Les bienfaits écologiques de notre chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale

La distance parcourue par les aliments est un indicateur sans aucune valeur du développement durable.

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Les bienfaits écologiques de notre chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale

Publié le 30 avril 2014
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Par Pierre Desrochers depuis le Canada.
Un article de l’Institut économique de Montréal.

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Si seulement nous prenions le temps de les apprendre, les leçons de l’histoire sont souvent très éloquentes. Ainsi, dans un article de 2008 du National Geographic, le journaliste Michael Mann explique comment les politiques de gestion des sols en Chine communiste ont conduit à la création d’une agriculture en terrasses dans des conditions inadaptées, à l’abattage des arbres et à la plantation de céréales sur les pentes raides. Les principales conséquences furent une plus grande érosion des sols ainsi que l’épuisement des sols.

Osant défier les édits officiels, certains villageois ont replanté de l’herbe et des arbres sur le tiers de leurs terres les plus abruptes et les plus sujettes à l’érosion, ils ont couvert un autre tiers de vergers productifs et ont concentré l’ensemble de leurs récoltes sur le reste de leurs exploitations sur le terrain plat qui avaient été enrichi par le sol nettoyé en provenance des collines. Comme le mentionne Mann, en faisant un meilleur usage de leur approvisionnement limité d’engrais sur les meilleures terres, les villageois dissidents sont parvenus à augmenter les rendements à un point tel qu’ils ont plus que compensé les pertes liées à l’abandon de la terre qui n’était plus cultivée. Ils ont donc réussi le tour de force de non seulement accroître la production mais également de réduire l’impact environnemental.

L’agriculture à haut rendement et le commerce à longue distance ont longtemps produit des résultats similaires dans le monde entier, à savoir des produits alimentaires abondants et bon marché avec un impact environnemental réduit. Comme l’a souligné le théoricien marxiste Karl Kautsky en 1899 dans son ouvrage classique Sur la question agraire, « Tant qu’une économie rurale est auto-suffisante, elle doit produire tout ce dont elle a besoin, indépendamment du fait que le sol soit approprié ou non. Les céréales doivent être cultivées aussi bien sur un sol peu fertile avec des pierres et en forte pente que sur des sols riches. » Cependant, avec le temps, le développement de meilleures zones de production comme les Prairies du Canada n’ont plus rendu nécessaire la production de céréales sur des sols plus pauvres, « et où les circonstances le permettaient, ces terres furent retirées de la zone de production de céréales et remplacées par d’autres types de production agricole » comme les vergers, les bovins ou des vaches laitières. L’exportation de produits alimentaires de zones de production où l’eau était abondante vers des consommateurs vivant dans des régions où ce n’était pas le cas a également limité la nécessité de drainer les eaux de surface et les nappes phréatiques dans de nombreuses régions parmi les plus sèches au monde.

Malheureusement, dans notre époque d’obsession pour les émissions de carbone, les militants alimentaires locaux (ou locavores) ont adopté la notion de « kilomètres alimentaires », c’est-à-dire la distance que les produits alimentaires parcourent entre la ferme et les consommateurs, comme l’alpha et l’oméga de l’impact environnemental de la production agricole. Pourtant, comme il a été documenté à plusieurs reprises de manière rigoureuse dans de nombreuses études d’évaluation du cycle de vie, la distance parcourue par les aliments est un indicateur sans aucune valeur du développement durable. D’autre part, la production alimentaire nécessite en général beaucoup plus d’énergie que le fait de déplacer les produits agricoles, en particulier lorsque des quantités importantes de chauffage et/ou de technologies de protection du froid, l’irrigation, les engrais, les pesticides ainsi que d’autres intrants sont nécessaires pour produire des biens alimentaires dans une région mais pas dans un autre. Le fait de réduire les kilomètres alimentaires signifie généralement une plus grande empreinte écologique compte tenu de l’utilisation de ressources supplémentaires dans des endroits moins désirables pour la production.

Un autre problème réside dans le fait que la distance parcourue par les aliments importe moins que le mode de transport. Par exemple, l’envoi dans un navire porte-conteneurs de nourriture à l’autre bout du monde a une plus petite empreinte par article transporté qu’un court trajet en voiture à l’épicerie pour acheter une petite quantité de ces mêmes articles.

Les progrès réalisés dans les technologies de transport et de conservation ont historiquement fait augmenter l’importation de denrées alimentaires périssables produites à différentes latitudes et fait diminuer le stockage et la production alimentaire locale, permettant ainsi d’offrir aux consommateurs une plus grande fraîcheur et de réduire les coûts ainsi que la consommation d’énergie. Le fait d’importer des pommes de Nouvelle-Zélande dans l’hémisphère nord en avril plutôt que de conserver dans des chambres froides pendant plusieurs mois des pommes locales cueillies en septembre permet donc de fournir des produits plus frais tout en réduisant les coûts de stockage (principalement la nécessité de maintenir des concentrations de CO2 plus élevées, des températures inférieures à la température ambiante pour empêcher le dépérissement des produits, ou des températures supérieures à la température ambiante pour éviter le gel) ainsi que les pertes liées à la détérioration des produits.

Malgré le fait que les marchés agricoles ne soient pas parfaits, en raison notamment des nombreuses subventions et du protectionnisme, les prix du marché permettent néanmoins de tenir compte de l’impact environnemental dans la production alimentaire en incluant les coûts supplémentaires inhérents à la production dans des lieux économiquement moins désirables. Faisons les choses les plus vertes en abandonnant le locavorisme et en préparant nos repas avec la nourriture la plus abordable que nous puissions trouver. Nous ferons ainsi une faveur à la fois à notre porte-monnaie et à la planète.


Sur le web.

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  • L’irréalité (idéologie…), c’est la variable « magique », le « nombre d’or » qui solutionne toutes les équations !

  •  » la necessité de drainer les eaux de surface et les nappes phréatiques dans de nombreuses régions parmi les plus sèches au monde  »

    qu’est ce que c’est que ce charabia ? un verset du coran ?

    • A priori, non. C’est peut-être du Québecois ? Ou alors le géographe ne connait pas la signification du verbe « drainer » et il se mélange les pinceaux avec « irriguer ». Allez savoir.

    • Voici la phrase en entier:
      « L’exportation de produits alimentaires de zones de production où l’eau était abondante vers des consommateurs vivant dans des régions où ce n’était pas le cas a également limité la nécessité de drainer les eaux de surface et les nappes phréatiques dans de nombreuses régions parmi les plus sèches au monde. »

      Le fait de produire aux endroits où l’eau est abondante, réalise des économies d’eau là où elle ne l’est pas.

      Ou dit encore autrement: l’eau disponible c’est comme la fertilité du sol, cela donne un avantage comparatif (C.F. Pareto) pour l’agriculture.

    • Qu’est-ce qui vous choque dans drainer = assécher ?

      • soit une zone est humide, et on cherche à la drainer, comme le plateau des dombes, par exemple.
        soit elle est trop sèche, et le besoin d’irrigation ce fait sentir, comme la plaine de l’ain, à coté du plateau des dombes … mais la plaine de l’ain n’a jamais eu besoin d’etre drainer, et l’irrigation, sur le plateau des dombes, pourri jusqu’au cou avec un étang tous les kilomètres, c’est fort rare, encore que pour toucher des subventions !

  • consernant la culture du riz en terrasse en asie du su-est, certaines terrasses sont aménagées depuis plusieurs milliers d’années, les communiste n’ont donc rien à voir avec ça. les principales erreur concernant l’agriculture dans les pays communistes est le collectivisme et le lyssenkisme.
    mao a initié le mouvement de plantation d’arbre qui dure toujours en chine, pays ou l’on plante le plus d’arbre au monde …

    article orienté, truffé d’incohérences et d’inprécisions qui ne fait pas honneur à contrepoint.

    simple question , le fameux mann est il le cousin de  » sort mann  » ?

  • on va continuer le débidonnage :

    la production de céréale dans la prairie canadienne serait mieux adapté qu’ailleur ( on se demande bien ou ? ) si l’arrivée des céréales américaines bon marché a éffectivement bouleverser le marché mondial au 19ième siècle, c’est du à un grand nombre de facteurs qui s’ajoutaient les un aux autres :
    terres extrèmement peu chers vu qu’on les avait volé aux indiens.
    effet boustant du retournement de la prairie : c’est bien connu des agriculteurs, quand on  » casse  » une vieille prairie, on bénéficie pendant 20 ans, de la minéralisation du stock d’humus accumulé depuis des décenies voire des siècles …
    debut de mécanisation vu que la main d’oeuvre en amérique était défficitaire par rapport aux surfaces immenses.
    forte amélioration des transports transatlantique à la mème periode.

    le retournement des priairie du mid-ouest c’est parfois trés mal terminé, comme pour le dust – bowl , ou aprés 40 années de mise en valeur, la baisse du taux de matière organique à entrainé la catastrophe que l’on sait.

  • non être locavore c’est con, d’abord car c’est idéologique ce n’est qu’n protectionnisme verdi.
    c’est absurde et arbitraire car évidemment il ne faudrait pas être locavore mais mangeant un certain nombre de denrées( lesquelles???)produites à une certaine distance (la quelle??).
    On pourrait résumer en disant c’est quoi local?

    ça ne veut jamais rien dire tout ce foutrac, agriculture biologique, éthique équitable, sans produits chimiques naturelle est locale….

    c’est le summum de la société de consommation ..vendre de la vertu dans un paquet de café…

  • La méthode survivaliste peut aider à traverser plus sereinement des périodes de crise. Mais sur le long terme, ça me paraît coûteux & non sans effet sur l’environnement.

  • Ramené au kg de fruits-légumes le transport par bateau ( du Brésil par ex) est beaucoup plus économe en énergie que le transport par camion ( du sud de l’espagne par ex ) lui même beaucoup plus économe que la voiture pour aller au super marché. Chacun pourra faire les calculs. Même si c’est surprenant c’est la réalité.

    • « Ramené au kg de fruits-légumes le transport par bateau ( du Brésil par ex) est beaucoup plus économe en énergie que le transport par camion ( du sud de l’espagne par ex ) »

      Et bien entendu, ce qui viens du Brésil pousse dans les ports et n’a absolument pas besoin d’être transporté par la route avant de gagner un bateau. De même à l’arrivée…

      Cet argument ne tiens pas!

      • Vous avez raison : il faut ajouter le transport camion jusqu’au port mais cela ne change pas fondamentalement les résultats car ce qui revient cher c’est le chauffage des serres et le transport local ( voiture pour aller faire les courses, et bien sûr le pire est le transport par avion).

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