Les biotechnologies comme source de croissance à l’avenir

Que sont les biotechnologies ? En quoi représentent-elles une opportunité de croissance ? Quels sont les obstacles à leur développement ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les biotechnologies comme source de croissance à l’avenir

Publié le 12 avril 2014
- A +

Par Sylvain Fontan.

Au même titre que la machine à vapeur, l’électricité ou encore l’informatique ont constitué des ruptures technologiques majeures. Les biotechnologies pourraient également s’inscrire dans cette histoire. En effet, encore méconnues du grand public, elles constituent pourtant potentiellement des relais de croissance dans plusieurs secteurs d’activités, même si les obstacles à leur développement sont encore nombreux.

Origines des biotechnologies

Les biotechnologies sont le résultat des avancées technologiques antérieures. Les biotechnologies se définissent comme l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, de même qu’à leurs composantes, produits et modélisations, pour modifier les matériaux vivants ou non vivants, à des fins de production de connaissance, de biens et de services. Elles sont le résultat d’une part, de l’accumulation des avancées diverses et variées de la seconde partie du XXème siècle, notamment dans les domaines de la biologie et de la biochimie, et d’autre part, des avancées scientifiques des deux dernières décennies. Parmi les diverses avancées les plus connues à l’origine des biotechnologies il convient de citer notamment l’ADN, le décodage et l’analyse du génome humain, les avancées en pharmacologie et les cellules souches.

L’intérêt pour les biotechnologies est récent. En effet, en plus de découvertes scientifiques et technologiques récentes, l’accroissement des préoccupations en faveur de l’environnement, l’importance accrue des aspects de compétitivité et le fait que certains gouvernements et agents privés anticipent la prochaine révolution industrielle font que ces technologies se sont développées.

biotechnologie

Applications pratiques des biotechnologies

Les trois domaines dans lesquels les biotechnologies ont les applications pratiques les plus importantes sont l’agriculture, la santé et l’industrie :

  • Dans le domaine de l’agriculture, les biotechnologies sont utilisées à des fins de production (animale et végétale). Pratiquement, ces technologies servent à sélectionner les variétés pour améliorer les produits thérapeutiques, les vaccins et la prévention des maladies, tant végétales qu’animales. Les plantes génétiquement modifiées (OGM) constituent l’application la plus connue du grand public même si cette dernière ne recouvre en réalité qu’un nombre restreint de cultures (coton, soja, maïs). Moins connue mais plus importante en matière d’espèces végétales et animales concernées, la Sélection Assistée par Marqueurs (SAM) permet de sélectionner les variétés afin d’effectuer des croisements génétiques naturels permettant d’obtenir les caractéristiques voulues.
  • En ce qui concerne la santé, les applications visent à résoudre des problèmes de (1) thérapeutique (production de produits biopharmaceutiques du type vaccins, anticorps, hormones… et les biothérapies du type thérapies géniques, cellules souches…), de (2) diagnostic (utilisation de tests et notamment les tests génétiques) et de (3) pharmacogénétique (interactions entre gènes et médicaments pour personnaliser la médecine).
  • L’industrie bénéficie des biotechnologies via la production de produits chimiques et de biomatériaux, se substituant ainsi aux procédés traditionnels. Les biocarburants (principalement l’éthanol) sont un exemple type de ce à quoi les biotechnologies peuvent servir dans l’industrie chimique. Les bioplastiques, ou autres matières, touchent aux biomatériaux. Tous ces marchés sont encore restreints mais en forte augmentation.

Potentiel pour la croissance économique

Agriculture

Les défis sont liés d’une part, à la nécessité de nourrir une population mondiale en constante augmentation, et d’autre part, aux changements d’habitudes alimentaires, notamment des populations des pays en développement (Chine, Inde, Brésil…). Parallèlement, les terres cultivables sont très largement utilisées et sont le réceptacle de dégradations environnementales dues entre autres à l’agriculture intensive et au changement climatique. Dans ce contexte, il est nécessaire d’augmenter les rendements agricoles tout en prenant en considération la préservation de l’environnement.

Santé

La santé est le premier secteur d’investissement des biotechnologies, ne serait-ce qu’en raison de la forte valeur ajoutée des produits concernés. De plus, si à moyen ou long terme tous les produits ne sont pas totalement basés sur les biotechnologies, une large partie sera concernée de près ou de loin, augmentant ainsi les enjeux. Enfin, la perspective de vieillissement de la population et la demande accrue adressée aux professionnels de santé (notamment dans les pays développés) va mécaniquement augmenter l’offre de produits issus de ces technologies.

Industrie

Plusieurs éléments sont ici à prendre en compte : la hausse des préoccupations environnementales, ainsi que celles liées à la durabilité et à la réduction de la dépendance des activités industrielles aux ressources non-renouvelables (typiquement les produits issus de la pétrochimie).

Obstacles à leur développement

Difficultés pratiques : travailler sur le « vivant » induit de nombreuses difficultés scientifiques et technologiques qui se traduisent par un grand volume de temps nécessaire pour la moindre avancée.

Durée de découverte : la durée moyenne entre une découverte et son application pratique sur un marché se compte en plusieurs années (entre cinq et quinze ans en moyenne). Dès lors, cela implique de lourds investissements qui ne pourront s’avérer rentables que potentiellement et dans un horizon temporel lointain. Ainsi, ce sont essentiellement les investisseurs privés dans le domaine de la santé qui peuvent se permettre plus facilement ce type d’investissements.

Produits concurrents : Il existe de nombreux produits concurrents avec lesquels les produits issus des biotechnologies sont et seront en concurrence. De plus, la capacité des produits issus des biotechnologies à se substituer aux produits traditionnels n’est pas partout évidente. Enfin, ils devront faire face à des lobbys implantés de longue date contre lesquels il n’est pas simple de s’imposer.

Environnement fiscal et règlementaire : le développement des biotechnologies est largement tributaire de l’environnement fiscal et règlementaire. Également, ces contraintes peuvent fortement varier d’un pays à l’autre et dans le temps. Ainsi, tous ces aspects peuvent considérablement amplifier les contraintes de temps, de mise sur le marché et de rentabilité.

Aspects sociaux, sociétaux et religieux : L’acceptabilité des biotechnologies n’est pas forcément ni évidente ni aisée dans des sociétés où les questions touchant à l’environnement, à l’éthique et à la sécurité ne font pas nécessairement consensus.

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • Ce qui est drole, c’est que vous liez l’avenir des bio-techologies à l’écologie et à la non-écologie :
    – à l’écologie pour produire des bio-carburants ou des substituts de plastique
    – à la non-écologie pour lever les réticences sur les OGM, manipulation génétiques ou autres

    Pour un investisseur, la visibilité est essencielle : on ne parie pas un capital à pile ou face, au gré des modes, de l’évolution politique à moyen terme, des prédictions de Mme Irma-Giec.

    Alors, les bio-technologies source de croissance à court ou moyen terme ? Personnelement : peut-être ou pas. Si on veut me le vendre : je crois plus à d’autres voies où le brouillard est moins dense. Pour une stratégie politique : attention aux lobbies (dans un sens ou un autre)

  • Les biotechnologies existent depuis très longtemps et je citerai deux exemples. La production du glutamate est réalisée à l’aide bactéries (Clostridium) et celle de lysine également. C’est de la vraie biotechnologie industrielle qui n’a pas attendu le séquençage haute rapidité de l’ADN. Qui sait par exemple que la production des anticonceptionnels met en oeuvre deux étapes enzymatiques ? Les lessives contiennent pour beaucoup d’entre elles des enzymes, ce qui a permis d’effectuer des lessives satisfaisantes à la température ambiante. Ces enzymes sont produits par des bactéries pour la plupart modifiées génétiquement. Quant à l’usage des levures, le plus ancien animal domestiqué par l’homme, inutile d’insister, la bière, le pain, le vin n’existeraient pas sans les levures. C’est de la biotechnologie pur et dure !
    Les biotechnologies sont aujourd’hui à un tournant avec la maîtrise des techniques relatives à l’ADN et il est encore difficile d’imaginer quelles seront les retombées autant en médecine que dans la vie courante. L’obstruction idéologique des écolos qui n’ont rien compris aux plantes génétiquement modifiées sera un mauvais souvenir dans pas beaucoup d’années d’autant plus que ces écolos sont des criminels quand ils s’opposent par exemple au riz doré. J’ai écrit plusieurs articles dans mon blog à ce sujet. Les biocarburants constituent une approche aberrante car produire de l’alcool en lieu et place de denrées alimentaires est tout aussi criminel.

  • Littéralement on peut considérer que les bio technologies datent de la sédentarisation de l’Homme.

    Greffes de fruitiers, sélection de semences, etc, rien de nouveau sous le soleil, même du temps où il tournait autour de la terre.

  • Les progrès du génie génétique ont permis le développement rapide des bio-industries : les biotechnologies représentent un enjeu économique majeur pour le futur en permettant des progrès remarquables en matière médicale (molécules à usage thérapeutique, thérapies géniques, vaccins), agricole (OGM), énergétique (biocarburants)… mais le génie génétique est une discipline très récente qui soulève des questions préoccupantes pour les personnes travaillant à l’élaboration de nouveaux produits et d’organismes génétiquement modifiés.
    Les risques professionnels, biologiques mais aussi chimiques, découlant de l’application des biotechnologies, y compris la gestion des déchets, peuvent affecter les travailleurs des biotechnologies et ces travailleurs sont particulièrement menacés lorsque les modes de transmission sont mal compris et que les équipements de protection collective ou individuelle ne sont pas adaptés ou disponibles.
    voir : La prévention des risques professionnels des biotechnologies : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-biologique/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=129&dossid=497

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Je viens d'écouter l'audition d'une petite heure de Jean-Marc Jancovici au Sénat, qui a eu lieu le 12 février dernier dans le cadre de la « Commission d’enquête sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ».

Beaucoup d'informations exactes, qui relèvent d'ailleurs bien souvent du bon sens, mais aussi quelques omissions et approximations sur lesquelles je souhaite reveni... Poursuivre la lecture

7
Sauvegarder cet article

Les milieux financiers découvrent tardivement les faiblesses du modèle chinois, pourtant perceptibles depuis une décennie. C’était prévisible pour tout observateur de la démographie, des mécanismes de développement et du communisme.

On peut penser notamment aux dettes souscrites en contrepartie de faux actifs, par exemple pour la construction de logements, alors qu’il y a de moins en moins de jeunes pour les occuper ou d’infrastructures redondantes, faisant momentanément la joie des bâtisseurs. Je me doutais bien que ces dettes sortira... Poursuivre la lecture

Le service des douanes vient de faire connaître le résultat de notre commerce extérieur pour 2023 : à nouveau un solde négatif important de 99,6 milliards d’euros. Certes, c’est mieux que l’année précédente où le déficit avait été supérieur à cause de l’envolée des prix de l’énergie causée par la guerre en Ukraine, mais le solde est négatif, une fois de plus.

La balance du commerce extérieur français est donc régulièrement déficitaire depuis 2005, c'est-à-dire depuis maintenant une vingtaine d’années. Ce solde négatif a plutôt tendance... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles