »

          Affirmation non prouvée et encore une fois contradictoire dans les termes….

          Un constructivisme ne finit pas forcément en socialisme, vous devriez d’abord essayer de définir ce qu’est un constructivisme et ce qu’est le socialisme.

          Le socialisme implique le constructivisme, pas forcément l’inverse.

          • L’utopie est une représentation d’une réalité idéale et sans défaut. La représentation que vous présentez est celle d’une société paisible et prospère et le constructivisme pour y arriver est le respect des droits fondamentaux.

            Je note d’ailleurs que vous parlez de droits fondamentaux, ce qui est la version rationaliste des droits naturels.

    • « Futur qui par définition ne peut pas se penser de façon cohérente, sinon il devient une utopie »

      C’est justement de penser le futur de façon cohérente qui empêche l’utopie.

      « et est donc forcement socialiste » Le djihad islamiste est une utopie, où y voyez vous du socialisme ?

      • L’utopie est une représentation d’une réalité idéale et sans défaut. Se représenter le futur de façon cohérente est utopiste : on ne peut se représenter de façon cohérente quelque chose qui n’existe pas et le fait de représenter le futur de façon cohérente le rend forcement idéal et sans défauts (sinon il serait incohérent, imparfait, non idéal …)

        • une représentation d’une société humaine sans défaut c’est utopique car non conforme à la réalité humaine.

          Quel être humain est sans défaut ? (à par Jésus, mais c’est une autre histoire)

          Le libéralisme ne parle pas d’une société parfaite ou idéale. Il prône le respect des droits fondamentaux de l’individu, et ce faisant on devrait pouvoir arriver à une société humaine la moins imparfaite possible.

          L’utopie, c’est quand on se méprend sur la nature de l’homme.

  • On a aussi eu droit à peu près à la même époque au Foucault vantant les mérites de Khomeiny avant de prendre la mesure de sa méprise.
    La fin des années 70 / début des années 80 est la grande époque où « les intellectuels » effrayés par ce qu’ils ont aveuglément adoré, tâtonnent, bafouillent, et finalement finissent par suivre le nouveau courant dominant.

  • Merci pour cet article. Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à trouver que les 3 /4 dernière années de cours au collège de france de Michel Foucault.
    Je n’ai pas encore lu ce livre je viens de l’acheter en Kindle) mais il est tras clair que Foucault est aussi tres impressioné par la dissidence anti soviétique et ses production intellectuelles notamment la vie dans la vérité de Vaclav Havel. Tout son travail sur la paresia en témoigne et permet d’analyser le libéralisme d’une autre manière. j’ai essayé de résuler cela dans un article paru en 2010 dans contrepoints que je me permet de citer ici.
    http://librepropos.blogspot.fr/2010/09/de-la-liberte-de-vivre-dans-la-verite.html

  • Merci pour cet article. Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à trouver que les 3 /4 dernière années de cours au collège de france de Michel Foucault sont libérales.
    Je n’ai pas encore lu ce livre je viens de l’acheter en Kindle) mais il est clair que Foucault fut aussi très impressioné par la dissidence anti soviétique et ses productions intellectuelles notamment « la vie dans la vérité » de Vaclav Havel.
    Tout son travail sur la paresia en témoigne et permet d’analyser le libéralisme d’une autre manière. J’ai essayé de résuler cela dans un article paru en 2010 dans contrepoints que je me permet de citer ici.
    http://librepropos.blogspot.fr/2010/09/de-la-liberte-de-vivre-dans-la-verite.html
    Dommage qu’il soit mort si tôt!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Tadd Wilson. Un article de la Foundation for Economic Education

En dépit de ce qui est enseigné dans la plupart des universités, les idées libérales essentiellement classiques de l'économie de marché libre et du gouvernement limité ont remporté le test de base de toute doctrine : est-elle la meilleure alternative ? La preuve en est évidente, qu'il s'agisse de l'effondrement de l'économie planifiée de l'ancienne Union soviétique, ou de la réduction du secteur public dans des pays aussi variés que l'Estonie, la Nouvelle-Zélande et la... Poursuivre la lecture

L’actualité politique française, tout imprégnée d’antilibéralisme et friande de raccourcis journalistiques, a souvent tendance à réduire le libéralisme à une sorte d’idéologie politique homogène destinée à imposer le marché comme un dogme et les libertés individuelles comme une morale publique ne souffrant aucune discussion contradictoire.

C’est passer sur son histoire, ses nuances et ses théorisations sous le rouleau compresseur de l’opinion commune pour en oublier sa richesse philosophique et son inventivité fondamentales.

Plu... Poursuivre la lecture

Par Johan Rivalland.

Le penchant de l'homme à chercher des boucs émissaires responsables de ses malheurs était l’objet du célèbre ouvrage de René Girard intitulé Le bouc émissaire. Il semble bien qu’en ces temps troublés, un néologisme déjà très en vogue depuis un certain temps occupe plus que jamais ce rôle bien commode et rédempteur.

Plus un journal, un magazine, une émission radiophonique ou télévisuelle, un ouvrage à la mode, un discours public ou privé, qui ne nous servent à l’heure actuelle des analyses très vagues et très... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles