Ukraine : l’ambassadeur russe à l’UE dénonce des « bourdes systémiques »

Les règlementations, normes et autres, vers lesquelles l’UE entrainait l’Ukraine, allaient poser de grosses difficultés dans ses relations avec la Russie et d’autres pays proches.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ukraine : l’ambassadeur russe à l’UE dénonce des « bourdes systémiques »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 mars 2014
- A +

Par Richard North, depuis le Royaume-Uni.

UE Ukraine flagsValdimir Chizhov, l’ambassadeur de Russie auprès de l’Union Européenne, a été interviewé par Fadiba Mavaddat pour euronews, et a saisi l’opportunité pour s’en prendre avec force à Bruxelles, sur les « bourdes systémiques » dans son traitement de la crise en Ukraine.

« Je pense, a dit Chizhov, que l’UE a fait une série de bourdes systémiques en ce qui concerne l’Ukraine. Premièrement, elle a essayé d’entrainer l’Ukraine dans une association sans tenir compte de la nature complexe de la société ukrainienne. Celle-ci, pour diverses raisons, y compris historiques, linguistiques, et même confessionnelles, n’a jamais été une société homogène. »

« Mais qu’y avait-il de mauvais dans un accord qui ne faisait aucun mal ? » a demandé Mavaddat, qui a trouvé la réponse de Chizhov suivante : « En fait, « aucun mal », ce n’était pas tout à fait le cas. L’accord d’association, a-il dit, aurait impliqué que l’Ukraine adopte un grand nombre d’éléments (l’acquis communautaire) de l’Union Européenne dans sa propre législation nationale. »

Il a enchainé : « Introduire des normes, des règlementations, des politiques, etc., aurait créé une certaine difficulté, je dirais, pour dire les choses avec retenue, dans les relations entre l’Ukraine et la Russie, et bien sûr, d’autres membres de leur union douanière, son voisin immédiat la Biélorussie, et aussi le Khazakstan. »

Mettant les points sur les i, Chizhov dit aussi : « Et donc, voici ce qu’auraient été les implications. Nos économies ont fait partie d’une même économie depuis des décennies, et elles sont toujours liées de près. Une association avec l’UE serait allée bien plus loin que le libre échange. Le libre-échange c’est correct, mais ça aurait emporté l’Ukraine nettement dans… le cercle d’interférence de l’Union Européenne. »

La chose intéressante dans tout cela, c’est que ce n’est ni plus ni moins ce que nous disons depuis le début.

img contrepoints144C’est peut-être ou peut-être pas la vérité. L’ambassadeur a certainement son propre ordre du jour (ou celui de son pays). Mais, en confirmant notre analyse, il nous dit que les effets de l’Accord d’Association et de la « provocation » de l’UE, est beaucoup plus important que ce que les commentateurs ont laissé transparaître.

En fait, il ne serait point fâcheux de suggérer que la plupart des experts se sont trompés. Ce qu’il y a cependant, c’est que ça n’aurait pas dû être si difficile de s’en rendre compte. Taquinez l’ours avec le bout d’un bâton, ça va provoquer une réaction. Simple, non ?

Maintenant, avec l’Europe qui s’essouffle et fait du bruit au sujet de sanctions, même le Guardian admet que les effets sur Vladimir Poutine ont des chances d’être négligeables. Et c’était aussi très prévisible. Mais la propension des politiques, sinon des médias, à se tromper, semble infinie.


Sur le web.

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • Dès que l’on regarde un peu de près les détails des arguments de cet article, et ceux de Mr l’ambassadeur en particulier, ils de tiennent pas beaucoup la route.
    – L’accord de libre échange avec l’EU est une né-go-cia-tion. L’Ukraine n’était pas obligée de tout accepter.
    – La négociation a duré plusieurs années! Il faut prendre les négociateurs pour des gogos pour croire que rien n’est fait pendant ce temps
    – La part de la Russie dans les exportations de l’Ukraine est, grosso-modo, de 25%, celle de l’Europe bien plus. l’Ukraine a bien plus à gagner à faire des affaire avec un groupe de pays riches de 500 M d’habitants qu’avec une Russie de 140M qui reste sous-développée à bien des égards.
    – Il y a fort à parier que les exportations ukrainiennes vers la Russie n’auraient pas été affectées par l’accord, il s’agit principalement de matières premières, peu sujettes aux normes et réglementations.
    – Et quand bien même, les normes EU ne devaient pas s’appliquer aux exportations vers la Russie, donc WTF? (Si le Maroc signe un tel accord, cela n’impacte pas ses relations commerciales avec la Mauritanie)

    Ceci dit, je suis assez d’accord avec les bourdes systématiques de l’EU. Avec le trio VonRumpuy/Ashton/Barrosso, ça aurait même pu être pire!

  • Sans lire dans les pensées de l’ambassadeur, on peut juxtaposer la future mise aux normes de la société ukrainienne et la négociation en cours du partenariat atlantique (TTIP). L’Ukraine associée étroitement à la future UE changera d’hémisphère.
    A signaler, pour ne pas être naïf, que jusqu’à ces derniers jours, l’Ukraine n’était qu’un gigantesque Sicile mafieuse. Est-ce implicite dans la dernière remarque de SE Chizhof ?

  • 1) 54% des Ukrainiens étaient opposés à cette accord en décembre 2013.

    2) L’UE a dit qu’elle allait négocier avec les « autorités » de Kiev avant les élections, qu’elle belle action n’est pas, à croire qu’ils ont peur des élection même réduite à l’Ouest.

    3) Il n’y a pas que les exportations qu’il faut prendre en compte, il y aussi les importation et le nombre de travailleurs sur le territoire.

    4) Beaucoup d’Ukrainiens, ce que bien des européens on du mal à comprendre, veulent comme le disait Ianoukovitch que l’Ukraine soit un pont entre la Russie et l’UE. Simplement que le veuille ou non dans la CEI les pays sont bien plus souverain que dans l’UE.

    5) Croire que les Ukrainiens veulent en majorité entrer dans l’UE est une erreur, malgré la « révolution orange » et un gouvernement imposé plus ou moins par l’UE pendant sept ans les Ukrainiens ont élu Ianoukovitch, un pro CEI, comme à chaque fois qu’on n’impose pas un autre président de l’extérieur.

    6) L’UE a dit au moment de l’élection de Ianoukovitch que c’était un mauvais signe, imaginez deux seconde la Russie dire de même après des élections donnant la victoire à des pro UE.

  • LeRus, la négociation n’était pas totale il y avaient des condition obligatoire notamment la libération de Timoshenko, qui était un peu la Noriega d’Ukraine, dans un pays déjà miné par la corruption était ce la bonne solution. Et que dire du mariage homosexuel.

    • « Et que dire du mariage homosexuel »

      Qu’on se demande bien ce qu’il vient faire là-dedans ?

      • Il était dans le traité de  »libre échange ».

        Vous savez quoi le mieux c’est de le lire avant de juger.

        • N’importe quoi. Le simple fait que vous puissiez croire sincèrement à cette propagande absurde montre à quel point vous avez perdu le contact avec la réalité (mais on le savait déjà).

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Le Maroc est un pays dynamique, son économie est diversifiée, son système politique présente une certaine stabilité dans une région en proie à des crises à répétition. Ce pays a fait montre d’une résilience étonnante face aux chocs exogènes. La gestion remarquée de la pandémie de covid et la bonne prise en main du séisme survenu dans les environs de Marrakech sont les exemples les plus éclatants.

 

Pays dynamique

Sa diplomatie n’est pas en reste. La question du Sahara occidental, « la mère des batailles », continue à engran... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles