« A bé cé daire amoureux » de Denise Campiche

Un roman d’apprentissage attachant sur une vieille dame nostalgique de ses conquêtes passées…

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

« A bé cé daire amoureux » de Denise Campiche

Publié le 20 novembre 2014
- A +

Par Francis Richard.

richardLe Larousse donne cette définition d’un abécédaire : « Livre d’apprentissage de l’alphabet, qui illustre, en suivant l’ordre alphabétique, chaque lettre par un ou plusieurs mots dont cette lettre est l’initiale. »

L’a bé cé daire amoureux de Denise Campiche est bien un livre d’apprentissage, mais c’est celui des relations amoureuses de Marie, une vieille dame attachante de bientôt quatre-vingt dix sept ans, chaque lettre étant une manière originale de numéroter les hommes qu’elle a connus dans sa vie, connus au sens biblique du terme, bien sûr.

Isabelle, Isa, est une infirmière retraitée. Elle s’occupe de Marie depuis que sa maladie l’empêche de lire. En principe son rôle est de lui tenir compagnie, notamment quand elles sont toutes deux dans le jardin et que les deux femmes devenues complices parlent de livres, de films, de « petits bouts » de la vie d’Isa…

En fait, en outre, Isa aide Marie à « faire les quelques petits plats qui lui font vraiment envie » lui fait sa « petite lessive » – celle de ses sous-vêtements, fins et coquets –, et elle l’accompagne quand elle va faire « son petit marché ».

Marie, bien que nonagénaire, est toujours une femme sensuelle, à qui il manque singulièrement d’être touchée, physiquement s’entend, l’âge ne changeant rien à l’affaire. Un beau jour, Marie obtient d’Isa, même si ce n’est pas dans ses attributions, de lui faire un massage.

Ce massage, qu’Isa lui fait d’abord un jour sur deux, devient bientôt une habitude quotidienne : « La coquine, elle aime ça, vraiment. Pour moi, ce n’est pas un problème, c’est volontiers que je lui fais ce plaisir. »

Un autre beau jour, Marie demande à Isa si elle aime écrire. Sa réponse est oui. Elle lui dit alors :

« J’ai aimé, j’ai été aimée. Je voudrais te raconter tout ça.

Je voudrais que tu l’écrives et surtout que tu me promettes, mais alors là, vraiment, que tu me jures, de mettre ce recueil de souvenirs dans mon cercueil lorsque je partirai. J’aurai un tel plaisir à penser que tous ces moments de bonheur, tous ces hommes que j’ai aimés, qui m’ont donné de la joie, m’accompagnent… et partent en fumée avec moi. »

Alors Isa ne prend pas sa plus belle plume, mais son ordi. Et le soir, elle relit et corrige les phrases qu’elle a tapées dans la journée, à la va-vite, sous la dictée de Marie. Le résultat est un récit nature, sensuel, et, au fond, très humain, qui se lit avec bonheur.

Il n’est évidemment pas question de dire jusqu’à quelle lettre de l’alphabet ce récit aboutit, ni de se contenter de dire que Marie était, et est toujours au moment de l’histoire, une sacrée coquine. Ce serait réduire ce roman à ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire à un roman qu’il est seulement recommandé aux pudibonds de s’abstenir de lire.

Certes Isa est parfois choquée elle-même quand elle retranscrit via son clavier ce que Marie lui raconte, mais cela reste coquin dans le sens jovial du terme. En tout cas ce n’est pas délibérément que Marie a été une femme couverte d’hommes. Ses aventures amoureuses se terminent tout simplement, au cours de son existence, les unes après les autres, malgré qu’elle en ait.

Peut-être que les amours, dont la vie de Marie fut bien remplie, ne furent « pas toujours très bien choisies », mais, au moins, elles furent « toujours enrichissantes », ne serait-ce que par leur diversité, que seule une pionnière comme elle pouvait explorer.

Denise Campiche, a bé cé daire amoureux, éditions Mon Village, 168 pages.

Sur le web

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
pile de romans
0
Sauvegarder cet article

Un article de Human Progress

 

Le trente-quatrième Centre du progrès est Kyoto pendant la période Heian (qui signifie paix) (794-1185 après J.-C.), un âge d'or de l'histoire japonaise qui a vu l'essor d'une haute culture caractéristique consacrée au raffinement esthétique et à l'émergence de nombreux styles artistiques durables. En tant que siège de la cour impériale, Kyoto était le champ de bataille politique où les familles nobles rivalisaient de prestige en parrainant les meilleurs artistes. Cette compétition courtoise a... Poursuivre la lecture

L’auteur, Julien Rochedy explique en quoi le problème du féminisme ne se posait pas dans son vécu personnel et celui de son entourage (masculin et féminin). Jusqu’à ce que le « féminisme idéologique » vienne pervertir le débat public et les consciences, là où ce qu’il appelle le « féminisme pratique » agissait dans le concret, le quotidien, l’amélioration des relations hommes/femmes.

Or, selon lui, le féminisme pratique est empêché par le féminisme idéologique qui parle aujourd’hui à sa place. Que ce soit dans les universités, en polit... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Par Christophe Jacobs[1. Christophe Jacobs vit en France et travaille comme consultant en communication pour des entreprises commerciales et culturelles. Il est l’auteur de traductions de textes d’inspiration libérale (Garet Garrett) et amateur de sculpture. Il a été durant plusieurs années agent pour l’artiste allemand E. Engelbrecht dont l’œuvre monumentale s’est inspirée largement de la philosophie Jungienne.]

Le but de ce compte rendu n’est pas de dévoiler tous les détails de l’œuvre mais suffisamment pour montrer en quoi des inqui... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles