La monnaie virtuelle réelle

Une lutte acharnée s’annonce entre les États et les utilisateurs de bitcoin.

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La monnaie virtuelle réelle

Publié le 20 mars 2014
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Par Éric Ng Ping Cheun [*]
Un article de Libre Afrique.

monnaie-virtuelleOn se moquait du « monde virtuel de la finance ». Une machine régulée par les banques centrales et huilée par des monnaies émises par elles. Maintenant que leur monopole d’émission monétaire est contesté par des monnaies numériques, elles les accusent d’être des « monnaies virtuelles ». Mais le crédit créé par le banquier en tapant sur un clavier d’ordinateur n’est-il pas une monnaie virtuelle ? Depuis que le système monétaire international a abandonné l’étalon-or pour adopter la monnaie-papier, il est entré dans le monde virtuel de la monnaie.

La Banque de Maurice est dans son rôle en mettant le public en garde contre l’utilisation d’une monnaie qui n’est pas réglementée, d’autant qu’il existerait des failles de sécurité informatique. Cependant, on peut aussi dire qu’il n’y a aucune garantie que la valeur des monnaies réelles demeure stable, et qu’elles ne servent pas à des activités criminelles comme le blanchiment d’argent. Le meilleur moyen de décourager les Mauriciens à s’intéresser au bitcoin, c’est de préserver le pouvoir d’achat de la roupie en combattant l’inflation, si besoin est, par une hausse du taux d’intérêt. Sinon, ils sont libres de spéculer sur le bitcoin, tout comme d’autres boursicotent pour des gains… virtuels.

Le bitcoin est une monnaie numérique sécurisée, ne dépendant d’aucune autorité centrale, et le réseau d’ordinateurs qui le fait fonctionner se gère lui-même. Si la Banque centrale européenne (BCE) considère le produit comme douteux, et la Chine vient de l’interdire, en revanche l’Allemagne lui a donné le statut officiel de « monnaie privée » et l’a reconnu comme une unité de compte. Lancé le 3 janvier 2009, le bitcoin représente le sommet de l’innovation en matière de monnaie numérique, après les Litecoin, Peercoin, Anoncoin et Zerocoin. C’est la popularité du bitcoin qui fait maintenant réagir les instituts d’émission…

S’annonce donc une lutte acharnée entre les États et les utilisateurs de bitcoin. Des entreprises dans le monde acceptent des paiements avec cette monnaie vu qu’en l’absence d’intermédiaire, les coûts de transaction sont minimes comparativement aux frais bancaires. À terme, nos banques protégées par les autorités auront à donner des services plus compétitifs à leurs clients.

À la suite des politiques d’assouplissement quantitatif de la Fed, de la BCE et de la Banque d’Angleterre, les prix des produits en dollar, en euro ou en livre sterling augmenteront dans le long terme. En revanche, il sera impossible de déprécier la valeur du bitcoin par plus d’émission, car le nombre de bitcoins sera limité à 21 millions. L’ancien président de la Fed, Ben Bernanke, affirmait que la monnaie numérique « may hold long-term promise ».

Le bitcoin est une alternative monétaire (altcoin), mais pas (encore) une monnaie réelle. À l’instar de la cigarette qui était de la monnaie seulement dans les camps de prisonniers de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, le bitcoin est limité à sa plateforme d’échange. Il fonctionnera comme une vraie monnaie dès qu’il pourra être universellement échangé contre d’autres biens et services.

Ceux qui promeuvent la concurrence bancaire ne devraient pas regimber devant la concurrence monétaire. Les monnaies virtuelles échappent aux manipulations des banques centrales et des politiciens. Pour cette raison, reprenons le magazine The Economist : « So let a thousand altcoins bloom. »


Sur le web.

[*] Eric Ng Ping Cheun est Managing Director PluriConseil

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  • « À l’instar de la cigarette qui était de la monnaie seulement dans les camps de prisonniers de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, le bitcoin est limité à sa plateforme d’échange »

    Un prisonnier qui ne trouve pas à échanger sa cigarette contre des biens pouvait toujours la fumer. (Théorème de régression de la monnaie de Mises).
    Que peut-on faire d’un bitcoin si on ne l’échange pas ? Rien.

    • « Que peut-on faire d’un bitcoin si on ne l’échange pas ? Rien. »

      Etrangement, ça vaut aussi pour l’euro, le dollar, le yuan, la roupie, la gourde, le sucre, le franc, et pas mal d’autres.

      • Et même pour l’or, à moins que vous soyez joaillier.

      • « Etrangement, ça vaut aussi pour l’euro, le dollar, le yuan, la roupie, la gourde, le sucre, le franc, et pas mal d’autres. »

        A la différence près qu’on peut utiliser le dollar, l’euro, etc .. pour des transaction légalement reconnues (i.e, qui mettent en branle la machine répressive si on ne respecte pas ses engagements).

        Tant que le bitcoin n’est pas reconnu par un gouvernement, c’est l’équivalent d’un billet de monopoly a transfert sécurisé.

      • avec un gros paquet de dollars, on peut éventuellement torcher un éléphant ?

  • C’est quoi cette sale manie de matérialiser le bitcoin avec des photos de pièces d’or ? Quel rapport entre l’or physique et le bitcoin ? Cette représentation ne plaide pas en faveur du bitcoin car elle laisse supposer qu’il y a volonté de tromper le pigeon. Il serait plus correct de représenter le bitcoin par une série de bits.

  • une question me taraude : combien y a t il de bitcoins entre 1 et 21 milions de bitcoins : une infinité . On peut donc spéculer tout autant dessus , il suffit d’autoriser les infinies décimales , comme c ‘est du virtuel , c ‘est possible .

    • La subdivision du bitcoin est déjà fixée. Autre chose?

      • Cela peut changer, il suffit de mettre à jour le protocole Bitcoin.
        Mais cela ne pose aucun problème, cette mise à jour sera peut-être nécessaire dans le futur quand 1 BTC aura beaucoup de valeur. Nous aurons alors besoin de plus de décimales pour éviter d’arrondir les prix.

        • Le BTC peut déjà être divisé jusqu’à la 8eme décimale (1 satoshi = un cent millionième de bitcoin, soit au cours actuel environ quatre dix-millièmes de centimes d’euro ). Ça laisse pas mal de marge…
          Quant à changer le protocole, c’est plus facile à dire qu’à faire.

  • En attendant il s’agit d’une alternative aux « billets de banque photocopieuse » des banques centrales…

  • Au bout d’un temps plus ou moins long la grande majorité des 21 millions de bitcoins seront dans les poches de 3 ou 4 propriétaires, alors il faudra en fabriquer plus ou ce sera la fin.

    • Ils ne vaudront plus rien!

      • Plus simple, ça n’arrivera pas. Et même si ça arrivait, comme vous le dites MichelC, les BTC ne vaudraient plus rien. Du coup, la masse de ceux qui auraient vendu leurs BTC auraient fait des profits, et les 3-4 à avoir acheté auraient perdu leur investissement.

        Le BTC n’ayant pas vocation à être l’unique monnaie en circulation, je ne vois pas quel problème cela peut bien poser.

  • Bon il faut peut-être dire que le bitcoin est une monnaie qui permet peu de traçabilité.

    L’état déteste l’anonymat c’est même bizzare qu’il y ai encore des espèces :).

    • Le btc permet une traçabilité parfaite, au contraire. Tout est public.

      Vous pouvez suivre un bitcoin depuis sa création jusqu’à la dernière transaction, savoir par quel compte il est passé, quel jour et à quelle heure.

      Qu’est-ce que vous voudriez de plus, comme traçabilité?

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