Heureusement, des brouettées de socialisme vont nous sortir de l’ornière !

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Légumes de Stoneledge Farm 3 (Crédits Charles Smith, licence Creative Commons)

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Heureusement, des brouettées de socialisme vont nous sortir de l’ornière !

Publié le 24 août 2014
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Magie de l’économie de marché ou simples effets logiques des interconnexions toujours plus fortes entre différents domaines économiques ? Conséquence d’une déflation larvée ou d’une production de plus grandes quantités ? Tensions internationales et interventionnisme d’État mal calibré ? Difficile de doser chaque élément, mais le résultat est là : le marché travaille bien pour les consommateurs français de fruits et de légumes puisqu’en définitive, leur prix diminue.

Le constat est sans appel. Avec les bonnes récoltes de juin et juillet, et le nécessaire ajustement offre/demande, le prix des fruits a baissé de 12% et les légumes de 3% par rapport à l’année dernière. En outre, les maraîchers constatent aussi que le pouvoir d’achat des Français impose de revoir leurs tarifs à la baisse. S’y ajoute la conjoncture internationale : les tensions avec l’Ukraine ont entraîné l’arrêt des importations de fruits et légumes en Russie. Mécaniquement, ce qui partait là-bas se retrouve sur les étals français. Le prix diminue donc pour les Français.

Socialisme, capitalisme ...

Autre effet de bord, toujours aussi savoureux : les sanctions contre la Russie se retournant contre ceux qui les ont prises, il va falloir panser les plaies ce qui se traduit, là encore de façon assez prévisible, par des demandes d’aides d’urgence de la part des producteurs. Demandes qui sont évidemment suivies, puisque l’Europe a finalement débloqué un fonds de 125 millions d’euros pour voler au secours des pêches et des nectarines. Difficile, au passage, de ne pas imaginer que la crise ukrainienne, fort commode, n’est pas seule totalement responsable des demandes véhémentes d’aides et qu’une petite compensation pour la baisse des prix sera la bienvenue pour améliorer la marge des producteurs.

Décidément, l’économie mondialisée est sans pitié pour les étatistes. D’un côté, le marché semble s’adapter naturellement en alignant les prix des produits au pouvoir d’achat des consommateurs. De l’autre, les structures étatiques interviennent lourdement, ce qui déclenche une série d’effets indésirables qui entraîneront la ponction du contribuable, et le renchérissement du prix des produits pour le consommateur. Le consommateur-contribuable sera donc doublement à l’amende pour avoir choisi des politiques collectivistes. À chaque fois que l’État se mêle d’intervenir sur le marché, ce dernier s’adapte et se rebiffe, entraînant méthodiquement des effets de bord imprévus pour les politiciens qui, par démagogie, ignorance ou un mélange des deux, ont pris les décisions délétères.

Et ce qui est vrai à l’échelle européenne l’est aussi partout ailleurs, comme l’illustre le cas maintenant dramatique du Venezuela. Pendant que le consommateur européen bénéficie de tarifs plus bas pour des quantités de fruits et de légumes plus grandes, le consommateur vénézuélien, lui, expérimente de première main les affres du socialisme et de la planification collectiviste avancée. Les lendemains qui chantent ont laissé place aux surlendemains à gueule de bois et aux frigos vides.

communism party is over

J’avais déjà évoqué la disparition progressive de petites commodités sanitaires (comme le papier toilette) dans ce pays qui dispose pourtant d’une manne pétrolière gigantesque. Au passage et par comparaison, afin d’éviter toute remarque sur le mode « trop de ressources naturelles peuvent nuire », un autre pays richement doté au plan pétrolier, la Norvège, a récemment annoncé l’accroissement de son fonds de pension (déjà le plus gros du monde) de plusieurs dizaines de milliards d’euros, grâce aux gains engrangés.

Mais voilà : la Norvège n’est pas chaviste pour un rond de chapeau, et la gestion du pays, « en bon père de famille », qui respecte la propriété privée et les règles du marché libre, permet de mettre ses habitants confortablement à l’abri. Pendant ce temps, le Venezuela s’entête sur la voie collectiviste et, comme Hollande qui « conserve le cap », Maduro conserve obstinément la direction catastrophique imposée par le révolutionnaire bolivarien avant sa mort.

Le bilan est désastreux : les hôpitaux manquent de matériel et de médicaments, les pénuries, un peu partout, se multiplient au point que les étals se vident, des déodorants aux cercueils en passant par les bouchons de bouteille en plastique ou la farine. Un produit de première nécessité sur quatre est introuvable, dans un contexte de crise économique inquiétante, avec une inflation annuelle de 60%, pas du tout prévisible une fois que le contrôle des changes et des capitaux furent mis en place.

La consternation du lecteur français (habitué à son confort intellectuel moelleux en cuir pleine peau) est à son comble lorsqu’on se rend compte, comme le titre l’AFP elle-même, que le patinage autistique vénézuélien est avant tout dû aux entreprises publiques. Méchant, méchant capitalisme privé ! Eh oui, comme par hasard, les multiples expropriations et les nationalisations à tire-larigot ont amplifié le phénomène de crise, la corruption et la démotivation générale des administrations, au lieu d’améliorer la situation pour les plus pauvres, comme l’indiquaient pourtant les gentils petits dépliants fournis pendant les campagnes électorales…

oh noes

On croirait vivre ici les meilleurs passages du communisme appliqué en Union Soviétique ou à Cuba. Mais cette fois-ci, difficile d’utiliser l’excuse d’un méchant embargo, ou d’un complot de la CIA. Tout comme l’Argentine qui, ayant choisi la voie rose du socialisme, continue de s’enfoncer dans une crise de plus en plus carabinée (sa monnaie s’est complètement effondrée), le peuple vénézuélien fut totalement libre de choisir l’autoroute de la servitude, fichage des populations y compris, et s’y déplace maintenant à vive allure, en direction de ce qui ressemble à un goulag moderne. La France, pas si loin derrière, vitres ouvertes et musique à fond, pédale certes plus calmement (sur la voie de gauche) mais n’a toujours pas pris la sortie et finira inévitablement par passer par les mêmes aires dévastées que le Venezuela aura visitées avant.

Il faut se rendre à l’évidence : tant au Venezuela qu’en Argentine, l’expérience socialiste est encore (ENCORE) un échec.

Je l’ai déjà dit dans un précédent billet, mais je pense indispensable de le redire ici : chaque gouvernement qui se fait libéral dans sa gestion, utilise la subsidiarité et limite son interventionnisme, obtient de façon systématique des effets bénéfiques documentés. Inversement, chaque gouvernement qui s’obstine dans des politiques de relance, de dépense, d’absence de contrôle budgétaire, qui assoit sa légitimité démocratique sur la distribution de prébendes et d’avantages sociaux et qui intervient sur tous les marchés finit systématiquement par conduire le pays à sa ruine. Et le plus beau c’est que si une goutte de libéralisme ne suffit parfois pas à améliorer la situation d’un pays dramatiquement englué dans le collectivisme, une pincée de socialisme l’empire toujours.

Alors quand ce sont des brouettées, comme actuellement en France, on peut s’attendre au pire.

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  • Il est important d’être honnête intellectuellement.

    Il faut comparer Cuba avec la Jamaïque et Haïti ; Hong Kong, avec Shenzen.

    Mais de toute manière, Cuba, l’URSS, la Chine ; c’est du simple Capitalisme d’État façon Bismarck, des pays qui à travers leurs « révolutions » sont retournés dans les limbes du 19ème siècle.

    • « Il est important d’être honnête intellectuellement.
      Il faut comparer Cuba avec la Jamaïque et Haïti ; Hong Kong, avec Shenzen. »

      Et la Corée du Nord avec la Corée du Sud…

  • Sur l’article, c’est étrange votre manière de vous obstinez à nommer la propriété privée étatique du « collectivisme ».

    Quand une clique de bureaucrates fonctionnaires sont propriétaires de l’ensemble de l’appareil de production, ce n’est en rien du « collectivisme ».

    Cette planification centralisée, et les conséquences catastrophiques qu’elles ont, est en tout point comparable à ce qui se passe aux USA et en Europe. Aux USA, une clique de bureaucrates financiers sont propriétaires de l’ensemble de l’appareil de production (à travers la distribution du crédit). La planification par les banques est tout aussi absurde et inefficace que la planification par l’État. Elle a le même type de conséquences.

    Vraiment, les libéraux français doivent devenir libéral pour de vrais. Être anti-keynésien ne suffit pas.

  • J’apprécie la partie sur le Vénézuela, on en parle trop peu alors que l’effondrement est net. De nombreux Vénézuéliens veulent d’ailleurs émigrer, leur nombre aurait méchamment augmenté aux USA (mais il est trop tôt pour avoir des chiffres), certes les chiffres étaient déjà assez élevés avant Maduro mais l’accélération semble nette depuis.
    Maduro lui ne serait plus qu’à 35% de popularité, même ceux qui reçoivent ses allocations et subventions commencent à ressentir l’effet de l’inflation à 60% et de la criminalité qui explose.

  • Je me demande si les effets du collectivisme ne sont pas pires dans le monde d’aujourd’hui que dans le monde d’il y a 60 ans. Et si on ne peut tomber plus bas que Cuba, on peut tomber de plus haut (Aïe ça fait mal).

    Le paysan cubain n’a surement pas beaucoup perdu par rapport au temps de Batista. Pour les Vénézuéliens, les Argentins ou nous bientôt, ça va faire un choc de retourner à une société où l’on ne fournit qu’à peine le minimum vital.

  • Croyez-vous que l’actuelle bronca à gauche à la veille de la rentrée puisse contraindre Hollande à démissionner avant 2017 ou à dissoudre le parlement ?
    Ou alors ce sont de pathétiques injonctions qui feront rapidement pschiitt car ils sont trop cramponnés à leurs acquis d’élus pour vouloir le sabordement de la gauche parlementaire.

    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2014/08/24/25001-20140824ARTFIG00063-le-front-anti-hollande-grossit-encore-un-peu-plus.php

    • Tout ceci n’est que comédie.

      Le petit artiste de la rue du Cirque ira au bout de son mandat, ne vous inquiétez pas pour lui.

      La France continuera de sombrer entre temps.

    • Manuel Valls vient justement de proposer la démission de son gouvernement. Exit Monte-a-rebourg et Hamon ?

  • Bon article.
    l’Amérique Latine niveau liberté économique et droits fondamentaux c’est plutôt bof, mis à part le Chili et la Colombie. (les deux seuls pays de la région qui ne sont pas vraiment antiaméricains politiquement, coïncidence ?)

    • Et le Mexique, 2ème plus grosse économie latine et qui a su se réformer et vient de reprendre en vigueur, et le pays se situe pluôt dans le camp américain également, rejettant Chavez & Co.
      Et non ce n’est pas une coïncidence du tout, Colombie et Chili prospèrent car ils ont compris comment l’Amérique a prospéré et l’imitent donc 🙂

  • Il semblerait bien que la glorieuse révolution Bolivarienne soit vraiment au bout du rouleau. Je me souviens bien qu’en 2010, sur Contrepoints ancienne formule, un article comme celui ci aurait déclenché un torrent d’âneries à la gloire du socialisme du 21ième siècle. Voilà ce que j’écrivais à l’époque:

    « S’il y a bien une chose qui me surprend sur ce blog, c’est la véhémence avec laquelle des « gens » s’exprimant dans un français tout à fait correct viennent « spontanément » défendre la politique du despote CHAVEZ.
    Bien sûr, en tant que libéral, je devrais être satisfait que leurs arguments puissent s’étaler librement sur mon écran, ne serait-ce que pour mieux les décortiquer et démontrer à quel point ils sont mensongers et tendancieux mais en fait ce qui me surprend, c’est que la politique Latino-Américaine soit tellement « suivie » sur par ces « commentateurs » de langue française.
    Ce blog libéral critique le gouvernement français à longueur de temps et somme toute, il y a peu ou pas de réaction, mais dès qu’il s’agit de CHAVEZ, les mensonges les plus énormes nous sont assénés dans une logorrhée souvent indigeste avec une régularité de métronome.
    Avez-vous déjà demandé à un Français ce qu’il pense d’Hugo CHAVEZ et du Venezuela ? La plupart ne savent même pas situer ce pays sur une mappemonde… Avez-vous déjà utilisé le mot « oligarchie » dans une conversation en France ? Probablement jamais mais son équivalent espagnol (oligarquia) désigne couramment l’ennemi à abattre dans la propagande chaviste.
    Bizarre de retrouver deux fois ce terme si peu usité en français dans le commentaire fleuve d’Eric. De là à penser que ces commentaires « spontanés » sont le fait du G2, il n’y a qu’un pas. (Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le G2, vous pouvez suivre le lien suivant, en espagnol)
    http://llamado32.blogspot.com/2007/03/g2-i.html

    A la suite de ce commentaire, j’avais « ferraillé » pendant des semaines avec de soit-disant admirateurs du despote extrêmement prolifiques.
    Quatre ans plus tard: plus rien. Soit ces admirateurs ne lisent plus Contrepoints, soit ils ont disparu, soit ils n’ont jamais réellement existé.

  • Coucou les amis,
    Hé bien moi je vis dans une ville de 90 000 habitants et la vie est plutôt agréable en fait et pour tout le monde. Les loyers représentent 20% du salaire minimum, l’eau, l’électricité, l’essence, les universités, les transports pour les étudiants, les impôts sont gratuit ou quasiment. Dans la ville ou je me trouve, je ne vois pas de mendiants ni aucune violence et pour le moment je n’ai pas connu de population plus détendu qu’ici en fait. Bien sûr il y a la file à la banque et quand on veut de l’huile, de la farine ou du PQ à bas prix on fait aussi la queue. Mais au pire des cas on en trouvera plus cher sur le marché sans faire de queue, ce sont les produits qui ne sont pas subventionnés, en fait comme ceux qu’on retrouve chez nous tout pareil.
    Alors on pourra dire ce qu’on veut avec des mots savants et des outils de mesures précis (mais pas forcément représentatif), dans la ville ou je vis (à ne pas généraliser forcément) il fait bon vivre pour la population ça c’est certains.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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