Gary Becker : le kibboutz, preuve ultime de la faillite du communisme

Vincent Bénard revient sur l’analyse faite par Gary Becker de l’échec des kibboutz comme illustration de l’impossibilité du socialisme.

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Travailleuses dans un kibboutz

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Gary Becker : le kibboutz, preuve ultime de la faillite du communisme

Publié le 5 mai 2014
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Par Vincent Bénard.

Travailleuses dans un kibboutzLorsque vous osez affirmer à des communistes impénitents que les crimes de Staline – qu’ils sont bien obligés de reconnaître – et de Lénine – sacrilège ! -, ainsi que l’état pitoyable des anciens pays du pacte de Varsovie après des décennies de soviétisation, disqualifient toute forme de collectivisme en tant que doctrine, vous vous entendez répondre – parfois poliment, parfois par des insultes – que le vrai communisme, celui des phalanstères et de Proudhon, celui de Marx, voire du « gentil Lénine » – prière de ne pas rire – n’a jamais eu la chance de pouvoir s’exprimer, qu’il a été dénaturé par des dictateurs qui n’étaient pas, en fait de « vrais » communistes.

Notre réponse à cette absurdité consiste généralement à affirmer qu’une doctrine que jamais personne n’a jamais pu mettre en œuvre sans l’accompagner de massacres de masse, de déportations, de répressions et qui a toujours conduit les pays à la misère, est une doctrine perverse dès le départ. Ce qui nous emmène généralement, si l’éducation de l’interlocuteur le permet encore, vers une discussion sur le rôle essentiel du droit de propriété dans la préservation de la liberté individuelle.

Mais votre opposant communiste ne voudra pas en démordre: « le vrai communisme, volontaire et partageur, on ne l’a jamais vu à l’œuvre, il faudrait laisser une chance à ce vrai communisme là ».

Or, tant le critique que l’aficionado du communisme commettent une erreur. Une expérimentation à assez grande échelle du collectivisme volontaire le plus intégriste a existé. Et l’échec de cette expérience apporte bel et bien la preuve ultime de l’impraticabilité per se du socialisme originel, sous toute ses formes. Un socialisme « idéal » ne peut en aucun cas exister dans le monde réel.

L’expérience dont il est question est le développement des kibboutz en Israël, depuis le début du XXe siècle et plus encore après l’indépendance de 1947. Sur son blog à quatre  mains le prix Nobel d’économie 1992 Gary Becker nous gratifie d’une remarquable analyse historique et économique des Kibbutzim, qui naquirent dès le début du XXe siècle sous l’impulsion de juifs utopistes. Son compère Richard Posner, spécialiste majeur de l’analyse économique du droit, y ajoute comme toujours des compléments d’information pertinents.

Selon Becker, nowhere is the failure of socialism clearer than in the radical transformation of the Israeli kibbutz.

Dans la plupart des kibboutz, les parents habitaient une maison modeste appartenant à la communauté. Les enfants en étaient séparés et dormaient dans un dortoir. Il s’agissait d’éviter que certains enfants ne soient avantagés par l’énergie ou le savoir que tentent de leur transmettre les parents les plus motivés et cultivés… Quelles qu’aient été ses compétences initiales, chacun devait contribuer aux travaux des champs, quand bien même il aurait eu une qualification qui aurait apporté davantage à la communauté et chacun recevait la même part du produit du travail commun. Lorsqu’un membre gagnait de l’argent grâce à une activité en dehors du kibboutz, il devait le partager avec la communauté et ne devait rien garder pour lui. La rotation des tâches agricoles était la règle. La promiscuité aussi.

Dans les premiers temps, la cohésion des kibboutz fut maintenue à la fois par le sentiment de communauté religieuse, l’engagement idéologique de leurs premiers membres, et l’environnement hostile de nations islamiques ayant déclenché contre l’État hébreu quatre guerres d’agression en 25 ans, soudant la communauté autour des nécessités défensives. Mais même cette pression extérieure ne put compenser le désamour des membres du kibboutz vis-à-vis de l’utopie collectiviste.

Très vite, de nombreux kibboutz connurent des difficultés.

Les jeunes, notamment, voulaient quitter cet environnement – ce qu’ils étaient libres de faire, contrairement à un Russe ou un Chinois, soviétisé de force – dès qu’ils en avaient les moyens, ce qui n’était pas toujours le cas car leurs parents n’accumulaient pas de capital et à l’extérieur du kibboutz, le blocage des loyers introduits par l’État d’Israël (qui fut d’ailleurs fondé sur des bases très socialisantes) avait détruit le marché locatif, là bas aussi. Aussi beaucoup parmi eux se sentaient-ils plus prisonniers économiques du kibboutz que participants enthousiastes.

Les problèmes de jalousie entre membres, de tirage au flanc et de parasitage -problème connu par les économistes sous le nom de « passager clandestin » ou free rider : pourquoi se tuer à la tâche si vous recevez autant que celui qui travaille ? -, l’inefficacité du système productif dûe à l’absence de spécialisation des tâches et à la mauvaise utilisation des compétences, le stress né de la séparation des familles, ont provoqué la disparition de certains kibboutz et la transformation de la plus grande partie d’entre eux en entreprises de type privée où les familles vivent réunies, où le marché détermine les rémunérations, où l’immobilier est privé et où l’initiative individuelle permet de développer des activités autres que l’agriculture, permettant à chacun de se spécialiser.

Bref, plus de 70 % des kibboutz sont devenus des entreprises de type capitaliste dont l’aspect social se limite à la constitution de sociétés de secours mutuel des membres. Les kibboutz, au nombre d’environ 250, ne représentèrent jamais plus de 7 % de la société israélienne au temps de leur splendeur. Les quelques kibboutz qui conservent une structure collectiviste (il reste des utopistes croyants…) ne représentent quasiment plus rien et ne survivent que parce qu’ils appartiennent à un ensemble largement capitaliste qui assure à leurs productions ou leurs actifs fonciers la possibilité d’intégrer un système d’échange libéral en toute protection du droit de propriété.

Bref, l’échec du kibboutz socialiste est l’argument ultime contre les illusions des derniers zélotes du collectivisme qui ne veulent pas voir dans les échecs de l’URSS et autres pays comparables la preuve de l’absence de viabilité intrinsèque des sociétés communistes sous toutes leurs formes. Même volontairement souscrit par des communautés idéologiquement conquises et initialement très motivées, le communisme ne peut apporter ni satisfaction, ni prospérité aux individus.

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  • Super votre billet sur ‘Hitler Café »
    Le Mur des Cons de la justice française, euh ! la jurisprudence est claire, il s’agit de la jurisprudence du tortionnaire Bourdarel (CNRS) – Les crimes communistes ne seront jamais poursuivis en France. Vous pouvez faire l’apologie de Staline, Mao, Pol Pot sans aucun problème. Si vous aviez à faire à des zélés il vous suffira de ressortir cette jurisprudence explicite.

  • Billet qui n approfondit pas gd chose

    • oui c’est dommage, pas tellement de détails… juste un gros « ça n’a pas marché ».
      ça m’intéresse drôlement pourtant !

  • Bonjour, moi quand on me parle de kibboutz, je pense à ça :http://www.youtube.com/watch?v=WskpRd-hAwM

  • Très intéressant. Donc au-delà du cercle familial et éventuellement tribal (si la communauté est petite), le communisme ne fonctionne pas.

    Même dans les kibboutz.

    • Confondre famille et communisme en n’observant que certains aspects matériels, c’est perdre son temps avec l’écume des chose et ignorer l’essentiel. Cela n’a pas de sens d’assimiler la famille à une organisation de type communiste, notamment parce que la dimension affective créatrice de la famille échappe totalement au communisme désespérément aride et stérile, principe de vie pour l’une contre principe de mort pour l’autre.

      Quant au modèle tribal, on peut observer à loisir son immense réussite là où cette forme d’organisation sociale domine la société humaine…

    • Oui il existe même une économie de la famille et du mariage : sourcing des activités quotidiennes, des satisfactions individuelles, etc. ou intégration dans une communauté librement consentie ? La liberté des contrats s’applique à la famille et au mariage.

      Tout ceci est parfaitement en ligne avec le libéralisme et n’est absolument pas une anomalie.

    • mème en famille, le communisme, ça ne marche pas:

      si trois frères travaillent ensemble et que l’un d’eux tire au flanc et demande la mème paye que les deux autres, rapidement, les tensions vont arriver.

      dans le millieu rural, qui a connu des changements trés important en 1 siècle, le cas de personne qui ont fuit la famille paysanne car les parents refusaient de les payer ( au tournant des trentes glorieuses ) est trés répendu : si certains, peu exigeant, acceptaient de n’avoir qu’un salaire diffèré lors de la retraite des parents ou pire, d’une succession ( à leurs risques et périls ), la plupart répondaient aux sirènes d’un emploi avec salaire sonnant et trébuchant plutot qu’à la solidarité familliale… pas fous !

  • Il faut ajouter que le communiste qui affirme qu’on n’a « jamais vu le communisme à l’œuvre » aurait été exécuté sommairement par Lénine, par Staline, par Polpot ou n’importe quel chef communiste. Qui représente le mieux le communiste ? Eux ou lui ?

    • parfois, mème celui qui affirmait qu’on avait bien vu le communisme à l’oeuvre, aurait été executé…

      mieux valait fermer sa gueule !

    • Ce qui est marrant, c’est qu’on ne sait qu’après la faillite d’une tentative que ce n’était pas le VRAI communisme.

      (Comme avec le GIEC et le climat.)

      • si la terre ne c’est pas réchauffé en 2050 , le GIEC nous dira :  » poisson d’avril  » ( ne te découvre pas d’un fil … )

      • TOUTES, absolument TOUTES les tentatives de « communisme » ont été déclarées par la suite comme étant du « faux communisme » y compris celui d’allende le fourbe assassin « suicidé » qui entre temps a conduit son pays à la ruine.

  • LE SOCIALISME EST UN ENVIRONNEMENT PRÉJUDICIABLE À L’ENTREPRISE.

  • Amusant. Il y a peu, quelqu’un m’avait cité deux exemples de communisme qui avaient +/- marché :
    – les kibboutz
    – les monastères
    Voici donc que les kibboutz sont dégommés 🙂 Il est dommage que l’article ne contienne pas plus de détails sur le type d’échec et les raisons pratiques, réelles. Ca vaudrait la peine d’approfondir : de quoi se constituer un argumentaire à l’usage de tout libéral qui se respecte !

  • La télé avait diffusé un documentaire sur le kibboutz. On y voyait une génération Exodus, une génération 48 et une de 70, jeune à l’époque. Une famille de trois générations était interrogée mais malheureusement le vieux Exodus était tyrannique. Globalement, le kibboutz est une réussite lorsque l’on voit les images d’archives, territoire arabe n’ayant pas évolué depuis un millénaire et demi et ce qu’il devient après seulement vingt ans avec les Israéliens. Puis il serait devenu un échec retentissant s’il avait perduré car la vie spartiate n’est pas naturelle. La génération 48 avait plus que de gros doutes, n’osant pas la critique et celle de 70 « vivre au kibboutz, ça va pas la tête ! » (propos recueillis auprès d’un groupe de jeunes à l’entrée d’une boîte.) Les vieux en groupe m’ont donné l’impression d’être des moines, repas en commun, journée rythmée par la cloche etc.

  • ASSOCIATION POUR LA MEMOIRE DES CRIMES HISTORIQUES ET ACTUELS DU COMMUNISME: https://www.facebook.com/pages/AMCHAC/166611226830060

  • petite histoire (pour vous montrer la mentalité des communistes et socialistes): Le questionnaire de Lénine:
    Camarade, si tu avais deux maisons, tu en donnerais une à la révolution ?
    – Oui ! Répond le camarade.
    Et si tu avais deux voitures de luxe, tu en donnerais une à la révolution ?
    – Oui ! Répond de nouveau le camarade.
    Et si tu avais deux millions sur ton compte en banque, tu en donnerais un à la révolution?
    – Bien sûr que je le donnerais ! Répond le fier camarade.
    Et si tu avais deux poules, tu en donnerais une à la révolution?
    – Non ! Répond le camarade.
    Mais … pourquoi tu donnerais une maison si tu en avais deux, une voiture si tu en avais deux, un million si tu avais deux million … et que tu ne donnerais pas une poule si tu en avais deux ?
    – Mais, camarade Lénine, parce que les poules, elles, je les ai !!!!
    Moralité :
    « Il est toujours très facile d’être socialiste avec la propriété, le travail et l’argent des autres ! »
    C’est pour ça qu’on est socialiste ou qu’on le devient.
    C’est comme ça que les recruteurs appâtent les envieux, les fainéants, les gens à la moralité douteuse.

  • L’ennui supplémentaire avec l’argument « c’est pas du vrai communisme ! »
    est qu’il constitue,outre le réflexe de négation de l’échec, le prétexte pour recommencer toujours la même chose avec les mêmes insuccès, c’est le principe Shadok : plus ça rate et plus on va vers une réussite à force !

  • quelques livres intéressants sur le communisme: http://www.chire.fr/CT-340-communisme.aspx

  • un livre intéressant sur Marx : « Marx »de Nicolas Tandler. Marx est le théoricien du génocide de classe. les communistes ne sont même pas logique avec eux même. si les régimes communistes n’étaient pas de vrais régimes communistes, pourquoi font ils alors du révisionnisme historique ??? pourquoi se donnent ils tant de mal à minimiser les atrocités des régimes communistes ??? bizarrement, les communistes défendent ce genre de régimes jusqu’à ce que ces régimes soient totalement indéfendable pour l’opinion publique. aujourd’hui, ils défendent encore des gens comme le che (une ordure responsable de la mort de plusieurs milliers de personnes)et des régimes peu recommandable comme le régime chaviste (qui a ruiné le vénzuela et qui n’hésite pas à envoyer en prison les opposants politiques)

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