Fausse monnaie et réserves fractionnaires : la descente en enfer

L’expansion de la masse monétaire est source d’inflation et, avec elle, de nombreux malheurs.

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Fausse monnaie et réserves fractionnaires : la descente en enfer

Publié le 17 mars 2014
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Par Ludovic Malot.

 

Depuis des millénaires les hommes ont choisi l’or comme monnaie pour ses caractéristiques uniques de rareté, de divisibilité et de valeur.

C’est au XVIIe siècle que fut introduit le billet de banque, d’abord en Allemagne mais surtout en Angleterre, coïncidant avec la création de la banque d’Angleterre en 1694. Le billet de banque était un titre de créance sur la banque d’émission, remboursable à vue en métal précieux, généralement en or mais aussi en argent. Les billets de banque étaient gagés sur l’encaisse métallique détenue par les banques d’émission qui devaient par conséquent avoir une valeur égale à celle des billets en circulation.

Ces billets étaient l’équivalent de certificats de dépôts d’or et d’argent métal (warehouse receipts). Les banquiers, et par la suite les banques centrales ont réalisé qu’il était possible de procéder – exactement comme des faux monnayeurs – à des émissions d’une valeur très supérieure à celle de leur encaisse (en fait de faux certificats de dépôts, car les obligations légales ne peuvent être honorées) et de transformer ainsi le billet en un habile et puissant instrument de crédit.

Jusque vers 1910 la plupart des banques centrales garantissaient la convertibilité en or de chaque billet en circulation. Elle fut ensuite supprimée ce qui de facto démonétisa l’or et l’argent métal, les faisant basculer d’un statut de monnaie à celui de simples commodités. Nous mentionnions dans un article ultérieur le rôle du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) dans ce processus de démonétisation sournois qui a déclenché la guerre de l’or.

Ferdinand Lips, ancien banquier suisse et expert en or avait tiré la sonnette d’alarme et expédié un exemplaire de son livre à chaque parlementaire Gold Wars: The Battle Against Sound Money as Seen from a Swiss Perspective. Guerre toujours en cours opposant d’un coté le cartel bancaire mondial, l’élite politico-économique et financière – artisans du fiat currency1 et des réserves fractionnaires – ces deux instruments constituant à eux deux le pouvoir suprême, et l’or métallique qui est dans l’inconscient collectif la seule vraie réserve de valeur, défendu par les libéraux authentiques qui luttent pour la réintroduction d’une monnaie saine et honnête dans l’intérêt public.

On se souvient des ventes d’or étrangement coordonnées et étalées dans le temps de plusieurs banques centrales dès 1990 dont la Banque d’Angleterre la Banque nationale de Belgique, la FED, la France et encore récemment ici et celles de la BNS avec les effets d’annonce qui n’ont pas d’autres objectifs que d’influencer son cours à la baisse (une hausse du prix de l’or dans la monnaie dont il est libellé indique une dépréciation de cette même monnaie). On notera également ici l’opacité dans de la fixation du cours de l’or et dont nous savons pertinemment qu’il n’est pas à sa vraie valeur et que son potentiel haussier est très important au vu de la quantité d’argent dette qui circule au niveau mondial. Nous pensons que la prochaine crise qui sera beaucoup plus forte que celle de 2008 propulsera le cours du métal jaune à des sommets entre 3000 et 4000 dollars l’once si ce n’est plus, indiquant par-là que les investisseurs institutionnels et les particuliers se tournent massivement vers l’or pour préserver leur capital.

Mais revenons à la monnaie fiduciaire.

Le billet de banque à cours forcé fut rapidement imposé comme seule monnaie légale, constituant ainsi un monopole monétaire et les Accords de Bretton Woods en 1971 ont définitivement enterré la couverture en or métal. Cette transformation s’est largement déroulée avec l’appui idéologique et les théories fallacieuses du pro-inflationiste John Maynard Keynes, le principal artisan du système monétaire international de l’après-guerre qui était un virulent opposant à l’or. Son influence a été considérable, à tel point qu’il a servi de justification au statisme et à l’interventionnisme des banques centrales par le biais de leurs politiques monétaires destructrices. Aujourd’hui, les monnaies sont gagées sur du vent, et deux sources d’émission de fausse monnaie sont identifiées : les banques centrales et les banques commerciales par les réserves fractionnaires. Notons que le système bancaire des réserves fractionnaires violent les droits de propriété.

Aujourd’hui, la majorité des individus et, encore plus inquiétant, les parlementaires ignorent les fondamentaux de la monnaie. Cette thématique est pour ainsi dire inexistante dans le cursus académique. On trouve dans les bibliothèques universitaires une très grande quantité de livres sur les cycles économiques – une conséquence des politiques monétaires débridées – et si peu sur les principes d’une monnaie saine et honnête – prônés par les économistes de l’École autrichienne d’Économie tels Ludwig Von Mises, Murray Rothbard, Maurice Allais et bien d’autres.

L’émission de billets de banque en quantité illimitée et les réserves fractionnaires ont démultiplié l’inflation à tel point que le dollar américain a perdu 99 % de sa valeur depuis 1913 (90 % pour le franc suisse) et ce faisant ont perverti la société au niveau politique, économique, financier, académique, social et culturel.

Fausse monnaie et réserves fractionnaires, le chaos inflationniste et ses conséquences

Nous entendons par inflation l’expansion de la masse monétaire en circulation qui dans son usage habituel signifie une augmentation généralisée des prix.

L’inflation est basée sur une économie de la dette (les États ont l’obligation de se financer auprès des banques commerciales et des marchés financiers).

En plus des impôts directs et indirects l’inflation est une confiscation anonyme et cachée du revenu de celui qui l’a durement gagné par le fruit de son travail.

L’inflation est un impôt non consenti qui permet ce que le contribuable n’accepterait jamais de payer via un prélèvement idoine : les guerres, interventions militaires et conflits armés.

L’inflation opère une redistribution de la richesse, elle confisque arbitrairement et finance des prestations qui gonflent les déficits publics.

L’inflation agit comme un transfert de richesses des faibles revenus (ceux qui vivent de leur travail) vers les plus riches (ceux qui vivent de leur capital). Les banques sont les premières bénéficiaires des liquidités inflationnistes et illimitées mises à leur disposition par les banques centrales. La perte de pouvoir d’achat induite dans l’économie réelle sur les faibles revenus est décalée dans le temps.

L’inflation favorise les grosses structures, les multinationales et la concentration verticale : elles ont facilement accès au crédit, ont des réserves de cash importantes, rachètent les concurrents plus faibles et payent peu d’impôts en recrutant du personnel spécialisé dans l’optimisation fiscale.

L’inflation favorise les fusions-acquisitions (très grandes quantités de liquidités inflationnistes en circulation qui permettent la spéculation, un gonflement artificiel des cours en Bourse qui ne correspond pas à l’économie réelle, les produits dérivés, hedge funds). Les victimes de la bulle cyclique se font alors racheter à vil prix.

L’inflation supprime progressivement la concurrence et les petites entités (fusions-acquisitions, taxes sur les entreprises que seules les grosses structures peuvent supporter).

L’inflation décourage l’épargne et empêche la constitution d’un capital (taux quasi nuls).

L’inflation encourage l’achat à crédit et l’esclavagisme économique (course à la croissance sans fin, perte des valeurs, mentalité de possession immédiate).

L’inflation gaspille les richesses et favorise des investissements non rentables (des taux d’intérêts très bas encouragent des investissements qui ne seraient pas rentables avec des taux plus élevés).

L’inflation favorise les faillites d’entreprises.

L’inflation favorise le globalisme et le rachat de sociétés indigènes par des sociétés étrangères (dévaluations compétitives, croissance domestique faible oblige à l’internationalisation)

L’inflation hypothèque les revenus des retraités : pouvoir d’achat réduit, caisses de pensions qui investissent dans les produits dérivés.

Malgré les progrès technologiques et l’élévation du niveau de vie, l’inflation empêche la réduction du temps de travail hebdomadaire et oblige de travailler plus pour maintenir la cellule familiale (coïncide avec l’entrée des femmes sur le marché du travail, un salaire ne suffit plus).

L’inflation favorise la démagogie politique : les politiciens peuvent se faire réélire en promettant des dépenses étatiques financées par la dette.

L’inflation fait progresser l’économie souterraine : forte taxation, TVA élevée, bureaucratie, baisse du pouvoir d’achat.

L’inflation favorise les impôts et les prélèvements : stagnation économique, faibles entrées fiscales, remboursement des intérêts de la dette.

L’inflation favorise la répression fiscale et un état intrusif : développement du statisme, d’institutions supranationales sans légitimité, pression de la dette.

L’inflation favorise la centralisation du pouvoir : les crises, récessions, dépressions « justifient » toujours plus d’interventionnisme, de planisme ; le responsable du problème se pose en redresseur de torts.

L’inflation décourage l’entrepreneuriat et la création d’emplois : développement du planisme, de la bureaucratie, d’un code du travail et de réglementations contraignants.

L’inflation rend difficile la possibilité de faire fortune (ascenseur social). Les riches sont de plus en plus riches, les survivants (prolétaires et classe moyenne) de plus en plus pauvres.

L’inflation favorise le développement de produits de moindre qualité (réduction des coûts fixes pour maintenir les marges).

L’inflation décourage l’innovation (instabilité, incertitude, baisse des profits).

L’inflation est le carburant du collectivisme et érode progressivement les libertés individuelles.

—-
Sur le web

  1. Fiat currency : monnaie sans aucune valeur intrinsèque ni couverture métallique or ou argent (fonctionne uniquement sur la confiance de ceux qui l’acceptent et l’utilisent).
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  • Qui prendra la relève de Ron Paul dans son combat contre la FED ?

  • les banques centrales sont toutes associées entre elles , quand une banque faillit , une autre la remplace , quand aux crédits adossés à la faillite , ils sont rachetés par ces dites banques associées aux frais des contribuables , donc , n’auront jamais de soucis à se faire , sauf si un personnage de poids , un chef d’état décide de reprendre les rennes des banques , les re nationaliser et obliger les banques à séparer les avoirs des clients des jeux spéculatifs.
    mais ! mais ! ce n’est pas demain la veille que cela se fera car ces oligarchies des finances mondiale, décrèteraient une dévaluation des dites monnaies .

    • Vous n’y êtes pas.
      La cause de ces maux est la dépense publique incontinente, laquelle résulte du rejet du marché.

      Ramenez la dépense publique à 10% du PIB, laissez les banques faire ce qu’elles veulent (y compris faillite), et tout ira bien.

      Mais réduire la dépense publique, c’est comprendre que le marché seul peut réguler l’économie et assurer la prospérité. Que la contrainte ne permet pas d’améliorer la vie. Que l’imperfection de l’expérience humaine n’a pas pour cause la méchanceté de certains, que les intérêts légitimes sont harmoniques (Bastiat), qu’il ne faut pas employer la force pour hamoniser ce qui est harmonique de soi.
      Bref, il faut sortir du socialisme.

  • Entièrement d’accord en ce qui concerne l’inflation.
    Deux remarques cependant:
    1. l’inflation officielle est en baisse. La BCA a publié ce matin (17/3) une inflation dans la zone euro en baisse ! L’inflation pousse au mensonge, relayé dans les médias qui du coup perdent toute crédibilité. C’est de là que viendra la perte de confiance du mot ‘fiduciaire’ dans « Monnaie Fiduciaire ». L’inflation officielle crève le plafond: jamais le prix des biens de première nécessité n’ont autant augmenté mais voilà, pour maintenir sa politique de taux bas, il faut absolument publier une inflation indécemment basse. Combien de temps le mensonge tiendra-t-il ?
    2. La pression fiscale devient telle que les travailleurs sont de moins en moins propriétaires de la valeur ajoutée qu’ils créent par leur travail. J’ai même vu certains politiciens proposer un taux d’impôt à 100% au-delà d’un certain niveau de revenus. Ben voyons, et pourquoi pas pour tout le monde, comme ça le collectivisme à la « communiste » sera complète. Comme si l’excès de capitalisme Keynésien tend inexorablement vers la collectivisation du travail et un État central qui tient toutes les ficelles de l’économie et une annihilation totale de la propriété privée. Je ne suis pas spécialement pro-communiste pour autant, mais je ne peux que constater qu’on y va à grands pas si on continue comme ça.
    Le seul remède si vous voulez vous protéger, c’est encore d’acheter de l’or et de l’argent métal. Tant qu’il y en a encore et que c’est en vente libre.

    • Très bon article! faut il encore rappeler que les banquiers ne sont qu’une bande de faux monnayeurs!
      L’école autrichienne n’insiste pas assez sur ce point. Nous vivons dans un monde complètement fou. Les voleurs sont là, devant nous, là ou nous mettons notre épargne!

      Ils nous mettent en esclavage en dépréciant constamment la monnaie par la réserve fractionnaire, cela crée une croissance inflationniste au lieu d’une croissance déflationniste!

      Va falloir se réveiller!

      Si les banquiers, j’entend par là, le cartel bancaire ( banque centrale, marché interbancaire, banques à réserves fractionnaires) n’avait pas accrue la masse monétaire pour arriver par exemple à une dépréciation du dollar de 100% en 2013 en 100 ans depuis 1913. On aurait un dollar valant 100 fois plus!

      C’est à dire 1 pain au chocolat valant 1 centime d’euro et non 1 euro !
      C’est aussi simple que cela!
      Ils pratiquent l’inflation pour nous mettre en esclavage, pour que l’on travaille pour eux, pour que l’on soit obliger de s’endetter , d’être plongé dans la salariat que se soit pour l’état ou pour une grande multinationale!

      Réveillez vous! Nous sommes toujours dans la plantation! Et cette fois, tout le monde!

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