Les néoclassiques : la première mathématisation de l’économie

Ce qui caractérise les économistes néoclassiques est l’idée que l’économie est mathématisable.

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Les néoclassiques : la première mathématisation de l’économie

Publié le 29 octobre 2014
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Ce qui caractérise les économistes néoclassiques, c’est l’idée que l’économie est constituée de données chiffrées, de variables, et qu’elle est donc mathématisable.

Par Vladimir Vodarevski.

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Les classiques envisageaient l’économie comme une science humaine. Les néoclassiques vont en faire une science mathématique. Il n’y aura pas ici d’équations, ni de graphiques. Il ne s’agit pas d’expliquer en long et en large la théorie néoclassique. Mais de décrire son approche, et son influence dans le débat économique.

Ce sont William Stanley Jevons, en 1871, et Léon Walras en 1874, indépendamment l’un de l’autre, qui ont mené cette première mathématisation de l’économie. Le premier à Cambridge, le second à Lausanne, d’où les appellations d’École de Cambridge et d’École de Lausanne pour désigner leurs successeurs. Pour l’école de Cambridge, la principale figure après Jevons fut Alfred Marshall, et pour celle de Lausanne Vilfredo Pareto. Cependant, le précurseur de l’approche mathématique, bien qu’il n’ait pas donné naissance à un courant en économie, est le mathématicien français Augustin Cournot, notamment dans ses Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, en 1838.

Comme cela a été vu précédemment, les néoclassiques ont établi que la valeur venait de l’échange. Mais ils ne sont pas les seuls, puisque Carl Menger et le courant autrichien l’ont également établi, et n’appliquent pas la mathématisation de l’économie. Ce qui caractérise les néoclassiques, c’est l’idée que l’économie est constituée de données chiffrées, de variables, est qu’elle est donc mathématisable. A contrario, par contraste, l’école autrichienne, issue du marginaliste Carl Menger, contemporain de Léon Walras et Willam Stanley Jevons, considérera que l’économie fait partie de l’étude de l’action humaine, du comportement donc.

Cependant, les néoclassiques ne créent pas une si grande rupture avec les classiques. En effet, ils partent toujours de l’individu. Ils déterminent le concept abstrait d’homo œconomicus, qui a pour objectif de maximiser son utilité, et cela sous contrainte. Ce qui signifie que chaque individu a des goûts et des préférences. Les néoclassiques tracent des courbes de préférences. Chaque individu cherche à maximiser son utilité, d’où une équation d’utilité à maximiser. Cette maximisation se fait sous contrainte de l’environnement, notamment des prix. Les prix étant déterminés par l’offre et la demande. Léon Walras parle d’un processus de tâtonnement pour déterminer les prix.

Le fait de partir de l’individu est appelé individualisme méthodologique. Le principe est de considérer la plus petite entité de la société. Cette méthode est opposée au holisme, qui consiste à étudier la société comme étant composée de groupes. L’individualisme méthodologique ne s’oppose pas au fait que les individus puissent être influencés de différentes manières, culturelles, sociales. L’école autrichienne, avec notamment Ludwig von Mises, applique également l’individualisme méthodologique (cependant, ce n’est pas universel dans cette école, et Friedrich August Hayek, de l’école autrichienne également, est parfois considéré comme n’appliquant pas cette méthode). Les adversaires des néoclassiques entretiennent quelques fois une confusion entre individualisme méthodologique et égoïsme. Les deux notions n’ont rien en commun. L’individualisme méthodologique est une méthode d’étude de la société, pas une recommandation de comportement.

Les néoclassiques sont aussi appelés utilitaristes du fait de leur concept de maximisation de l’utilité.

Ce que les néoclassiques ont apporté à l’économie, outre le concept de valeur marginale, qu’ils partagent avec Carl Menger, ce sont des outils mathématiques. Des courbes d’offre et de demande par exemple. Des équations. C’est l’idée de la mathématisation de l’économie, et des outils qui vont avec.

Les néoclassiques ont également apporté l’idée d’équilibre. Équilibre, ou égalité stable entre plusieurs variables. Léon Walras a théorisé l’idée d’équilibre général. C’est un état dans lequel l’économie est stable, il n’y a pas de chômage, car l’offre est égale à la demande sur tous les marchés, et chaque individu maximise son utilité en fonction des contraintes. Chaque variation des contraintes, des variables, entraîne un ajustement du système économique qui le ramène à l’équilibre.

On parle aussi d’équilibre partiel, quand on veut étudier les effets d’une mesure économique sur un secteur. Par exemple, on va étudier les effets d’une hausse de la TVA sur la demande. Les effets du commerce extérieur. En considérant que rien ne change sur les autres marchés. Toutes choses égales par ailleurs, ou, en latin, ceteris paribus. Ce sont les expressions qui sont employées. La notion d’équilibre partielle venant plutôt de l’Ecole de Cambridge.

L’école néoclassique est parfois critiquée comme étant trop abstraite. C’est une critique non fondée selon moi. Car la mathématisation est volontairement abstraite. Les néoclassiques savent bien que l’individu n’est pas un homo œconomicus. Ce qu’ils veulent, c’est isoler et théoriser les aspects économiques de son comportement.

En résumé, les néoclassiques ont voulu mathématiser l’économie car celle-ci comporte des variables chiffrées. Mais ils considèrent toujours le comportement de l’individu. Ils ont développé des outils mathématiques, dont des courbes d’offre et de demande. Ainsi que le concept d’équilibre : équilibre entre l’offre et la demande, sur tous les marchés, de biens et services, du travail, etc.

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