Anti-oxydants et cancer : la copie vient d’être corrigée

Pommes, carottes ou poivrons sont-ils réellement bénéfiques pour prévenir l’apparition de certaines maladies cardio-vasculaires et de certains cancers ?

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Poivrons carottes pommes (Crédits : alschim, licence Creative Commons)

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Anti-oxydants et cancer : la copie vient d’être corrigée

Publié le 15 juillet 2014
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Par Jacques Henry

Poivrons carottes pommes CC alschim

Depuis des années les diététiciens et les médecins cancérologues clament que les aliments contenant des anti-oxydants sont bons pour la santé et qu’ils « peuvent » prévenir l’apparition de certains cancers, pour ne pas dire « pourraient » car l’incertitude est telle dans ce domaine qu’il valait mieux utiliser le conditionnel afin d’éviter d’être poursuivi devant les tribunaux pour imposture. Il y a eu de nombreuses études réalisées pour tenter de prouver que les pommes, les carottes, les poivrons ou des noix variées comme la pistache étaient bénéfiques pour la santé et prévenaient aussi bien l’apparition de certaines maladies cardio-vasculaires que celle de certains cancers. Aucune étude réalisée dans ce sens ne s’est révélée concluante. Malgré tout on a continué à clamer que c’était bon pour la santé pour d’obscures raisons de marketing. À qui a profité le crime, nul ne le saura jamais sinon à quelques nutritionnistes gourous qui se sont enrichis aux dépens de la crédulité de leurs clients.

Dans un court papier paru dans le New England Journal of Medicine, deux médecins de la Lustgarten Foundation et d’autres collègues considèrent que les antioxydants n’ont aucun effet sur la réduction de l’apparition des cancers mais au contraire ont plutôt l’effet inverse. Leurs travaux se basent sur la compréhension récente de la stratégie choisie par la cellule pour maintenir un équilibre entre les composés oxydants et leur contreparties non oxydantes, en un mot la régulation des réactions d’oxydoréduction essentielles dans de nombreux processus chimiques de la cellule. Par exemple l’eau oxygénée est essentielle, en très faible quantité, pour certaines voies métaboliques et l’eau oxygénée est effectivement produite au bon endroit et au bon moment dans la cellule. En quantités importantes, il est reconnu que ce composé est toxique et les cellules produisent leur propres moyens de défense pour annihiler les surplus d’eau oxygénée, de même que la cellule dispose d’un attirail très performant pour éliminer l’ammoniac qui est tout aussi toxique.

Il paraissait logique pour de nombreux praticiens et diététiciens que des compléments alimentaires adéquats riches en substances antioxydantes soient bénéfiques pour la santé car ils contribuaient à en quelque sorte neutraliser les effets néfastes de l’eau oxygénée, en réalité l’espèce chimique appelée radical O-singulet ou oxygène réactif.

Or cette étude a montré qu’il n’en est strictement rien car les substances présentant des propriétés dites antioxydantes n’agissent pas sur les mêmes sites au sein de la cellule car il se trouve, selon cette étude, que l’oxygène réactif apparaît au niveau des mitochondries alors que les antioxydants présents dans l’alimentation n’atteignent jamais ces organites subcellulaires dédiés à la production de l’énergie dont a besoin la cellule. Bien au contraire toutes ces substances supposées bénéfiques s’accumulent dans une toute autre région de la cellule et leur effet est quasiment nul voire négatif pour le bon équilibre du métabolisme cellulaire dédié à la régulation de la teneur en oxygène « actif ». Dans le cas des cellules cancéreuse, la situation est même aggravée car les produits contenus par exemple dans les pistaches s’accumulent et perturbent la régulation de la teneur en cette espèce d’oxygène qui peut créer des dommages à l’ADN nucléaire ! Cette observation conforte le fait que la radiothérapie anti-cancéreuse fait apparaître des formes activées de l’oxygène, ce que l’on appelle en chimie des radicaux libres, comme certains traitements chimiques présentant les mêmes effets. Ces traitements tuent les cellules cancéreuses en augmentant les radicaux oxygène.

Il apparaît donc de manière contre-intuitive que l’inhibition des mécanismes réduisant les radicaux oxygène est plutôt bénéfiques dans le traitement des cancers, le challenge étant de déterminer quels sont les processus régulant les schémas métaboliques impliqués dans un tel maintien du bon équilibre entre les espèces oxydantes et leurs opposés réducteurs. Il s’agit d’un équilibre contrôlé en permanence par la cellule afin de préserver son intégrité, on appelle ce mécanisme la balance redox qui a lieu en particulier au sein de la mitochondrie.

Il reste tout de même un long cheminement pour déterminer précisément quel est le processus intime qu’utilise la cellule pour se prémunir contre toute déviation la conduisant à devenir cancéreuse. Cette étude a par exemple montré que les fumeurs abusant d’aliments riches en beta-carotène, un antioxydant vitaminique bien connu, développaient plus rapidement un cancer des voies pulmonaires ou des poumons que les fumeurs ne suivant aucun régime particulier !

Comme quoi les idées reçues qui ne sont fondées que sur des on-dits peuvent être particulièrement néfastes…

Source : Cold Spring Harbor Laboratory, Long Island


Sur le web.

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  • Merci pour ce billet. De toute manière, de la bouche à la cellule, il y a tout le tractus digestif, tout le metabolisme de sorte que ces affirmations alimentaires relèvent plus de croyances que de la science.

  • Cela fait la combientième fois que la médecine ou la numéro pardon la nutritionnologie fait un 180° ?

  • Il y a plus de 10 ans qu’il y avait eu une étude en double aveugle avec des suppléments d’antioxidants (ou une alimentation riche en antioxidants), qui avait été arrêtée avant terme, parce que le groupe avec antioxidants donnait de mauvais résultats (plus de cancers). Cette nouvelle étude semblerait donc aller dans le sens de confirmer cette vieille étude.

  • Un « court papier » –> j’aime mieux les longs papiers… et des collègues qui « considèrent » –> j’aime mieux qu’ils expérimentent. On a beaucoup d’études sur l’alicine, les polyphénols et pas mal d’antioxydants maintenant, une étude courte qui sort de façon isolée comme ça et qui fait le buzz, je demande à voir l’étude en détail. À la lecture de l’article, on a l’impression que c’est une étude d’opinion (et de compilation de données) et non pas une étude expérimentale. Ce qui en soi peut être intéressant, mais à développer avant de s’enflammer et de taper sur la nutrition. (encore ? … )

    • oui…mais en face il y a des gens qui affirment aussi, en ce sens, un seul papier devient au moins un rappel pour dire mollo les gars…

  • Je rebalance en bref ce que je lisais sur noslibertespointorg « fumer protege du cancer du poumon » le site est eteint je crois.L article etait a la fois en francais et le streaming en anglais il me semblait donc je ne le comprennais pas,l article citait les sources de l etude,des noms et parait vraisemblable,stupefiant pour le moins..tenez,stupefiant,siderant,hallucinant comme celui ci ou l on voit un certain decouvreur du sida,on l entend c est bien lui qui cause si si repondre a quelques questions du journaliste present(mon intuition me disais que cet interwiew ne se passait pas en France) »le sida peut se soigner avec une alimentation saine »?oui acquiescait le decouvreur..
    Improbable de pouvoir retrouver ces articles..mais peut etre qu en s y attardant,les bons mots cles,google fait des prodiges;et apres?
    Toujours plus perplexe circonspect..un debut d inquietude meme.

  • Cette idée « reçue » que les anti-oxydants étaient bénéfiques provient de la découverte de l’action de ces molécules sur les « radicaux-libres »….
    Mais cette découverte a été faite dans les années 70 par des chimistes (et non des biologistes) dans des éprouvettes.
    Cette découverte a ensuite été reprise par des Gourous « nutritionnistes » qui ont découvert que les « anti-oxydants » étaient des molécules présentes en grande quantité dans les fruits et les légumes (polyphénols, béta-carotène…).

    Mais personne ne s’est vraiment posé les 2 questions importantes :
    1) Pourquoi ces molécules existent en telles quantités dans les fruits et les légumes et pas dans les cellules animales ou de champignons?
    2) Quelles sont les voies métaboliques et les véritables effets de ces molécules sur notre métabolisme cellulaire ?

    Maintenant les 2 questions ont une réponse :
    1) Les « anti-oxydant » comme les polyphénols, sont des molécules de défenses des plantes contre les virus / bactéries / champignons qui les parasitent. Ces molécules ont pour action de perturber la barrière membraneuse des cellules et des organites (comme la mitochondrie justement). L’action se fait par arrachage d’électron à de grosses molécules membraneuses (protéines, phospho-lipides). Ce qui les détruit, et donc la cellule après.
    2) Les test in vivo des l’action des « anti-oxydants » montrent tous une action délétère. En effet, puisque le but de ces molécules est de détruire les cellules non végétales !!!

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