Non, M. Stiglitz, l’innovation contribue positivement au PIB

Joseph Stiglitz serait-il réactionnaire ? Ou du moins technophobe, et donc passéiste ? Dans Les Échos du 13 mars, il nous parle des « nombreuses innovations qui ne feront pas progresser le niveau de vie à long terme » et de celles qui « engendrent un chômage qui n’apparaît pas dans le PIB ».

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Joseph Stiglitz (Crédits Asia Society, licence Creative Commons)

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Non, M. Stiglitz, l’innovation contribue positivement au PIB

Publié le 22 mars 2014
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Par Yves Montenay

Stiglitz commence par nous rappeler qu’en 1987 le prix Nobel d’économie Robert Solow regrettait que « l’ère informatique se retrouve partout, sauf dans les statistiques de la productivité » ;  c’est une allusion au célèbre « paradoxe de Solow ». Jérome Capirossi a écrit des pages très savantes sur ce sujet.

Je serai au contraire très terre à terre, m’appuyant sur mon expérience professionnelle et sur les travaux de Jean Fourastié, Centralien comme moi, et donc trop concret pour être apprécié par l’Université malgré sa notoriété mondiale (voir le site jean-fourastie.org). Trop concret pour Sciences-po également, puisqu’il a dû se replier sur les Arts et Métiers.

Pourtant, sa contribution à l’étude de la productivité et de « la réalité économique » (titre de l’un de ses ouvrages) est fondamentale.

 

Pourquoi pas les petites cuillères ?

Revenons à l’affirmation de Stiglitz.

Je ne vais pas m’étendre sur les raisons techniques qui ont retardé l’impact de l’informatique. Ceux qui se souviennent de MS-DOS et autres complications me comprendront. Disons simplement que les principales découvertes permettant l’usage facile et général de l’informatique se sont multipliées ou diffusées après 1987, ainsi que les applications de cet usage, grâce à Internet par exemple.

N’oublions pas la célèbre réplique d’Alfred Sauvy à un ministre s’extasiant du travail des bulldozers, mais regrettant les emplois supprimés par rapport au temps de la pelle et de la pioche :

« Monsieur le ministre, il y aurait encore plus d’emplois sauvegardés si le travail se faisait à la petite cuillère ».

On pourrait ajouter : « Mais avec des salaires de misère, ou avec l’impossibilité d’entreprendre ces travaux avec les salaires actuels, donc la destruction totale des emplois ».

De même, M. Stiglitz, sans l’informatique, on aurait sauvegardé l’emploi des bataillons de dactylos obligées de retaper des textes entiers à la moindre retouche et l’on aurait autant d’employés qualifiés et de cadres moyens en moins. Ou encore on continuerait à demander à un thésard de travailler cinq années pour trouver la forme d’une molécule un peu complexe (exemple réel des années 1960), contre quelques minutes d’ordinateur aujourd’hui, le thésard en question ayant alors cinq années de plus de travail créatif. Dans tous les cas, nous aurions le même choix entre des salaires de misère ou le renoncement à l’emploi pour des raisons de coût, si on prenait les salaires d’aujourd’hui.

Finalement l’informatique a eu effet énorme, et a créé beaucoup d’emplois. Cela ressort de multiples études (Google est là pour donner des précisions, voilà encore un énorme gain de productivité), mais il est plus simple de se demander quelles activités disparaîtraient si nous retournions 30 ans en arrière.

innovation afrique

Avant d’aller plus loin, faisons un petit rappel sur le « déversement » de l’emploi des professions anciennes vers les nouvelles, et montrons que les gains de productivité ne pèsent pas sur l’emploi, ni théoriquement, ni en pratique :

Théoriquement, parce que l’argent économisé par l’emploi disparu permettra l’embauche de ces mêmes personnes dans une autre spécialité, ou permettra la mobilité d’autres avec le même résultat final,

Pratiquement, parce que, malgré les difficultés de reconversion, on voit bien que les agriculteurs de jadis ont des descendants ouvriers gagnant bien leur vie, sans parler de ceux qui sont ingénieurs, comptables ou enseignants.

D’ailleurs, dans beaucoup de pays, la productivité a été multipliée par 10 (en moins de 50 ans ou jusqu’à 150 ans suivant le pays). Le taux de chômage y serait donc supérieur à 90 % s’il n’y avait pas eu reconversion ! Et c’est justement dans les pays pauvres, là où la productivité est la plus basse, qu’il y a le plus de chômage.

 

La véritable innovation

En fait, Stiglitz a peut-être une vue trop technique de l’innovation et donc du déversement. Il développe un exemple très critiquable, celui des innovations financières, et évoque plus rapidement celui des innovations techniques (qu’il appelle technologiques, comme la mode l’exige). Or, les innovations financières qu’il cite sont plutôt des arnaques ou des rideaux de fumée, et il n’est donc pas étonnant que le bénéfice en soit resté entre les mains des arnaqueurs, dont certains ont d’ailleurs été condamnés.

La véritable innovation, celle qui est réellement appliquée par le grand nombre, et donc qui joue pleinement son rôle, est organisationnelle et non technique. Car ce qui importe, c’est d’apprendre la nouveauté aux acteurs de base, et de l’insérer dans un processus de production de biens ou de services. Certes, il s’agit souvent de mettre en place une innovation technique, mais pas forcément.

Autrement dit, un ordinateur n’est rien sans la formation de ceux qui auront à s’en servir, et sans son intégration dans l’organisation de l’entreprise que l’on modifie à cette occasion. Ceux qui ont mis leurs mains dans le cambouis me comprendront.

 

Un petit parfum liberticide

Stiglitz s’attaque également aux dépenses de publicité et de marketing. Certes, comme beaucoup, je suis souvent agacé. Mais ayant voyagé dans les pays communistes, j’ai vu ce que ça donnait de ne pas informer le consommateur, ni d’enquêter sur ses besoins : une grande partie de la production était perdue parce qu’elle n’était pas demandée, alors que manquait ce dont les consommateurs avaient besoin, que les plus riches se procuraient en contrebande et au prix fort.

Stiglitz laisse entendre que marketing et publicité devraient être remplacés par de la recherche fondamentale, ou d’autres dépenses qu’il qualifie d’utiles. Or, les dépenses à long terme sont un prélèvement sur la production existante, et donc sur le niveau de vie. Il faut donc que l’économie soit efficace pour financer le long terme en plus du niveau de vie courant, qu’elle s’ajuste à la demande et évite le gâchis. Donc qu’il y ait du marketing et de la publicité.

Et puis, si on ne demande pas au consommateur ce qu’il veut, qui va le décider ? Un guide suprême ? Comme en Iran, en URSS ou sous Mao ? Comme dans certains îlots wahhabites, salafistes ou islamistes (pas de vin, pas de bière, pas de chansons, pas de cinéma, que des prêches à la télévision, pas de vêtement comme ceci, pas de comportement comme cela…)

 

Bref, un réactionnaire !

Joseph Stiglitz s’inscrit ainsi dans la longue lignée de ceux qui estiment directement ou indirectement que « c’était mieux avant » ou « ailleurs ». Nous avons vu où !

Souvenez-vous de l’expédition du Kon Tiki où un petit groupe d’idéalistes, écologistes avant la lettre, voulait démontrer que l’on vivait mieux au ras de la nature (en l’occurrence sur un radeau dans le Pacifique) que dans notre monde moderne, et qui ont terminé leur voyage sur un atoll de Polynésie qui aurait dû illustrer leur thèse. Mais les habitants se sont précipités sur eux en demandant des médicaments, donc l’industrie chimique et toutes les techniques afférentes.

Cet exemple donne un argument supplémentaire à ma thèse : jadis la mortalité était forte et les infirmités nombreuses. Le progrès technique et organisationnel a fourni les médicaments et le savoir-faire, mais pour cela il a fallu des hommes, et donc les libérer de leurs tâches traditionnelles, donc qu’il y ait des innovations réduisant l’emploi dans ces dernières ; l’industrie pharmaceutique seule n’aurait pas suffi, ni même existé.
—-
Paru initialement sur Le Cercle Les Échos

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  • C’est un peu comme si un Prix Nobel de médecine défendait la génération spontanée.
    On savait que Stiglitz était bon pour la poubelle,une confirmation de plus.

    • Un peu facile, Ricardo.
      Yves Montenay ne dit pas « que des bêtises mais Stigliz non plus.
      Il s’agit de deux points de vue irréconciliables.
      L’informatique (j’en suis) a certes accru la productivité; et résoudre de chômage en favorisant « le travail [fait] à la petite cuillère » : Montebourg n’a-t’il pas regretté la concurrence faite par Free au marché du téléphone portable, au nom de l’emploi perdu ?
      Les progrès de l’électronique ont ouvert la voie à l’abrutissement de nos enfants (TV, jeux, …) alors que ces produits ainsi que la publicité … sont une part non-négligeable du PIB. Évitons le débat PIB/ Progrès.
      Quel que soit le bout par lequel on débat nous renvoie au débat de civilisation entre progressistes et réactionnaires. On n’en sort pas !

      • « Stiglitz non plus » ?

        On reste curieux d’apprendre ce qu’aurait pu produire d’intelligible ce satrape de l’économie qu’est Stiglitz.

      • « Les progrès de l’électronique ont ouvert la voie à l’abrutissement de nos enfants (TV, jeux, …) »

        L’abrutissement des enfants par la TV et les jeux vidéos. Décidément, c’est un fantasme qui a la vie dure!
        C’est sûr que trimer dans les champs comme au moyen age c’était vachement mieux pour les gamins.

        A votre place, je chercherais plutôt du côté de l’éducation nationale, pour l’abrutissement.

        • @moi, ne vous trompez pas, ce que je citais n’était que prélude au grand décervèlement qu’entreprend Peillon (assisté de Najat).
          Pardonnez-moi, mais un commentaire doit se limiter au risque d’être illisible. Déjà j’ai trouvé mon texte mauvais par défaut de relecture.

  • Le déni de la liberté et de la propriété privée provoque le chômage et la pauvreté. Ces derniers dépendent exclusivement du degré de collectivisation des capitaux et de l’interdiction d’accès aux capitaux privés libres pour la population. Ainsi, l’informatique ou n’importe quelle autre bouc émissaire ne peut à l’évidence avoir aucune espèce d’effet sur le chômage ou la pauvreté.

    Socialisme démocratique et mercantilisme despotique sont strictement équivalents en ce qu’ils produisent le même capitalisme de connivence injuste qui s’oppose à la justice du capitalisme libre. Parce qu’ils sont fondés sur une logique identique de soumission des populations au pouvoir de l’Etat obèse, tous deux génèrent les mêmes institutions inhumaines et immorales expliquant les déséquilibres économiques à l’oeuvre à travers le monde.

  • Actualisation de ‘Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » de F. Bastiat aux environs de 1850.
    Le Monsieur Stiglitz n’est pas « en réaction » mais » en vitrification ». Le deuxième ne peut plus avancer, le premier demande à voir avant de tout casser. Quant au progressiste il fonce et accuse les autres en cas d’erreur.

  • Les économistes sont comme le GIEC : ils nous assènent leurs études pseudo-scientifiques comme une vérité ultime, alors qu’elles sont construites de toute pièces en fonction du résultat qu’ils veulent démontrer.

    Et le bon sens dans tout ça ? Pour les uns comme pour les autres, ils sont largement démentis par les faits : après plusieurs décennies de politique Keynésienne et d’émissions de CO2, l’économie est au plus mal mais les températures ont cessé d’augmenter.

    Mais cela ne les empêche pas de pérorer.

    • C’est un contresens de stigmatiser les économistes en général. Il y a des faux économistes, séides du socialisme tels Stiglitz aujourd’hui ou Solow hier. Les vrais économistes, eux, ne racontent pas de conneries : ils décrivent le monde sans chercher à le transformer selon l’idéologie périmée.

      • Bien sur.

        Il y a de vrais économistes comme il y a de vrais climatologues. Mais ce sont Stiglitz et le GIEC qui ont reçu des prix Nobel. Et leurs théories sont démenties par les faits !
        C’est aux économistes et aux climatologues de faire le ménage chez eux et de dénoncer ceux qui font de la politique et non de la science. Sinon l’opinion les assimilera sans distinction comme une bande de charlatans.

        • Faire le ménage ? On s’y emploie…

        • Hayek aussi, à reçu le Nobel.

          C’est comme pour tout. Si on veut de bons économistes, il faut accepter qu’il y’en ait aussi des mauvais. Et comme pour tout y’aura toujours plus de mauvais que de bons.

        • Le truc c’est que Stiglitz n’a pas reçu le Nobel pour des travaux en macro à visées socialistes (qu’il professe aujourd’hui), mais sur les effets de l’asymétrie d’information.
          Et qu’il y a des tas de Nobel en économie autrement plus intéressants, de Hayek à Friedman en passant par Fama.
          Quant au GIEC il a eu le prix Nobel… de la Paix. Ça aurait été littérature, on n’en n’aurait pas plus rigolé…

          • C’est une erreur d’isoler le travail particulier sur l’asymétrie de l’information du contexte général néo-kéynésien de leurs auteurs. On se souvient que Stiglitz a obtenu son prix avec un certain Akerlof. L’épouse d’Akerlof n’est autre que Janet Yellen qui dirige maintenant la Fed, diablotin immoral dissimulé derrière le masque trompeur d’une Grandma distribuant généreusement ses Cookies.

            Au prétexte d’une critique de l’hypothèse de CPP, la thèse de l’asymétrie de l’information a pour objectif général la démonstration que les marchés libres ne peuvent être efficients et qu’ils doivent être corrigés par l’intervention publique. Cette coterie de satrapes se prétendant économistes s’acharne à détruire l’économie libre afin de lui substituer une économie étatisée. L’oeuvre de leur vie est d’imposer une sorte de nouvelle planification social-étatiste qui sera, n’en doutons pas, aussi destructrice de valeur que la planification soviétique en son temps. En manipulant le prix de l’argent avec une ampleur jamais observée auparavant, avec les effets néfastes qu’on peut observer au quotidien, ils conduisent volontairement leur pays et le monde entier de crise en crise, en essayant de faire croire que les marchés libres en seraient responsables. Rien n’est plus faux évidemment puisque, sous l’influence de ces faux économistes, les marchés ne sont pas libres. En réalité, les marchés sont manipulés par le pouvoir typiquement totalitaire des néo-keynésiens, profitant notamment du monopole d’émission de la banque centrale.

  • Bon ben ça alors, y’avait un gros con sur terre et j’étais même pas au courant ! merci Contrepoints de m’éveiller et de m’éviter de regarder le doigt.

  • Excellent billet Mr Y.M. : il repositionne à sa juste hauteur cet idéologue et intello-abuseur Jos Stiglitz.
    Le bêtisier veut qu’une fois étiquetté « Nobel » , tous les médias croient devenir plus crédibles en ouvrant leurs temps et pages à ce fumiste et clonés. Obama méritait-il un Nobel ? à propos de quels exploits ? Ceci nous situe bien où en est tombé ce Comité « N. » et la nuée de camarades-lobbyists de la COMM qui concurrent à fabriquer des réputations usurpées à tant de ces nobelisés (grâce aux mêmes médias qui tartinent sans vergogne) ! On reproduit à foison le paradoxe de l’œuf et de la poule : qui fit l’autre ?
    Le phénomène se retrouve en matière de panels « peer review » dont usent certains magazines dits scientifiques.
    Fourastié ? Français de gauche, non ? Néanmoins, dans son époque les chercheurs-écrivains étaient plus sérieux, d’une intégrité intellectuelle en dépit de leurs penchants de société. Idem pour A.Sauvy et sa théorie du déversement des richesses, tant contestée par les mêmes idéologues des gauches.
    Le paradoxe de l’œuf et de la poule se reproduit ainsi en boucle : celle des imbécillités.

  • « Souvenez-vous de l’expédition du Kon Tiki où un petit groupe d’idéalistes, écologistes avant la lettre, voulait démontrer que l’on vivait mieux au ras de la nature (en l’occurrence sur un radeau dans le Pacifique) que dans notre monde moderne, et qui ont terminé leur voyage sur un atoll de Polynésie qui aurait dû illustrer leur thèse. Mais les habitants se sont précipités sur eux en demandant des médicaments, donc l’industrie chimique et toutes les techniques qui vont avec. »

    Ben voyons.

    Thor Heyerdahl n’était pas écologiste mais anthropologue et archéologue. Il a seulement voulu démontrer que le peuplement de l’Océanie à partir de l’Amérique du sud était possible avec des moyens rudimentaires (radeau de balsa, pêche et récupération d’eau de pluie). Le Kon-Tiki achèvera son périple échoué sur la barrière de récif d’un ilot inhabité des Tuamotu. Aujourd’hui l’affaire du peuplement de l’Océanie est close et il est établi qu’il est d’origine asiatique.
    Et l’auteur est parait-il démographe de formation…

  • « Et puis, si on ne demande pas au consommateur ce qu’il veut, qui va le décider ? »

    La publicité ne demande rien.
    Elle propose une solution, des idées, à ceux qui n’en ont pas où que ne se satisfont pas des leurs.

    ——————————

    Par ailleurs, je trouve toujours assez … étonnant que des libéraux s’acharnent à essayer de démontrer que la destruction d’emplois par le progrès technique est un mal pour bien. Alors que fondamentalement, RIEN ne permet de prédire qu’une technologie qui a détruit des besoins en main d’œuvre en créera d’autres, encore moins que cela s’appliquera directement à ceux qui l’ont perdu.

    Pour moi, le coeur du raisonnement libéral dans cet affaire, c’est de dire que ni les inventeurs, ni les consommateurs ne sont responsables, et ne peuvent être engagés, d’assurer la continuité du revenu d’autrui. Aux salariés et aux producteurs d’assumer leur choix de dépendre de tel ou tel secteur/marché.

    Par ailleurs, il est clair que les salariés (en général) et les propriétaires de capitaux (qui sont rarement salariés) ont des intérêts partiellement antagonistes et que, du fait que les capitaux permettant la recherche viennent des seconds, le progrès technique en général tend à défavoriser les premiers. Est ce que pour autant cela veut dire qu’il faut défavoriser l’investissement en général ou chercher à l’orienter ? Non.
    Mais il faut accepter de regarder la réalité en face.

    • De nos jours, les plus gros investisseurs sont des fonds de pensions, c’est à dire des salariés.

      Ce n’est pas difficile de voir, depuis la fin du XVIIIème siècle, que plus il y a d’innovation, plus il y a de travail. En france qujourd’hui il y a du travail pour tout le monde et même plus, hormis les barrières qu’on y met, or nous sommes désormais 65 millions.

      • « Ce n’est pas difficile de voir, depuis la fin du XVIIIème siècle, que plus il y a d’innovation, plus il y a de travail. »

        Depuis cette époque, ce qui s’est opéré ce n’est pas seulement une rupture technologique, mais un changement radical de mode de développement, via la consommation d’énergie fossile. Il n’est pas possible (à mon sens) de penser le développement économique à partir de cette époque sans prendre en compte l’influence de l’énergie fossile.

        Sur les fonds de pension :

        Aux USA où ils sont le plus développé, le capital y est encore plus concentré qu’ailleurs. http://www.les-crises.fr/inegalites-patrimoine-usa-1/

        « Ainsi 85 % du pays appartient à 20 % de la population, alors que 40 % ne possède presque rien : en 2007, 19 % de la population a un patrimoine nul ou négatif, et 30 % un patrimoine de moins de 10 000 $. On note aussi que le patrimoine moyen est de près de 540 000 $, mais que le patrimoine médian n’est que de 102 500 $. »

        « On note que les États-Unis sont en fait le pays le plus inégalitaire en termes de répartition du patrimoine parmi les grands pays développés. »

        • « Depuis cette époque, ce qui s’est opéré ce n’est pas seulement une rupture technologique, mais un changement radical de mode de développement, via la consommation d’énergie fossile. Il n’est pas possible (à mon sens) de penser le développement économique à partir de cette époque sans prendre en compte l’influence de l’énergie fossile. »

          Currieux commentaire ! En quoi le fait que l’énergie soit « fossile » change-t’il quelque-chose à l’économie ou l’emploi ou la répartition des richesses.

          Cette dénomination de « fossile » n’a pour but que d’induire l’idée de finitude dans les esprits (en réfutant par avance la possibilité de produire de l’énergie à partir de la matière par fission ou fusion nucléaire).

          Cela induit clairement un biais dans le raisonnement : puisque l’énergie serait en quantité finie sa consommation doit diminuer ou s’arrêter et donc le progrès technologique doit également être stoppé.

          Et il faut donc démontrer que le progrès est néfaste.

          • Si je voulais faire, comme vous, dans le procès d’intention, je dirais que cette manie de vouloir mettre les gens dans des cases et de chasser la mauvaise pensée de manière proactive est typique d’une pensée totalitaire.

            Bref, lachez moi la grappe. Je ne suis pas un disciple de saint nicolas (hulot) ou je ne sais quel pastèque français.

            Je suis un lecteur attentif de vaclav smil. Qui n’est pas seulement une référence pour moi, mais aussi pour des gens comme Bill Gates.

            • Toutes mes excuses, mais j’ai soigneusement rédigé mon commentaire pour ne pas vous mettre en cause personnellement. Je vous reprends simplement sur le terme « énergie fossile » qui mélange 2 problêmes : le besoin d’énergie et les choix technologiques. Ce mélange des problèmes dans des questions complexes conduit nécessairement à des biais. On n’a jamais résolu des systèmes complexes sans les décomposer en sous-systèmes relativement indépenadants. Ou alors, la contrainte doit être clairement exprimée et justifiée.

              Autre débat, mais pour moi Bill Gates est tout sauf une référence

            • « Ou alors, la contrainte doit être clairement exprimée et justifiée.  »

              On développe une technologie pour exploiter plus facilement une ressource donnée. Les ressources énergétiques étant parmi les plus importantes quant au développement d’une société, pour moi la relation entre le développement technique et les ressources énergétiques est très claire.

              « Bill Gates est tout sauf une référence » en tout cas c’est tout sauf une référence des socialistes. C’était seulement mon propos.

            • « On développe une technologie pour exploiter plus facilement une ressource donnée. »

              C’est ce que je dis plus bas : la dépendance entre les ressources et la technologie est claire. Il y a également clairement un problême du fait que la disonibilité future de ressources dépend de progrès technologiques qui ne peuvent être garantis (autrement que par la foi dans l’ingéniosité humaine).

              D’un autre côté, la mise en oeuvre des technologies disponibles est limitée ou encourragée par les aspects économiques (cas typique de l’exploitation des « pétroles non conventionnels »). Notez que la technologie et l’économie interagissent de façon complexe et biaisée par les aspects géopolitiques.

              L’aspect sociétal se situe à un cran au dela et l’aspect environnemental 2 crans au dela. On ne doit pas les laisser intervenir directement dans le débat technologie/économie. On doit fixer les contraintes de l’environnement sur la société et de la société sur l’économie. En retour, quand l’économie dit : « on ne peut pas se le permettre, pour moi la messe est dite.

    • « RIEN ne permet de prédire qu’une technologie qui a détruit des besoins en main d’œuvre en créera d’autres » : au contraire, tout permet de faire une telle prédiction, autant le raisonnement théorique économique que l’observation objective des faits le confirmant.

      Mais en outre, on s’en fout complètement ! A quoi servent les technos sinon à épargner aux humains les travaux les plus pénibles, les plus astreignants et en même temps les moins productifs ? Pour comprendre comment cette évolution heureuse s’opère, il convient de cesser de considérer le travail en terme d’emploi ou de salariat mais comme matière première du capital. C’est grâce au miracle du capital que l’humain cesse d’être objet de main-oeuvre pour s’accomplir comme individu libre. Si vous restez bloqué à la vision périmée des masses grouillantes s’affairant dans des usines, dérisoires héros mythiques musculeux et suants enchaînées à leurs métiers, vous ne pouvez comprendre les évolutions du monde moderne.

      Toutefois, il convient de garder à l’esprit que si le capital n’est pas libre, s’il est collectivisé, ceux qui subissent la collectivisation n’ont aucune chance de s’en sortir parce que cette collectivisation les condamne à rester de la main-d’oeuvre, sans jamais pouvoir accéder à la formation du capital pour eux-mêmes. La collectivisation socialo-mercantiliste des capitaux condamne les humains à la pauvreté perpétuelle. C’est le défi auquel nous sommes confrontés en ce début de siècle, siècle qui a encore du mal à s’extraire des criminels errements collectivistes du siècle passé.

      Quant au développement fondé sur les énergies fossiles, et alors ? Toute énergie est par définition « fossile », c’est-à-dire présente dans l’univers sous une forme quelconque avant intervention humaine destinée à la transformer à son profit. Avant que nous ayons épuisé l’univers, il y a une petite marge, n’est-ce pas ?

      • Cavaignac

        Je ne suis pas de ceux qui pensent que les hommes doivent se sentir coupable de consommer l’énergie disponible.

        Je ne suis pas de ceux qui croient que l’Etat sait mieux que tout le monde ce qui doit être fait, et à le droit de choisir pour nous la voie à prendre.

        Je crois que les hommes sont capitalistes depuis qu’ils ont construit leur premier arc, et qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre un arc et un outil industriel moderne au sens que tous les deux forment un capital productif développé grâce au génie humain en vue de profiter à l’homme.

        Quoi qu’il en soit, c’est un constat que les entreprises cherchent par tous les moyens possibles à diminuer leurs charges, dont la masse salariale, et que le progrès technique participe à cette démarche. Le problème ne vient pas du progrès technique, mais du salariat en lui même. Par définition un salarié n’est pas propriétaire de son outil de production, n’a pas d’intérêt direct à faire évoluer cet outil, et est vulnérable aux évolutions de cet outil faites par le propriétaire.
        voir http://www.liberaux.org/index.php/topic/50357-pourquoi-le-salariat-rend-mou-bete-et-socialiste/

        A mon sens, une société ne peut progresser vers plus de liberté que si le système économique permet à de plus en plus de gens de sortir du salariat et de posséder leur outil de travail. Tout le contraire d’un CGTiste ou autre syndicaliste qui a un intérêt objectif à ce que les rangs des salariés grossissent et que s’installe une guerre des tranchées entre salariés et patrons.

        Quant aux « masses grouillantes s’affairant des les usines » », je sais bien que ces masses ne se sont soumises à ces conditions que parce que cela constituait une évolution par rapport à la misère épouvantable des campagnes.

        Je ne suis pas un idéaliste. Je suis pragmatique. Et encore une fois ma référence sur les question d’énergie, c’est Smil. Le gars qui envoie aussi bien balader les pichuileux fanatiques, que les technophiles niais, qui accepte de regarder en face l’emprise des hommes sur le monde, sur nos dépendances, et sur les défis à venir.

         » tout permet de faire une telle prédiction, autant le raisonnement théorique économique que l’observation objective des faits le confirmant. » Donnez donc votre référence académique sur le sujet, on verra.

        • Je vois bien les dépendances entre les ressources et la technologie, entre la technologie et l’économie, entre l’économie et la société, entre la société et l’environnement.

          J’ai plus de mal à voir les dépendances directes entre par exemple les ressources et la société et je doute que le problême doivent être abordé sous cet angle. De plus quand il s’agit de faire vivre 7 milliards d’individus, l’économie me semble le pivot central : impossible de faire l’impasse sur les conséquences économiques et prépondérance de l’économie en tant que moteur et levier sur les autres problêmes.

          Attention : je ne dis pas l’économie avant tout mais au centre de tout.

        • C’est tout vu ! 7 milliards d’humains dont un peu moins de la moitié travaillent, ça nous donne un grossier 3 milliards d’actifs, contre environ 300 millions quand la population mondiale ne dépassait pas 1 milliard. Si réellement le progrès technologique avait détruit les emplois sans remplacement comme la thèse farfelue de la destruction des emplois le prétend, il y aurait au mieux 300 millions d’emplois aujourd’hui dans le monde et 90% de chômage, ce qui n’est pas le cas. Cette énormité théorique qui ne résiste pas à une seconde d’observation du réel, fond de commerce des trafiquants de peurs héritiers de Malthus, est la négation de l’extraordinaire potentiel d’adaptation de l’humanité, pour ne pas dire la haine de tout ce qui fait la beauté et la force de la civilisation. Socialisme ou écologisme sont l’expression du conservatisme catastrophique le plus nécrosé, avant d’être criminelles quand, par malheur, ces idéologies sont mises en oeuvre.

          Le progrès techno, typiquement l’informatique, sont des boucs émissaires idéologiques pour tenter de justifier l’injustifiable. En réalité, les inclusions étatistes socialo-mercantilistes dans les marchés libres et l’acharnement à la collectivisation des capitaux par les assoiffés de pouvoir créent des situations sous-optimales et entretiennent chômage et pauvreté en limitant le potentiel de régulation des marchés libres. Les chômeurs ne sont pas victimes du progrès technologique. Il sont victimes des Etats obèses.

  • Anecdote : changement de société, seconde moitié du XXè siècle. Je me souviens quand j’étais môme de l’histoire d’une famille de paysans (2 ou 3 frères) qui possédaient de riches terres agricoles, des paysans aisés. L’un d’eux, certainement peu attiré par la terre se fit salarié (simple ouvrier au départ) chez Berliet à Vénissieux. Il était très fier de cet emploi et de ce qu’il fabriquait. Puis rapidement de fortes tensions au sein de la famille car les primes, les congés payés, les weekends, rendaient les frangins agriculteurs jaloux du confort de vie apparent de l’ouvrier. Les mentalités sous la pression des syndicats à changé la donne, mine de rien.

  • Enfin !

    Comme je suis en accord avec vous !

    Dans cette optique, il faudra expliquer l’ère robotique qui arrive, afin de la dédramatiser.

    Merci !

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