Emploi et charges : la logique économique à rebours de l’Énarchie

En bon énarque, François Hollande n’a toujours pas compris que les entreprises n’embauchent pas « en contrepartie » d’une aide étatique.

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Emploi et charges : la logique économique à rebours de l’Énarchie

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 janvier 2014
- A +

Par Nicolas Nilsen.

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Dans ses vœux aux Français, François Hollande a enchaîné plusieurs phrases sur lesquelles j’aimerais revenir un instant, car elles montrent qu’il n’a toujours pas bien compris les mécanismes économiques de base du fonctionnement d’une entreprise ou les lois de la concurrence sur les marchés.

Découvrant manifestement sa pensée sur un téléprompteur, il a dit successivement :

« Les impôts sont devenus lourds, trop lourds, à force de s’accumuler depuis de nombreuses années […] En 2013, le chômage est resté à un niveau encore élevé. »

Avant d’ajouter : « C’est pourquoi je propose un pacte de responsabilité aux entreprises… » (moins de charges sur le travail, moins de contraintes et, « en contrepartie », plus d’embauches).

C’est toujours la même pensée chez un énarque qui n’a jamais mis les pieds dans une entreprise : son idéologie anticapitaliste lui fait bien sentir qu’il y a quelque chose qui cloche (on assomme les entreprises de charges et – tiens, comme c’est bizarre – ça crée du chômage)…

Mais alors que vous et moi nous dirions immédiatement : alors baissons les charges et les contraintes, un énarque se contorsionne le cerveau, invente un dispositif ingénieux et pense : « continuons à assommer les entreprises MAIS mettons en place une usine à gaz liant la baisse des charges au volume d’embauches. « En contrepartie » de quoi ces foutues entreprises vont finir par embaucher ! »

 

La pensée de la contrepartie

Les entreprises n’embauchent pas parce qu’elles attendent que l’État leur donne un petit su-sucre d’aide. Elles embauchent quand elles ont des produits qui se vendent à des coûts compétitifs sur des marchés très concurrentiels. Quand elles ont une visibilité à moyen terme sur la fiscalité qui leur tombera dessus. Elles n’embauchent pas pour faire plaisir à un président qui veut infléchir les courbes du chômage ou remonter dans les sondages. Les entreprises embauchent quand elles voient qu’un marché s’ouvre, qu’il y a des perspectives de croissance, ce qui va leur permettre de se développer, de vendre davantage et de distribuer plus de richesse à leurs salariés…

Aucune entreprise n’embauche en contrepartie de quelque chose, que ce soit une réduction de la paperasse ou une baisse des cotisations.

On l’avait d’ailleurs déjà vérifié avec le CICE (le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) qui équivalait, lui aussi, à une baisse de cotisations sociales en contrepartie d’embauches. Tous ces trucs ne sont d’ailleurs pas gratuits : le CICE était financé — nous affirmait l’État — « pour moitié par des économies en dépenses qui devaient résulter de la modernisation de l’action publique » (réductions qui ne seront évidemment jamais faites) « et pour moitié par des recettes nouvelles » ! Donc encore des usines à gaz coûteuses qui ne créent pas d’emploi.

Qu’ils laissent donc les entrepreneurs entreprendre ! Il faudrait juste que l’État arrête enfin de vouloir tout piloter ! Je vous ai fait un petit dessin qu’ils auraient dû mettre sur le téléprompteur :

Dans un système de libre entreprise, les chefs d’entreprise doivent calculer précisément le prix de vente de leurs produits et services, pour pouvoir les mettre sur le marché à des prix compétitifs, dégager un excédent commercial, augmenter la richesse nationale, embaucher des salariés… Quand elles ne croulent pas sous les charges, les entreprises françaises peuvent se battre à armes égales avec leurs concurrentes étrangères et affronter la concurrence qui fait rage sur les marchés internationaux. Pendant des décennies, ce système a marché, produit de la richesse et permis de créer des emplois.

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Dans un système interventionniste, l’État sait tout mieux que tout le monde. Du haut de leurs bureaux parisiens, des ministres multiplient les impôts et disent aux entreprises ce qu’elles doivent faire, produire, vendre, quand et comment elles doivent embaucher, le montant des salaires ou du Smic, la durée du travail, le montant de leur rémunération etc.

Les chefs d’entreprise — qui n’ont pas fait l’ENA — ne savent évidemment pas ce que savent les Montebourg, les Ségolène Royal, les Fleur Pellerin… Ils essayent juste d’épargner Pôle emploi à leurs salariés, survivre à l’accroissement permanent des charges et des taxes, aux changements incessants des règles fiscales, à la multiplication des formalités, à la complexité cauchemardesque du Code du Travail ou à l’inflation des types de contrats de travail imaginés dans les bureaux ministériels… Le résultat est simple : plus de 5,8 millions de chômeurs. Relisez ici les deux phrases que F. Hollande découvrait sur son téléprompteur. Et essayez de comprendre ce que lui n’a toujours pas compris !

« Les impôts sont devenus lourds, trop lourds, à force de s’accumuler depuis de nombreuses années. En 2013, le chômage est resté à un niveau encore élevé. »

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Comment se décomposent les chiffres officiels de novembre 2013 : 3 293 000 chômeurs de catégorie A. Chiffre auquel il faut ajouter les 1 583 100 chômeurs de catégories B et C : soit un nouveau total de 4 876 100 chômeurs (catégories A, B et C métropole). Chiffre auquel il faut encore ajouter les DOM, soit un nouveau total de 5 174 300 chômeurs de catégories A, B, C — chiffre auquel il faut encore ajouter 659 900 chômeurs de catégorie D et E pour la seule France métropolitaine (ils ne donnent pas les chiffres avec les DOM)… ce qui fait un total de plus de 5,8 millions de chômeurs (chiffre dont le gouvernement ne parle jamais, se contentant de nous parler de la seule catégorie A).


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  • Justement il faudrait commencer par les allocations chômage. La France est le seul pays européen où ces allocations ne diminuent pas progressivement avec le temps.

    Dans le bâtiment, c’est une pratique courante de travailler seulement une partie de l’année, pour ensuite toucher les aides de l’État. Et il y en a qui continuent à travailler au black.

    • on va bientot vous appeler les intermitents du batiments !

    • Ce mécanisme c’est surtout de la subvention salarial. C’est pour ça que l’état ne fait rien. Attendez vous à ce que les salaires grimpe une fois ce machin retiré.

    • Bah, en même temps, si tout le monde percevait son salaire complet, il gérerait ses revenus selon son bon vouloir. Certains travailleraient 12 mois sur 12, d’autres 11, d’autres 9 ou 6, sans que ça coûte rien a des organismes mal gérés, et surtout, les salaires seraient meilleurs, puisque complets!

      En fait, quand on travaille dans des métiers durs, qui vous harassent, on n’a qu’une envie, c’est souffler de temps en temps! Comment le faire, si on veut travailler seulement 3 semaines/mois par exemple quand on travaille dur? sinon « profiter du système?  »

      Profiter des allocations, ce n’est rien d’autre que souffler, se relaxer, dormir, payer moins cher beaucoup de choses utiles (loisirs, transports en communs) aller au ciné ou au restau, ce que parfois on n’a pas le luxe de faire quand on fait un métier trop prenant/mal payant!

      Avec le salaire complet, on disposerait de plus d’argent, on pourrait souffler sans avoir à tricher/mentir

  • Bernard Martinot (l’auteur de  » Chômage : inverser la courbe ») a déclaré chez Yves Calvi que de nombreuses entreprises sont actuellement en situation de fort sureffectif. Un sureffectif qui serait dû au fait que les patrons limitent déjà leur volume de licenciement, et ce de leur propre initiative, sans incitation de l’état… sans « pacte ».

    Il a poursuivi en évoquant le risque majeur d’un « effet chasse d’eau » imminent : le jour où cette position ne sera plus tenable on risque de voir déferler du monde chez popol emploi.

    Le plus intéressant fut la réaction de Thierry Pech, pourtant un des fondateurs de Terra Nova, présent à la même émission : selon lui, l’hypothèse était largement crédible, voire très probable. Ce consensus m’avait étonné.

  • « Dans un système de libre entreprise […] Pendant des décennies, ce système a marché, produit de la richesse et permis de créer des emplois. »
    De quel pays parlez vous? La France n’a jamais été comme ça!
    Il est pays inutile de rappeler que c’est à la demande des syndicats(patronaux/salariaux) que ce fera cet négociation.

  • II a été souvent dit que François Hollande avait pendant de nombreuses années enseigné l’économie( il me semble que c’était à Sciences Po. Mais il faudrait vérifier)
    Il doit donc exister des traces, des polycopiés, des supports de TD.
    Il serait probablement fort instructif de relire ces documents.
    Pourriez vous me dire où il serait possible de les consulter.
    Merci d’avance

  • Mollande raisonne comme Naboléon sur la TVA dans la restauration : on baisse le taux et vous, entreprises, baissez vos prix. Résultat : les prix n’ont pas baissé ou si peu. Pourquoi ? Parce que les entreprises préfèrent augmenter leurs marges pour mieux rémunérer le risque, augmenter les salaires voire embaucher, et investir. Un raisonnement qui n’atteint jamais le cerveau des débiles de l’ENA.

    • Arrêtons de les prendre pour ce qu’ils ne sont pas.
      Simplement, ils ont une stratégie qui poursuit leurs propres intérêts, qui ne sont bien évidemment pas les nôtres.

  • Ah mon bon monsieur Nilsen, que de salive et d’encre dépensées en pure perte pour analyser les cervelles formatées des énarques…. Ces Messieurs et Dames sont devenus une caste de théoriciens, des abstractions faites hommes; ils passent leur temps (hélas bien trop bien payé) à trouver des solutions purement bureaucratiques afin de traiter des problèmes dont ils sont eux-mêmes responsables par leur action nuisible antérieure.

    Pourquoi se fatiguer à expliquer à ces gens quoi que ce soit; comme de parfaits énarques leurs circuit neuronaux sont coulés dans le béton, absolument irrécupérables.

    De Gaulle, soliloquait « vaste programme » à la vue un manifestant brandissant une pancarte libellée « Morts aux cons ».

    Comme chacun de nous est le con de quelqu’un, essayons de nous limiter aux cons essentiels, aux cons absolus, au cons keynésiens, bref aux énarques…. Les virer et supprimer leur école de merde est l’enjeu de ce début de siècle (hélas déjà bien entamé).

  • Les commentaires sont fermés.

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