3 raisons qui expliquent la croissance nulle

La panne de croissance annoncée par l’INSEE pour le deuxième trimestre était parfaitement prévisible.

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3 raisons qui expliquent la croissance nulle

Publié le 24 août 2014
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Par Emmanuel Bourgerie.

imgscan contrepoints 2013579 croissanceLa croissance nulle annoncée par l’INSEE ne devrait surprendre personne. Les gouvernements successifs ont tous apporté leur contribution pour freiner les moteurs de croissance. Hollande ne sera ni le premier, ni le dernier, on peut tout au plus l’accuser d’avoir accéléré le rythme du combat contre la machine économique.

Le problème dans cette affaire, c’est que c’était parfaitement prévisible. Reconnaissons-le : qui, parmi nous, a été surpris par l’annonce de la croissance nulle au second trimestre ? Pas grand-monde à vrai dire. Ce qui est marquant, c’est que les causes de cette croissance nulle ne sont rien d’autre que le résultat des grandes réformes tant réclamées par la gauche. En voici quelques-unes.

1. Hollande a voulu combattre la finance, la finance est partie

Le pêché originel de ce quinquennat aura certainement été la hausse brutale de l’imposition du capital. Le gouvernement français a envoyé un signal massif au monde des affaires : « Pas de ça chez nous ! » Message reçu, les investissements sont allés voir ailleurs et Hollande est obligé d’aller pleurer dans les jupes de Super Medef pour avoir son million d’emplois.

Pas d’investissements, pas de croissance durable. C’est aussi simple que cela. Mais comment le financer ? Les marges sont au plus bas, les banques ne veulent accorder des crédits qu’aux entreprises qui n’en ont pas besoin et le capital s’est tari.

Oui, le gouvernement a mis en place des aménagements pour ne pas trop pénaliser l’investissement productif. Sauf qu’en économie, tout est question de psychologie, et les investisseurs n’ont vu qu’une chose : un président socialiste gesticuler contre le capitalisme, annoncer une taxe confiscatoire mais avec la promesse de ne pas taper trop fort. On n’attire pas les investisseurs avec du vinaigre.

Ensuite, les mêmes viendront pleurnicher parce que l’économie française se smicardise. Mais ce que les socialistes oublient, c’est que non seulement l’investissement crée des emplois, mais ce sont des emplois à forte valeur ajoutée. Si le gouvernement voulait créer une nation d’intérimaires précaires, il ne pouvait pas mieux s’y prendre.

2. Les nouveaux entrants sont barricadés hors du marché du travail

Il ne faudrait pas que les immigrés volent les emplois des bons travailleurs français, n’est-ce pas ? Bien qu’aucun politique de gauche ne s’exprimera jamais en ces termes, il garde au fond de lui-même cette vieille idée que l’emploi est un gâteau qui se partage et que les jeunes et les immigrés ne pourront s’insérer dans le marché du travail qu’en mettant quelqu’un d’autre au chômage.

N’attendez pas de Hollande une quelconque réforme du marché du travail pour faire baisser le chômage des immigrés et des jeunes. Ce devait être une chance pour notre économie, mais au lieu de soutenir l’activité et de financer nos retraites, les jeunes et les immigrés sont devenus malgré eux un fardeau supplémentaire pour la collectivité.

Tout le monde est perdant dans cette affaire, à commencer par les premiers concernés eux-mêmes. Mais les réformes qu’il faudrait mettre en œuvre pour débloquer la situation signeraient l’arrêt de mort politique pour Hollande : baisser le SMIC, déréglementer bon nombre de professions… Il n’y a – juste – pas de solution miracle pour contenter tout le monde.

3. Réduire le déficit public est récessif (mais il faut le faire)

François Hollande aurait pu avoir une approche radicalement différente à son arrivée : il aurait pu faire le constat de l’état catastrophique dans lequel Nicolas Sarkozy a laissé le pays et annoncer des réformes difficiles mais nécessaires pour rebâtir une croissance durable. Au lieu de ça, il a prétendu pouvoir réduire les déficits tout en annonçant une croissance qui apparaitrait magiquement de l’extérieur, sauf que cela ne s’est pas produit.

Réduire le déficit est récessif à court terme, c’est un fait. Mais le déficit n’est pas un modèle de croissance, contrairement à ce que les néo-keynésiens comme Paul Krugman voudraient nous faire croire. Il peut être utile de faire du déficit pour soutenir temporairement l’activité, mais nous l’avons déjà fait : la dette publique est passée de 64% à 97% du PIB entre 2007 et aujourd’hui. Nous avons eu notre relance keynésienne. Nous avons soutenu la consommation, et de façon massive. Mais au lieu d’utiliser ce déficit pour accompagner des réformes de fond de notre économie, Sarkozy comme Hollande se sont contentés d’acheter la paix sociale jusqu’à l’élection suivante.


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  • Ce qui m’a surpris de prime abord n’est pas la croissance zéro, c’est le fait qu’il n’y ait pas eu de baisse vu la situation, mais les fortes dépenses publiques masquent la récession du secteur marchand….Il faudrait vraiment avoir les chiffres du PIB marchand sur les 7 dernières années, si Contrepoints pouvait faire ça ce serait super 🙂

    En tout cas les IDE ne trompent pas : en 2013 ces investissements étrangers ont chuté de 77%, une chute effroyable qui exprime bien comment la France est vue en tant que terre d’investissement…

    • Début 2013, les 500 plus grosses entreprises françaises déclaraient qu’elles envisageaient d’investir en France moins de 15% du total de leurs investissements. Comme vous le soulignez, les entreprises étrangères ont suivi le mouvement comme un seul homme. La situation est probablement identique en 2014 et promet de l’être tout autant en 2015, 2016, etc.

      On se demande bien pourquoi le capital et les cerveaux prennent la fuite. On se demande bien pourquoi le peuple Français choisit l’exil extérieur pour les uns, l’exil intérieur pour les autres. Pendant ce temps, Culbuto et ses amis, cigales socialistes politiciennes de gauche, du centre et de droite, extrêmes compris, continuent de chanter et trottiner gaiement, de se disputer les bonnes places, indifférents à la ruine qu’ils provoquent. Cette crise est leur crise, la crise terminale des prétentieux et des parasites.

      • Les IDE augmenteront en 2014, et assez fortement car le rachat d’Alstom par General Electric sera probablement comptabilisé dans le chiffre, et à lui tout seul (18 milliards de $) il est plus grand que les IDE en 2013 ($5,5 milliards). A moins que ça ne soit pas considéré comme un IDE…

    • À la grosse louche : le PIB stagne aux alentours de 1800 G€ en € constants. Les dépenses publiques sont passées de 52% à 57%. C’est donc une dizaine de G€ d’activité privée qui ont été détruits chaque année depuis 2007.

      • A vue de nez, il faut faire la différence entre les tableaux t_1101 et t_3201 de l’Insee, pour l’avoir en euros courants. Soit 929, 939, 838, 880, 908, 906, 905 ME pour 2007 à 2013. Une fois corrigé en euros 2013, on aurait 1020, 1023, 894, 925, 923, 913, 905.

        • Si ces chiffres sont corrects alors merci, ça montrerait bien une décrue 🙂 ça représenterait une baisse de près de 11% du PIB marchand entre 2007 et 2013, c’est une jolie récession que voilà, c’est même une dépression !

      • G€? Je me doute que ça veut dire milliards, mais je vois pas ce qu’est le G.

        • Giga. J’aurais du, moi aussi, mettre GE, mais ça fait General Electric 🙂

          Pour l’exactitude des chiffres, on peut certainement pinailler sur la définition exacte du PIB marchand, et le calcul par PIB-Dépenses est bien fruste, mais l’ordre de grandeur est certainement significatif.

  • acheter la paix sociale dans le seul but de se faire réelire ….c’est un sacré problême cette envie d’être réelu ; ne pourrait on exiger que le mandat présidentiel ne dure que 6 ou 7 ans, avec interdiction de se représenter une seconde fois ? cela obligerai le président à se bouger le cul durant son mandat , le seul auquel il aura droit ;

    • 6 ou 7 ans ?? Vous n’y pensez pas !
      4 ans et un mandat c’est très bien, si on a un programme c’est plus que suffisant, et ça permet un renouvellement rapide des élites, et s’ils sont nuisibles ça a le mérite de ne pas durer longtemps.

      • Le problème n’est pas tant la durée… que les moyens.

        Un mauvais homme politique avec beaucoup de moyens (comprendre : cash pour arroser les clients) sera toujours un danger ambulant.

        Un mauvais homme politique avec peu de moyens = pouvoir de nuisance limité.

        C’est aussi simple que cela. Il est impossible d’échapper aux « mauvais » politiciens. C’est humain. Ils sont humains. Par contre, on peut limiter les moyens financiers à leur disposition, couper leur levier.

        En attendant une vraie réforme constitutionnelle qui puisse verrouiller ces moyens, et limiter le rôle de l’état (on peut toujours rêver), il convient de fermer le robinet à pognon par la force.

        Ce que vous appelez très justement l’exil intérieur et extérieur.

        • @ christophe. Tout à fait d’accord avec vous. Si le politicien était véritablement responsable de ses actes, de l’argent qu’il claque, s’il lui était interdit de présenter un budget en déséquilibre, s’il lui était impossible d’emprunter pour couvrir ses dépenses, s’il leur était impossible de faire de la politique leur profession à vie, on arriverait déjà à limiter le désastre commis par les politiciens.

          • Sans faire de provoc gratuite, il existe des hommes politiques aux idées saines… Si si! La question est de savoir pourquoi ils n’émergent pas dans le grand concours de beauté de la présidentielle française. Les institutions actuelles poussent au dirigisme étatique et c’est rien de le dire.

          • « s’il leur était impossible de faire de la politique leur profession à vie »

            tirage au sort.
            avec une petite somme en début de mandat pour se former auprès du parti politique ou syndicat de son choix.
            les partis politiques se transformeraient en école de formation pour adultes, en concurrence les unes avec les autres.

    • Nuance : le problème n’est pas qu’un politicien soit obnubilé par son désir d’être réélu, il est qu’il puisse être réélu en ne faisant que des âneries. Ca ne se réglera pas en limitant autoritairement les mandats (en plus, imaginez que par miracle on en trouve un bon, on serait obligé de le remplacer par un mauvais au bout du délai !), mais par l’instruction et l’éducation des électeurs, et les occasions qui pourraient leur être données de faire valoir leur opinion une fois celle-ci raisonnée.

      • Vu le niveau de l’éducation c’est l’inverse qui se produit, le peuple français devient de plus en plus inculte, surtout en économie. Et c’est un étudiant qui vous le dit ^^ »

  • Un article mauvais…
    – le point 1 n’est pas convaincant, Hollande ayant dit exactement le contraire dans ses voyages en campagne à l’étranger…
    – le point 2 est encore un argument tranché sur l’immigration nécessaire. Si on compte 4 millions de chômeurs, en quoi ajouter des immigrés va améliorer les choses ? Hormis bien sûr une frange d’excellence qui de toute façon voyage très bien.
    – le point 3 est tout à fait médiocre. Sarkozy est mythifié en bouc émissaire : La crise de 2008, ses efforts ou ceux de son premier ministre, la prise en charges des fameuses 30 glorieuses qui ont pavé la routes aux déficits actuelles, etc… Tout est réduit à la faute d’un seul homme !

    Cela est non seulement une facilité pour éviter de cacher la difficulté de faire ces réformes, mais aussi un discours autant malhonnête que celui qu’on prête aux politiciens ambitieux.

    « récessif à court terme » : L’auteur lui même semble reconnaître que l’application des réformes n’aurait pas ramené la croissance dans les 2 ans. Donc un point 3 en contradiction avec le titre.

    La France a un problème qui dépasse ses Présidents. L’action directe seule de l’exécutif est vouée à l’échec à moins de tomber dans l’autoritarisme éclairé, ce qui n’est guère libéral…

    • « récessif à court terme »

      je ne suis pas du tout convaincu de cela. c’est sûr que si l’on compte comme c’est le cas actuellement la part virtuelle du pib comme étant réelle, on va constater une baisse quand on réduit la part virtuelle. mais justement, la part virtuelle n’est que virtuelle, il n’y a aucun remord à avoir à la voir se réduire, elle ne sert qu’à falsifier les vrais chiffres et à empêcher les réformes.

  • Mais comment pouvez-vous être aussi centré sur la France ? La France existe trop, il faudrait qu’elle disparaisse, totalement, qu’elle soit absorbée dans le marché transatlantique.

    Quoi qu’il en soit, il n’y a pas qu’en France que la croissance est nulle. Les USA rentrent en récession, la Russie et la Chine (malgré leurs habitudes bolchéviques de manipulation des chiffres) entrent aussi en récession.

    Croire qu’un gouvernement en France est capable d’améliorer ou d’empirer la situation, c’est vraiment parler comme un Keynésien.

    Les gouvernements, en France comme ailleurs, ne peuvent absolument RIEN FAIRE contre la crise économique qui est un produit naturel du Capitalisme. (Nous nous dirigeons vers la 25ème crise économique du Capitalisme depuis le début du 19ème siècle)

    Lisez Schumpeter et Marx : seule une révolution structurelle de l’économie, de l’appareil de production, peut nous sortir de la crise. Ce sera probablement les GreenTechs et la Robotique qui le permettront. Mais pour cela, il faut d’abord que la masse énorme de petits rentiers qui vivent sur le dos de l’économie fassent faillite. Heureusement : on y est presque.

    • Les USA ne rentrent pas du tout en récession, vous êtes à la ramasse, 4% de croissance en rythme annuel.
      La Chine ne l’est pas non plus même si sa croissance commence à ralentir sérieusement et que les chiffres, comme vous le dites, sont sans doute trafiqués et embellissent la réalité.

      • loool

        on en reparle dans 6 mois ?

        Parce que vos 4% de fausse croissance, elles ne sont que le produit des politiques néo-keynésiennes d’hyper-inflation monétaire. Les marchés sont abreuvé par les QE de la FED.

        La crise économique est inévitable, et surtout, elle est souhaitable. Il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup trop, de petits rentiers aujourd’hui aux USA et en Allemagne (en France aussi, de plus en plus). Une bonne crise va nous débarrasser de tous ces parasites inutiles qui empêchent la réforme structurelle de l’économie.

        Franchement ? Vous êtes des libéraux ? Vous avez lu Schumpeter ? Où alors vous êtes des Keynésiens qui croient qu’une croissance basé sur une politique étatiste d’inflation monétaire peut permettre d’empêcher une crise de se produire ?

        Hey :
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_de_Kondratiev
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_cr%C3%A9atrice

        Soyez libéraux, c’est mieux.

        • Vous devriez venir plus souvent sur Contrepoints car vous y liriez ce que vous préconisez sauf … la référence à Marx.

    • Nous ne croyons pas qu’un gouvernement pourrait améliorer la situation, tout simplement par ce qu’en tant que libéraux nous voudrions un état qui ne se mêle surtout pas d’économie, mais qu’il reste cantonné à ses strictes fonctions régaliennes.
      La seule chose qui pourrait nous sortir du marasme c’est la liberté. Liberté d’entreprendre, de commercer, d’échanger, de s’informer. Nous ressortir Marx dont la pensée est fondée sur la lutte des classes, et dont le système théorique fonctionne en vase clos, sans prendre en compte le progrès technique, c’est vraiment du gauchisme de base.

      • tout à fait, et ça va passer par une grosse crise économique, qui tel un feu sacré païen, va nous débarrasser de tous les parasites : fonctionnaires inutiles, petits rentiers improductifs, entreprises old school.

        Quand les retraités allemands, américains et français seront sur la paille, la jeunesse sera enfin libre de renouveler les structures économiques.

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_cr%C3%A9atrice

        Il paraît que la grande crise systémique qui va mettre sur la paille les petits épargnants et les petits propriétaires c’est pour 2015. Vivement.

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