L’Europe et l’UMP : qu’en penser ?

Laurent Wauquiez et l’UMP se querellent sur l’Europe. Qu’en penser en tant que libéral ?

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L’Europe et l’UMP : qu’en penser ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 avril 2014
- A +

Par Philippe Bouchat.

Siège de la Commission EuropéenneLe 25 mai prochain, nous voterons donc pour élire nos représentants au Parlement européen.

Alors que les sondages mettent régulièrement le FN en tête (aux alentours de 25% d’intentions de vote) devant l’UMP (aux alentours de 22%) et loin devant le PS (aux alentours de 20%) et très loin devant l’UDI (aux alentours de 10%) et le Front de gauche (aux alentours de 7-8%), l’UMP se targue d’avoir une ligne politique claire et unie sur la politique à mener au sein de l’Union européenne. Et cette fois, Jean-François Copé et François Fillon sont d’accord, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.

Hélas – ou tant mieux ? – pour le parti (encore ?) sarkozyste, cette belle unanimité de façade a volé en éclats par la publication hier, dans Le Figaro, de l’appel de 40 parlementaires pour changer l’Europe1, Appel rédigé par Henri Guaino, l’ancienne plume du président Sarkozy, et Laurent Wauquiez, vice-président de l’UMP. Attelage étonnant l’un (Guaino) ayant soutenu Copé, l’autre (Wauquiez) s’étant présenté en ticket avec Fillon lors de la présidence interne de l’UMP ? Pas tant que ça, si on se rappelle que Guaino et Wauquiez ont ce point commun de se définir tous deux comme gaullistes « sociaux », que Laurent Wauquiez fut ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes dans le gouvernement Fillon III (14 nov. 2010 – 28 juin 2011) et est président du Cercle de réflexion de la Droite sociale, au moment où Henri Guaino écrivait les discours sur l’Europe du président Sarkozy et, après avoir voté « non » au référendum sur le Traité de Maastricht en 1992, est l’auteur d’un ouvrage aujourd’hui oublié mais qui fut un succès de librairie en 1999, à savoir La France est-elle soluble dans l’Europe ?, co-écrit avec Daniel Cohn-Bendit.

L’Appel –  très court (à peine un A4) – s’articule autour du rappel du rêve européen, du constat de dérives des trente dernières années de la construction européenne et d’une proposition de solution.

Développons chacun de ces trois points.

Un rappel : le rêve des Pères fondateurs

Guaino et Wauquiez rappellent d’abord que le rêve des fondateurs de l’Europe était triple, à savoir : s’assurer que plus aucun conflit ne survienne entre nations européennes, que l’Europe fasse entendre sa voix dans le concert international, et que l’espace européen soit durablement prospère.

Un constat : trente années de dérives

Les auteurs de l’appel enchaînent ensuite sur ce qu’ils appellent « les 30 années de dérives », ce qui signifie qu’ils situent le début de cette période au milieu des années 80, soit, sans qu’ils le mentionnent explicitement, au moment de l’adoption de l’Acte unique européen2 en 1986.

Ces dérives sont la transformation de l’Europe en « une machine bureaucratique », « le chômage de masse, l’exclusion, la stagnation économique », « une profonde crise identitaire », « un fossé d’incompréhension entre les peuples et les responsables politiques », « la montée des populismes et des extrémismes ».

Une proposition : changer l’Europe

Concrètement, les deux auteurs proposent de mettre un terme :

  • aux politiques d’austérité, jugées coupables de tuer la croissance et de creuser les déficits ;
  • à la politique monétaire européenne, accusée de causer la déflation et de ruiner la compétitivité des entreprises ;
  • à la « politique d’ouverture sans contrepartie », visant ainsi, sans le dire, un protectionnisme communautaire ;
  • à la politique de concurrence qui « interdit toute politique industrielle et met les entreprises européennes à la merci de leurs concurrents » ;
  • à la liberté de circulation « poussée à l’excès qui interdit tout contrôle des déplacements de populations » et de renforcer les frontières extérieures de l’espace Schengen ;
  • au dumping fiscal et social à l’intérieur de l’Europe ;
  • et à l’élargissement de l’Union.

S’il n’est pas mis un terme à ces politiques européennes, Guaino et Wauquiez brandissent alors la menace que la France connaîtra « des aventures dangereuses et sans lendemain », sous-entendu : se livrera dans les bras de Marine Le Pen, ce qui serait « moralement inacceptable et politiquement intenable ».

Qu’en penser ?

Il est d’abord heureux que les signataires rappellent l’existence et le contenu du rêve européen tel que les Pères fondateurs l’avaient conçu. À l’heure où les jeunes Français s’exilent de plus en plus à l’étranger et particulièrement aux États-Unis et en Australie, il est bon de rappeler qu’il existe également un rêve européen à faire vivre.

Ensuite, en tant que libéral, on ne peut que partager le constat – l’Europe bureaucratique de Bruxelles réduit, jour après jour, l’espace des libertés et de la démocratie – et la conclusion – il faut changer l’Europe – auxquels sont arrivés les deux parlementaires.

Toutefois, on ne peut que regretter que les auteurs de l’appel ne formulent aucune proposition positive, leur seule ambition étant de mettre un terme aux politiques européennes actuelles. S’agit-il d’une incapacité de leur part à formuler des mesures de manière affirmative ou d’une absence de consensus entre les 40 signataires sur ce qu’il conviendrait de faire ? Impossible à dire et c’est dommage, car l’appel s’en trouve considérablement décrédibilisé.

Mais, plus fondamentalement, ce qui est proposé en creux sonne faux :

  • Mettre un terme aux politiques d’austérité ? Les exemples irlandais, portugais et aujourd’hui grec démontrent au contraire qu’une politique d’austérité intelligente permet de réduire les déficits et l’endettement, et de retrouver des indicateurs économiques positifs.
  • Mettre un terme à la politique monétaire ? OK sur le principe, mais pour supprimer l’euro et en (re)venir à l’étalon-or, ce que ne disent pas les signataires.
  • Mettre un terme à la politique d’ouverture excessive ? J’estime pour ma part qu’il n’y a pas assez d’ouverture dans le monde en général et en Europe en particulier ; et il suffit pour s’en convaincre de constater avec quelle(s) difficulté(s) les États peinent à conclure des accords de libre-échange dans le cadre de l’O.M.C.
  • Mettre un terme à la politique de la concurrence qui « interdit toute politique industrielle et met les entreprises européennes à la merci de leurs concurrents » ? Les auteurs semblent ignorer que la nouvelle économie repose sur la connaissance et l’information et non sur l’industrie et que c’est, au contraire, l’absence d’une véritable politique concurrentielle3 qui met à mal nos entreprises.
  • Mettre un terme aux déplacements excessifs de populations engendrés par la liberté de circulation de l’espace Schengen ? C’est nier l’aspect positif de l’immigration et le fait que nos populations européennes vieillissantes auront besoin de bras et surtout de cerveaux supplémentaires pour faire tourner la machine économique.
  • Mettre un terme au dumping fiscal et social ? Les auteurs ne disent pas comment ils entendent lutter contre ce double dumping : par une plus grande réglementation communautaire qu’ils décrient par ailleurs ?
  • Mettre un terme à l’élargissement de l’Union ? OK, mais selon quels critères ? On garde donc la Croatie et on refuse la Bosnie, la Serbie, la Macédoine ? On n’envisage pas un jour l’adhésion de l’Islande ou de la Norvège ? Quid la Turquie ? Autant de questions sans réponses !

Au final, cet appel ne mérite pas la querelle que Fillon et Copé portent au duo Guaino-Wauquiez, tant cet appel est vide de contenu, se limitant à formuler des banalités et sans rien proposer de suffisamment concret pour être crédible.

Pourtant, oui, il est évident que l’Europe doit changer radicalement ! Il convient d’abord d’être pédagogue et de rappeler au peuple de France que toutes les dérives ont reçu l’aval des différents gouvernements français, puisque le véritable législateur de l’Union, c’est le Conseil européen4. Il convient ensuite de se rappeler que les Pères fondateurs, pour réaliser leur rêve, se sont appuyés sur le principe de subsidiarité selon lequel toute politique ne peut être menée au niveau de pouvoir supérieur si et seulement si il est certain que cette politique soit menée plus efficacement à ce niveau supérieur ; ce faisant, en effet, il pourrait par exemple être intéressant de « rapatrier » certaines politiques à l’échelon national, régional ou local, alors que d’autres pourraient opportunément être menées à l’échelon européen. Les différents responsables politiques – dont les signataires de cet appel – ont là matière à réflexion… Il convient, encore, d’expliquer positivement en quoi l’Union européenne peut constituer une plus-value pour la France. Il convient, enfin, sans être exhaustif, que les partis cessent d’envoyer leurs seconds ou troisièmes couteaux au Parlement strasbourgeois ou de considérer les sièges bleus comme des lots de consolation pour des candidats mal ou non élus.

Pour ma part, je souhaite que l’Europe soit enfin libérale : qu’elle mette en place, en vrac, une véritable politique concurrentielle, supprime l’euro, instaure un socle communautaire de protection sociale à la place des systèmes nationaux qui seraient privatisés, qu’elle crée une véritable défense européenne en lieu et place des armées nationales, crée des universités européennes, et surtout ne s’occupe plus de vouloir standardiser les normes nationales, de fermer ses frontières, etc.

Je suis intimement convaincu qu’il incombe à la France d’être le fer de lance de cette réforme de l’Union européenne vers plus de liberté et de responsabilité. Voilà de quoi devraient parler les responsables politiques français plutôt que de se quereller sur des propositions vides de sens…

  1. Outre Henri Guaino et Laurent Wauquiez, seuls Jacques Myard – député des Yvelines, membre de la Commission chargée des Affaires européennes et du Collectif de la Droite populaire et très actif pour le rattachement de la Wallonie à la France, il a récemment été médiatisé par ses prises de position sur l’homosexualité et le « mariage » pour tous – et Patrick Ollier – député des Hauts-de-Seine, vice-président de l’UMP, ancien et éphémère président de l’Assemblée nationale (2007), co-auteur de la motion « Le Gaullisme, une voie d’avenir pour la France » – sont plus ou moins connus du grand public, les autres signataires de l’Appel étant d’obscurs parlementaires.
  2. L’Acte unique européen – proposé aux 12 États-membres qui composaient alors la Communauté économique européenne (C.E.E.) par la Commission alors dirigée par Jacques Delors – constitue, dans l’histoire de la construction européenne, le premier Traité comprenant des dispositions supranationales (appelées « dispositions communautaires ») à côté de dispositions internationales classiques (appelées « dispositions intergouvernementales »). Il marque donc le début de l’emprise de « Bruxelles » sur les politiques (principalement économiques) nationales. L’Acte unique inscrit, au cœur de l’édifice européen, les quatre libertés fondamentales que sont la libre circulation des marchandises et services ; la libre circulation des capitaux ; la libre prestation et la liberté d’installation d’une entreprise dans le pays de son choix ; la liberté de circulation des personnes. Il élargit aussi les compétences de la C.E.E., renforce le pouvoir des institutions et prépare le Traité de Maastricht.
  3. Pour faire bref, la littérature économique distingue, d’une part, la concurrence dans son acception américaine qui a pour objectif de permettre à chaque entrepreneur d’avoir accès au marché et, d’autre part, la concurrence dans son acception européenne qui tend plutôt à permettre aux entreprises déjà en place sur le marché de développer leur business. La version U.S. est donc plus constructive, plus positive pour les entrepreneurs que la version U.E. plus protectionniste pour les entreprises en place.
  4. Le Parlement européen a vu ces dernières années son pouvoir s’accroître considérablement, mais in fine, rien ne se fait sans l’aval du Conseil européen.
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  • Cette affaire est une nouvelle preuve que l’UMP est profondément infiltrée par la cinquième colonne écolo-socialoïde collectiviste. Décidément, ce particule, vide de sens parce que gangrené par le socialisme le plus crasse, a perdu tout intérêt. D’ailleurs, les Français ne s’y trompent pas puisque l’UMP ne représente plus qu’une très faible minorité de la population en âge de voter comme on a pu l’observer aux dernières élections.

    Sinon, cette phrase mérite une réponse : « Mettre un terme à la politique monétaire ? OK sur le principe, mais pour supprimer l’euro et en (re)venir à l’étalon-or. » Il se trouve que l’euro fait fonction de super étalon, cumulant les avantages d’une monnaie fiduciaire et d’un étalon monétaire. Il présente toutefois le défaut essentiel d’être une monnaie monopole. Si Mario ou Laurent veut dévaluer leur euro, pour quelle raison, au nom de quoi, devrions-nous être solidaires de leur politique ? Egalement, si Marine veut revenir à son franc-PQ, à quel titre ses choix monétaires personnels devraient-ils nous influencer si nous ne les partageons pas ?

    Quand l’euro aura fait son temps, le moment sera venu d’entrer dans l’ère de la concurrence monétaire au sein du territoire européen : ce ne sera plus un Etat = une monnaie mais une banque = une monnaie. Si une banque veut dévaluer sa monnaie, nous aurons ainsi le loisir de la délaisser pour la concurrence.

  • eh oui 30 ans de socialisme , ça donne ce que nous constatons.

  • Prêter à de Gaulle un quelconque sens du libéralisme montre une méconnaissance de sa politique : centralisateur comme pas deux (dans la droite ligne de Napoléon 1er), il a de plus introduit le ver dans le fruit en pactisant avec les communistes… il a sa part de responsabilité dans le merdier actuel.

    Autre chose, il est mort il y a 43 ans, quand est ce que les Français se tourneront vers l’avenir au lieu de vénérer des morts ? Peuple de pétochards !

    • SI vous saviez faire dans la nuance, vous rappeleriez sa personnalité et ses ascendants, sans devoir couvrir l’homme d’opprobre ? S’il fut homme militaire et d’honneur (*) il était aussi descendant d’industriels (par sa mère) ! Tâchez donc de commenter avec plus de pertinence, Pixys ?
      Si Ch de Gaulle éprouvait une animosité envers les USA, faut la situer dans la lutte « entre égaux », ce qui ne fut pas certain dans cette époque des 40’s à 70s (la France ayant entamé sa déglingue internationale après WWII, sur base de nos mentalités « profondes », d’un retard accusé en industries, déglingue encore accentuées par l’immixtion des courants gauchistes et syndicaux bornés, en pleine guerre froide) !!!

      (*) WIKI, en un extrait :
      « Sa vision du pouvoir, c’est-à-dire un chef directement approuvé par la Nation, l’oppose aux partis communiste, socialiste, centristes pro-européens et d’extrême-droite, qui critiquent un style de gouvernance trop personnel, voire un « coup d’état permanent », selon la formule de François Mitterrand. Il est réélu en 1965 au suffrage universel direct. Il surmonte la crise de mai 68 après avoir semblé se retirer, convoquant des élections législatives qui envoient une écrasante majorité gaulliste à l’Assemblée nationale. … »

    • Il est vrai que De Gaulle n’est pas un libéral au sens où nous l’entendons actuellement (soit, pour être très réducteur, « moins d’Etat, mieux d’Etat »), mais le contexte des années de l’immédiat après-guerre nécessitait peut-être un Etat plus fort. Je ne pense pas, en revanche, qu’il était centralisateur, jacobin à l’extrême, car n’oublions pas qu’il a cédé le pouvoir après un échec du référendum sur la décentralisation, d’une part, et qu’il était, en bon chrétien, adepte du principe de subsidiarité, raison pour laquelle il était contre les « grands machins ». belle fin de dimanche, phb

  • Je partage votre commentaire pour lequel je vous en remercie! belle soirée, phb

  • Monsieur Bouchat,

    avant de dire ce que devrait être une Europe libérale, pouvez m’expliquer s’il vous plaît pourquoi un liberal devrait soutenir la création d’un Etat fédéral européen (qui jusqu’a preuve du contraire reste la création d’un échelon étatique vers le haut) ?

    Moi en tant que liberal j’ai plutôt appris que le liberal doit oeuvrer à dézinguer l’Etat le plus haut pour toujours ramener un peu plus l’Etat vers le citoyen.

    Est-ce qu’un liberal français ne devrait donc pas plutôt militer pour supprimer l’Etat central parisien : fédéraliser la France (donc aller vers le bas) et militer contre la création d’un Etat UE au dessus de l’Etat parisien ?

    Ce que je ne comprend pas chez les libéraux français c’est cette européisme, les libéraux devraient être les premiers anti-UE et militer pour fédéraliser la France ! Militer pour dézinguer toujours un peu plus l’Etat du dessus, pas contribuer à en créer un autre à l’échelle européenne (aussi subsidaire soit-il).

    Non ???

    Il n’y a AUCUNE nécessité de créer un Etat européen si ce n’est un désir « patriotique » (ceux qui se sentent européen et donc veulent u pays pour leur nation européenne) ou/et un désir d’Etat puissance (pas très liberal ça… l’Empire… non? Même si c’est un Empire gentil contre l’axe du mal bla bla).

    • Cher JP,

      Sauf erreur de ma part, je n’ai jamais milité ou écrit en faveur d’un Etat fédéral européen. Je suis plutôt un « inter-gouvernementaliste » qu’un « communautariste », donc plutôt pour l’Europe des Nations chère à De Gaulle que pour un super Etat (je suis donc une exception en Belgique).

      Si j’avais une baguette magique, je transformerai l’Union européenne en un vaste espace de libre-échange, sans organe communautaire, juste un directoire de quelques personnes dont l’unique mission consisterait à créer, défendre et promouvoir la concurrence et la libre entreprise. Mais bon, je n’ai pas cette baguette magique et me contente de ma plume …

      A votre dispo, si vous avez d’autres questions.

      Bon début de semaine, phb

      • D’accord d’accord,

        mais vous dîtes « instaurer un socle communautaire de protection sociale […] crée une véritable défense européenne en lieu et place des armées nationales […] crée des universités européennes »

        ça me paraît difficile dans une Europe intergouvernementale.
        Ce sont plutôt des attributs de pays fédéral.

        Et par exemple qui commande l’armée européenne ? On vote à la majorité si on va en guerre et qui commande en cas de conflit ? Une armée sans président de l’Europe… ça ne me paraît pas crédible. Une alliance (sous la même forme que l’OTAN) là d’accord… mais une armée européenne pour remplacer nos armées nationales me paraît impossible si on est pas un pays federal.

        • sur le socle de protection sociale, il s’agit juste d’appliquer 2 principes : celui de la subsidiarité et, corollairement, celui de l’assiette la plus large => on peut très bien prévoir une sorte d’impôt négatif à quelques pays censé couvrir partiellement les allocations sociales versées actuellement par l’Etat et, pour le reste, privatiser au niveau national. Cela est compatible avec l’inter-gouvernementalité.

          idem, mutatis mutandis, pour la défense commune : l’état-major peut ressembler à celui de l’Eurocorps actuel, composé de plusieurs pays, sans qu’il y ait un commissaire européen à la défense.

          phb

  • ce serait bien si vous vous exprimiez en français.

  • Avatar
    victoria.melville
    28 avril 2014 at 9 h 14 min

    Bien d’accord avec vous. Il est bien regrettable de formuler un constat qui semble valable au premier abord et de se fourvoyer autant quant aux solutions proposées.

    • Nous sommes bien d’accord Victoria! belle semaine, phb

      • Bien que je partage certaines de vos réflexions, vous semblez – à mon sens – passer à côté de l’essentiel : la réduction drastique du nombre d’Etats décisionnaires par la possibilité d’une Europe à plusieurs vitesses (monnaie, libre-échange, etc.). Or, en changeant les modalités de prise de décision, on change par là même les politiques qui sont menées puisque ce ne sont plus les mêmes acteurs qui tiennent les rênes.
        Par ailleurs, en réponse à ceux qui considère que le libéralisme c’est « tuer l’Etat », j’aimerais qu’ils m’expliquent où est-ce qu’ils ont lu pareille absurdité. Si on veut un marché européen, il faut un Etat européen, pour assurer la sécurité et la régularité des interactions humaines dans cet espace. Pas un Etat européen « nounou » qui nous verse des prestations sociales, mais un Etat qui se contente – et ce n’est pas une mince affaire – d’assurer son rôle de créateur des conditions du développement économique : liberté et sécurité des transactions, de la propriété, etc.
        Enfin, je pense que beaucoup d’auteurs majeurs du libéralisme se sont prononcés en faveur de l’étalon-or uniquement parce qu’il est un moindre-mal, l’or n’étant pas à la libre disposition des gouvernements donc des banques centrales. Néanmoins, les libéraux qui ont, je crois, toujours fait prévaloir l’utilité sur la valeur, devraient beaucoup se méfier de l’or. Il semble qu’une banque centrale pratiquant une orthodoxie non-inflationniste comme la BCE ou une émission dictée par un algorithme (Bitcoin) soient des solutions tout à fait satisfaisantes pour l’épanouissement économique.

        • Cher Intl,

          Tout d’abord, merci de votre commentaire qui alimente la débat d’idées dont les libéraux peuvent légitimement s’enorgueillir.

          Ensuite, je me permets cette précision : l’objectif de mon article n’était pas tant de faire oeuvre exhaustive que de critiquer (au sens grec du terme) l’Appel des parlementaires UMP. Partant, il y a donc beaucoup de thèmes dont je n’ai pas parlé, comme celui effectivement du nombre d’Etats et de l’Europe à plusieurs vitesses. En ce qui me concerne, pour des questions de lisibilité démocratique et d’adhésion, je suis partisan d’un grand espace de libre-échange avec les Etats qui veulent en faire partie tout en respectant les quelques règles contraignantes, donc pas d’Europe à plusieurs vitesses. D’un coté, cet Espace européen de libre-échange; de l’autre, les autres. Exit (exunt même 😉 ) Schengen, l’UE et ses différents piliers; une seule méthode : l’inter-gouvernementalité.

          Enfin, à côté du libéralisme classique qui fonde sa théorie économique sur la valeur, à côté des utilitaristes, je suis pour ma part partisan de l’école autrichienne et du subjectivisme économique.

          Voilà; j’espère avoir répondu à vos questions. Bon après-midi, phb

          • Une monnaie et plusieurs gouvernements, j’ai bien peur de devoir vous affubler de l’étiquette d’optimiste ; car, jusqu’ici, cette structure ne s’est pas montrée performante. Acceptons la « perte de souveraineté » une bonne fois pour toutes !
            D’autre part, si une « Europe à plusieurs vitesses » n’est pas la panacée, elle semble néanmoins la seule solution pouvant aboutir à terme au fédéralisme, en permettant l’harmonisation de quelques uns et en incitant les autres à s’aligner.

            PS : merci pour le temps que vous prenez à débattre.

  • Monsieur Bouchat, bien que je partage un certain nombre d’affirmations ci-dessus, je trouve que l’essentiel n’est pas dit du tout: Sans tirer sur l’Etat, il y a Etat et état; je m’explique:
    Quand plus que la moitié des personnes exerçant une activité professionnelle en France sont payés par l’Etat (central ou ses collectivités locales) à une époque où il a été clairement démontré que seul le Privé était rentable, soutenable et auto-adaptatif, c’est une hérésie qui se traduit par le fait que le PIB est plus qu’à moitié avalé par ce domaine public….
    Pour en faire Quoi?
    * Dépenses massives dans des futilités idéologiques (énergies renouvelables, argent dilapidé en aide à l’étranger démuni mais ce fric retombe invariablement dans les poches de quelques nantis bien placés).
    * Financement sans restriction de tous les immigrés, même les illégaux et ceux chomeurs au point que le plus démuni des immigrés dispose de davantage de revenu et aides cumulées qu’un ménage de smicards..
    * Démission du monde politique français qui se prosterne devant les décisions de Bruxelles (par des non-élus) car il est très facile d’accuser l’Europe pour se blanchir de ses propres incompétences et couardises politiques quand on est au pouvoir…

    Ce n’est pas seulement l’EU administrative qu’il faut remplacer, c’est toute la Démocratie européenne qu’il faut refonder, virer tous ces étages intermédiaires administratifs remplis de parasites qui ne font qu’émarger de somptueux salaires tout en passant leur temps à emm….. les autres, ceux qui travaillent dans le privé!
    De nos jours pour devenir riche en France il faut être soit fonctionnaire soit être employé dans les média.

    Salutations

    • Cher Hervé D,

      Merci pour votre commentaire! Hormis sur la question de l’immigration, je suis d’accord avec vous et estime que votre analyse n’est pas opposée à mon propos, mais est plutôt complémentaire.

      bon après-midi,

      phb

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