Ségolène Royal aide discrètement le capitalisme de connivence à la française

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ségolène Royal aide discrètement le capitalisme de connivence à la française

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 novembre 2014
- A +

L’État, obèse et d’appétit féroce, cherche des sous, de plus en plus de sous. ; ce n’est pas neuf, et la majorité gouvernementale précédente avait déjà compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à se départir d’infrastructures coûteuses et bien mieux gérées par le privé que par des services publics de toute façon exsangues. Mais c’est finalement ce gouvernement-ci qui est à l’œuvre pour la privatisation des aéroports de province, à commencer par celui de Toulouse.

Comme d’habitude, plutôt que de faire simple et radical, nos dirigeants ont finement choisi d’y aller par morceau et ne cèderont qu’un peu moins de la moitié (49.9%) de l’infrastructure aéroportuaire. L’avantage est évident : si cela tourne au vinaigre, l’État aura beau jeu d’accuser le repreneur, même partiel, de la catastrophe, et y aller du petit couplet habituel sur le mode « Vous voyez, les privatisations, ça ne marche pas ». Et si cela marche bien, et tant que cela marchera, l’État pourra rafler une grosse partie des dividendes, dicter ses conditions, et faire jouer le capitalisme de connivence maintenant habituel dans ce genre de marchés en plaçant ses larrons et ses coquins aux postes les plus juteux, ce qui fera tourner l’affaire au vinaigre, et vous voilà retourné au point précédent.

Avec l’opération Toulouse-Blagnac À La Découpe, l’État peut espérer récupérer un peu plus de 150 millions d’euros (pour rappel, l’aéroport fait un chiffre d’affaire de 117 millions d’euros environ pour un peu plus de 7 millions de passagers à l’année). Le calendrier de la vente est le suivant : démarrage le 11 juillet, dépôt des premières offres des candidats à la reprise vers le 15 septembre, avec une validation fin octobre des offres déposées. Courant novembre, l’heureux élu est désigné. Tout va bien, youpi tagada.

segolene crieOh, que vois-je arriver avec ses gros sabots au milieu d’une route qui poudroie pas mal et d’une herbe qui verdoie assez moyennement ? Mais ma parole, on dirait notre amie Ségolène Royal sur son petit baudet vert, agitant ses bras noueux dans toutes les directions. Elle est encore loin, et on n’entend donc pas trop bien ce qu’elle crie à la cantonade, mais chaque petit pas de son fier destrier la rapproche de nous et bientôt, ses propos, qu’on aurait cru décousus de loin, se font plus précis : « gnagnagna écotaxe je n’en veux pas gnagnagni ah mais on y réfléchit bliblablu je n’y crois plus blablabla mais si on le fera patatoute taxer les autoroutes patatage réduire les péages gnagnagna ça se passera pas comme ça. »

Dame Ségo s’agite, et passe son chemin. En Socialie, rien de plus banal et point n’est besoin de s’inquiéter plus que ça.

Cependant, cette agitation semble avoir eu quelques répercussions, et notamment sur les candidats à la reprise de l’aéroport. C’est ainsi qu’on apprend, de source apparemment bien informée, que les deux repreneurs étrangers potentiels, l’australien Macquarie et l’espagnol Ferrovial, ne sont plus candidats à la reprise de l’aéroport de Toulouse. Apparemment, selon un connaisseur du dossier, « ces deux acteurs ont finalement décidé de ne pas y aller, car ils ont été échaudés par les déclarations et les décisions de Ségolène Royal ».

mini ségo bofDiantre. Voilà qui est fort. On savait en effet que la dame du Poitou avait un don certain pour transformer une situation pénible en catastrophe économique complète. L’affaire Heuliez avait parfaitement illustré ce point : en 2010, alors que la société était scindée en deux, une des deux nouvelles entités recevait l’adoubement du Conseil Régional de Poitou-Charente en la personne de Ségolène Royal qui utilisait alors toute son influence pour aider le lancement de voiturettes électriques. Le verdict du marché ne se fit pas attendre : Heuliez calancha, emportant avec elle les beaux rêves zécologiques de voiturettes électriques et un bon paquet de millions d’euros du contribuable sans lesquels la fête aurait été nettement moins folle. De la même façon, on se rappellera des contre-performances assez spectaculaires de la BPI dans laquelle la brave Ségolène a mis les doigts, tant au niveau de la communication (les couacs entre elle et son président firent quelques remous dans les milieux concernés) que des résultats financiers, pour le moins peu brillants.

Pas de doute : elle a un don. Et cette fois-ci, l’impétrante n’a même pas eu besoin de prendre part directement aux tractations financières. Il aura suffit à la Dame aux Caméras d’assurer une certaine présence médiatique pour aboutir au résultat que l’on connaît : les deux étrangers se sont retirés de toute prétention à l’investissement dans l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Sur le principe, on comprend les deux acteurs qui n’ont finalement aucune envie de voir les contrats renégociés ou dénoncés arbitrairement par l’État dès qu’il lui en prendra l’envie à l’image de ce qui est en train de se passer pour Ecomouv’. Et plus généralement, on comprend aussi que le désengagement d’acteurs internationaux pourrait devenir préoccupant compte-tenu des autres privatisations en cours.

Ceci dit, le résultat observable ne manque pas d’intérêt puisqu’ainsi ne se retrouvent en lice que deux acteurs majeurs, ADP (Aéroport De Paris) et Vinci. L’un comme l’autre sont français. L’un comme l’autre sont dirigés par des Français (de Romanet pour ADP, Huillard pour Vinci), tous les deux issus de l’habituel parcours des vainqueurs (ENA pour le premier, X pour le second) et donc fort bien introduits auprès des institutions étatiques (CDC pour le premier, ministère de l’Équipement pour le second).

mini ségoFranchement, c’est commode. Si les coïncidences n’existaient pas, on dirait presque que Ségolène, en ouvrant sa grande jatte pour hésiter à haute voix sur les taxations oui-non des autoroutes, des infrastructures, sur la façon dont les contrats se font et se défont en France, a singulièrement simplifié la passation de Toulouse-Blagnac du public au privé bien comme il faut, ce parfum délicat de grandes entreprises françaises où toute la hiérarchie connaît bien les rouages de l’état, y a ses accointances et y a fait ses armes. Si les coïncidences n’existaient pas, on pourrait dire que le capitalisme de connivence a encore réussi un coup de maître en fournissant à deux concurrents étrangers une explication simple (simpliste ?) de leur soudain retrait de la course. Rassurez-vous, avec la carte Ségolène, tout ceci n’est que pure supputation et en fait, il n’y aura eu besoin d’aucune pression sournoise sur les deux étrangers.

crony capitalism

La suite de l’histoire prendra sans doute quelques années à s’écrire, mais on la devine déjà assez bien et je vous invite à relire le second paragraphe de ce billet. Avec un peu de chance, l’aéroport enregistrera des bénéfices et l’État pensera avoir fait une bonne opération. Tant que cela durera, des petits arrangements permettront à certains, bien introduits, de se trouver des postes dorés dans les infrastructures aéroportuaires de Toulouse. L’État sera heureux, Vinci ou ADP s’en sortira content. Et puis, petit-à-petit, ces connivences alourdissant la facture, les bénéfices diminueront, les services se dégraderont et l’ambiance générale tournera à la morosité (celle qu’on retrouve dans l’air de Roissy ou Orly, entre deux petits fumets de pisse froide ou de chichon sauvage).

Enfin, ce capitalisme de connivence bien gluant permet d’éclairer d’une lumière fort intéressante les récentes déclarations de Ségolène concernant le barrage de Sivens. On ne s’étonnera plus, à l’aune de ce qui se passe, discrètement, pour l’aéroport de Toulouse-Blagnac, de trouver un discours étonnamment similaire de confusion, d’allers-retours entre le oui, le non, le mais si, le peut-être, concernant la construction de ce barrage dont on comprend que les enjeux (financiers) sont tous sauf mineurs. On attendra donc avec impatience les frétillantes déclarations de Ségolène au sujet d’un autre aéroport, celui de Notre-Dame-Des-Landes.

Ah, quelle est amusante, qu’elle est cohérente, cette République irréprochable !
—-
Sur le web

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Deux remarques : a) vous pourriez relativiser au sujet d’heuliez puisque l’état a bien du pomper sa part, b) quand la morosité s’installera le placement de potes pourra continuer puisqu’il faudra bien trouver des solutions.

    • Non, le cas Heuliez ne mérite pas la moindre relativisation. Si encore la région avait commis une erreur en finançant une fois cette entreprise acculée stratégiquement et opérationnellement. Non, en se répétant les erreurs sont devenues des fautes. Mais ces gens dont l’incompétence et la mauvaise foi n’ont d’égale que la taille de l’ego, ne paient jamais la note, ils nous la laissent. Et nous n’avons d’autre choix que payer ou partir.
      A moins de les virer en présentant nos candidats, et en votant pour eux…

  • Ce n’est plus du capitalisme de connivence mais de la soviétisation rampante au travers d’hommes de paille !!!

  • pas bien compris ce billet! Royal a fait en sorte que l’aeroport reste français; moi je dis, bravo, merci et encore; mme Royal est balez en politique, elle obtient toujours le resultat qu’elle souhaite pour le plus grand bonheur des français; rappelons qu’elle a permis à une partie d’heuliez( la mia electrique) de continuer à payer 300 salariés pendant quelques années, en devenant actionnaire de la boite, laquelle, si l’état ,les fsi et tous les politiques avaeint joué le jeu, aurait eu le financement de son extension puisque le carnet de commandes international était garni et qu’il aurait suffi d’inscrire la Mia sur la liste autorisée à l’achat pour les collectivités locales, voire les encouragr ou meme les y obliger, pour que le marché explose; ce qui serait arrivé si elle avait été élue en 2007; premier vehicule français à destination des colllectivités, il était très competitif et rechargeable sur une simple prise; sans doute le lobbying deBolloré ou Renault qui avaient du retard sur elle, a joué à plein pour faire capoter cette PME, au lieu de la soutenir et s’allier avec;par ailleurs, elle a toujours dit( voir son programme 2007) qu’il fallait revoir l’enquete d’utilité publique de Notre dame des landes, puisque là aussi, le projet est obsolète, vu qu’il y a 40 ans qu’il est sur les rails; bien sur,on l’appellera en catastrophe quand les manif qui ne tarderont pas, deviendront dangereuses; et elle fera pareil qu’à Sivens: mediation, discussiopn de tous, et aménagement du projet; ce qu’il faudrait surtout, c’est que Valls cesse de la ramener, il ne comprend rien, ni à l’ecologie, ni à la politique et suremnt pas à l’economie qui doit changer radicalement de systeme

    • Si la MIA était vraiment si compétitive,, je ne vois pas pourquoi elle aurait eu besoin d’un tel soutien. S’il faut obliger les collectivités à acheter ce type de véhicule pour que ça devienne viable, c’est que le modèle économique est vicié. D’ailleurs, ça ressemble furieusement aux énergies « renouvelables », qui nous font augmenter les factures d’électricité.
      Quant au projet NDDL, c’est une allocation des ressources: on veut construire un aéroport dans une zone sans pression foncière (c’est la cambrousse), à la place d’une zone à pression forte (quasiment dans Nantes, qui plus est, proche d’une zone écologiquement sensible, l’étang de GrandLieu).

    • Pas tout compris VAXOU ?
      Je suis contribuable Picto-Charentais et je peux affirmer que la note est salée !…
      A chaque fois que les politiques ont mis les doigts dans les entreprises pour renflouer les canards boiteux, cela s’est terminé par un fiasco financier.
      La fonction de l’entreprise est de créer des richesses, pas de les gaspiller. Mme ROYAL est le produit de cette caste élevée hors-sol particulièrement nuisible.
      Si la MIA est un bon produit achetez-en une !
      Bonne journée.

    • Mme Royal eût été la digne fille spirituelle de Tonton mythe errant qui faisait acheter des voiturettes à l’armée pour faire plaisir à son pote Ligier. Quand à NDDL, ce que dit Douar est exact. Le pire c’est que quand le lac de Grand Lieu sera livré aux promoteurs, c’en sera fait des petits oiseaux qui y séjournent sous les ailes protectrices des grands oiseaux d’acier.

  • Merci pour la description de Roissy. Vous oubliez l’odeur pestilentielle des chiotes et les papiers gras qui trainent de partout, le véritable parcours du combattant pour trouver un taxi ou acheter un billet de RER quand le train n’est pas en grève, mais ce ne sont que des détails …

  • Comment pouvez vous remettre en cause les super compétences économiques de M’ame Ségolène. Nous avons la chance d’avoir des personnage politiques ultra-compétent : Heuliez et la BPI pour icelle déjà citée, mais aussi Montebourg qui après avoir insulté de grands patrons industriels étrangers prend des cours d’économie (!), sans oublier celui qui conseille le monde entier, DSK, qui a réussi l’exploit de créer une entreprise en juin dont l’associé se suicide puis qui fait faillite en novembre.

    C’est vraiment un monde fabuleux.

    • Ségo c’est plus qu’une femme, c’est un homme politique ! (Mais sans les couilles)

      Du coup c’est pas simple de se faire respecter au milieu d’une bande de clowns drogués. Mais que voulez vous, la compétence a un coût. C’est sur !

      D’ailleurs la performance n’est toujours pas une donnée quantifiable en France, ni la dépense en énergie fossile et dégagement de CO2.

      Avant de voter, exigeons le label politique 100% bio (qui roule en vélo), sans casseroles au cul, qui paye ses impôts et son logement, et qui prouve qu’il rapporte quelque chose à la société civile.

      Là, c’est dit.

  • gneuuuhhhh, faut pas dire du mal de mon Ex. Je passe à la Tv ce soir, j’ai un de ces trac. Je suis déjà à 200 gr de coco pure colombienne, et bah, rien ! Marche pas !

    Pfff que c’est long.

    • Tes lunettes, c’est pour ressembler à Chichi?

    • ALors tu les augmentent pas les impôts ? 😀

      • Gneuuuuh, je peux pu, c’est déjà au Max. Hélas.

        Par contre j’ai trouvé une super phrase concernant les réformes sur le nouveau planning des écoles:

        Si nous n’avions pas fait cette réforme, elle n’aurait pas été faite ! Youpi !

        Face à une entrepreneuse, j’ai pas brillé et répondu à chaque fois à côté.

        Soi je suis con, soi incompétent, soi completement déconnecté des réalités, soi un bon mélange du tout.

        Pour mes lunettes, non, c’est pour compenser ma tête qui s’elargit, ainsi que mes grosses joues de hamster.
        Je chai pas moi, président, je bouffe comme un porc depuis 2 ans.

        Pffff, que c’est long. Et vous ça va sinon les dents ?

        Bon, je file enfiler la Gayet pour évacuer la pression.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans la presse en ce moment, les journalistes et tribunes traitent des hausses de prix, et des mesures des autorités.

Chez Les Échos, Patrick Artus critique par exemple les décisions de la banque centrale.

Le point de vue de l’auteur, un économiste à la Paris School of Economics, porte à confusion. Il reproche aux autorités à la fois la lenteur des hausses de taux, et la restriction de l’octroi de crédits :

« Maintenir une politique monétaire modérément restrictive, comme aujourd'hui, ne changera pas ce bilan négatif [de ... Poursuivre la lecture

Des mauvais arguments à l’encontre de la liberté individuelle me sont constamment adressés, et je pense que tous les libéraux les ont entendus au moins une fois.

Autant il y a matière à avoir de réelles discussions sur certains sujets, autant ceux-ci sont tout simplement à côté de la plaque, et montrent que la personne n’a pas pris cinq minutes, ne serait-ce que pour se renseigner sur ce qu’est ou ce que n’est pas le libéralisme.

Je voulais donc les recenser une bonne fois pour toutes, parce qu’ils reviennent si souvent que c’en... Poursuivre la lecture

On s’amuse, on rigole, le temps passe, et mine de rien, dans moins d’une année, Paris devra accueillir les Jeux Olympiques d’été. Heureusement, les astres s’alignent et tout indique que ces événements sportifs seront placés sous les meilleurs auspices.

Reconnaissons-le : ces jeux tombent vraiment à point. Pour une France dont la dette dépasse à présent tous les records, et dont le déficit n’en finit pas de se creuser (merci le Bruneau de Bercy), ces Jeux représentent même une vraie opportunité de dépenses somptuaires aux frais du contr... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles