Abracadabrantesque, l’art politique qui éveille au sommeil

Habitués à l’abracadabrantesque, nous sommes plongés dans une torpeur dont nous sortons parfois pour nous révolter, sans effet.

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Abracadabrantesque, l’art politique qui éveille au sommeil

Publié le 8 mars 2014
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Les âneries politiques composant depuis des années notre quotidien médiatique, et leurs conséquences étant palpables au quotidien dans une économie morose approfondissant la crise d’une société à l’agonie, nous nous y sommes habitués.

Nous sommes habitués à la confusion permanente, le fouillis ministériel et les déclarations invraisemblables ; les hommes politiques ont inventé leur propre art : l’abracadabrantesque.

De façon surprenante, chaque nouvel ajout à l’empilement incohérent de mauvaises mesures ne provoque pas l’effondrement du tout. Il ajoute des complications de plus à des vies encombrées de superflu, des tracas administratifs supplémentaires à tout citoyen hors-la-loi ou dans-la-loi ; il empêche la création de nouveaux emplois, l’extension des possibilités de créer et consommer ; il réduit le pouvoir d’achat, augmente le temps nécessaire de travail pour nourrir une famille ; mais la vie suit son cours artificiellement sinueux, presque comme si de rien n’était.

Et nous ne nous en émouvons plus, parce qu’il serait bien difficile de savoir si la bêtise d’aujourd’hui est plus ou moins bête que celle d’hier. Nous constatons, impuissants, la nullité omniprésente chez les puissants. Nous sortons dans la rue parfois pour protester, sans effet, et crions notre indignation et nos questions, auxquelles aucune réponse n’est jamais apportée. Nous subissons.

Nous dormons, habitués à l’inquiétude qui nous envahit chaque fois qu’un ministre ouvre la bouche parce qu’il décrit mal un problème fictif et, surtout, propose d’y apporter une réponse de son crû. Nous rêvons à un monde meilleur qui se résume avant tout à être laissés tranquilles, et certains sont leurrés par la promesse d’une vie simplifiée par l’État. Nous faisons parfois des cauchemars, notamment celui de voir nos craintes d’un État obèse et trop gourmand se réaliser.

Nous nous endormons sur nos privations de liberté, n’ouvrons qu’un œil (et apparemment pas le bon) lors des scandales politiques multiples allant de l’achat de voix par des hommes politiques dont les organes de presse influents sont subventionnés aux coucheries présidentielles qui ne regarderaient que le président si sa concubine n’était pas assistée d’un staff aux frais du contribuable. Les malversations dans le cadre de contrats passés pour une taxe purement idéologique font à peine les gros titres, et les mêmes noms sans cesse évoqués n’en sont que rarement salis à jamais.

Et comment ne pas dormir si confortablement quand l’État décourage l’activité et encourage le manque de responsabilité, nous prend en charge du matin au soir de la vie, nous apprend à l’aimer à l’école et le servir ensuite, nous apprend qu’il faut voter pour renouveler les élus et pardonner leurs abus.

La démocratie, c’est l’alternance des affiches électorales qui cachent le mur.

Il faut accepter l’abus des élites, embrasser leurs frasques, aimer leurs compagnes tant qu’elles sont là et payer pour elles quand elles n’y sont plus.  Après tout, quelle alternative ? De notre torpeur, nous ne sortons que par sursauts, et sans effet. Nos révoltes, légitimes, ne trouvent que peu de moyens légaux pour apporter un réel changement.

Il faut accepter de réduire notre activité, pour réduire la part de notre production que l’État s’accapare ; quitter un pays qu’on aime, pour vivre dans un pays qui nous laisse vivre, et laisser derrière soi des proches ; lutter sans cesse contre la désinformation, la malinformation, et tirer soi-même ses propres analyses en débarrassant d’abord l’information qui nous est chaque jour servie de ce qui tient lieu, en France d’analyses journalistiques.

Il faut être citoyen, sans en avoir le choix, et accorder une caution démocratique, au racket de Google organisé par notre presse, et bientôt au racket de Netflix par le Cinéma Français. Le tout appuyé par des ministres, auxquels nous offrons par nos impôts moult avantages et une retraite dorée.

Il est parfois tentant de se plonger dans la torpeur ambiante, de renoncer à un combat déséquilibré, de refuser la guerre asymétrique qu’on nous oblige à mener. Mais ne rien faire contre ce qu’on juge mal est aussi coupable que ne pas faire le bien ; proposer un mode d’organisation qu’on sait plus juste et plus efficace n’a aucun intérêt si nous ne le voyons jamais appliqué.

L’avenir du pays et du monde sont entre nos mains. Nous pouvons changer le cours de l’histoire, nous devons le changer ; il ne faut pas baisser les bras. Luttons pied à pied, en apportant nos idées partout où elles ne sont pas encore, en luttant contre les mauvaises idées et les jugements préfabriqués et pré-mâchés partout où elles sont.

La liberté sera conquise autour d’une table, dans un café, sur les réseaux sociaux. Elle sera conquise dans les esprits qui auront compris la beauté des idées libérales, qui auront compris que la liberté permet à chacun d’exprimer son potentiel et son talent. Parlons de la liberté, faisons-la entrer dans le débat et y occuper la place qu’elle mérite : toute la place.

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  • La démocratie, c’est l’alternance des affiches électorales qui cachent le mur….. Jolie formule

  • Vous avez raison, mais la lutte est inégale. Bien sur que je vante les mérites du libéralisme et qu’il est important de se prendre en main. Non, je ne m’endors pas. Ce sont plutôt les cauchemars qui m’en empêchent. J’en arrive à penser que plus tôt arrivera le couperet de la dette à rembourser et de taux d’intérêts insupportables, mieux ce sera. Les dégâts cumulés du passé, qui vont en s’accélérant depuis 2 ans, verront un coup d’arrêt. Continuer à attendre ne fait qu’empirer la situation et les corrections inévitables n’en seront que plus amères. Et au lieu de nous parler des mesures énergiques à prendre concernant l’économie, l’insécurité, le chômage, la précarité de mes compatriotes français, on nous sert des affaires pseudo-judiciaires touchant le parti d’opposition et cela, à 15 jours d’une première échéance électorale… Que c’est beau la politique !

    • ça fait déjà des années que dans les commentaires de blogs ou sur les forums libéraux, on lit une impatience des commentateurs à voir se terminer (mal) le remboursement de la dette.
      On parle souvent de mur contre lequel la France va se fracasser ou de taux d’intèrêts insupportables qui vont forcément arriver prochainement et mettre le pays à genoux..
      Personnellement, je ne crois plus du tout en ce genre de prévisions.
      Tout continuera de la même façon, avec juste quelques corrections à la marge.

      • Que la cour des comptes (présidée par un socialiste), puis l’Europe nous rappellent que nous approchons d’un seuil critique ne vous gêne pas ? Tant qu’à faire, supprimons les impôts et finançons toutes nos dépenses par la dette, avec quelques corrections à la marge.

  • Cher Baptiste, j’apprécie beaucoup vos articles (ainsi que ceux de H16, très drôles).
    Pierre Boutang disait: « la Liberté, ce n’est ni le libéral, ni le libertin, ni le libertaire », et j’ajouterais –ni le libertarien–.
    Mais alors, qu’est-ce que la vraie liberté: une liberté POUR, et non une liberté DE.
    La FINALITE (le « ce en vue de quoi ») est absente de la pensée de puis Descartes.
    La vraie réponse: « la Vérité vous délivrera ».
    Par pitié, ne m’ objectez pas « mais qu’est-ce que la vérité? »: vous valez mieux que Ponce Pilate…

    • Hum, qu’est ce que la liberté pour vous jeune demoiselle ?

      Perso j’aime bien la version de Depardieu:
      – aujourd’hui la liberté est un luxe que l’on s’achète, c’est du temps libre.

      On peut la ressentir sur un voilier, perdu dans une montagne, perdu dans sa tête.

      Là ou je suis sur, c’est que c’est une vertu qui se gagne, qui se travail et qui peut coûter de l’argent si l’on veut concilier liberté et monde socialiste.

      C’est enfin un peu comme Dieu. Il faut accepter. Sinon la liberté ne sera jamais vérité, ni même réalité.

  • Un autre moyen de s’exprimer est de mettre des auto collants sur nos voitures – Auto-collant où chacun écrirait ce qui le « sature » le plus du genre  » marre des impôts, marre des socialos, marre des syndicats  » etc….Je crains que les plus demandeurs ne doivent envisager le 35t avec semi comme le fait en ce moment un camion avec sa semi remorque sur le périph (avec les « emmerdes » des forces policières encore et toujours aux ordres ..stupides) voir sur utube et puis cela permettrait un bon moyen d’échanges dans les embouteillages (après pour limiter les emmerdes policières bien vérifier ce que l’on peut écrire et ce qu’il faut éviter…

    • J’espère que votre voiture est déjà une épave et qu’elle décore juste votre jardin ou la rue dans laquelle vous habitez…
      On ne peut plus s’exprimer dans ce pays sans prendre le risque de déplaire au différents pouvoirs et d’en subir les conséquences : judiciaire, fiscale, sociale, etc…

  • Rêvons de débauche, de dépravation, de laisser aller. Donnons au léviathan toute la médiocrité humaine qu’il est possible de porter dignement. Devenons pauvre, sans objectifs autre que de ruiner tous les projets, un à un de nos élus ignobles.
    Osez n’etre plus qu’une chose dans une grotte, mais n’oubliez jamais, ô grand jamais votre objectif.

    Plus que tout, détachez toutes les perfusions étatiques, devenez libre et indépendant. Refusez la légitimité de l’Etat.

    • La liberté s’ accomode des contraintes de l’ Etat lorsque celles ci sont justes
      @ Julie écrit  » la Liberté avec le L , les autres avec la minuscule ……
      Ce qui est certain en effet Golum il vaut mieux avoir de l’ argent pour etre libre pas forcément beaucoup .

  • Cher auteur, je trouve votre article deprimant, a cause des verites qui y sont decrites bien sur.

    Si comme vous dites, « la liberte sera conquise autour d’une table, dans un cafe, sur les reseaux sociaux »…, je veux bien en accepter l’augure, mais je crois qu’il n’y a pas 36 solutions, mais 2 possibilites:

    Soit les francais sont definitivement resignes…auquel cas il n’y a plus rien a dire. Ni meme a ecrire d’ailleurs car leur destin est alors scelle me semble-t’il.

    Soit une colere generale arrive, facon tsunami, et renverse tout. De la tout peut sortir, le meilleur comme le pire. En esperant le meilleur, comme « apres la pluie le beau temps ». Mais bon….. soupir.

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