Économie française : pourquoi il ne faut plus croire au Père Noël

Le naufrage économique de la gauche en neuf points.

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Père Noël 2 - Credit LanyLane (Creative Commons)

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Économie française : pourquoi il ne faut plus croire au Père Noël

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 décembre 2014
- A +

Par Hector Allain

Père Noël 2 - Credit LanyLane (Creative Commons)

Quels que soit les indicateurs, l’économie française actuelle ressemble à un film catastrophe des années 70. Pour les observateurs un peu initiés aux réalités économiques, cette avalanche de mauvaises nouvelles (chômage, destruction d’entreprises, hausse du déficit extérieur etc.) était malheureusement prévisible. L’arrivée d’Emmanuel Macron, qui pour le moment n’a rien produit de concret, confirmera malheureusement la tendance car si la forme a changé, le fond reste le même. Le naufrage économique de la gauche s’explique en neuf points.

1- Nourrir encore l’obésité étatique

Les effectifs de la fonction publique représentent 24% de la population active, contre 15% pour la moyenne de l’OCDE. Or beaucoup de tâches administratives (collecte d’informations, vérifications, transactions financières, information, formation…) sont tout simplement devenues obsolètes à l’ère numérique. La prépondérance d’un secteur aussi sous-productif plombe mathématiquement notre compétitivité par rapport à nos voisins car de nombreuses charges sont de facto reportées sur le secteur privé. Pour des raisons électoralistes évidentes, Manuel Vals vient pourtant de valider la création de nouveaux postes de fonctionnaires. Une aberration économique.

2- Échouer à résoudre la complexité

Depuis 15 ans que l’on en parle, la simplification administrative reste virtuelle. Des avalanches de nouvelles lois détruisent les faibles allègements concédés aux Français.

Le système étatique se rebelle contre la simplicité. La cause en est simple : des milliers de fonctionnaires ont justement pour travail de contrôler, surveiller et punir. L’administration sécrète donc de la complexité de façon naturelle. On ne pourra pas simplifier la vie des citoyens sans réduire le nombre de fonctionnaires.

Pour donner de l’air aux entreprises, il faudrait aussi tailler dans le code du travail. Là encore, on doute que le gouvernement actuel, flanqué d’une aile gauche très remontée, ne réussisse à faire le moindre progrès en ce domaine

3 – Continuer à encourager l’assistanat 

Plus de 57% du budget de l’État consiste en des dépenses de transferts. Le cercle est de plus en plus vicieux. L’assistanat, cette morphine sociale, permet de calmer le chômage et la pauvreté, mais ces maux sont directement causés par l’assistanat via l’augmentation des charges qui plombe notre compétitive économique. Plus on distribue, plus le besoin est grand.

Dans une économie saine, chaque personne, sauf maladie ou handicap, devrait trouver de quoi s’employer et vivre dans la dignité. Nous avons perdu de vue ce repère. Ce pays compte des milliers de chômeurs alors que des centaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus, alors que des services simples manquent.

4 – Oublier que l’impôt tue l’impôt

La réduction du déficit promise par Hollande était évidemment chimérique. Visiblement, la loi de Laffer, qui décrit que l’impôt tue l’impôt, n’est enseignée ni à HEC, ni à l’ENA… La névrose fiscale de François Hollande a démotivé les masses laborieuses tout en stimulant le travail clandestin. Les hausses d’impôt ont désormais un rendement négatif, il faudra s’y faire. Un exemple navrant : l’augmentation des taxes sur le travail à domicile s’est traduit par une baisse de plus de 7% des heures déclarées. C’était prévisible mais rien n’a pu empêcher la mise en œuvre de cette absurdité.

5 – Décourager les créateurs de valeur (ou la délocalisation pour tous) 

contrepoints 952 Croire au Père Noël CroissanceAvant, la délocalisation touchait avant tout les bas salaires. Avec la politique de François Hollande, elle frappe les hauts revenus. À l’heure de la visioconférence pour tous, des transports ultra-rapides, les équipes sont de plus en plus européennes. La tentation devient irrésistible. Une banque délocalise son bureau de trading à Londres, un groupe industriel crée un bureau d’étude en Allemagne. Ce brain drain’  s’opère sans manifestation bruyante, ni banderoles, invisible bien souvent par le radar des médias. Une mort silencieuse en quelque sorte. Le nombre d’emplois touchés sera difficile à estimer et nous n’en verrons les effets qu’à long terme. Quand il sera trop tard.

6 – Ignorer la concurrence mondiale

Hollande, tout comme son prédécesseur, parle anglais comme un mauvais élève de troisième. L’élite étatique est non seulement narcissique, elle a les yeux rivés sur son nombril. Cela se paye comptant dans un monde mondialisé. En 2013, les investissements directs étrangers ont chuté de 77%. Vertigineux et effrayant. En matière de communication, le gouvernement Hollande aura eu un impact désastreux pour l’image de la France. À l’étranger, la taxe à 75% est aussi connue que la tour Eiffel, le Champagne ou Julie Gayet. Elle donne l’image d’un pays en revival soviétique.

7- Ne rien comprendre aux enjeux du numérique 

« Il faut un grand ministère pour les jeunes » a dit François Hollande à Bill Gates en parlant de son ministère sur le numérique. La phrase restera dans le bêtisier pourtant déjà bien replet de ce quinquennat. C’est décourageant de stupidité.

L’Angleterre du 18ème siècle a conquis le monde grâce à la révolution industrielle. Le numérique devrait être le fer de lance de la croissance économique. Il devrait aussi permettre de réduire drastiquement les effectifs de l’État, sans réduire pour autant le service apporté aux citoyens.

Les entreprises de technologies créent des emplois hautement qualifiés qui entraînent l’économie. Mieux, ils améliorent la vie, le respect de l’environnement et, surtout, ils sont garants à terme de l’autonomie du pays. Ces emplois seront les grands perdants du pacte de responsabilité car les experts du web sont trop payés pour que les entreprises ne bénéficient des remises de charges sur leurs salaires.

8 – Bouter les entrepreneurs hors de France

La tristement célèbre affaire des pigeons aura été un édit de Nantes pour les entrepreneurs. Certes les chiffres de la création d’entreprise ne se sont pas effondrés. Beaucoup de ces nouvelles sociétés sont cependant le fait de chômeurs qui n’arrivent plus à trouver d’emplois. Si on doit saluer le courage de ces personnes, il faut reconnaitre que dans le même temps les vraies entreprises de croissance se créent désormais aux États-Unis ou à Londres. Là encore, ces délocalisations par le haut se font sans tambour ni trompette. Le Royaume-Uni avec son entrepreneurs’ relief (taxe de 10% sur la revente d’une société) déroule le tapis rouge aux plus entreprenants d’entre nous et capte notre richesse entrepreneuriale. Même avec les aménagements apportés, survenus trop tardivement et mal communiqués, nous restons battus à plate couture par les Britanniques.

9 – Réduire la science économique à des incantations 

Le logiciel économique de François Hollande présuppose que l’économie dépend essentiellement de facteurs psychologiques ou de cycles. On pourrait dès lors invoquer la croissance comme un shaman l’esprit de la pluie, comptant sur la chance et la crédulité de la foule. Les incantations hasardeuses de Hollande et notamment ce discours biscornu sur l’inversion de la courbe du chômage s’expliquent par cette erreur d’analyse.

La reprise mondiale pourrait nous apporter un léger mieux, mais nous ne profiterons que peu de ces vents porteurs. Les fondations de l’économie française ont été lourdement endommagées. Rendons cependant justice au gouvernement socialiste : le désespoir des Français ne leur incombe qu’en partie. Il vient aussi du fait que la droite peine à convaincre. L’UMP s’est montrée pusillanime dans sa défense des entreprises. Sa doctrine économique ressemble au désert de Gobi en matière d’idées et de vision. Le FN qui donne dans le charlatanisme économique ne fait pas mieux. Les citoyens doivent donc se prendre en main. Les nouvelles initiatives, les décisions courageuses ne pourront venir que d’eux…

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  • le problême , c’est que même si l’on se prend en main , l’état vous tombe dessus , en se sucrant largement sur les revenus de sorte que l’on se retrouve avec à peine la moitié d’un rsa pour survivre ;

    • Eh bien faite comme (presque tout le monde) : délocalisez-vous, votre famille, votre emploi, votre patrimoine.

      Cet article est une excellente synthèse.

      Il manque en revanche une chose : le fait que… cela ne changera pas de sitôt.

      En clair : la France n’est pas « réformable ».

      Il faudra attendre des années, avant que, peut-être, un changement de paradigme soit possible.

      D’ici là, soit vous vous soumettez, sans protester, soit vous résistez en partant.

    • Zut, yé mé souis fait avoir. J’avais cru bien naïvement que hollande serait un bon père Noël. On m’aurait trompé alors? C’est fou les fourbes qu’il y a dans ce monde merveilleux. Mais où sont passés tout ceusses qui ont mis un mauvais bulletin dans l’urne. Faut-il refaire la présentielle 2012?

  • Dans la rubrique assistanat, il est oublié que cet assistanat assure la bonne gamelle des partis politiques. Une spécificité, les professionnels de la politique, qui ne savent faire que de la politique et rien d’autre.
    Normalement quand on est licencié, le mieux est de passer à autre chose. Mais pas les politiciens.
    L’assistanat aux partis politiques fournit une gamelle tellement bonne que même les perdants humiliés veulent y revenir.
    Ces partis d’a peine 100 000 adhérant réels, ne pourraient pas vivre sans l’assistanat financier de l’état. L’assistanat fianci

  • « Plus d’un tiers (37%) des Français considèrent tout simplement l’impôt comme une extorsion de fonds. Rien de moins. Ce point de vue extrême est même majoritaire chez ceux qui gagnent moins de 1.000 euros par mois, ceux qui ne paient pas l’impôt sur le revenu, et ceux qui se déclarent proches du Front National (61%). » Source : Le Figaro.fr

    Les idées libérales ont toute leur chance en politique. En revanche la cible n’est pas celle que beaucoup de libéraux imaginent car :

    « (…) seule une petite majorité de Français (56%), considèrent que c’est un devoir de citoyen, qui garantit la cohésion de la société, selon une étude OpinionWay pour la plateforme de financement participatif Finsquare. Cette conception est surtout défendue par les plus de 55 ans et les personnes les plus aisées. »

    Le changement de mentalité a lieu mais il est inter-générationnel : le libéralisme doit s’adresser aux jeunes et aux travailleurs pauvres, aux exclus. Pas aux générations auxquelles les redistributions, l’interventionnisme étatique, etc. ont profité.

  • C’est clair, la France est une version améliorée de la Corée du Nord. Il n’y a plus rien à attendre, ce pays n’existe plus ! Comme une volaille, il a été éventré, puis vidé de sa substance. Le coq gaulois qui trône sur les grilles des jardins de l’Elysée n’est en réalité qu’une vielle carcasse rongée par les asticots politiciens.

  • Le système va s’éffondrer mais quand?Et que se passera -il après?Dictature nationale-socialiste?Guerre civile? ou les deux? Donc conclusion : soit préparez-vous à des heures sombres, soit partez sous des cieux plus cléments si vous pouvez…

    • La guerre civile est en cours sous nos yeux en France depuis plusieurs décennies : ça s’appelle le communisme. Elle est permanente et oppose tout le monde.

  • la gauche (francaise en particulier)a une tendance à être très idéologue et à être complétement déconnecté de la réalité. la droite francaise ne vaut pas bcp mieux même si dans le cas de la droite, ce n’est pas par idéologie et par manque de réalisme que l’on refuse les réformes mais par cynisme et par intérêt politique. la droite francaise est dirigé par des hommes qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel

    • bien sur dire qu’il y a d’un coté la gauche complétement idéologue et dogmatique et de l’autre une droite affairiste et cynique est une caricature. néamoins il y a du vrai là dedans, il y a un fond de vérité

  • cela ne sert a rien de discuter avec des gens qui ne veulent pas comprendre , et de continuer a se crever au travail , pour toujours se faire plumer de plus en plus . il faut réduire l’activité au maximum et faire crever la bête au plus vite .

  • Le constat de l’inanité des politiques suivies et de l’incompétence du
    personnel politique et médiatique en économie est avérée. (après tout qui nous a « vendu » Hollande, Sarko, Chichi, Jospin, Mitterrand II ? sans jamais dénoncer ces faussaires du déficit !)

    Think global, act local ! Que peut-on faire chacun à son niveau ?
    Les uns ont répondu « fuir à l’étranger » Si vous le pouvez tant mieux, n’oubliez pas depuis votre exil de financer les institutions libérales qui luttent pour la liberté économique, dans notre vieux pays.

    Pour ceux qui restent ici,
    – s’abonner à un journal ou media réellement libéral,
    – visiter Nous Citoyens (ou encore le Parti Lib Dem), voire adhérer
    – visiter Contribuables Associés, voire adhérer
    – relayer l’analyse libérale de l’actualité (web ou vie réelle si c’est possible)
    – fonder ou rejoindre une association de professionnels ou de contribuables militant pour la baisse des dépenses publiques
    – repérer les solutions de la société civile qui pourraient prendre la place de l’administration, visiter les réussites à l’étranger, et aussi notre passé !
    – Fondation pour l’Ecole, liberté scolaire, chèque Education
    – Objectif Liberté (V. Benard sur le logement)
    – …
    – big society britannique
    – fédéralisme helvète, autonomie fiscale locale
    – …
    – sociétés de secours mutuel, l’ancêtre libéral (à lire sur Institut Coppet)
    – … vos idées

    Bref aucune raison de déprimer, chacun peut – et doit si vous êtes lecteur de CP – faire progresser la liberté économique.

    • Oui à tout cela, mais aussi:
      – Lire et faire lire Frédédic Bastiat
      – Promouvoir la démocratie directe

      Et j’ajouterais: en attendant de pouvoir porter le libéralisme au pouvoir, plutôt que s’abstenir, voter FN pour que les socialistes s’entretuent au lieu de taper sur les libéraux – pour rigoler un bon coup, mais surtout pour que leur concurrence interne les oblige au réalisme.

  • « 4 – Oublier que l’impôt tue l’impôt »

    L’impôt est-il une fin en soi ? Pour les socialistes, certainement, mais pas pour les libéraux.
    Avant de tuer l’impôt, l’impôt tue l’économie.
    Bien avant le sommet de la courbe de Laffer, l’impôt empêche la prospérité.

    Laissez la courbe de Laffer et considérez la courbe de Fucius, qui représente non pas les rentrées fiscales en fonction du taux d’imposition, mais la variation des rentrées fiscales d’une année sur l’autre en fonction du taux d’imposition.

    Le sommet de cette courbe est bien plus proche du taux d’imposition zéro.
    Or si le taux d’imposition est supérieur à celui de ce sommet, on peut certes l’augmenter et collecter davantage immédiatement, car on est bien avant le point de Laffer; mais on collectera moins plus tard !

    Logique: Plus de marché => plus de croissance => plus de masse taxable
    Ainsi, ce n’est pas au-dessous du point de Laffer qu’il faut raisonnablement placer le taux d’imposition, mais bien plus bas.
    Prétendre le contraire, c’est soutenir que l’économie planifiée fonctionne mieux que l’économie de marché, au rebours de la raison et de l’expérience.
    C’est de l’obscurantisme.

  • Excellente synthèse. Le bilan de François Hollande est effarant.

  • L’analyse est pertinente, seul le sous-titre me paraît contestable. L’UMP au pouvoir pendant 10 ans avant 2012 a fonctionné avec un logiciel sensiblement identique. Ce qui signifie qu’il y a un consensus chez les dirigeants politiques français autour de la préservation du « modèle économique et social » en attendant le retour de la croissance.

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