Le Royaume-Uni prêt à relever ses taux d’intérêt ?

La hausse des taux d’intérêts pourrait arriver, une fois n’est pas coutume, par la Bank of England et non par la Fed.

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Le Royaume-Uni prêt à relever ses taux d’intérêt ?

Publié le 22 juin 2014
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Par Rémy Covarel.

La Banque d’Angleterre (BOE) pourrait relever son taux directeur plus rapidement que prévu. Voilà la bombinette qu’a lâchée Mark Carney, le gouverneur de la BOE jeudi 12 juin. On se rappelle que le 18 mars dernier, Janet Yellen, la patronne de la Fed, avait surpris son petit monde en évoquant en conférence de presse une hausse des taux aux États-Unis qui pourrait intervenir à la mi-2015, avant de rétro-pédaler, l’air de rien, dans les semaines suivantes.

Les économistes, pour la plupart, anticipaient avant ce jeudi que la BOE pourrait procéder à une première hausse de taux aux environs du deuxième trimestre 2015. Et si finalement la BOE qui a son taux directeur inchangé depuis mars 2009, alors que pour la Fed le dernier changement est intervenu en décembre 2008, brûlait la politesse à l’Oncle Sam ? Ce ne serait pas loin d’être une première comme le montre le graphique ci-dessous.

Covarel1Art

On voit que le taux directeur américain (ligne  blanche) a toujours dégainé le premier, à la hausse, comme à la baisse par rapport à son homologue britannique (ligne orange) sauf peut-être sporadiquement en 1996 (et en 1745 à la bataille de Fontenoy, après que le Comte d’Anterroches les y ait invité, selon la petite histoire de la grande Histoire).

Covarel_Cours

Devises des pays développés

La poussière retombe doucement sur la batterie de décisions annoncées par la BCE la semaine dernière. Mais un autre nuage se lève entre le Tigre et  l’Euphrate, au gré de l’avancée des djihadistes dans le désert vers Bagdad. Du coup, les principaux indices boursiers virent au rouge et le baril de pétrole prend 4%. Cela a pourtant laissé de marbre les grandes monnaies de ce monde qui enregistrent de petites variations d’un vendredi à l’autre.

L’EURUSD a évolué entre 1.3512 et 1.3602, soit 90 points de base de range sur la semaine et moins que le range total de jeudi dernier après-midi quand Mario Draghi égrenait son train de mesures !  Même si une grande partie des paris à court terme sont dans le sens d’une baisse de l’EURUSD dans les prochaines semaines, ceux qui avaient vendu l’EURUSD avant la BCE ont pris leurs maigres profits ou coupé leurs positions sans presque rien gagner. 1,3465 – 1,3780 est un range qui devrait tenir à court terme et certains spéculateurs jouent le range 1,32 – 1,39 pour les six prochaines mois. C’est dire l’enthousiasme sur cette paire de devises pour l’instant. En intra-day, le tropisme des cambistes est de vendre l’EURUSD sur tout rebond haussier rapide.

La Banque du Japon (BOJ) n’a surpris personne en laissant sa politique de taux inchangée. Elle assure pouvoir arriver à 2% d’inflation avec le train de mesures actuelles et, unanimement, va continuer d’activer la planche à billets pour accroître la masse monétaire de 60’000 à 70’000 milliards de yens par an. Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la BOJ, estime avoir fait sa part du travail, mis l’économie japonaise sur les rails de la reflation, mais estime qu’il faudra encore près de deux ans avant d’atteindre l’objectif d’inflation de 2%. Toutes les nouvelles étant dans les cours et aucun train de mesures à l’horizon, les positions acheteuses d’USDJPY se sont donc légèrement tassées. Le range de l’USDJPY sur la semaine a été aussi ample que celui de l’EURUSD (une centaine de pips) et tout momentum a disparu de cette paire de devises à court terme.

C’est technique et pratique, si l’EURUSD bouge de la même magnitude et en sens inverse de  l’USDCHF dans un même intervalle de temps, c’est que rien n’est venu troubler la quiétude des eaux du lac Léman. Et c’est vrai que même dans un contexte de moindre croissance qu’anticipé dans le monde au premier trimestre de cette année, un hiver moyennement rigoureux et des exportations soutenues dans la pharmacie et la chimie ont permis à l’économie Suisse de croître de 0.5% au premier trimestre 2014, contre 0.2% au dernier trimestre 2013.

Nous disions la semaine dernière qu’une raison simple et objective d’acheter le dollar australien (AUD) était le taux d’intérêt servi par rapport aux autres grandes devises du G10 et encore plus de l’euro depuis jeudi dernier. Cqfd. L’AUD a été raisonnablement entouré toute la semaine. L’EURAUD est allé revisiter les 1.4370, un plus bas de sept mois, poussant brièvement l’AUDUSD au-dessus des 0,9400. Même si le mouvement ne s’est pas poursuivi ce vendredi, en l’absence de mauvaises nouvelles économiques sur son marché domestique ou de la Chine, l’AUD devrait garder un biais haussier.

Le Fond Monétaire International  (FMI) et l’OCDE ont tous les deux pointé du doigt le marché immobilier au Canada et le niveau d’endettement des particuliers comme un risque pour la croissance du pays. Cela laisse peu de place pour une baisse des taux et soutient donc la monnaie qui repasse sous les 1,0900 en USDCAD. Il n’en reste pas moins là encore que le range 1,0800 – 1,1000 qui prévaut depuis presque deux mois risque d’être difficile à casser.

En Norvège non plus l’heure n’est pas aux grandes fluctuations. La hausse de 4% du prix du baril, liée à la situation en Irak, aurait dû supporter au moins à la marge la couronne norvégienne (NOK). Mais comme dans le même temps Statistics Norway (l’INSEE local) a annoncé s’attendre à une baisse de 12% des investissements dans le secteur de l’énergie en 2015, un attentisme certain a prévalu chez les opérateurs. Et l’EURNOK n’a pratiquement pas bougé d’une semaine à l’autre. Entre 8,07 et 8,20 il n’y a  pas de tendance.

Heureusement nous avions la livre sterling (GBP). Déjà  que la  hausse du GBP était une des rares thématiques récurrentes du marché depuis bientôt un an, les propos de Mark Carney, évoqués en introduction ont donné un nouveau coup de boost à la monnaie anglaise qui clôture cette semaine sous le niveau psychologique des 0,80  en EURGBP et s’est rapproché des 1.7000 en GBPUSD. Ce sont les deux niveaux pivot à surveiller pour la suite des événements.

Devises des pays émergents

La dernière série de données économiques en Chine a rendu une copie bigarrée. Le marché immobilier  se dégrade, l’investissement ayant chuté de 15 % depuis le début de l’année quand les ventes au détail progressent et la production industrielle, en hausse de plus de 8% en mai en rythme annuel,  est  au rendez-vous. Néanmoins, la banque centrale a fixé l’USDCNY plus bas, ce qui lui a permis d’afficher une semaine de baisse nette après cinq semaines de petite hausse continue. Il a trouvé un bon support sur 6,2050 pour l’instant.

La roupie indienne (INR) et la roupie indonésienne (IDR) ont connu des trajectoires inverses. L’indice Sensex a expérimenté à New Delhi ce vendredi sa plus forte baisse journalière depuis quatre mois, perdant 350 points de base soit environ 1,3%, crise en Irak et hausse du pétrole obligent.  En écho, l’INR a perdu 1% contre USD. En Indonésie, même si la banque centrale a revu légèrement à la baisse sa prévision de croissance économique pour 2014, elle a gardé son taux directeur inchangé. De toute façon, comme  déjà évoqué dans cette chronique, c’est la perspective des élections présidentielles qui aimante pour l’instant le marché. Et tant  que le favori des investisseurs (Joko Widodo, actuel gouverneur de Jakarta) consolide ses positions dans les sondages, ceux-ci dorment sur leurs deux oreilles et l’IDR est stable.

Au Brésil, la seleçao n’a pas raté  son entrée dans la compétition, forte d’un Neymar en pleine forme et d’un arbitre relativement complaisant. Malgré les grèves, la grogne sociale, les stades pas prêts, la controverse nationale autour de la chanson du mondial jugée trop « cliché » (« We are one » chanté par Jennifer Lopez, le rapper Pitbull et la chanteuse brésilienne Claudia Leitte), le dieu football s’est  posé à côté du Corcovado et a mis un voile temporaire sur la faible croissance du pays-continent. Le real progresse donc de 0.85% contre USD, sans grande tendance.

Pas d’effet coupe du Monde pour le Mexique pour l’instant. Le taux de croissance est au plus bas depuis 2009 et la cote du président de la république Enrique Peña Nieto, sans atteindre  les profondeurs de celle de François Hollande, est la plus faible de l’histoire récente du Mexique. La baisse de taux de la semaine dernière n’a bien sûr pas encore eu le temps d’avoir un effet sur l’économie. C’est donc en toute logique que le peso (MXN) perd du terrain et que l’USDMXN franchit le seuil psychologique des 13,00 pas testé depuis un mois.

Statu quo à la frontière russo-ukrainienne (ou ukraino-russe, ne nous fâchons avec personne) cette semaine. De plus, entre des réserves de change qui se stabilisent d’une semaine sur l’autre et une hausse de 39% du surplus commercial en avril, un certain calme semble revenir autour du rouble (RUB) qui ne perd plus que 3% depuis le début de l’année contre USD et rien cette semaine. Signe de détente supplémentaire, les points de swap à un an en USDRUB qui ont valu jusqu’à +36000 début mai, continuent de refluer pour valoir aux alentours de +27000 ce vendredi. On est encore loin des +20000 d’avant la crise, mais c’est un signe manifeste de détente. Ce n’est pas un proverbe russe, mais une hirondelle ne fait quand même pas le printemps. Il faut rester méfiant.

La monnaie turque a été affectée par la passe d’armes entre le gouvernement et la banque centrale. Ce n’est pas nouveau, cette dernière est sommée presqu’à chaque allocution par le premier ministre de baisser les  taux et de faire baisser  la valeur de la livre turque (TRY) contre USD. En début de semaine l’USDTRY valait aux alentours de 2,0800 et le gouvernement a indiqué vouloir voir sa devise se déprécier au-moins jusqu’à 2,1000. Et ce vendredi, l’USDTRY clôture à 2,1223 ! La banque centrale a-t-elle baissé les taux et accédé aux demandes des politiques ? Que nenni. C’est plutôt la situation en Irak, la brève prise d’otages de personnel consulaire turc à Mossoul et la hausse du pétrole qui ont pesé sur un TRY très volatil et qui finit finalement sur une baisse de plus de 2% contre USD sur la semaine.

Si le rand sud-africain (ZAR) a enregistré une baisse d’1% contre USD c’est parce que Fitch a abaissé d’un rang la note de crédit du pays, la portant à BBB-. La Banque Mondiale avait déjà ramené sa prévision de croissance 2014 pour le pays de 2.7% à 2% cette semaine. Il est temps que le gouvernement agisse, sinon, les 11,0000 pourraient être à nouveau envisagés à terme en USDZAR.

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Article publié sur le site lasyntheseonline.fr et reproduit ici avec l’autorisation de l’éditeur.

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