Jean-Christophe Lagarde : une voix libérale à l’UDI ?

L’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) a désigné le 13 novembre dernier son nouveau Président, en la personne de Jean-Christophe Lagarde.

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Jean-Christophe Lagarde (Crédits : Marie-Lan Nguyen, licence CC-BY-SA 3.0), via Wikimedia.

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Jean-Christophe Lagarde : une voix libérale à l’UDI ?

Publié le 27 novembre 2014
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L’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) a désigné le 13 novembre dernier son nouveau Président, en la personne de Jean-Christophe Lagarde, 47 ans, député-maire de Drancy. C’est à lui qu’il revient de remplacer Jean-Louis Borloo, qui avait créé cette formation deux ans auparavant en fédérant autour de lui différents mouvements au centre et au centre-droit.

Par Vincent Delhomme.
Un article de Trop Libre

JC Lagarde Wikimedia Commons crédits Marie-Lan Nguyen
Encore peu connu du grand public, Jean-Christophe Lagarde multiplie ces derniers jours les interventions dans les médias. Son statut d’homme nouveau et ses positions iconoclastes – il est favorable à la dépénalisation du cannabis et à l’expérimentation des salles de shoot – suscitent l’attention du public et des commentateurs, jusque-là il faut bien le dire relativement indifférents aux destinées de l’UDI.

Ce brusque intérêt pour le parti centriste et son Président ne pourrait être qu’un épiphénomène, mais l’avenir de l’UDI devrait, au contraire, se révéler intéressant à plus d’un titre. En effet, très rapidement va se poser la question du projet que porte l’UDI, de sa place sur l’échiquier politique, et il y a des raisons d’espérer que l’UDI incarne alors cette voie libérale quasiment disparue du paysage politique français.

D’abord, Jean-Christophe Lagarde lui-même est peut-être plus libéral qu’il ne le semble, même s’il utilise l’adjectif avec parcimonie, se définissant plus volontiers comme démocrate social ou humaniste. Se réclamant du solidarisme, il déclare ainsi préférer le contrat à la loi et le mutualisme à la régulation de l’État1. Il a également un positionnement très libéral sur les sujets de société, que ce soit sur les drogues ou le mariage homosexuel qu’il est l’un des rares à avoir voté dans son propre camp. S’il est moins tranché sur les questions économiques, il semble néanmoins prêt à défendre les réformes difficiles dont le pays a besoin, déclarant lui-même que la politique « crève de vouloir faire plaisir aux gens »2.

Le nouveau patron de l’UDI ne cache pas non plus son envie de voir le centre présider aux destinées du pays et souhaite, face aux échecs successifs des gouvernements en place depuis 33 ans, que son parti propose quelque chose de nouveau aux Français.3

En effet, si l’UDI ne veut pas être éternellement condamnée à servir de force d’appoint, si elle souhaite gouverner, elle devra imposer sa marque et proposer un projet radicalement novateur. Elle ne pourra plus se contenter d’un positionnement médian, un peu plus à droite que la gauche et un peu plus à gauche que la droite, de propositions timides, alors même que le public peine à différencier les politiques menées par l’UMP et le PS, et rejette massivement la classe politique dans son ensemble.

Ce projet devra être libéral et réformiste, car c’est le seul qui permette au pays de sortir de l’ornière, en réformant les structures d’un État devenu obèse et d’un modèle social à bout de souffle.

L’UDI peut incarner un tel projet, le seul qui lui permette de se démarquer de ses concurrents, de représenter l’alternative qu’elle souhaite incarner et de rester fidèle à ses valeurs d’une société performante, ouverte et humaniste. C’est ce projet qui, lorsqu’elle a su le mieux le porter, a conduit sa famille politique au plus haut de l’État.

Oui, libérons les énergies et les initiatives. Pour cela élargissons toujours le champ de la liberté et de l’autonomie. Mais quelle liberté, la liberté jusqu’où ? La liberté sauvage ? Certainement pas ! La liberté conduite par la responsabilité indviduelle. Rendre aux Francais toutes les responsabilités qu’ils sont capables d’exercer, voilà la tâche qui nous attend. 4

L’UDI a désormais un peu plus de deux ans pour faire siens ces mots d’Alain Madelin, et pour convaincre qu’elle représente cette alternative dont les Français ont besoin.

Sur le web.

  1. Le Monde, L’UDI veut « gouverner la France », 15 novembre 2014
  2. On est pas couché, France 2, 22 novembre 2014
  3. On est pas couché, France 2, 22 novembre 2014
  4. Alain Madelin, Chers Compatriotes, Programme pour un Président, JC Lattès, 1994
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  • Pour ceux qui ne l’ont pas vu, il est passé l’autre jour sur France2 à On n’est pas couché.

    http://youtu.be/iK_74xyqt20

    Et effectivement j’ai été plutôt agréablement surpris par son discours. Pas anti-immigration, ni anti-islam comme les autres, opposé aux 35 heures, discours réformistes etc…
    Dans le paysage politique actuel il me semble le moins pire, et de loin.

    • Je ne retire rien mais vraiment rien de ton commentaire, entièrement d’accord.

      Après le seul problème de l’UDI c’est sa filiation avec l’ump et son positionnement revendiqué de centre-droit qui ne veut rien dire, et donc ma crainte c’est sa soumission aux idées interventionnistes de l’État ou dexclusion, de l’ump qui continuera a cliver et a opposer les français entre eux, si jamais l’UDI devenait plus important. (même si il n’a aucune chance d’être au second tour il est plus facile de cracher sur l’étranger, sur le musulman ou bien de faire encore plus intervenir l’État ou taxer encore plus, bref de cliver les francais entre eux c’est plus vendeur)

      • Prendre conscience que l’UDI n’est pas un parti libéral loin de là. Maintenant ils ont élu Lagarde qui est peut-être le moins défavorable aux idées libérales, donc effectivement c’est nouveau et peut-être que le départ de Borloo a permis une nouvelle direction. On verra bien dans les deux années à venir

        • Borloo ? Bayrou ?

          C’est énorme.

          Vous n’en avez pas assez de remuer les vieux vins et les vieilles lunes ?

          Et puis c’est quoi le « centre » ? On se pose la question depuis… 30 ans… Preuve qu’il n’y a pas de réponse. Car le « centre » ça n’existe pas.

          Le « centre » peut-il casser l’état, remettre ce pays en ordre, guérir le cancer mental socialiste ?

          Refaites le test : visualisez les trognes de Borloo, Bayrou…

          La réponse alors vous apparaîtra brûlante, crue.

          Donc please arrêtons avec UDI, Largarde, Machin, Truc… autant de red herrings, de diversions, de chiffons rouges, de fantasmes pour vieilles mémés.

          Assez de thé au lait, de demi mesures correspondant à des demi hommes, et à des demi cerveaux.

          Le « libéralisme » est un combat. Un truc violent tant le boulot à accomplir est immense et sale.

          Pas une partie de croquet.

          • C’est ça vous êtes un « couillu » un vrai ..!!!! .Déblatérer sur un forum, pas de problème mais après Mr le Surhomme nietzschéen….Rien probablement..Du vent…
            Le discours de JC Lagarde nous change de ce dont on nous rebat les oreilles à longueurs d’ondes et de journées….Enfin un semblant de changement….A suivre

            • Ne tombez pas dans la vulgarité.

              Je ne suis pas « couillu ». Je suis observateur, réaliste et j’ai de la mémoire.

              En 2007, vous aviez été séduit par le « karcher »

              En 2002, vous aviez frissonné avec Jospin

              En 1995, vous aviez rêvé avec Balladur

              En 1988, vous aviez séduit par Barre

              Etc.

              Et en 2017, vous êtes émoustillé par « Lagarde » (mais qui est ce type ?)

              En clair : vous êtes le parfait idiot utile.

              Celui qui attend… le « changement ».

              • Mieux vaut-être un idiot utile qu’un utopiste aigri…Car le libéralisme ne verra jamais le jour dans notre pays….Et s’il était une solution….Cela se saurait…..Mes excuses pour la vulgarité..

        • Moi aussi j’ai été agréablement surpris, je ne m’attendais pas à son discours.

          Sauf que dans une émission de gauche, on est à l’aise pour parler légalisation ou du moins dépénalisation de la drogue.

          Et au vu des sondages & enquêtes d’opinion, même dans une émission de gauche, il n’est plus tabou de parler de réformes structurelles que Lui président ne fera jamais au grand dam de la petite bourgeoisie bobo qui commence à sentir passer le tournevis fiscal des socialauds.

          A voir dans le temps.

  • Attention à la grammaire!
    L’émission de Ruqiuer s’intitule « On N’est pas couché »

  • Je me permets de revenir sur cet article pour préciser que M. Lagarde était l’invité de J.-J. Bourdin sur RMC le 02/12 (http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/audio/rmc-0212-l-invite-de-bourdin-direct-jean-christophe-lagarde-129991.html). Pour ceux qui pouvaient penser – comme moi – qu’il était susceptible d’être compatible avec les idées que beaucoup d’entre nous défendent, je crois qu’écouter son interview de 20 minutes permet clairement de se rendre compte qu’il n’est pas libéral. Au contraire, à plusieurs reprises, il parle « d’ultra-libéralisme », à propos de l’Europe notamment. Il souhaite que les gouvernements reprennent possession de la monnaie, ce qui veut dire une vraie centralisation monétaire planifiée. Il emploie d’ailleurs le terme même de plan pour parler de l’industrie. Enfin, il critique l’éducation nationale, mais uniquement pour faire sa propre école publique…

    • Bravo, mais pour faire cette pertinente analyse il faut connaître les fondements de la pensée libérale que Lagarde ignore et il caricature cette philosophie par inculture économique. Un politicien lambda qui va à la messe avec les autres dit -on en Bretagne.
      Circulez….

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