Suisse : avec une caisse unique, le pire est sûr

La Suisse doit-elle adopter un système de santé complètement géré par l’État ?

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Suisse : avec une caisse unique, le pire est sûr

Publié le 31 août 2014
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Par Francis Richard, depuis la Suisse.

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Toute personne domiciliée en Suisse doit conclure une assurance de base. Elle peut le faire actuellement auprès d’une des 61 caisses-maladie de droit privé. Ces caisses-maladie ne peuvent refuser aucune personne dans l’assurance de base, qui couvre des risques fixés arbitrairement par la loi. Les primes que font payer les caisses-maladie pour couvrir ces risques de base doivent être approuvées chaque année par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Pour que les bons (ou mauvais) risques soient répartis, il existe en outre un système de compensation entre assureurs.

Comme on le voit, il y a certes concurrence entre les caisses-maladie, mais elle est réduite à une peau de chagrin par l’intervention étatiste. Toute économie administrée de la santé se traduit inévitablement par une inflation des dépenses, par un rationnement des soins, par des files d’attente, par des privilèges occultes.

Il faut savoir que les dépenses de santé en Suisse en 2011 (64,6 milliards de Francs) représentaient 11% du PIB, ce qui est comparable aux chiffres de l’Autriche (10,8%), de l’Allemagne (11,3%) ou de la France (11,6%), mais ce qui est bien supérieur aux chiffres de Singapour (4,2%), où la qualité des soins n’est pourtant pas moins bonne…

Cette même année 2011, l’assurance de base ne couvrait que 40,5% de ces dépenses. C’est dire que l’assurance de base n’est même pas prépondérante en la matière. Quoi qu’il en soit, l’inflation des dépenses relatives à l’assurance de base est aujourd’hui favorisée par l’illusion de la gratuité qu’éprouvent ceux qui ne payent pas de primes ou qui payent des primes réduites. Ce qui correspond tout de même à 30% des assurés…

Sans que l’on s’en rende compte, cette inflation des dépenses conduit peu à peu au rationnement des soins qui résulte de toute demande de soins illimitée. Les conséquences en sont déjà des files d’attente… Aujourd’hui, grâce à la concurrence relative des caisses-maladie entre elles, les frais administratifs de ces caisses sont limités à environ 5% des primes, y compris leurs frais de publicité (0,3%).

D’aucuns voudraient maintenant que le système de santé suisse de base, qui souffre déjà d’un manque cruel de concurrence et bénéficie donc de privilèges occultes, ne connaisse plus de concurrence du tout. Ces apprentis-sorciers ont déposé le 23 mai 2012 une liste de 115.841 signatures valables à l’appui d’une initiative populaire fédérale « pour une caisse publique d’assurance-maladie », sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 28 septembre prochain.

Ces initiants prétendent que les primes et que les frais administratifs baisseront grâce à l’instauration de ce monopole public. Or il n’existe nulle part au monde de cas où un monopole public s’avère moins coûteux que des entreprises privées en concurrence, même réduite. Au contraire, non seulement un monopole public n’est pas moins coûteux que des entreprises privées obligées d’innover et tenues de ne pas creuser de trous sous peine de faillite, mais il est bien souvent déficitaire et endetté : la protection de l’État n’incite jamais à la vertu dans les comptes.

Bref, le remède que préconisent les initiants à ce qu’ils appellent pseudo-concurrence est pire que le mal – qui est d’ailleurs moindre qu’ailleurs. Avec leur caisse unique, le pire est même certain.


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Lire aussi sur Contrepoints : Caisse unique, caisse inique

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  • Le socialisme rampant a atteint depuis déjà un certain temps la Suisse, surtout les cantons romands. Concernant l’assurance maladie, la LAMal a été un premier pas. Maintenant la caisse unique : le gouffre financier assuré, malgré l’exemple probant de leur voisin, la France. Il est à espérer pour la Suisse, qu’une fois de plus, les cantons suisse-allemands sauvent la mise.

  • Vive la sécu universelle pour la France et ses voisins. La Suisse verra comme chez nous le nombre de fonctionnaires chargés de gérer le pachyderme dépasser le nombre d’infirmères et de médecins réunis au nom de l’égalité et l’infirmité politique réunies.

  • Le fait même de se poser la question est stupéfiant.

    Il suffit aux Suisses de regarder…. en France. Ce n’est quand même pas très loin. Et c’est un désastre objectif, total.

    Mais bon, soyons sans crainte… cette idée délirante se battue au référendum. Vive la Suisse !

    Même si comme le dit le commentaire précédent… on commencer à percevoir de dangereuses dérives gauchisantes dans ce beau pays. En effet, du côté de la Suisse romande… Une contamination sournoise, lente mais réelle.

    Tenez bon les Suisses ! Ne vous laissez pas faire.

    • Sauf qu’en France, il n’y a pas de caisse unique mais une multitude (Le régime général :
      l‘Assurance Maladie des salariés, La MSA (Mutualité Sociale Agricole) gère la protection sociale globale de l’ensemble de la profession agricole, le RSI (Régime Social des Indépendants) qui assure la couverture maladie-maternité des indépendants, artisans, commerçants et professions libérales) pour ne citer que les plus connus.

      • Mais il n’y a aucune concurrence, ce qui revient au même.

        • Non c’est surtout que les cotisations varient en fonction de sa caisse (sans oublier sa mutuelle).
          Trouvez-vous normal que ceux qui sont à la CPAM ait 13% de cotisations salariales et plus du triple pour le RSI ?

  • Nous verrons ce que DÉCIDERONT les citoyens suisses.
    L’association « Article3 » a pour unique objet que les Français disposent eux aussi du référendum d’initiative citoyenne en toutes matières . C’est rien de moins que l’instauration de la DÉMOCRATIE en FRANCE..!
    voir http://www.article3.fr

  • Ce sera la caisse inique ❗

  • pire pas sûr, mais quasiment sûr,
    Il y a surtout une perte de liberté certaine, contre …ben contre quoi justement, or on ne peut que comparer avec un autre pays où la situation n’est jamais forcement comparable à 100%…

    En fait il faut bien avouer que ce n’est pas pire pour tout le monde, sinon il est peu probable que ce serait vendeur.

  • Sur 61 administrations qui font le même job, il est possible d’en supprimer 60. La caisse maladie est en fait une base de données informatique. Du point de vue de la gestion, qu’une base de données ait 50’000 enregistrements ou 50’000’000, cela est parfaitement identique. Il suffit donc d’en faire qu’une seule avec un seul administrateur pour gérer le tout.

    • Ouaahhh magique !!!

    • Et c’est ainsi que l’administrateur unique devint le Roi, le Guide, le Grand Timonier, la Lumière des croyants, la Terreur des apostats… Prosternez-vous, misérables faquins, devant l’Administrateur Suprême !

      Le Bit d’or, version moderne du Veau d’or.

    • Vania :
      170 000 personnes pour gérer la base de données France. Et si ce n’était pas q’une base de données?

    • Le rêve !!!! sauf qu’il deviendra cauchemar… il ne reste plus qu’à espérer pour les suisses que vous ne le soyez pas.

    • Eh bien, si c’est YAKA, on ne vous oubliera pas si cela ne va pas comme vous l’annoncez.

    • Pendant que l’on y est on peut aussi faire cela pour toutes les professions. Pourquoi des milliers de patrons de PME d’une même branche qui font le même job au lieu de concentrer tout cela dans une même et grosse entreprise publique? Comme au bon vieux temps des régime socialistes.

      La caisse unique c’est le meilleur moyen d’en terminer avec le libre choix de chacun de s’assurer comme il le désir. Les socialistes se croient les seuls à savoir ce qui est bon ou mauvais pour l’individu. C’est des esprits totalitaires.

  • Les socialistes en Suisse veulent sans cesse à coup d’initiatives populaires imposer leur idéologie qui n’a jamais fonctionner ailleurs. L’assurance maladie est la suivante en toute logique.

    D.J

  • La lamal est un bon compromis qui doit etre perfectionné.Maintenant l’étatisation de la santé sera une catastrophe , il suffit de regarder ici.La prochaine étape étant l’étatisation de l’économie suisse…Ou le corporatisme à la sauce Franco ou Salazar…

  • Une anecdote amusante: une société privée d’assurance maladie réputée pour rechercher les bon cas avait eu une idée. Elle avait installé sa réception au 5ème étage sans ascenseur. Ainsi les personnes âgées ne pouvaient pas monter.
    Remarque: plusieurs commentaires ici parlent de montée du socialisme en Suisse. En fait, toutes les dernières lois acceptée par le peuple ont étés proposées par le parti d’extrême droite. On peut expulser un étranger (au bénéfice d’un permis d’établissement longue durée) sans preuves et manu militari si celui-ci n’a pas su se défendre. Une simple dénonciation calomnieuse suffit. Le dénonciateur ne risque rien.

  • Les commentaires sont fermés.

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