François Hollande : le Pot aux Roses ne meurt jamais

Un tour d’horizon de la rentrée politique à la fois déprimant et hilarant.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
François Hollande credits Parti socialiste (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

François Hollande : le Pot aux Roses ne meurt jamais

Publié le 5 septembre 2014
- A +

Par Serge Federbusch.

François Hollande credits Parti socialiste (licence creative commons)La vie politicienne a parfaitement joué son rôle cet été : faire oublier, par une vaine agitation, l’aggravation des problèmes de la France. Montebourg eut son quart d’heure de célébrité. Il en est profondément satisfait. Il nous avait livré sa plaisante conception du redressement économique de la France depuis Bercy en juillet dernier, usant des accents d’un Churchill de pacotille. Sous la férule d’un chef charismatique (devinez qui ?), un armée de patrons-patriotes, moines soldats du redressement industriel, allait se lever, boutant l’ennemi libéral, le mauvais financier et le Teuton hors de notre outil de production. Cette bouillie doctrinale n’avait évidemment pour objet que de nourrir sa mégalomanie ordinaire. Montebourg s’imagine en calife du socialisme à la française et spécule sur la déroute qui frappera Valls 3 dans un délai de six mois au maximum. Il devait avoir les vrais chiffres de la croissance et des déficits sur son bureau de ministre de l’économie et a choisi en conséquence d’appuyer au plus vite sur le bouton de son siège éjectable.

Montebourg n’a raison que sur un point : l’euro surévalué tue notre industrie à petit feu. Pour tout le reste, il a tort, comme tous ses « amis » de la gauche du PS. Réclamer la fin d’une prétendue austérité, concrètement la mise en route de la planche à billets, pour financer le puits sans fond des déficits dus à l’entretien de l’énorme bureaucratie française ne peut que se heurter à l’opposition germanique. À peine la Banque centrale européenne aurait-elle racheté mille milliards d’euros de dette française, italienne, grecque et espagnole que Montebourg et ses émules en fabriqueraient deux mille supplémentaires. Les Américains peuvent encore – pour combien de temps ? – se permettre ce genre de facéties pour des sommes du même ordre. Mais les Européens sont trop faibles militairement et politiquement pour vivre aux crochets de la planète juchés au sommet d’une pyramide de Ponzi.

Bref, la nasse se resserre autour du président qui se disait normal. Les rangs des frondeurs, comme nous l’anticipions, vont se garnir peu à peu de tous ceux qui penseront qu’il leur vaut mieux tomber à gauche. Et ce ne sont pas les provocations involontaires de Macron ou Rebsamen sur les 35 heures ou le contrôle des chômeurs qui contribueront à les dissuader de passer à l’opposition pure et simple. L’idée qu’une dissolution se profile, dès lors que le gouvernement ne pourra plus faire voter ses textes et qu’un 49-3 coalise contre lui une majorité de parlementaires, fait son chemin.

Pourtant, le roublard Hollande ne s’en tirera pas comme le rusé Mitterrand. L’opposition sait d’avance qu’elle aurait grand tort d’accepter de gouverner avec Hollande en embuscade à l’Élysée. Si elle a deux sous de jugeote, elle lui donnera un choix plus simple que celui que Gambetta laissa jadis à Mac Mahon : se démettre ou se démettre.

Le côté subtil de cette situation est que, conscient du risque élevé d’avoir à quitter l’Élysée sous les lazzis et les hourvaris après pareil bras de fer, Hollande sera désormais tenté de tout faire pour éviter ladite dissolution. Mais il devra alors passer sous les fourches caudines de ses détracteurs et éviter toute réforme stigmatisée comme libérale par l’aile gauche du PS… Sa paralysie n’en sera que plus grande. D’ores et déjà, Valls est condamné à ne pouvoir agiter que ses bras et son menton, comme son recul sur le blocage des loyers l’a montré.

Contrairement à ce que la presse socialo-compatible a tenté d’établir, les contestataires socialistes ont donc bel et bien remporté la première manche. Il suffit de voir comment les Radicaux de gauche ont, pour ce qui les concerne, facilement obtenu le maintien en vie des conseils généraux pour mesurer à quel point le gouvernement aura comme seule issue de capituler sur presque tous les sujets.

Les déficits en tout genre vont continuer à se creuser, le chômage à augmenter, les annonces de réformes non suivie d’effets à se succéder et l’inertie à croître.

Au doux refuge sociétal

Najat Vallaud Belkacem avortement (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)Heureusement, Vallaud-Belkacem va pouvoir jouer les fières-à-chevilles en tenant bon sur la réforme des rythmes scolaires ou quelques sujets sociétaux trouvés çà et là. La partie n’est pas gagnée pour elle car il reste rue de Grenelle quelques méchants dossiers en suspens, budgétaires notamment. Hamon a eu le nez suffisamment creux pour s’enfuir avant la rentrée des classes. 147 jours ministre de l’Éducation nationale, de quoi comprendre qu’il vaut mieux sauter au plus vite du dos du Mammouth quand il s’enrhume. Enfin… Quoi qu’il arrive, Najat V-B sera intraitable sur la suppression des bourses au mérite, un mot que le socialisme à la française a décidé de bannir.

Macron ministre

Les recettes fiscales en berne ne laissent aucun espoir de réduction du déficit à la énième édition du « meilleur-inspecteur-des-finances-de-sa-génération », produit que le monde entier nous envie de moins en moins tant il est vrai qu’on finit par juger un arbre à ses fruits. Emmanuel Macron va devoir rapidement ajuster ses ambitions à un niveau microscopique et se contenter d’un rôle de syndic de faillite annoncée.

Pendant ce temps Merkel avance ses pions à Bruxelles, où la Commission européenne devient peu à peu la succursale d’une entreprise berlinoise. Moscovici sera nommé aux affaires économiques sous la surveillance d’un vice-président germano-obédient.

Tous les autres leviers de commande échappent à l’influence française. Hollande est arrivé au pouvoir en espérant que Merkel en serait chassée lors des législatives allemandes à venir. Elle les a brillamment remportées alors qu’à Paris le gouvernement socialiste ne cessait de s’affaiblir. Le président français est ensuite passé au registre du chantage : la France est trop grosse pour faire faillite, la BCE et l’Allemagne doivent la renflouer sans exiger qu’elle se réforme. Mais, si la situation économique outre-Rhin n’est pas florissante, le début de stagnation est encore loin, aux yeux de la chancelière, pour justifier qu’elle prenne le risque de mettre en péril l’épargne de ses concitoyens pour les beaux yeux des Français. De plus, elle sait que Hollande va se ratatinant et que l’hypothèse de son départ anticipé n’est plus théorique. Voilà un cas d’école de retournement de situation. Verstehen sie sich ?

Merci aux brillants sujets qui nous gouvernent depuis trente ans et que le monde entier nous envie (de moins en moins) d’avoir si bien géré le capital politique laissé par de Gaulle.

Duflot bouillante

Duflot réquisition (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)Artiste du blocage du marché immobilier, Duflot nous a concocté, le peu de temps qu’elle a pu méfaire dans son ministère, un arsenal bureaucratique dissuadant les affreux profiteurs d’investir dans l’immobilier. Valls, conscient d’un des pires désastres provoqués par le gouvernement de son prédécesseur, a vainement tenté de desserrer un peu le corset en renonçant à un absurde encadrement des loyers. La crise immobilière française est due en effet à 100% aux règles qui permettent aux élus clientélistes de s’immiscer dans le marché, limiter la construction et privilégier l’habitat dit social pour y loger des électeurs reconnaissants.

Mais Duflot n’apprécie pas que son héritage soit ainsi bradé et l’a fait savoir. Dès le départ, à Paris, ville où depuis 13 ans le malthusianisme politicien triomphe maquillé par des opérations festives, Valls acceptait de faire exception à la nouvelle règle : les gentils élus pourront enquiquiner à satiété les méchants propriétaires.

La situation est perverse car la condition du maintien des socialistes au pouvoir dans la capitale est le niveau élevé du prix de l’immobilier. Il remplit en effet les caisses de la ville en gonflant les recettes de droits de mutation et donne aux logés sociaux un sentiment de privilège quand ils comparent le montant de leurs loyers à ceux du secteur privé. Aubry, jalouse, rien que pour embêter Valls, a demandé à bénéficier du même pouvoir de coercition à Lille. D’autres maires suivront, cherchant un marqueur de gauche authentique en cette période troublée.

La crise du logement est bien installée, soyez rassurés pour elle.

Bagus

En Indonésie, pays superbe dont je reviens avec toujours plus de difficultés, un nouveau président, dont l’acronyme est Jokowi (pour Joko Widodo) a décidé, sitôt élu, de prendre par les cornes le principal problème budgétaire du pays : les subventions au prix de l’essence à la pompe. Cette folie distrait plus de 20% des ressources financières de l’État. Jokowi a choisi, malgré l’accoutumance de la population, d’en finir avec cette drogue et a déclaré : « Je préfère assumer tout de suite l’impopularité de ma décision ». Jokowi ne pourrait faire partie de l’élite que le monde entier envie (de moins en moins) à la France. Il a peiné dans ses études, travaillé dès l’âge de treize ans et exercé différents métiers dans le commerce et l’industrie avant de se lancer en politique.


Sur le web

Voir les commentaires (15)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (15)
  • Un socialiste? se demettre? vous êtes bien optimiste !

  • Donc les politiques sont la pour installer des crises ?

  • Un énarque libéral et auteur d’un article plein de bon sens, c’est donc possible ! et c’est aussi la seule bonne nouvelle depuis longtemps…

  • « le capital politique laissé par de Gaulle » : à la rigueur, ok pour l’héritage politique (quoique…), mais en revanche je suis très critique sur l’héritage économique !

  • Serge, vous divaguez lorsque vous parler d’euro surévalué. Nos voisins allemands s’en accommodent très bien, avec une part de leur activité beaucoup plus forte que nous à l’export. Alors cessez s’il vous plait d’utiliser votre énergie avec des arguments aussi mauvais. Cela affaiblit l’ensemble de votre propos. Travaillez le fond, par pitié !

    • ce n’est pas parce que l’euro est au bon niveau pour l’allemagne qu’il est forcément au bon niveau pour tout le monde.
      en réintroduisant les monnaies nationales aux cotés de l’euro, on verrait bien ensuite, les monnaies qui baisent, qui restent stables ou qui montent face à l’euro. cela rétablirait le prix véritable et sincère des différentes monnaies, la vérité des prix est importante à connaître pour faire les bons choix économiques.

      • Monsieur Oscar N « yaka » réintroduire les monnaies nationales voit bien la paille dans l’oeil du voisin mais pas la poutre dans son oeil. Parlons de facteurs endogènes, c’est à dire de coût du travail et des normes. Quand nous en aurons fait le tour, nous pourrons discuter des facteurs exogènes. Vendre en euros quand nos achats sont en euros n’est qu’un tout petit problème. Supporter des barrières internes et des coûts fixes est un problème quotidien majeur. Serge ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez et utilise les mêmes sophismes que les socialistes de droite et de gauche quand il fustige la monnaie : trouver un bouc émissaire, le rendre responsable de tous les maux et vous le rendre terrifiant, une technique éculée.

        • une seule monnaie l’euro avec interdiction des monnaies nationales, c’est moins d’information que plusieurs monnaies côte à côte. si le frf coexistait avec le dem et l’euro, on verrait bien le frf qui décrocherait face au dem, et tout le monde comprendrait que la france a un problème, il serait impossible de le nier. et le problème de la france a effectivement des causes endogènes, nous sommes d’accord.
          ici, on cache l’information, ce n’est pas bon pour la vérité des prix.

    • Merci Zefran de remettre la prétendue surévaluation de l’euro à sa place. La faiblesse du dollar facilite la vie d’un grand nombre d’industriels (par exemple ceux qui consomment beaucoup de carburants).

  • parfaitement faux : « Montebourg n’a raison que sur un point : l’euro surévalué tue notre industrie à petit feu. »

    • je sais que ça vous troue le cul ici à Contrepoints, mais Montebourg a bel et bien raison sur ce point. La création de l’ euro a masqué la dévaluation de notre ancienne monnaie, et bien entendu nous n’ avons rien changé à notre train de vie. L’ état, c’ est nous! Après, Montebourg n’ a pas forcément les bonnes solutions…ah ça!

      • la vérité est plutôt que la valeur de l’Euro portée par l’Allemagne a masqué notre dégringolade économique.

        L’Allemagne ou mieux encore la Suisse montre bien que la valeur d’une monnaie n’influence pas la puissance d’une industrie (ou à la marge).

        Si Montebourg s’y connaissait, il ne serait pas socialiste.

        • Évidemment quand on continue à faire des produits de merde, la valeur de la monnaie rend une entreprise moins compétitive… Surtout lorsque les monnaies sont des monnaies de singe et n’ont qu’une valeur de papier.
          Revenons à des monnaies libres, et vous verrez qu’une monnaie forte sera recherchée et il n’y aura pas grand monde qui souhaitera être payé par une monnaie faible !
          Donc il vaut mieux habiter dans un pays realisant des produits à haut niveau technique et à forte valeur ajoutée avec une monnaie forte, que dans un pays qui fait des poteries avec une monnaie faible !
          Donc ce qui est en cause, c’est le fait que nous ayons une monnaie aux mains de voleurs…

  • Faire baisser l’euro serait certes un petit plus pour nos entreprises exportatrices (toujours bon à prendre dans la période actuelle) mais globalement ça ne changerait pas grand chose en France sauf que nous payerions plus cher l’énergie, les produits importés…
    Sans réformes structurelles, rien ne changera.
    Sans confiance en l’avenir, les français ne consommeront pas davantage.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture

Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal a annoncé deux milliards d’euros de baisses d’impôts pour les classes moyennes, financées par la solidarité nationale.

En langage courant, cela signifie payé par les riches. Les classes moyennes ne devraient pas se réjouir trop tôt : François Hollande avait déjà opéré ce type de transfert fiscal au début de son quinquennat et pour lui, être riche commençait à 4000 euros par mois. Le jeune Gabriel Attal était à cette époque membre du cabinet de Marisol Touraine. Le fruit ne tombe... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles