La montagne de cash

L’injection monétaire d’une banque centrale ne passe pas nécessairement par le panier de la ménagère et ne se traduit pas nécessairement par de l’inflation.

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La montagne de cash

Publié le 7 janvier 2014
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Par Guillaume Nicoulaud.

Liquidites dollars

L’injection massive de liquidités à laquelle nous avons assisté ces dernières années – la base monétaire du dollar, par exemple, est passée de 852 milliards le 10 septembre 2008 à 2,69 trillions au 1er janvier 2014 – ne semble avoir eu pour ainsi dire aucun effet sur l’indice des prix à la consommation – le Consumer Price Index (CPI) ne progresse que de 1,2% YoY en novembre.

De cette constatation, de nombreux observateurs déduisent que la théorie quantitative de la monnaie a cessé d’être une description satisfaisante de la réalité, qu’il est désormais possible d’accroître indéfiniment l’offre de monnaie sans que la valeur de cette dernière ne s’en trouve impactée. Une rapide mise au point s’impose.

Une croissance de la base monétaire ne se traduit pas nécessairement par une croissance de l’offre de monnaie.

La base monétaire est créée par les banques centrales. Elle est composée principalement de deux éléments : les pièces et billets en circulation dans l’économie auxquels s’ajoutent les réserves des banques auprès des banques centrales. Par offre de monnaie, on désigne un agrégat monétaire (M1, 2, 3) censé mesurer la quantité de monnaie effectivement en circulation dans l’économie. L’offre de monnaie est composée des pièces et billets en circulation ainsi que des dépôts issus des crédits accordés par le système bancaire.

La période récente est, à ce titre, particulièrement intéressante. En principe, lorsque la banque centrale crée de la base monétaire, les banques commerciales – ou banques de second rang – qui reçoivent cet argent sous forme de dépôts de leurs déposants en mettent de côté une part pour constituer des réserves (obligatoires à hauteur d’un minimum de 10% des dépôts aux États-Unis) et prêtent le solde à leurs clients à la recherche de financements. Ce faisant, elles créent de nouveaux dépôts qui permettent, à leur tour, de créer de nouveaux crédits et, de proche en proche, de démultiplier l’injection monétaire initiale.

Typiquement, on peut facilement démontrer qu’avec un ratio de réserves obligatoires de 10%, une injection de $100 de la Federal Reserve (monnaie centrale) permet au système bancaire de porter la masse monétaire, l’offre de monnaie totale, à un maximum de $1 000.

Encore faut-il, bien sûr, que les clients des banques souhaitent s’endetter et que ces dernières acceptent de prêter. Si tel n’est pas le cas, si entreprises et particuliers, craignant pour leur avenir, préfèrent stocker des liquidités sur leurs comptes plutôt que de s’endetter et si les banques, échaudées par quelques récents événements, se montrent volontiers plus prudentes qu’à l’accoutumée, il va de soi que ce phénomène multiplicateur ne fonctionne plus.

En de telles circonstances, et ce particulièrement si la banque centrale se pique de rémunérer les dépôts des banques commerciales, l’injection de base monétaire ne se transforme pas en crédits – et donc en nouveaux dépôts – mais en réserves des banques commerciales auprès de la banque centrale. C’est-à-dire que les banques, sitôt la base monétaire nouvelle créée reçue, s’empressent de la créditer sur leurs comptes ouverts chez le banquier des banquiers : la base monétaire augmente mais l’offre de monnaie, celle qui circule dans l’économie, reste (relativement) constante.

Et c’est précisément ce à quoi nous assistons depuis cinq ans. Sous l’effet, notamment, des rounds successifs de Quantitative Easings, la base monétaire du dollar a augmenté de $1,8 trillions mais, dans le même temps, les réserves des banques auprès de la Federal Reserve se sont accrues de $1,5 trillions dont 95% de réserves excédentaires, c’est-à-dire de réserves constituées par les banques de leur propre chef, sans aucune contrainte règlementaire. En d’autres termes, l’écrasante majorité (83%) de l’injection monétaire de la Fed ne circule pas dans l’économie et n’a, dès lors, aucune raison de provoquer la moindre forme d’inflation.

Une croissance de l’offre de monnaie ne passe pas nécessairement par le panier de la ménagère.

Pourtant, une part restreinte de l’injection monétaire de la Federal Reserve – probablement de l’ordre de 300 milliards de dollars tout de même – a bel et bien trouvé son chemin jusque dans l’économie et a donc contribué à gonfler les agrégats monétaires. Depuis le début de la crise, M2, par exemple, progresse de 9,1% par an contre 6% en moyenne entre mars 2000 (explosion de la bulle internet) et septembre 2008. Pourquoi cela ne crée-t-il pas d’inflation ?

Il n’y a, là encore, aucun mystère : il suffit de considérer la nature de l’outil qui nous permet de mesurer l’inflation par la hausse généralisée des prix, les fameux indices des prix à la consommation et, dans le cas étasunien, l’indice CPI (headline ou core). Ce que ces indices cherchent à faire, c’est mesurer le prix moyen pondéré des biens qui composent le panier de la ménagère dans le temps et donc, par déduction, le rythme de dépréciation de la monnaie.

Or, il y a là un présupposé qui veut qu’une augmentation de l’offre de monnaie se traduise, par un moyen ou un autre, par un accroissement de la quantité de monnaie dont dispose la ménagère. En effet, pour que la valeur relative du kilo de carottes par rapport aux dollars se trouve modifiée par une augmentation de l’offre de dollars, il faut nécessairement que ce gonflement de la masse monétaire atteigne le marché où l’on échange des kilos de carottes contre des dollars – c’est-à-dire les poches de la ménagère, puis celles du maraicher.

Mais l’histoire récente prouve – si besoin en était – que ce n’est pas nécessairement le cas. Typiquement, de 2003 à 2007, les injections monétaires de la Fed, dûment aiguillées par la règlementation étasunienne, ont essentiellement alimenté les crédits immobiliers de telle sorte que ce n’est pas le prix des carottes qui a monté mais celui des biens immobiliers. C’est ce que nous appelons une bulle.

Une « bulle spéculative » n’est jamais rien d’autre que de l’inflation à ceci près que, ne passant jamais par les poches de notre ménagère, cet accroissement de la masse monétaire ne se traduit pas par une hausse du CPI mais par une envolée des prix d’autres actifs, le type d’actifs qu’achètent ceux qui bénéficient encore de la capacité de crédit d’une économie étouffée par le poids des taxes et des règlementations ; typiquement des actifs financiers.

Pour résumer : il y a, là-dehors, une gigantesque montagne de cash qui n’attend que quelques signes positifs pour se transformer en crédits et qui, au regard de l’état de nos économies occidentales, a toutes les chances d’alimenter la plus spectaculaire des bulles jamais observées.


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  • je suis d accord avec vous sur le fait que l argent cree par la fed est reste pour parti dans les banques, d autres que vous le disent comme olivier delamarche, et que cet argent a alimente pour le reste la hausse des bourses et l immobilier. j aimerais quand meme indiquer qu en partant du principe que l inflation est de 1.2%, on part sur de mauvaises bases, en effet si on utilisait les memes methodes de calcul que dans les annees 80, l inflation reelle est de 9%, bien loin des 1.2%. de plus, l immobilier n est pas prise en compte dans l inflation et pourtant elle impacte fortement les menages, la fed a deja fait cette erreur en baissant ses taux sans se rendre compte de la bulle sur l immobilier qu elle creee.

  • Excellent article, comme d’habitude!

    Un point cependant, qu’il faudrait rappeler: à masse monétaire constante, les prix devraient diminuer (innovation, tout ça…), toutes choses égales par ailleurs, et donc l’indice des prix devrait être en baisse perpétuelle. Par conséquent, quand on parle d’une « inflation » (des prix) de 1 ou 2%, l’inflation (des prix) « réelle » est double!

  • Effectivement il faut revoir la « mesure » de l’évolution des prix.
    Voir aussi l’article de Steve Hanke pour un autre angle: http://www.contrepoints.org/2013/12/02/148431-sortie-de-crise-les-etats-unis-et-leurope-victimes-dune-politique-monetaire-schizophrenique

  • « a toutes les chances d’alimenter la plus spectaculaire des bulles jamais observées. »

    D’accord, en fait, c’est la question que j’allais poser: en cas de regain de notre économie et de relance des crédits, cette somme d’argent dormant ne risque-t’elle pas de nous péter à la g*eule, pardonnez l’expression, avec une inflation violente et incontrôlée?

    Visiblement, c’est oui.

    • Et cela risque auss de faire exploser le Bitcoin.

    •  » cela peut nous peter à la gueule  »

      personne n’a prevu l’hyperinflation de 23 en allemagne, qui n’était pourtant pas le botswana.
      il y a également peut d’explications rationnelles: il me semble avoir lu que l’élément déclencheur aurait été la sortie brutal des bas de laine, de monnaie métalique qui avait été thésorisé pendant la guerre pour eviter les réquisitions inévitables dans ce genre de conflit ?

      • Pas vraiment. Si j’en crois l’explication de la page Wikipedia en anglais, qui me paraît autrement plus crédible que son alter-ego francophone (pour changer…), l’hyper-inflation de la république de Weimar s’explique assez facilement:
        – Au départ était la dette. La dette de guerre allemande envers les pays vainqueurs
        – Cette dette devait être remboursée aux vainqueurs soit en or, soit en devise étrangère
        – Le gouvernement étant rapidement arrivé à cours de réserves d’or, il a cherché à acheter de la devise étrangère en deutschemark, ce qui a logiquement fait baisser sa valeur, et donc augmenté la quantité de deutschemarks requise pour acheter de la devise étrangère (cercle vicieux – étape 1)
        – Les coûts opérationnels du gouvernement, comme les autres coûts, se sont donc mis à augmenter, ce qui a provoqué un déficit important
        – La « solution » trouvée par le gouvernement pour combler le déficit fut de faire tourner la planche à billets (et y’en a toujours qui prônent cette solution…)
        – Les allemands voyant la valeur de leur monnaie diminuer se sont mis à la dépenser aussi vite que possible. D’où augmentation de la « vélocité » de la monnaie, d’où inflation des prix, d’où volonté des allemands de se débarrasser de la monnaie aussi vite que possible, d’où… (cercle vicieux – étape 2)

        Le gouvernement avait le choix soit de stopper l’inflation, mais cela aurait conduit à des banqueroutes, des licenciements, voire au bout du compte une insurrection et une révolution, soit de faire défaut sur la dette auprès de débiteurs étrangers, avec les conséquences économiques et géo-politiques que cela pouvait avoir.
        Bref, il a voulu éviter les deux, il a eu les deux. Classique.

  • 2 choses:
    – l’inflation américaine est exportée dans le reste du monde, c’est un sacré avantage sur le court terme, et permet à Bernanke de partir satisfait de son bilan, alors qu’il n’a fait qu’un gigantesque shoot monétaire.
    – les bourses flambent dans le monde entier, les économies ne suivent pas cette euphorie, qui n’est basée sur aucune rupture technologique ou gain de productivité particulier…

  • Merci pour ces explications.

  • Il me semble que le risque de faillite bancaire est échangé contre la certitude d’une bulle/inflation en cas de reprise.

    • C’est à dire que le risque de faillites bancaires est, comme l’inflation, différé. Et devinez quoi? C’est les marché qui seront accusés quand tout ceci va se casser la gueule, et pas la banque centrale, pourtant totallement responsable, et encore moins les politiques.

  • Deux question:

    1°pourquoi analyser le bilan de la FED et pas celui de la BCE
    dans la mesure ou certaines différences capitales se dessinent entre les deux:

    a- différences en terme de croissance PIB réelle
    b- différences en terme de taille de bilan/PIB
    c- différences en terme de règlementation bancaire (Quid de la nouvelle règle Volker?)

    sans parler de différences même au niveau de l’austérité budgétaire

    2°Pourquoi le point de vue monétariste (Friedmann Greenspan, Volker sous Reagan par ex ou ici: Chevallier.biz) est il critique de l’Europe tout en approuvant théoriquement l’action de la Fed (sans se faire d’illusion sur ce que cet avantage comparatif aura comme conséquences sur notre compétitivité Européenne)?

    • « 2°Pourquoi le point de vue monétariste (Friedmann Greenspan, Volker sous Reagan par ex ou ici: Chevallier.biz) est il critique de l’Europe tout en approuvant théoriquement l’action de la Fed »

      Parce qu’il ne l’approuve pas. Le monétarisme prône une inflation faible, cohérente avec la hausse de production. On peut être d’accord ou pas, on en ait très loin, que se soit aux US, ou en Europe.

      • Sans doute, mais les arguments sur Chevallier.biz semblent prendre plus de recul par rapport à notre propre situation. Il fait la différence de création monétaire pour chaque agrégat, et conclut qu’en Europe elle expolse en M1 surtout (représentait « 56,7 % du PIB annuel contre 15 % aux Etats-Unis ») ce qui est accumulation donc d’effets négatifs ET d’inefficience (en terme de PIB)!
        Par contre la trésorerie des entreprises M3-M2 ne représente plus que 6,9% en Europe contre 29% du PIB aux US!

        Le fait que Chevallier ait été condamné par l’AMF à une amende pour avoir dénoncé le facelifting du bilan de la générale sur son blog en 2012 devrait nous le rendre d’autant plus valeureux.

  • J’ai de plus en plus de mal à suivre.
    Au départ, ça me semblait simple : j’avais compris qu’il y avait deux flux égaux et opposés
    Fed public (banques etc.) US gov
    dollar imprimés dans le sens -> contre T-bonds dans le sens <- . La Fed accumulait les T-bonds et l'US gov dépensait les dollars. qui aurait du se retrouver dans la nature et nourrir l'inflation
    Patatras : voilà qu'il apparait que les dollars que la fed donne aux banques, elles les lui rendent aussi sec. Ces dollars ne vont pas jusqu'à l'US gov. US gov qui pourtant reçoit bel et bien des dollars en échange des T-bonds (et les dépense …). Alors d'où viennent les dollars que l'US gov reçoit et dépense ???
    La seule explication c'est qu'ils proviennent d'une épargne énorme pré-éxistante, dans le public, convertie en dépenses gouvernementales non inflationnistes (???). Mais ça n'explique pas tout et je ne pige plus du tout les flux. Il faut qu'on m'explique, je crois qu'il me manque des éléments pour comprendre tout seul.

    Résumons.
    Situation initiale que je ne perçois pas bien. opération mystérieuse, incluant le fait que la fed émet des dollars et l'US gov émet des T bonds (mais il se passe d’autres trucs inconnus de moi).
    situation finale : la fed retrouve dans son coffre les T bonds (ils sont à elle), ET les dollars qu'elle a émis mais sous forme de prêt (ces dollars ne sont pas à elle). l'US gov a dépensé les dollars

    Pourtant le simple fait que l'US gov a bel et bien dépensé les dollars est facteur de hausse des prix (improprement appelé "inflation"). Si il n'y en a pas c'est qu'il y a parallèlement des éléments opposés ( "déflationnistes") : le secteur privé n'a pas dépensé ces mêmes dollars (il les a épargné et déposé à la Fed). Il pourrait le faire, sauf qu'il semble que l'équivalence ricardienne a frappé.

    • « Alors d’où viennent les dollars que l’US gov reçoit et dépense ??? » : de l’activité économique privée. C’est d’ailleurs ce qui explique l’atonie de cette dernière, si on corrige le PIB des scories publiques qui ne devraient pas y être incluses. Le déficit public agit comme un impôt ; sous l’effet de la répression financière, c’est un détournement massif des richesses privées au profit des hommes de l’Etat et de leur politique.

      A terme, deux hypothèses. Soit la Fed relâche l’argent imprimé dans l’économie et il y aura une bonne grosse inflation : ici, on peut dire que la Fed stocke actuellement de l’inflation pour plus tard. Soit la Fed détruit l’argent imprimé et on aura une bonne grosse récession : là, on peut dire que la Fed stocke actuellement de la dépression pour l’avenir.

      Le pari des obsédés de l’imprimante centraux est de temporiser, le temps que la croissance redevienne suffisamment élevée pour couvrir à l’avenir l’inflation ou la dépression, ou plus sûrement un mix des deux, ni vues ni connues, noyées dans la masse. Mais c’est évidemment un pari qui est en lui-même générateur de faible croissance, sinon de crise, car qui va prendre le risque insensé d’investir à LT en sachant que l’avenir de l’économie dépend presque exclusivement des désirs imprévisibles et incontrôlables des quelques individus possédant l’imprimante ?

      A noter enfin que, contrairement à ceux de la Fed, de la BoJ ou de la BoE, le bilan de la BCE est en phase de réduction.

    • Il faut creuser.

      http://tinyurl.com/pfexdls

      D’abord, le bilan de la FED à fin décembre, montre sur un an des achats :

      -de treasuries pour 500 milliards
      -de Mortgage-backed securities pour 500 milliards

      !! Autant pour les guignols qui nous disent que tout ceci est virtuel.
      Car enfin, c’est quoi les MBS ? Souvenons-nous… les fameux subprime !

      Et là, Chevalier subitement perd tout sens commun. En clair, la FED achète au banques à PRIX NOMINAL des paquets de dettes pourries (immobilier, mais également prêts étudiants [dont une grande partie sont en défaut, selon les stats officielles] et prêts automobiles)…

      C’est pas du stealth bailout ça hein ? Du secteur privé ? !

      En clair, j’ai un MBS saucissonné avec du prêt étudiant bien pourri dedans (les mecs ne rembourseront jamais). J’en ai pour 10 milliards, valeur comptable, faciale. Je vais à la FED, qui bien gentiment me les achète… comptant.

      Avec ces 10 milliards de vrai cash je peux ensuite leverager, spéculer… Tout roule. Je nettoie mon bilan, je me refais, et en plus j’augmente mes profits.

      Et le guignol Chevalier d’asséner : « les banques US sont saines ». Tu parles Charles.

      -quant aux bons du trésor US, là encore, inutile de s’étendre. Le gouvernement US dépense ce pognon. Il est donc bien réel (salaires de fonctionnaires, achats, etc.)

      Voilà pour la partie la plus visible de l’iceberg…

      Ensuite, les guignols continuent de nous assommer : « oui mais en fait , l’argent que la FED prête aux banques… ne va pas dans l’économie réelle (on vient de voir que c’est faux, de manière directe, pour 1000 milliards PAR AN), « car le fric revient en réserves à la FED ».

      Ah les « réserves ».

      C’est beau comme une crèche.

      C’est marrant, c’est une simple ligne, un simple compte sur un bilan, au passif.

      Mais là encore il faut creuser.

      Sur le bilan de la FED, au passif, on voit donc « Other deposits held by depository institutions », pour 2400 milliards, une hausse de 980 milliards en un an.

      Mais c’est quoi au juste ? Google nous dit : « This account reflects the balances in the accounts that depository institutions have with the Federal Reserve Banks. These balances include reserve balances and service-related balances. ».

      Hum… il y a donc les « réserves »…. mais en plus des « service-related »… Tiens, tiens. C’est quoi ?

      On ne sait pas vraiment :
      « You want to know what « services-related balances » are ? Don’t ask. »
      http://tinyurl.com/q59lwg7

      Et certains accusent carrément la FED de maquiller les chiffres.
      http://tinyurl.com/n98xdo7
      Phrase choc : « Never before in accounting history, has so much money been explained by so few words.  »

      En effet.

      Voilà.

      La FED, le gouvernement US, enfument la planète entière (comme les autres banques centrales).

      Car enfin, il suffit d’appliquer un « acid test » : si tout le fric que la FED « prête » aux banques privées… revient dans les comptes de la FED en « réserves »… à quoi bon continuer ?

      Pourquoi Bernanke a t il continué la même politique, depuis 2008 ?

      Certains disent : « il est obstiné », voir « il est crétin, il refait la même chose tout en espérant à chaque fois un résultat différent ».

      Tout faux.

      Il y a une autre interprétation : la FED agit de cette manière, de manière renouvellée, pour inonder réellement les banques de dollars, qui sont utilisés REELLEMENT… et elle enfume les gens comme Chevalier (et beaucoup d’autres) avec… une petite ligne dans un compte au passif pour effacer ses crimes.

      • Ca fait sens. Une simple arnaque sur des montants encore jamais vu.

        Quoiqu’on en dise, je ne pense pas qu’il soit possible de créer de l’argent sans que celui-ci se retrouve à un moment ou à un autre à circuler dans l’économie.

        Quand celui-ci (la part qui est encore « dormante ») va commencer à bouger, ça va faire très mal.

        Quleque chose me dit que l’ablation de ces métastases monétaires va s’avérer difficile et douloureuse, surtout pour le contribuable et le consommateur.

        • Non, prétendre que la Fed « enfume tout le monde » ne fait pas sens puisque christophe lui-même est capable de comprendre une partie du mécanisme ;).

      • Christophe, le propos est plutôt cohérent mais je crois qu’il est nécessaire de creuser un peu plus…

        Actuellement la FED apporte peu de liquidités aux banques commerciales US, c’est l’inverse qui se produit !

        Si vous prenez le bilan des banques commerciales US, on remarque au passif que :
        http://www.federalreserve.gov/releases/h8/current/#fn18
        – les dépôts augmentent : +600Bn$ (certains agents, entreprises notamment, augmentent leur niveau d’épargne pour pallier leurs incertitudes économiques ou car ils jugent ne pas avoir d’opportunités d’investissement suffisamment rentables pour couvrir le risque encouru)
        – les flux de dollars reçu des succursales étrangères augmentent : +500Bn$ (absence relative d’opportunités d’investissement satisfaisantes pour les banques sur les marchés étrangers et/ou pas suffisamment de Fonds Propres pour intervenir conformément aux exigences réglementaires)

        Qu’est-ce que ça donne à l’actif ?
        – Ce double phénomène se traduit par un afflux de cash. Comme la banque fait face aux mêmes exigences réglementaires sur son marché intérieur, le cash n’est pas transformé en prêt à l’économie mais est placé en réserve auprès de la banque centrale. Pour maximiser sa liquidité (et pour que cette ligne reste assimilable à du cash), une banque place ces fonds n’ont pas en « dépôt à termes » mais en « dépôts courant » (d’où le si mystérieux « OTHER deposits held by depositary institutions » au bilan de la FED…).

        Qu’est ce qui se passe chez la FED ? http://www.federalreserve.gov/monetarypolicy/files/quarterly_balance_sheet_developments_report_201311.pdf
        – La FED reçoit ces dépôts de la part des banques (+1000bn$ en 2013), ce qui nous donne la susnommée créance au passif et parallèlement un afflux de cash à l’actif. QE oblige, ce cash sert à acheter des Treasuries (+470n$) et des MBS (+570Bn$) sur le marché secondaire…

        Le marché secondaire c’est qui ?
        http://www.federalreserve.gov/pubs/feds/2013/201332/201332pap.pdf
        – La FED n’achète pas ces actifs aux banques ! La FED achète très majoritairement ses actifs aux Fonds de Pension et aux Assureurs…

        Pourquoi fait-elle cela ?
        – Elle achète des Treasuries pour maintenir l’appétit des investisseurs sur le marché primaire et compresser les taux à la baisse afin de permettre à son copain Barack de pouvoir paisiblement continuer à financer ses déficits récurrents (c’est moche…)
        – Elle achète des MBS (plus très liquides et assez décotés) pour que les vendeurs institutionnels aillent réallouer ces fonds sur d’autres sous-jacents… en pratique l’immobilier, les corporate bonds et les actions.

        Est-ce une bonne chose ?
        A toutes fins utiles, petit rappel théorique : MV = QP (masse monaie*velocité = qté*prix)
        Depuis 2008, l’atonie du marché interbancaire et le manque de liquidité de certains actifs a très significativement érodé la vélocité de la monnaie, ce qui induit par nature des tensions déflationnistes.
        Pour lutter contre ces tensions déflationnistes, 2 possibilités :
        – Augmenter la quantité de monnaie en circulation. Ça se fait par le crédit et à l’initiative des banques commerciales, les taux sont à zéro mais ça marche pas (ou peu) parce que la réglementation impose des FP aux banques pour faire des nouveaux crédits et elles en ont pas des masses.
        – Accroitre la vélocité de la monnaie. C’est ce que fait astucieusement la BCE en réinjectant dans l’économie la trésorerie que les banques immobilisent notamment pour des raisons réglementaires.
        Deux problèmes cependant :
        – Un fléchage qui maintien une incitation au penchant dispendieux de l’état
        – Des soldes de « monnaie banque centrale » que les banques commerciales pourraient transformer en crédit (et donc en vraie cash, et donc en vrai inflation) si le robinet du crédit venait à s’ouvrir soudainement. Mais bon… la FED pourra toujours spolier les banques commerciales (et leur déposant) des montants qui lui ont été confiés.

        Je suis conscient que toutes les données utilisées sont publiées par la FED, mais j’ai rien d’autre !

        • « Actuellement la FED apporte peu de liquidités aux banques commerciales US, c’est l’inverse qui se produit ! »

          Je ne suis pas d’accord.

          Avec votre présentation, finalement le QE ne serait qu’un aimable recyclage d’argent… confié à la FED par les banques.

          Le QE repose bel et bien sur la création, électronique, d’argent.

          J’en veux pour preuve l’ingénue BOE qui explique tout sur son site web, avec une belle animation.

          http://www.bankofengland.co.uk/education/Pages/inflation/qe/video.aspx

          « New money that the bank creates electronically ».

          Il est dangereux de tenter de brouiller les pistes en jouant à l’oeuf ou la poule.

          La FED imprime. C’est l’essence même du QE.

          Autre argument : si finalement le bilan de la FED ne reflétait au fond que le formidable accroissement des profits des banques, ces banques confiant leur trop-plein de cash en réserves à la FED… Comment expliquer un tel graphique ?

          http://research.stlouisfed.org/fred2/series/WALCL

          Extraordinaire ! Les banques US auraient ainsi trouvé une sorte de pierre philosophale, juste après 2008. 😉

          Ce n’est qu’une demi plaisanterie : elles ont en effet trouvé l’équivalent de l’elixir de jouvence, avec la complicité de la FED ! Elles auraient dû périr… on les a ramenées d’entre les morts.

          Enfin, le problème n’est pas technique. Il est philosophique.

          Une équation décrivant la vélocité de la monnaie est le meilleur moyen pour noyer le poisson.

          Pourquoi la FED devrait elle combattre les »tendances déflationnistes » ?

          -quand votre chien a la rage, vous l’abattez. C’est déflationniste.
          -quand vous licenciez un mauvais employé, c’est déflationniste.
          -quand vous gérez très mal votre PME, vous déposez le bilan. C’est déflationniste.

          … mais quand une banque doit faire faillite, parce qu’elle a pris trop de risques, parce qu’elle a fait n’importe quoi… halte… là on ne joue plus. On emballe le tout avec un ruban « too big to fail », et on déclare la « tendance déflationniste » ennemi public numéro 1, et on confie à la FED la mission de sauver la banque.

          Voilà le problème philosophique.

          Qui décide ? Qui choisit les noms ? Pourquoi Bear Stern et Lehman… mais pas JP Morgan ?

          C’est le début de la tyrannie, du copinage, l’avènement d’une oligarchie, qui défend les siens comme les mafieux.

          La déflation c’est la vie. C’est l’incendie qui éclaircit la forêt pour permettre aux arbres survivants de mieux croître.

          Les banques centrales ont procédé à un véritable coup d’état, une prise de pouvoir à partir de 2008.

          Elles tordent, manipulent, mentent, violent les lois interviennent partout, avec une seule obsession : lutter contre l’entropie, et tuer la destruction créatrice (« la déflation »).

          C’est un combat, paradoxalement, mortifère.

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Inflation et plus-value dans l’immobilier

En règle générale, les calculs du prix de l’immobilier publiés dans les journaux et revues, ou cités sur les sites internet ou les chaînes de radio-télévision sont effectués sans tenir compte de l’inflation. Les interprétations des résultats qu’ils présentent n’ont guère de sens.

La hausse des prix de l’immobilier est de toute évidence incontestable, mais il est nécessaire de rétablir une mesure rationnelle et réaliste de cette augmentation.

Cette mesure est déduite de deux indices défin... Poursuivre la lecture

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Un article de Ryan McMaken

Selon l'indice Case-Shiller, les prix des logements ont augmenté de 44 % depuis février 2020. Il ne s'agit bien sûr que d'une moyenne, et certains marchés ont connu des augmentations de prix bien plus importantes. Toutefois, même sur les marchés immobiliers de l'Amérique moyenne, où les prix sont censés être plus raisonnables que sur les côtes, les prix ont grimpé en flèche.

À Cleveland, par exemple, l'indice a augmenté de 40 % depuis le début de 2020. Au cours de la même période, l'indice a augmenté ... Poursuivre la lecture

Un article de Daniel Lacalle.

Le trou fiscal et monétaire monumental que les péronistes Sergio Massa et Alberto Fernández ont laissé à Javier Milei est difficile à reproduire. L'ex-président Mauricio Macri lui-même a expliqué que l'héritage reçu par Milei est "pire" que celui qu'il avait reçu de Cristina Fernández de Kirchner.

Le péronisme laisse un pays en ruine et une énorme bombe à retardement pour la prochaine administration.

 

Un pays en ruine et une situation économique désastreuse

Les énormes problèmes ... Poursuivre la lecture

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