Pétrole : le brent en baisse

Le Brent peut-il continuer de baisser ? Et si oui… jusqu’où ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
pétrole rené le honzec

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pétrole : le brent en baisse

Publié le 12 septembre 2014
- A +

Par Aymeric de Villaret.

Pumpjack Pétrole en Alberta, au Canada (Crédits Jeff Wallace, licence Creative Commons)

Le cours du Brent vient de baisser de plus de 15$ / baril depuis la mi-juin lorsque l’EIIL (États Islamique en Irak et au Levant) était aux portes de Bagdad et faisait craindre aux marchés une interruption de la production irakienne.

Force est de constater que, depuis, les craintes sur l’offre se sont plus qu’apaisées avec :

  1. aucune interruption de la production irakienne, située principalement au sud du pays,
  2. une production libyenne en hausse, malgré le chaos dans lequel est plongé le pays,
  3. une révision à la hausse par l’EIA (Energy Information Administration) du potentiel de l’huile de schiste américaine alors que la demande inquiète tant au niveau européen qu’au niveau asiatique (notamment en Chine après les chiffres d’importations du mois d’août).

Faut-il pour autant craindre une poursuite, voire une accélération de la baisse des cours ?

Bien sûr, il ne faut jurer de rien et le passé est là pour le rappeler, mais nous soulignerons les points suivants :

  1. Le plafond de production de l’huile non conventionnelle (tight oil en anglais) des États-Unis sera atteint rapidement (avant 2020), même si bien sûr la révision à la hausse par l’EIA de la production 2015 peut laisser augurer d’une prolongation de l’essor de cette huile.
  2. À l’inverse du gaz de schiste, les États-Unis devraient demeurer importateurs de brut.
  3. Le point mort de l’huile de schiste américaine dans les régions où elle se développe (Utica) est assez élevé (>60 $), limitant d’autant la chute éventuelle des prix.
  4. Les principales réserves de brut se situent dans les pays de l’OPEP et ceux-ci ont besoin d’un cours du baril supérieur à 80 $ pour équilibrer leurs budgets.
  5. Les tensions géopolitiques (Iran, Irak, Égypte, Sud-Soudan, Syrie, Nigeria et Libye) n’ont pas disparu avec les risques de perturbation de production. Difficile de prédire les conséquences éventuelles d’une extension du conflit en Irak-Syrie et/ou du chaos libyen, même si aujourd’hui la production pétrolière n’est pas (ou très peu) impactée.
  6. L’expérience a montré que les anticipations de croissance de production des nouvelles productions ont souvent (même très souvent) été surestimées… i.e. Ghana, Ouganda, Irak…
  7. Pour finir, n’oublions pas que nous sommes à la porte de l’hiver de l’hémisphère nord avec une hausse naturelle de la demande mondiale.

pétrole rené le honzecSoulignons aussi que toute chute exagérée des prix (à l’image de celle de 2008-2009) entraîne une baisse des investissements et de facto une remontée des prix. Les réserves de pétrole se trouvent dans les pays de l’OPEP, et les pays de l’OPEP doivent investir, ne serait-ce que pour maintenir leurs productions…

En effet, il ne faut pas oublier que, du fait du déclin naturel des champs pétroliers, le monde se doit de trouver tous les deux ans quasiment une nouvelle Arabie Saoudite juste pour maintenir la production mondiale : l’Arabie Saoudite a produit en 2013 9,7 Mb/j de pétrole. Cela se compare avec une hausse annuelle actuelle de la production des États-Unis de 1 Mb/j (comme confirmée le 9 septembre par l’EIA dans son rapport : World Outlook Energy 2014).

À court terme, si les cours du Brent venaient à chuter à 90$ / baril ou s’en approcher, nous ne pouvons exclure malgré tous les points soulignés ci-dessus, une réaction de l’OPEP, lors de sa réunion du 27 novembre, si ce n’est avant si la situation empirait.

Voir les commentaires (21)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (21)
  • « Faut-il pour autant craindre une poursuite, voire une accélération de la baisse des cours ? »

    Mais pourquoi devrait-on « craindre » une baisse des cours ?!? (A part pour un prévisionniste qui aurait dit le contraire).

  • Cette baisse des prix va se terminer par un nouveau choc pétrolier.

    Comme dans le passé, la baisse des prix du pétrole va avoir 2 conséquences

    – Une relance de la consommation de pétrole.
    Déjà, en 2010, avec la baisse des prix, la consommation mondiale a augmenté de 2,7 millions de barils par jour en une seule année.

    – Une baisse des investissements pour exploiter les pétroles les plus difficiles.
    Les sables bitumineux et l’offshore ultra profond ont besoin d’un prix du pétrole élevé pour être exploité.

    Dans le passé, cette baisse des prix était possible car l’Arabie saoudite était là pour stabiliser les prix.

    Aujourd’hui, l’Arabie saoudite n’a ni l’envie ni les moyens de stabiliser les prix du pétrole autour de 60-70 dollars la baril.

    Si l’occident veut une baisse durable des prix du pétrole, la seule solution est de réduire la consommation.

    • Pourquoi l’occident devrait-il considérer spécifiquement les prix du pétrole plutôt que globalement ceux de l’énergie ? Les prix des différentes sources devraient s’équilibrer seuls, sans intervention de dogmes écologiques ou politiques, et en relation avec les fluctuations correspondantes de la demande. Ceci dit, ceux qui ont vécu le contre-choc pétrolier dans les années 80 savent que les décideurs ne se laisseront pas prendre une seconde fois, quitte à créer les tensions géopolitiques qui iront bien…

    • « Si l’occident veut une baisse durable des prix du pétrole, la seule solution est de réduire la consommation. »

      hausse modérée moyenne annuelle de 0,6% consécutive à l’essor des pays émergents – Dixit Mr Total, dans le lien de De Villaret ci-dessous.

      Depuis 50 ans, les prix du pétrole on les subit. Mais comme dit MichelO le prix global de l’énergie est quand même le plus important.

    • §

       » Si l’occident veut une baisse durable des prix du pétrole, la seule solution est de réduire la consommation.  »

      > où exploiter les gaz de schistes (nationaux).

    • « Les sables bitumineux et l’offshore ultra profond ont besoin d’un prix du pétrole élevé pour être exploité. »

      Combien ?

    • « Si l’occident veut une baisse durable des prix du pétrole, la seule solution est de réduire la consommation. »

      Quel peut bien être l’intérêt d’avoir un prix bas pour un produit qu’on ne consomme pas ? On se le demande…

      • Consommer moins de pétrole permet de faire baisser le prix du pétrole que l’on continue de consommer.

        Petit rappel historique.

        Entre 1979 et 1984, la consommation mondiale de pétrole a baissé de 8%.

        Sur la même période, le prix du baril pétrole est passé, en dollars d’aujourd’hui, de $100 à $65. Soit une baisse de 35%.

        En 1979, une personne achetant 10 barils devait payer $1000.

        En 1894, en achetant 9 au lieu de 10 barils, soit une économie de 10%, cette même personne devait payer $585 au lieu des $1000 payés en 1979.

        Au final, cette baisse de 10% de la consommation a permis une baisse de 40% de sa facture de pétrole. Ce n’est pas mal.

        P.S. en moyenne dans les pays développés, un habitant utilise au moins 10 barils par an.

        • Certes, mais la situation implicite de votre proposition n’est pas comparable de celle des années d’après choc pétrolier, en ce sens qu’elle suppose désormais une intervention publique artificielle pour nous contraindre (ou nous inciter, ce qui revient au même) à consommer moins alors que le pétrole est disponible. Si nous sommes contraints par l’Etat, qui crée l’équivalent d’une pénurie notamment par le biais des taxes ou des réglementations (TIPP, bonus/malus, obsession absurde contre le CO2), alors nous subissons un choc fiscal ou réglementaire et non un choc pétrolier.

          Vous calculez une économie de 415 dollars pour 9 barils consommés au lieu de 10. Mais c’est faire peu de cas de notre souhait éventuel de consommer 10 barils et non pas 9. Vous ne savez rien de l’utilité du 10e baril, donc du prix que nous accepterions de payer pour l’obtenir. Le fait de juger « pas mal » cette économie n’a de sens que dans le cadre d’une décision volontaire. Si l’Etat nous interdit artificiellement d’accéder à ce 10e baril, la baisse du prix du baril est indifférente.

    • Ben oui, les cours sont fortement dépendants des événements géopolitiques, de l’OPEP et de la (prévision de) croissance. Le manque de stabilité est un gros problème pour les investissements de l’industrie pétrolière. (Mais les variations de cours justifiés par les investissements ne sont que spéculation à court terme – les compagnies peuvent difficilement ajuster leurs investissements d’un mois à l’autre).

      Il me semble bien que le « vrai » prix median à moyen ou long terme du pétrole tourne autour des $100. J’aurais aimé plus de précision sur le coût de liquéfaction du gaz et méthanisation du charbon : simple transport du gaz ou synthèse d’hydrocarbures plus lourds utilisables comme carburants liquides ?

  • Ces prix sont manipulés from USA.
    C’est en baissant les prix avec l’aide de l’OPEP qu’ils ont réussi à casser l’URSS, le but actuel est de tout faire pour casser la Russie.
    Donc oui ça peut baisser ponctuellement, mais ne pas se faire d’illusions ils récupéreront les pertes très vite en augmentant sérieusement s’ils atteignent leurs buts machiavéliques, ou les approchent.
    On va voir des courbes bizarres sur ce produit dans les mois à venir, prudence.

    • Si seulement… Et si en plus l’Europe s’y mettait… On aurait de la concurrence, une baisse des prix, et un pays menaçant en moins !

      Mais non la planification eco-socialiste continue…

      • Je ne vois qu’un ensemble de pays menaçant => US/UE, pas d’autre hormis EI et ceux qui les financent.
        Si vous voulez parler de la Russie comme étant « menaçante » il faudrait vous informer ailleurs qu’à la TV et les journaux subventionnés par nos impôts et la dette, donc ailleurs que sur Yahoo etc. puisque seuls les journaux à la botte y sont cités.

        • Tout de suite vous me prenez de haut en pensant que je suis jamais allé sur RT, rurv… J’y suis allé, j’ai checké avec des blog tenus par des passionnées de tel et tel sujet et des journaux « mainstream », j’ai utilisé ma raison, et c’est du bullshit…

          Sinon les journaux « anti-système » dont vous parlez ne sont jamais que le mainstream mondial anti-occidental, bref, vous vous prenez pour un anticonformiste mais vous êtes totalement conformiste…

          Eétant donné votre manque de respect pour l’opinion des autres j’arrête le débat.

  • Et que dire des réserves de pétroles dans les Llanos de Colombie.
    Les réserves semblent très importantes, et la Colombie pas très active pour les exploiter actuellement …

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Avant l’exploitation du pétrole et de ses dérivés (1859), la production industrielle d’électricité n’existait pas (début vers 1870), … et ne pouvait pas exister.

Aujourd’hui, sans pétrole et la pétrochimie qui en découle, il serait impossible de produire de l’électricité !

Et ce sera encore le cas dans un futur lointain.

 

La poule et l’œuf

La première dynamo à courant continu date de 1871, la lampe à incandescence de 1879, et les premières centrales hydroélectriques de 1880.

Tous les composants des moy... Poursuivre la lecture

Un article de Cyrille Bret, Géopoliticien.

Depuis le début des combats entre le Hamas et Israël, la Fédération de Russie joue à fond de sa position très particulière au Moyen-Orient. Ses liens structurels avec tous les acteurs de la crise actuelle lui permettent de mener des actions et de tenir des discours qu’aucun autre pays européen n’est prêt à assumer.

Le 26 octobre, le représentant spécial de la présidence russe pour le Proche-Orient, Mikhaïl Bogdanov, a reçu des dirigeants du Hamas à Moscou. Dans le même temps, la relatio... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles