Pourquoi les hommes politiques sont-ils incompétents ? Une étude a la réponse

La question de la compétence des décideurs politiques est un débat récurrent, notamment dans les domaines liés à l’économie, et a fortiori en période de crise.

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Hollande : ah, si la politique était comme le foot... By: Jean-Marc Ayrault - CC BY 2.0

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Pourquoi les hommes politiques sont-ils incompétents ? Une étude a la réponse

Publié le 14 mars 2014
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La question de la compétence des décideurs politiques est un débat récurrent, notamment dans les domaines liés à l’économie, et à fortiori en période de crise. L’idée sous-jacente est que des gouvernants incompétents ont une propension plus forte à prendre de mauvaises décisions. En prenant ces mauvaises décisions, ils auraient engendré la crise, ou en tout cas l’auraient favorisée ou aggravée, et ils seraient maintenant incapables d’y mettre un terme du fait de leur incompétence. Une étude américaine (voir le lien) essaye de mettre en relation compétences techniques et niveau de responsabilité. Si l’étude ne permet pas d’identifier un effet de cause à effet entre compétence et résultats, il en ressort néanmoins un certain nombre de conclusions intéressantes.

Comptence technique des dcideurs politiques

Que dit cette étude sur la compétence technique des dirigeants européens ?

L’étude concerne 1200 décideurs politiques issus des pays de l’Union Européenne et de l’OCDE entre 1973 et 2010.  L’étude se concentre uniquement sur les postes politiques dont le domaine est directement lié à la gestion de la politique économique d’un pays, et pas aux fonctions périphériques. L’étude se concentre uniquement sur les périodes démocratiques des pays étudiés. Typiquement, l’analyse du Chili ne porte pas sur les années antérieures à 1990 pendant lesquelles le Général Pinochet était à la tête du pays.

Les trois figures en anglais ci-dessus sont directement tirées de l’étude en question. Chaque figure représente une catégorie de décideur politique : Premiers Ministres, Ministres des Finances, gouverneurs des banques centrales. L’axe vertical représente les pays étudiés. L’axe horizontal représente la part de décideurs qui se sont succédé au poste étudié en fonction de leur niveau de diplôme en économie depuis 1973. Le rond rouge correspond à un Doctorat en économie, le triangle bleu correspond à un Master en économie, et enfin le carré gris correspond à une Licence en économie.

Afin de donner un exemple de lecture, prenons le cas des Ministres français des Finances qui se sont succédé depuis 1973. L’analyse des résultats indique que seulement 10% d’entre eux détenaient un Doctorat, 15% une Licence et 20% un Master. Il est probable que les Ministres ayant ces titres universitaires soient en réalité les mêmes, autrement dit que ceux avec un Doctorat détiennent probablement aussi une Licence et un Master.

L’observation rapide des trois figures indique que la grande majorité des premiers ministres qui se sont succédé depuis 1973 dans les pays étudiés ne détenaient pas de diplômes universitaires en économie. Le constat est le même pour les Ministres des Finances, même si la proportion est néanmoins un peu plus élevée. En revanche, la grande majorité des banquiers centraux détenaient un diplôme universitaire en Économie.

Des hommes politiques incompétents ? 7 conclusions de l’étude

Dans les conclusions qui suivent, le sens de « compétent » doit être entendu comme « diplômé en économie ».

1. Les décideurs politiques ont tendance à devenir plus compétents lorsque le pays est touché par une crise financière.

2. Les pays de la zone euro sont les pays avec le moins de premiers ministres compétents.

3. Plus les pays sont une démocratie récente, plus les décideurs politiques sont compétents.

4. Les gouvernements de gauche sont moins compétents hors période de crise mais plus compétents en période de crise.

5. Les systèmes présidentiels ont des Ministres des Finances plus compétents.

6. Plus le gouvernement est en poste depuis longtemps, moins les Ministres des Finances sont compétents, mais plus les banquiers centraux le sont.

7. Plus le niveau général moyen des diplômes tous domaines confondus est élevé parmi les décideurs politiques, plus le niveau de compétence technique en économie est faible.

L’étude soulève un certain nombre de réflexions sur la compétence de nos dirigeants politiques

Il est généralement reconnu deux qualités à un décideur politique : sa probité et sa compétence. Autant le critère de la probité est difficile à évaluer et revêt un caractère subjectif, autant celui de la compétence peut être évalué au regard de critères objectifs : les diplômes dans une spécialité donnée. Dès lors, même si le critère du diplôme n’est pas forcément pertinent pour évaluer la compétence d’un homme, il permet néanmoins d’appliquer une grille de lecture objective permettant de réaliser des comparaisons.

Le critère de compétence ne garantit pas l’efficacité des politiques. En effet, au-delà du caractère pertinent ou non des mesures prises, l’efficacité d’une politique tient au moins autant à la capacité de s’entourer qu’à la compétence intrinsèque du décideur politique. Ainsi, le fait de maîtriser un domaine donné (ici l’économie) n’implique pas nécessairement la capacité à comprendre et à utiliser à bon escient les rouages  de l’administration pour rendre efficaces les politiques menées. Enfin, un bon technicien peut également être un piètre politicien, qui ne réussit pas à faire accepter les réformes et les changements dans la société, autrement dit la forme est souvent aussi importante que le fond dans les sociétés démocratiques.

La compétence des décideurs politiques correspond aussi à une logique d’offre et de demande.

  • En effet, du côté de la demande, il ne faut pas oublier que dans les sociétés démocratiques, c’est le choix du peuple qui détermine les dirigeants politiques d’un pays. Autrement dit, même si les postes en question ne sont pas forcément issus du suffrage universel direct, il n’en demeure pas moins que les décideurs politiques en poste sont généralement le reflet du souhait né d’un vote démocratique. Si ce dernier n’est pas en faveur de personnalités compétentes, il n’y a pas de raison pour que les décideurs politiques reflètent un choix différent de celui du peuple.
  • Enfin, du côté de l’offre, il faut d’une part que les pays en question aient suffisamment de personnes compétentes, et d’autre part, il faut que les partis politiques traditionnels proposent aux électeurs ces personnels compétents.
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Créer un compte Tous les commentaires (14)
  • Étude particulièrement mal venue dans le contexte français.
    Un des meilleurs ministre de l’industrie puis de l’économie a été René Monory (c’est lui qui supprime le contrôle des prix), à l’origine simple garagiste sans diplôme, et fier de « n’avoir jamais lu un livre d’économie » (mais entrepreneur plus qu’honorable).
    Inversement, nos universités délivrent des formations d’économie totalement crétines, qui sont une garantie de politiques débiles.

  • bonjour,
    à ma connaissance, ni l’actuel premier ministre luxembourgeois, ni le précédent ne sont diplômés en économie, en droit seulement…
    bien à vous,
    Paulmier

  • Plus que le diplôme, l’expérience de la vie économique en entreprise est déterminante.

    L’incompétence des responsables politiques ne serait pas si grave si elle ne les mettait pas en position de subordination vis à vis de fonctionnaires asphyxiés par leur idéologie.

  • Quand l’économie rencontre le politique cela fait, comme chez nous des accros à « la relance par la demande ».
    N’importe quel épicier qui sait tenir ses comptes ferait mieux que ces économistes-là.

    Mais les auteurs de cette étude ne sont pas honnêtes … notre ENA que le monde nous envie forme à l’économie, et ô combien !

  • En quoi un politique pourrait il etre compétent sachant que seules leurs carrières les motivent; les hommes vraiment compétents s’orientent vers des professions plus nobles que celle de politique, voir les chirurgiens les chercheurs ,les ingénieurs, les chefs d’entreprise,les généraux, tous ces gens qui s »épanouissent dans des professions utiles a la société,alors que les politiques sont tous,en particulier les énarques,des profiteurs d’un système qu’ils font perdurer dans leurs seuls intérêts personnels au détriment du pays et de la nation.Ils recréent exactement la situation de 1789;seul le vocabulaire a changé,remplacez le roi et sa cour par le président et ses fonctionnaires;Malheureusement , ils ont inventé le rsa et le foot afin de faire durer un peu plus longtemps la situation:Mais il faut avoir confiance au peuple Français, celui ci est un grand timide qui accepte un peu tout, qui courbe l’échine, qui encaisse et, un jour tout explose sans savoir pourquoi et les guillotinnes s’en donnent a cœur joie!

  • Margaret Thatcher et Ron Paul ont des diplômes universitaires, mais pas du tout dans le domaine des sciences économiques. Et pourtant ils me semblent infiniment plus compétents que Ben Bernanke ou Dominique Strauss Kakn, qui sont des professeurs d’université en sciences économiques.

    Le fait est que depuis la nuit des temps, les universités sont des lieux de conformisme et non des lieux de science. C’est pourquoi les universités ont parfois tendance à être des lieux de propagation de superstitions.

    La détention d’un dipôme universitaire n’est pas le moins du monde un certificat de compétences.

  • Il y a à manger et à boire dans cette étude, on a du mal à transposer en France !
    http://www.magtuttifrutti.com/article-vous-avez-dit-respect-des-institutions-122951555.html

  • Une étude sur l’incompétence serait plus utile. En France on a une couche de 40 années d’incompétents, de là il devient dur de les départager.

  • Comme dit par beaucoup le diplôme n’est pas un bon critère, surtout en économie ( ex: à HEC la pensée libérale dite « autrichienne  » n’est même pas enseignée),mais le plus important seraient les compétences dans le domaine de la stratégie, du mode de fonctionnement des organisations, de la capacité à convaincre et à donner envie, de la capacité à prioriser et à faire des coupes sombres dans les dépenses inutiles. Tout cela ne s’apprend pas à l’école et le courage qu’il faut pour la mise en œuvre encore moins.

  • Le personnel politique et technocratique a une vue incomplète de la structure et de la situation économique du pays en raison d’une forme de l’inculture de connaissances économiques, hélas largement répandue dans toutes les sphères de la société même au plus haut niveau. «Le libéralisme serait aussi désastreux que le communisme». Ces propos pour le moins surprenants sont ceux de Jacques Chirac irrité par «l’affaire» de la directive Bolkestein. On vit dans une république monarchique. Les hauts fonctionnaires constituent une noblesse d’Etat qui remplace celle du sang d’autrefois», dit Yvan Stefanovitch, auteur d’un édifiant Aux frais de la princesse (Jean-Claude Lattès, 2007). Il faut supprimer l’ENA – une vraie école soviétique – et ouvrir l’administration aux personnes venant du privé, ainsi la consanguinité cérébrales sera éliminée. Comment éliminer l’inculture économique ? En commençant par la révision des manuels économiques de l’Education National trop imprégnés par le marxisme. En effet, « méfiez-vous du marché ! Celui-ci doit être encadré, surveillé, maîtrisé !!!! » Ceci est souligné d’innombrables fois. Hélas, ce pays est foutu.

  • en se qui concerne la france il n’y qu’un mot : ( nuls) ,nous avons la preuve sous les yeux tous les jours .
    ils ne s’intéressent uniquement a leur petite personne et aux copains ,c’est lamentable .
    cela fait 40 ans que ça dure ,mais la fin est proche, le choc vas être rude.

  • si les décideurs politiques étaient compétents ça se saurait…….et surtout ça se vérrait……

  • Curieux, le choix de cette photo pour illustrer l’article….

  • Alors ça donne ceci :

    JM Ayrault : certifié d’allemand (CAPES)
    Najat VB : licence de Droit, Sciences Po
    L Fabius : agrégé de lettres modernes, Sciences Po, ENA
    V. Peillon : agrégé de philosophie
    C. Taubira : DEA d’économie et se sociologie
    P. Moscovici : DEA Economie, de philospophie, Sciences Po, ENA
    M. Touraine : agrégée d’économie
    C. Duflot : DEA de géographie, ESSEC
    M. Valls : licence d’histoire
    N. Bricq : maitrise de Droit privé
    A. Montebourg : licence de Droit, Sciences Po
    M. Sapin : Sciences Po, ENA
    JY Le Drian : agrégé d’histoire
    A. Filipetti : agrégée de lettres classiques
    D. Fioraso : maitrises d’anglais et d’économie
    S. Le Foll : DEA d’économie
    M. Lebranchu : maitrise d’aménagement du territoire
    V. Fourneyron : docteur en médecine

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