Mais oui, mais oui, l’école est finie !

Les écoles actuelles sont des reliquats d’un monde passé, dominé par le taylorisme. Il est temps qu’elles s’adaptent au nouveau monde qui est le nôtre.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Salle de classe en France (Crédits : Marianna, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mais oui, mais oui, l’école est finie !

Publié le 28 décembre 2013
- A +

Par Daniel H. Pink, depuis les États-Unis.
Un article de Reason.

Salle de classe en France (Crédits : Marianna, licence Creative Commons)Voici une énigme de l’économie contemporaine : à chaque fois que l’on soumet les étudiants du monde entier à un de ces tests qui mesurent quel est le pays où les enfants en savent le plus, les jeunes américains sont invariablement classés tout en bas. Quel que soit le sujet, lorsque les classements internationaux sont publiés, les pays européens et asiatiques finissent premiers tandis que les États-Unis ferment la marche. Nous le savons tous, ceci n’est pas bon. Cependant, d’après presque tous les indicateurs, l’économie américaine surpasse ces mêmes nations d’Asie et d’Europe. Nous créons plus de richesses, fournissons plus de biens et de services, en qualité et en quantité, et sommes très bons sur l’innovation. Nous le savons tous, sur ces sujets nous sommes vraiment bons.

Maintenant, l’énigme : si nous sommes si bêtes, pourquoi sommes-nous si riches ? Comment pouvons-nous avoir d’aussi mauvais résultats au niveau des indicateurs internationaux en matière d’enseignement, et pourtant réussir aussi bien dans une économie qui dépend de l’intellect ? La réponse est complexe, mais contient des indices sur l’avenir de l’enseignement, et comment «l’économie indépendante » (NdT : Free agency dans le texte original, pour désigner l’économie des agents libres (entrepreneurs, prestataires, freelance, par opposition à une économie de salariés) pourra faire bouger l’école aussi radicalement qu’elle a renversé l’organisation du travail.

Nous vivons les débuts de ce que j’appelle « la nation des indépendants ». Pendant la dernière décennie, dans quasiment chaque industrie, et chaque région, le travail a subi peut-être l’une de ses transformations les plus significatives depuis que les Américains ont quitté la ferme pour l’usine il y a un siècle. Des légions d’Américains, et de plus en plus des citoyens d’autres pays, abandonnent l’un des legs les plus durables de la Révolution Industrielle : le salariat, et créent de nouvelles méthodes de travail. Ils deviennent des travailleurs du savoir auto-employés, propriétaires d’entreprises à la maison, à temps plein ou partiel, freelance ou e-lance, professionnels et entrepreneurs indépendants, micropreneurs et infopreneurs, consultants à temps partiel, cadres en intérim, dépanneurs à-la-demande, et solistes à plein temps.

Aux États-Unis aujourd’hui, plus de 30 millions de travailleurs, presque un quart de la population active américaine, sont indépendants. Et beaucoup d’autres, qui sont encore officiellement « salariés », sont beaucoup plus proches dans l’esprit du travail indépendant que de l’emploi traditionnel. Ils télétravaillent. Ils cabotent d’entreprise en entreprise. Ils fondent des entreprises qui sont légalement leur employeur, mais dont les perspectives dépendent largement de leurs propres efforts.

Pendant les booms, beaucoup d’indépendants, qui en ont assez des mauvais managers, des bureaux qui fonctionnent mal, et qui recherchent la liberté, mettent le pied dans ce nouveau monde. Pendant les crises, d’autres, touchés par les licenciements, les fusions, et le ralentissement économique, y sont poussés. Mais ces nouveaux travailleurs indépendants transforment l’avenir social et économique du pays. Bientôt ils transformeront tout autant le système d’instruction.

L’entonnoir de l’homogénéité

Dès que je rentre dans une école publique, je suis quasiment submergé par une vague de nostalgie. La plupart des écoles que j’ai visitées au XXIème siècle sont exactement comme les écoles publiques où j’étais dans les années 70. Les classes sont de la même taille. Les bureaux forment les mêmes rangs. Les tableaux d’affichages prévoient les prochaines vacances nationales. Même les couloirs sentent pareil. Bien sûr, quelques classes peuvent avoir un ordinateur ou deux. Mais globalement, les écoles dans lesquelles les jeunes américains vont aujourd’hui semblent ne pas pouvoir être distinguées de celles de leurs parents ou de leurs grands-parents.

Au début, tant de déjà vu me réchauffa l’esprit. Puis j’y repensais. Combien d’autres endroits sont exactement les mêmes qu’il y a 20, 30 ou 40 ans ? Pas les banques. Pas les hôpitaux. Pas les épiceries. Peut-être que la douce nostalgie que je respirais dans ces classes était réellement l’odeur de la stagnation. Dans la mesure où de nombreuses autres institutions de la société américaine ont spectaculairement changé pendant le dernier demi-siècle, l’immobilisme de l’école est étrange. Et il est doublement particulier car l’école elle-même est une invention moderne, et pas un legs de l’antiquité.

À travers l’histoire, les gens apprenaient la plupart du temps de tuteurs ou de proches. Dans l’Amérique du XIXème siècle, dit David Tyack, historien de l’éducation, « l’école était une institution secondaire, et basée sur le volontariat ». Ce n’est pas avant le XXème siècle que se sont répandues les écoles publiques telles que nous les connaissons, c’est-à-dire des endroits où des élèves séparés par âge apprennent de professionnels certifiés par le gouvernement. Et ce n’est pas avant les années 1920 qu’elles sont devenues obligatoires. Revenez un moment sur cette dernière phrase. Comparé à beaucoup d’endroits au monde, l’Amérique est un pays relativement peu interventionniste. Nous ne forçons pas les gens à voter ou à travailler, ou à faire leur service militaire. Mais nous obligeons les parents à abandonner leurs enfants à cette institution pour une douzaine d’années, et menaçons d’emprisonner ceux qui résistent.

L’école obligatoire pour tous est une aberration à la fois dans l’histoire et dans la société moderne. Elle restait la préparation idéale pour l’économie taylorienne, un monde hautement structuré, dominé par de grandes entreprises bureaucratiques qui standardisaient le travail. L’école obligatoire a formé des générations de futurs ouvriers et cadres moyens aux compétences et savoirs basiques dont ils auraient besoin pour leur travail. Les leçons, au sens large, qu’elle enseignait étaient tout aussi cruciales. Les enfants apprenaient à obéir à des règles, à suivre des ordres et à respecter l’autorité, avec les punitions qui suivaient les refus.

C’était le genre d’entrainement que la vieille économie exigeait. Les écoles avaient des cloches, les usines des sifflets. Les écoles avaient des bulletins, les bureaux des grilles. Plaire à votre professeur vous préparait à plaire à votre patron. Et à chaque endroit, si vous atteigniez un niveau minimum de performance, vous étiez promu. Le taylorisme – la philosophie de management nommée d’après l’expert de la productivité Frederick Winslow Taylor, selon laquelle il y a une seule bonne façon de faire les choses (la « one best way ») qui peut et doit être appliquée dans tous les cas – n’est pas resté cantonné au monde du travail. Il a également été adopté par l’école. À l’école, comme au travail, la théorie principale était celle de la « one best way ». Les enfants apprenaient la même chose en même temps de la même manière au même endroit. Marschall McLuhan a décrit une fois les écoles comme « l’entonnoir de l’homogénéité dans lequel nous mettons nos bambins pour traitement ».  Et les écoles font presque un dogme du traitement à la manière d’une usine, à travers des tests standardisés, des cursus standardisés, et des groupes standardisés d’enfants. (Question : quand est-ce que vous avez passé pour la dernière fois une journée entière dans une salle remplie exclusivement de personnes qui ont presque exactement votre âge ?)

Quand nous entrons dans une école standard aujourd’hui, nous entrons dans le passé ; un endroit dont l’architecte est Frederick Winslow Taylor et dont le locataire est l’agent bureaucratique. L’institution américaine qui s’est le moins adaptée à l’économie des indépendants est celle que les Américains affirment préférer. Mais il est dur d’imaginer que cette situation peut durer beaucoup plus longtemps : un moule unique formant les travailleurs pour l’économie des formes multiples. Peut-être la réponse à l’énigme que je posais au début est que nous réussissons malgré notre système éducatif. Mais combien de temps cela peut-il durer ? Et imaginez combien nous serions prospères si nous commencions à instruire nos enfants davantage comme nous gagnons nos vies. Il y a presque 20 ans, un rapport public historique déclarait que l’instruction américaine était « érodée par un flot montant de médiocrité ». Ce n’est peut-être plus vrai. À la place, les écoles américaines sont inondées par un flot montant d’absence de sens.

Comprenez-moi bien ; d’innombrables manières, l’instruction publique de masse a été un émouvant succès. Comme le taylorisme, elle a réussi des choses remarquables : apprendre aux immigrants à la fois l’anglais et l’American Way, apprendre à lire, préparer de nombreux Américains à réussir au-delà de l’imagination de leurs parents. Au sens large, les écoles américaines ont été une réussite démocratique impressionnante.

Mais cela ne veut pas dire qu’elles doivent être les mêmes que ce qu’elles étaient quand nous étions enfants. Les parents et les hommes politiques ont ressenti le besoin de réforme, et ont placé l’instruction en haut des problèmes nationaux. Malheureusement, peu des solutions conventionnelles (les tests standardisés, le développement personnel, la certification des professeurs) feront beaucoup pour soigner ce qui inquiète les écoles américaines, et pourrait même empirer les choses. L’économie des indépendants imposera cependant les changements nécessaires. Attendez d’elle l’accélération et l’approfondissement de trois mouvements amorcés en matière d’instruction : l’école à la maison (home schooling), les alternatives au lycée traditionnel, et les nouvelles approches de l’apprentissage chez les adultes. Ces changements seront tout aussi radicaux que l’école publique de masse le fut il y a un siècle.

La révolution de l’école à la maison

« Aller à l’école, c’est commencer sa vie avec une sentence de prison de 12 ans pendant lesquelles les seules choses réellement apprises sont les mauvaises habitudes ». Ce sont les mots de John Taylo Gatto, qui a été récompensé du titre de Professeur de l’Année de l’État de New York en 1991. Aujourd’hui, il est l’une des voix les plus fortes d’un des mouvements les plus puissants dans l’éducation américaine : l’école à la maison. Les enfants sortent des écoles traditionnelles pour prendre le contrôle de leur propre instruction et apprendre avec l’aide des parents, des tuteurs et de leurs pairs. L’école à la maison est l’économie des indépendants pour ceux en dessous de 18 ans. Et il est sur le point de percer la surface de la scène nationale.

Aussi récemment qu’en 1980, l’école à la maison était illégale dans la plupart des États. Au début des années 80, pas plus de 15 000 élèves apprenaient de cette manière. Mais les conservateurs chrétiens, insatisfaits par des écoles qu’ils considéraient comme des zones sans Dieu, et souhaitant apprendre eux-mêmes à leurs enfants, ont défendu le changement. Les lois ont été votées, et l’école à la maison est apparue. En 1990, il y avait déjà 300.000 Américains instruits à domicile. En 1993, l’école à la maison était légale dans les 50 États. Depuis, elle est entrée dans la norme, maintenue par des parents laïques insatisfaits par des écoles de mauvaise qualité, voire dangereuses. Dans la première moitié des années 1990, la population instruite à la maison a plus que doublé. Aujourd’hui, quelques 1,7 million d’enfants apprennent à la maison, leurs rangs grandissant de 15% chaque année. En comptant les aller-retour entre systèmes, un Américain sur dix de moins de 18 ans a réalisé une partie de son instruction à la maison.

L’école à la maison est peut-être devenue le plus grand et le plus réussi des mouvements de réforme de l’éducation sur les vingt dernières années :

  • Même si à peine 3% des jeunes Américains en âge d’aller à l’école apprennent désormais à domicile, c’est un large et surprenant accroc au monopole de l’école publique, en particulier quand on compare avec les écoles privées. Pour quatre enfants en école privée, il y a un jeune qui apprend à la maison. La population de l’instruction à domicile est à peu près égale à l’ensemble des enfants en âge d’aller à l’école en Pennsylvanie.
  • D’après le Wall Street Journal, « la preuve est faite que l’instruction à domicile, autrefois limitée à des minorités politiques et religieuses, a des résultats non seulement au même niveau que les écoles publiques, mais également au-dessus sur certains points. » Les enfants instruits à la maison réussissent constamment mieux que les élèves traditionnels aux tests standardisés, se plaçant en moyenne dans le 80ème percentile sur tous les sujets.
  • Les enfants instruits à domicile réussissent également extrêmement bien sur presque toutes les mesures de socialisation. Une des grandes idées reçues sur l’instruction à domicile est qu’elle transforme les enfants en solitaires isolés. En fait, ces enfants passent plus de temps avec les adultes, plus de temps dans leur communauté, et plus de temps avec des enfants de différents âges que ceux à l’école. Un chercheur affirme : « l’enfant scolarisé traditionnel tend à être beaucoup plus agressif, bruyant, et a un esprit beaucoup plus compétitif que celui instruit à la maison ».

Le terme d’école à la maison, cependant, peut induire en erreur. Les parents ne recréent pas la classe de cours dans le salon, tout comme les indépendants ne recréent pas leur bureau dans leur cave. L’école à la maison facilite pour les enfants la poursuite, à leurs manières, de leurs propres intérêts, une approche multiple de l’apprentissage. Certains parents, en particulier ceux qui sont sortis des écoles traditionnelles pour des raisons autres que la religion, préfèrent le terme « déscolarisation » (NdT : unschooling dans le texte original).

Les similarités avec l’économie des indépendants, qui sont « désalariés », sont nombreuses. Ceux qui apprennent à la maison le font de manière indépendante. Les indépendants conservent des réseaux robustes et des liens très étroits à travers des groupes informels et des associations professionnelles. Ceux qui apprennent à la maison ont de puissants groupes de soutien, comme les 3000 familles de Family Unschooler Network (NdT : Réseau des Familles de Déscolarisés), pour partager des stratégies d’enseignement, des matériaux, et pour proposer des conseils et un support. Les indépendants défient la séparation du travail et de la famille ; les enfants qui apprennent à la maison ont la même approche des frontières entre école et famille.

Peut-être plus important, l’école à la maison entre presque parfaitement en résonance avec les quatre valeurs qui animent l’économie des indépendants : la liberté, l’authenticité, s’exposer aux risques, et définir le succès à sa manière. Prenons la liberté. Dans une école lambda, les enfants n’ont souvent pas l’autorisation de bouger à moins qu’une cloche ne sonne ou qu’un adulte ne leur donne la permission. Et à part dans le cadre d’une offre limitée au lycée, ils ne peuvent généralement pas choisir quoi étudier, ni quand. Ceux qui apprennent à la maison ont beaucoup plus de libertés. Ils apprennent plus comme… des enfants. Nous n’apprenons pas aux petits comment parler ou marcher ou à comprendre le monde. Nous les mettons simplement dans une situation d’observation et les laissons apprendre par eux-mêmes. Bien sûr, nous donnons certaines restrictions (« Ne marche pas au milieu de la route. ») Mais nous ne devenons pas absurdes. (« Entraîne toi à parler pendant 45 minutes jusqu’à ce qu’une cloche sonne. ») C’est pareil pour les enfants scolarisés à la maison. Les enfants peuvent devenir les éléments actifs de leur propre instruction plutôt que le simple réceptacle des nobles intentions des autres.

Imaginez une enfant de 5 ans dont la passion est de construire avec des Legos. Chaque jour, elle passe jusqu’à une heure, peut-être plus, absorbée dans des projets complexes de construction, à créer des fermes, des zoos, des avions, des vaisseaux spatiaux. Souvent ses amis viennent et ils travaillent ensemble. Personne ne lui donne ces travaux. Personne ne lui dit quand et comment le faire. Et personne ne donnera à son travail une note. Apprend-elle ? Bien sûr. C’est comme ça que beaucoup d’enfants scolarisés à la maison explorent leurs intérêts.

Maintenant, supposons que quelques adultes bien intentionnés entre pour apprendre à l’enfant une chose ou deux à propos de la construction en Legos. Disons qu’ils lui donnent une plage horaire quotidienne de 45 minutes de Legos, avec une note à la fin de chaque session, peut-être même une récompense pour une construction A+. Et pourquoi pas amener quelques enfants en plus pour leur apprendre les mêmes choses sur les Legos ? Pourquoi ne pas les regarder construire pendant 45 minutes en même temps, puis leur donner chacun une note, avec un prix pour le meilleur ? Mon opinion : bientôt nos amateurs de Legos de 5 ans d’âge perdront leur passion. Leurs constructions deviendront vraisemblablement moins créatives, leur courbe d’apprentissage s’arrêtera. C’est comme cela que beaucoup d’écoles fonctionnent, ou plutôt, ne fonctionnent pas.

Les adultes bien-pensants ont foulé aux pieds la liberté de l’enfant de jouer, apprendre et découvrir par elle-même. Elle n’a plus le contrôle. Elle ne s’amuse plus. De nombreuses études, particulièrement celles du psychologue de l’Université de Rochester Edward L. Deci, ont montré que les enfants et les adultes, à l’école, au travail ou à la maison, perdent leur motivation intrinsèque et leur joie dérivées de l’apprentissage et du travail quand quelqu’un accapare leur impression d’autonomie et impose à la place un système externe de récompenses et de punitions. La liberté n’est pas un contournement de l’apprentissage. C’est le meilleur moyen vers celui-ci.

Restons avec nos Legos encore un moment et réfléchissons à propos de l’authenticité ; le désir fondamental qu’ont les gens d’être ce qu’ils sont plutôt que de se conformer aux standards d’un autre. Notre jeune constructrice a perdu l’impression d’agir selon sa personnalité propre. À la place, elle a reçu le message. Tu construis des Legos pour la même raison que ton père salarié travaille : parce qu’une figure d’autorité te l’a dit.

Prenons la responsabilité. L’enfant n’est plus pleinement responsable de ses propres créations en Legos. Quoiqu’elle ait produit, c’est un ordre. Ses créations ne sont plus vraiment les siennes. Et à propos de ses notes Legos ? Ce A+ peut motiver votre fille à continuer à construire, mais plus selon ses envies. Peut-être aimait-elle davantage la construction notée B- que celle notée A+. Très bien. Maintenant elle enterrera probablement ce sentiment et travaillera pour atteindre les standards d’un autre. Tentera-t-elle la chance : essayer de construire ce vaisseau dont elle rêvait ? Probablement pas. Pourquoi prendre ce risque quand il y a des chances que cela ne donne pas une bonne note ? Le succès subjectivement défini n’a pas de place dans ce système. Mais pour beaucoup d’enfants scolarisés à la maison, le succès est quelque chose qu’ils peuvent définir eux-mêmes. (C’est vrai même si, comme je l’ai mentionné, ces enfants ont de bons résultats dans les mesures conventionnelles de la réussite, les tests standardisés sur des sujets académiques).

Bien sûr, certaines choses que doivent apprendre la plupart des enfants ne sont pas intrinsèquement amusantes. Il y a des moments dans la vie où nous devons manger nos choux de Bruxelles. Pour ces sujets, l’approche par punition et récompense peut être à l’ordre du jour. Mais trop souvent, le simple frisson d’apprendre quelque chose de nouveau, ou de maîtriser une équation difficile est étouffé lorsque les écoles ôtent le contrôle à l’élève. Dans l’école à la maison, les enfants ont une plus grande liberté pour poursuivre leurs passions, moins de pression à se conformer aux souhaits des enseignants et de leurs pairs, et ils peuvent aller au front, prendre des risques et définir le succès selon leur propre point de vue. Quand davantage de parents réaliseront que la morale sous-jacente de l’école à la maison ressemble de manière proche aux valeurs qui animent les indépendants, l’école à la maison continuera à gagner en popularité.

L’enseignement des indépendants

Beaucoup d’autres forces se réuniront pour porter l’école à la maison à une place plus importante. L’une est tout simplement la place du mouvement. Comme de plus en plus de familles choisissent cette option, elles en font un choix socialement plus acceptable, encourageant ainsi d’autres familles à prendre ce chemin non-conventionnel. La population de l’école à la maison a déjà commencé à ressembler au reste de l’Amérique. Tandis que près de 90% des enfants qui apprennent à la maison sont blancs, la population devient de plus en plus diverse, et grandit sûrement le plus rapidement parmi les Noirs américains. Le revenu médian pour une famille qui pratique l’école à la maison est à peu près égal au revenu médian pour le reste du pays ; à peu près 87% ont un revenu annuel inférieur à 75 000$.

Les récents changements de politique, dans les lois des États et les bureaux de directeurs, prépareront le chemin. Non seulement l’école à la maison est-elle légale dans tous les États, mais beaucoup d’écoles publiques ont commencé à laisser les enfants scolarisés à la maison prendre certains cours et jouer dans les équipes de l’école. Près des deux tiers des universités américaines acceptent maintenant les bulletins préparés par les parents, ou les portfolios réalisés par les étudiants, en lieu et place d’un diplôme certifié.

Une autre force est le travail indépendant lui-même. Grâce à des emplois du temps flexibles et un contrôle personnel, il est plus facile pour les indépendants que pour les salariés traditionnels de scolariser leurs enfants à la maison. Les indépendants deviendront également les professionnels de ce nouvel univers de l’apprentissage. Un charpentier pourrait s’autoemployer pour apprendre son métier à des enfants scolarisés à la maison. Un écrivain pourrait devenir un tuteur ou un éditeur pour plusieurs étudiants qui souhaiteraient produire leur propre journal littéraire. De plus, l’immense quantité d’enseignants embauchés pour instruire les baby-boomers atteindront bientôt l’âge de la retraite. Cependant, peut-être qu’au lieu de la prendre complètement, beaucoup se feront employer comme tuteurs itinérants pour des enfants instruits à domicile, et commenceront des carrières à temps partiel comme instructeurs indépendants. Pour beaucoup de parents, bien sûr, la responsabilité et le temps nécessaire à l’école à la maison seront énormes. Mais la large disponibilité des enseignants et tuteurs pourrait aider certains parents à surpasser l’inquiétude de ne pas être capables de réaliser cette tâche géniale.

Internet rend l’école à la maison plus facile également. Les enfants instruits à la maison ont en effet découvert l’internet avant beaucoup d’Américains. Par exemple, ma première connexion internet était un compte Compuserve sous DOS que j’ai acquis en 1993. Avant la pénétration large de l’internet et l’arrivée du World Wide Web, les groupes de discussion les plus actifs sur Compuserve étaient ceux consacrés à l’école à la maison. En utilisant l’internet, ceux qui étudient chez eux peuvent faire des recherches et trouver des tuteurs partout dans le monde. Il y a même désormais des entreprises onlines (par exemple Christa McAuliffe Academy (www.cmacademy.org) dans l’État de Washington et ChildU.com en Floride) qui vendent des cours en ligne et fournissent des enseignants pour les élèves. L’infrastructure physique pourrait accélérer cette tendance. Quasiment trois quarts des écoles publiques américaines ont été construites avant 1969. Les administrations des écoles pourraient encourager plus facilement l’école à la maison si cela veut dire moins de pression sur leurs classes bondées et leurs immeubles vieillissants.

Je ne veux pas exagérer. L’école à la maison, comme le travail indépendant, ne sera pas pour tout le monde. De nombreux parents n’auront pas le temps ou l’envie pour cette approche. Et l’école à la maison ne sera pas pour tout le temps. Beaucoup d’élèves passeront quelques années dans une école conventionnelle, et quelques années à la maison ; tout comme certains travailleurs passeront de l’indépendance au salariat. Mais l’école à la maison est peut-être l’expression la plus forte de l’indépendance en dehors du monde du travail, rendant inévitable son augmentation.

La fin du lycée

Une autre conséquence du mouvement vers l’école à la maison sera quelque chose que beaucoup d’entre nous souhaitaient en tant qu’adolescents : la fin du lycée. Ce n’est pas avant les années 1920 que le lycée a remplacé le travail comme l’activité la plus répandue des adolescents américains. « Le lycée américain est obsolète, » dit Leon Botstein, président du Bard College, l’un de premiers à appeler à sa fin. Il affirme que les adolescents d’aujourd’hui feraient mieux de suivre des cours d’université, aller directement sur le marché du travail, s’engager dans les services publics ou commencer un apprentissage. Même l’Association Nationale des Principaux d’Écoles Secondaires, qui a attaqué l’école à la maison, concède le fait que « les lycées continuent leurs activités avec une étonnante ressemblance avec les pratiques déficientes du passé ».

À l’avenir, attendez de voir les adolescents et leur famille forcer la fin du lycée tel que nous le connaissons. Voici certains de ces changements, qui remplaceront et amélioreront les lycées traditionnels, à la manière des indépendants ; afin de déscolariser les adolescents américains :

  • Une renaissance de l’apprentissage : pendant des siècles, les jeunes gens apprenaient des compétences et un métier sous la surveillance d’un maître expérimenté. Cette méthode réapparaîtra et s’élargira pour inclure des compétences telles que la programmation ou le design graphique. Imaginez un jeune de 14 ans qui prendrait deux ou trois cours chaque semaine, et passerait le reste de son temps à apprendre comme créatif publicitaire. Les lycées traditionnels ont tendance à séparer l’apprendre et le faire. L’indépendance les rendra indistinguables.
  • Une augmentation de l’entrepreneuriat des jeunes : les jeunes peuvent devenir des travailleurs indépendants avant même d’avoir leur permis de conduire, et les entrepreneurs adolescents deviendront plus communs. La plupart des jeunes ont en effet les deux caractéristiques d’un entrepreneur à succès : un nouveau regard sur le monde et une passion pour ce qu’ils font. Dans le comté de San Diego, 8% des étudiants au lycée ont déjà leur propre business en ligne. Cela deviendra de plus en plus la norme, et peut-être même un rite de passage.
  • Une plus grande diversité des cours académiques : seulement 16 États proposent l’économie de base au lycée. Cela ne donne pas de bases solides pour les travailleurs indépendants. Attendez-vous à une augmentation de cours d’économie « domestique » qui apprendront le calcul, la comptabilité et les bases des affaires.
  • Une augmentation des services civiques : certains jeunes chercheront un autre sens que la plupart et voudront passer quelques années à servir dans l’armée, ou à participer à un programme de service civique. Aujourd’hui, de nombreux jeunes ne prennent pas ces choix en compte car il faut aller directement à l’université. Sortir les gens du lycée plus tôt pourrait les faire servir plus tôt.
  • Une réaction contre les standards : un diplôme du lycée était autrefois le sésame de l’éducation américaine. Plus maintenant. Pourtant les hommes politiques semblent déterminés à rendre à nouveau son sens au diplôme en créant tout un tas de tâches que les enfants doivent affronter avant de l’atteindre : des sujets standards que chacun doit étudier, des tests standards que chacun doit passer. Dans certaines écoles, les étudiants protestent déjà contre ces tests. Ce pourrait être la nouvelle devise de la jeunesse américaine (« Hey, hey, ho, ho, les tests standards au pilon ! »)

La plupart des hommes politiques pensent que la réponse aux problèmes de l’école est un contrôle plus important. Mais la vraie réponse est un contrôle moindre. Dans l’avenir de l’économie indépendante, nos jeunes apprendront avec moins d’école et plus de pratique.

La déscolarisation des adultes

Pendant la plus grande partie du XXème siècle, les États-Unis dépendaient de ce que j’appelle le modèle d’instruction « dinde de Thanksgiving ». Nous placions les enfants dans le four de l’instruction formelle pendant 12 ans, et puis les servions aux employeurs. (Une minorité sélectionnée avait le droit à un badigeon de quatre ans dans un endroit appelé université). Mais ce modèle ne fonctionne plus dans un monde où les cycles sont accélérés, diminuant la demi-vie des entreprises, avec une obsolescence rapide des savoirs et compétences. Dans une économie d’indépendants, notre système éducatif devrait permettre aux gens d’apprendre en continu.

L’école à la maison et les alternatives au lycée créeront une classe d’auto-instructeurs indépendants. Les adultes scolarisés jeunes à la maison sauront comment apprendre et s’attendront à pérenniser cette habitude tout au long de leur vie.

Par exemple, comment avons-nous fait pour apprendre à utiliser Internet ? En 1993, il existait à peine. En 1995, il était à la base de douzaines de nouvelles industries et d’une explosion de richesses. Il n’y avait pas de cours d’université en programmation web, code HTML ou design de page pendant ces années. Cependant des centaines de milliers de personnes ont réussi à apprendre. Comment ? Elles se sont auto-formées, en travaillant avec leurs collègues, en apprenant de nouvelles choses, et en faisant des erreurs. Ce fut le secret du succès du web. Le web se développait presque entièrement à travers l’éthique et la pratique de l’auto-apprentissage. Ce n’est pas un concept radical. Jusqu’à la première moitié du XXème siècle, la plupart des Américains apprenaient par eux-mêmes, en lisant. Savoir lire et avoir accès aux livres étaient un billet individuel vers le savoir. Même aujourd’hui, selon mon propre sondage de 1143 travailleurs indépendants, « lire » était le moyen le plus courant pour eux de rester à jour dans leur domaine.

Au XXIème siècle, l’accès à l’internet et à un réseau de collègues intelligents sera le billet de la formation des adultes. Attendez-vous à voir beaucoup d’entre nous composter ces billets pendant nos vies. Voyez ces signes annonciateurs :

  • La dévaluation des diplômes : tandis que la durée de vie d’un diplôme raccourcit, davantage d’étudiants iront à l’université pour acquérir des compétences particulières, et non pour ramener un bout de papier à la maison. Le besoin des gens pour le savoir ne respecte pas les semestres. Ils voudront les études supérieures au bon moment ; et si cela veut dire quitter la salle de classe avant d’avoir le diplôme, ainsi soit-il. Souvenez-vous : Larry Ellison, Steve Jobs et Steven Spielberg n’ont jamais fini l’université.
  • Des étudiants plus vieux : 40% des étudiants à l’université ont aujourd’hui plus de 25 ans. D’après le Wall Street Journal, « d’après certaines projections, le nombres d’étudiants de plus de 35 ans dépassera celui de 18 et 19 ans dans quelques années ». Les jeunes adultes qui ont eu un diplôme à 20 ans auront peut-être un besoin et une envie de cours à 40 ans.
  • L’apprentissage en autonomie : l’enseignement à distance (des entreprises privées comme l’Université de Phoenix, Unext, Ninth House Network, et Hungary Minds University) aidera cette tendance à l’auto-formation. Aujourd’hui, quelques 5000 entreprises sont sur le marché de l’éducation en ligne. Leurs deux milliards de revenus devraient devenir 11 milliards en 2023. Et les méthodes non traditionnelles d’apprentissage abonderont. Une plainte des chercheurs indépendants est de ne pas avoir d’étudiants. Voici une source d’approvisionnement. Davantage de professeurs indépendants et d’étudiants indépendants créeront une liquidité immense dans le marché de l’apprentissage, avec l’internet comme entremetteur pour ce nouveau marché.
  • De grands troubles pour les universités d’élite : tout ça veut dire de grands troubles pour les universités de l’Ivy League. Être dans une université réputée sert trois objectifs de la vie contemporaine : prolonger l’adolescence, donner une réputation qui est assez peu utile pendant la vie active, et donner aux gens un réseau d’amis. Les universités d’élite ont lentement bougé pour rester en phase avec l’économie émergente des indépendants. En 1998, 78% des universités publiques en quatre ans proposaient des programmes à distance, contre seulement 19% des écoles privées. Les coûts des universités privées ont augmenté pendant les 20 dernières années, plus vite encore que les coûts de santé. Mais ces universités se sont-elles améliorées au même rythme ? Se sont-elles améliorées tout court ? De plus, les étudiants qui arrivent dans les universités d’élite sont généralement ceux qui se sont montrés les plus adroits dans l’école conventionnelle (comprendre dépassée). Cela pourrait devenir un passif plutôt qu’un avantage. Dans son bestseller, The Millionaire Mind, Thomas J. Stanley a découvert qu’un nombre disproportionné de millionnaires étaient des indépendants ; mais que plus les résultats au SAT sont élevés, moins il a de chances d’être un preneur de risques financiers, et donc de devenir un indépendant.
  • Les groupes d’apprentissage : le marché des conférences, déjà en fort développement, va continuer alors que plus de gens cherchent des rassemblements d’esprits semblables pour créer de nouvelles connexions et apprendre de nouvelles choses. Les conférences autorisent ceux qui y assistent à faire partie d’une sorte d’institution socratique. Ils peuvent choisir le mentor auquel ils prêteront leur attention pour une heure, deux heures, ou un jour, peu importe. De plus, beaucoup de travailleurs indépendants ont formé des petits groupes qui se rencontrent régulièrement et permettent à leurs membres d’échanger des conseils, et d’offrir un soutien personnalisé. Ces Free Agents Nation Clubs, comme je les appelle, fournissent également une base solide pour l’auto-formation. Aux rencontres des F.A.N. Clubs, les membres discutent livres et articles, tout en partageant leur expertise spécifique avec les autres. Ce type d’apprentissage, vivant de manière similaire dans les clubs de lecture et les groupes d’études bibliques, font partie d’une riche tradition américaine. Un des groupes les plus précoces d’agents indépendants était la Junte de Benjamin Franklin, formée en 1727, qui créa une bibliothèque pour ses membres, celle qui devint la première bibliothèque publique en Amérique.

Les prochaines décennies seront fascinantes et peut-être révolutionnaires, pour l’apprentissage en Amérique. Ses spécificités nous surprendront et dépasseront même peut-être mes prédictions les plus audacieuses. Mais le constat principal de l’avenir de l’éducation dans la Free Agent Nation est éclatant : l’école est finie !


Sur le web – Traduction Bézoukhov pour Contrepoints

Voir les commentaires (26)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (26)
  • J’ai l’impression que contrepoints s’engage de plus en plus sur des articles longs.
    ça dilue énormément le message et donne presque une impression de « politique » (« blabla » sans fond).
    Je ne remets pas en cause la qualité de la plupart des articles… mais 5000 (+) mots étaient vraiment nécessaire pour cet article?

    Je suis désolé mais je préfère largement les articles courts et incisifs.
    (Je suis conscient que c’est une traduction, mais c’est un sentiment général.)

  • Excellent article, long certes mais doit-on tout traiter façon TV au premier niveau des « sentiments ».

    Une question pour le traducteur :
    Dans la phrase « Dans une économie d’indépendants, les système éducatif devrait permettre aux gens d’apprendre en continu » doit-on lire LES sytémeS (et tout au pluriel) ou LE (et nous restons au singulier).
    Ce n’est pas une remarque pour la « défense de la grammaire » mais une question pour le sens du texte. Ceci ne remet pas en cause le travail et l’intérêt.

    Contrepoints >> La phrase originale était au singulier. C’est corrigé.

  • +1

    c’est pour ce genre d’article qu’on aime contrepoints,
    très complet, merci

  • Ce qui est intéressant, c’est que ceux qui voulaient utiliser l’État pour mettre fin aux organisations fordistes et tayloristes du travail sont ceux qui maintenant se plaignent de leur disparition et veulent que l’État les maintienne…

  • Cet article est trés rassurant Mes enfants étaient en échec scolaire ,ils souffraient ,souffraient. Début 92,nous avons décider de les scolariser a la maison. C’est difficile mais moins que de les voir vivre à l’école,on les a laissé libre d’évoluer,de récupérer,de se faire plaisir. Maintenant ils sont développeurs ,trés demandés,autodidactes et nous renvoient une image de parents plus acceptable,tout cela sans diplôme,ni bac

  • Excellent article. Revigorant en période de blocus !

  • J’en ai marre du salariat à la française (la volonté du boss se substitue à ma volonté et bla et bla).

    A quand un cahier des charges pour chaque prestation fournie et rémunéréé (comme lorsqu’on délivre n’importe quel service à n’importe quel client) ?

  • pierre gilles de gennes a a ce que je me souvient été éduqué par sa mère, avec pour règle de ne pas accepter mais vérifier concrètement…

    c’est contraire a ma culture d’accepter l’éducation enfermée à la maison, mais si ce n’est pas enfermé, et fait avec désir d’enseigner et de partager le savoir, ca doit marcher.

    la meilleur école en france ets la maternelle, et on y pratique l’école la moins directive.

    bonne idées. j’ai appris avec les légo, un prof irresponsable qui a échangé mes fautes d’orthographes contre des piles de schémas électroniques, un club jeune-science ou on m’a laissé jouer avec des circuits TTL, et des PET CBM… je suis désormais un ingénieur avec un mauvais orthographe.

  • Quelques commentaires:
    – intéressant mais il y a de sacrées longueurs pas indispensables du tout
    – les universités américaines sont toujours en tête des classements mondiaux , donc on se demande bien pourquoi l’auteur de l’article dit que l’ école américaine est derrière les écoles européennes et asiatiques
    – l’école à la maison ne socialise pas bien les enfants , à moins evidemment que ne soient reconstituées de véritables petites classes à la maison… mais alors où serait le changement?
    – il y a beaucoup d’écoles pratiquant des pédagogies différentes de l’éducation classique (enseignement « à la carte », tutoriat, langues…) , il faut s’en inspirer.

  • L’école privé progresse partout sauf en France. En Chine en Inde en Afrique on créer des écoles universités et institut privés à tours de bras. En France on discute pour savoir qu’elle partie du programme on met sur internet. Pourquoi le Khan Académie qui fourni des cours en ligne gratuitement en Inde et maintenant en Europe, n’est pas la Cédric Villani Académi ou La Joseph Stieglitz Académie? Parce que le monopole empêche l’initiative privé.
    Le retard est important et il est pas prêt de se refermer avec les petites initiatives de nos grandes école publiques.

  • L’idée de cette scolarisation libre à la maison repos essentiellement sur l’enfant « naturellement bon « , et donc curieux et travailleur. Cela me semble un peu utopique. (sans exclure la scolarité à domicile, programme à suivre et à renvoyer, c’est très différent).

    Mais prenons l’enfant passionné par les légo : et admettons même qu’ils devienne sensationnel. Il aura évidemment acquis de la dextérité, une bonne vision dans l’espace, de la méticulosité, de la créativité dans ce domaine. Mais qui de son orthographe, et son aptitude aux mathématiques, de sa culture générale ?

    En fait,n on préconise un genre de méthode Decroly (partir de l’intérêt de l’enfant) mais sans l’accompagnement indispensable à élargir les notions. Il faudrait que le petit apprennent à compter ses briques, à les peser, à les diviser pour faire deux murs pareils, à écrire ce qu’il veut faire et son utilité, à voir de que de grands architectes ont fait, ou comment on construit des igloos.

    Sans stimulation régulière, sans émulation de condisciples, je n’y crois sincèrement pas. On risque fort d’avoir un enfant qui, dès ses parents partis, soupire et se colle devant la télé 🙂

    • Plutôt que sur l’enfant naturellement bon, il me semble que ça repose sur les parents naturellement responsables, et on peut se demander si la politique familiale française encourage les parents à la responsabilité ou à l’ambition pour faire autre chose de leurs enfants que des parts fiscales.

    • Que d’idées reçues ! Non, ça marche aussi avec des enfants « impossibles » qui ne sont en réalité que ce que les adultes les conduisent à être ou ne leur permettent pas d’être. L’école à la maison marche remarquablement avec tous les enfants. Tout réside dans la méthode et le contenu. Voyez ceci: http://l-ecole-a-la-maison.com les études sont parlantes !

  • Cet article est vraiment très intéressant car au delà de l’école à la maison, il souligne le caractère infantilisant de l’école.
    Etre passif pendant les cours, c’est une idée qui plait beaucoup à l’adulte mais qui est extrêmement négative du point de vue pédagogique pour l’enfant.

    L’école fabrique des hommes et des femmes passives dans leur relation à la société/réel.

    Décidément rien n’est correctement fait dans nos sociétés soient disant évoluées et modernes.

    • Je pense qu’actif/passif n’est pas le terme exact, la distinction importante est plutôt gobe-tout/critique. Les gamins d’aujourd’hui me paraissent bien plus actifs, voire zappeurs même, que ceux de mon temps, et bien moins « raisonneurs »…

  • Merci Daniel Pink, célèbre auteur ! Sur le site de l’école à la maison, toutes les informations pour libérer votre enfant de l’école, même si ceci ou cela… http://l-ecole-a-la-maison.com

  • Il me semble que les parents qui répondent à cet article au travers des différents commentaires sont conscients de leur responsabilité et de leur niveau de culture s’ils devaient faire l’école à la maison.
    Mais croyez-vous vraiment que cela soit la majorité des parents, qui même en essayant au mieux de s’occuper de leurs enfants n’ont pas le temps de cette scolarité utopique pour la plupart .
    Cet article beaucoup trop long verse dans une pédagogie idéale .
    Et quid de la socialisation des enfants au travers de la rencontre des autres dans l’école ?

  • Les universités les plus prestigieuses telles Yale et Harvard ont ouvert leurs portes aux enfants homeschooled. Intéressant de voir que ce mouvement prend enfin forme en France. Par contre l’article n’indique pas quel choix ont les parents dans les curriculums scolaires ? Il me semble que l’Educ.Nat. oblige le même apprentissage pour tous dans toutes les matières. Non ? Aux Etats Unis les parents d’enfants ‘homeschooled’ choisissent le curriculum qu’ils veulent (nombreuses ressources sur internet) l’enseignement scolaire n’est pas centralisé et le minimum requis est donc établi par l’état fédéré qui test les enfants durant l’annee. Ca évite les programmations de cerveaux à la sauce socialiste, le révisionnisme de l’histoire, et autres « merveilles » des temps modernes.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Si j’étais ministre de l’Éducation nationale, de surcroît un jeune ministre pouvant aspirer à devenir, un jour, président de la République, je déclarerais vouloir supprimer le ministère de l’Éducation nationale dans sa forme actuelle, et vouloir lui substituer une autre organisation qui relève le niveau des élèves français dans les comparaisons internationales, mais surtout qui permette de réduire de manière drastique les inégalités sociales en matière d’éducation. La légitimité d’une telle décision est affichée au fronton de nos bâtiments publi... Poursuivre la lecture

Jeudi 5 décembre 2023. L’ange Gabriel (Attal) descend sur la France, porteur d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle.

Commençons par la mauvaise : les conclusions de la dernière étude PISA pointent les résultats catastrophiques des petits Français, en particulier en mathématiques. Une « baisse historique » des performances, peut-on lire çà et là. Rien de surprenant pourtant : l’enseignement public est en piteux état depuis des décennies. Il ne se relèvera pas spontanément de cette longue maladie.

Heureusement – et voilà la bonne ... Poursuivre la lecture

2
Sauvegarder cet article

Définir le contenu des programmes d’enseignement n’est pas simple. Il faut choisir et donc éliminer. Les priorités sont variables selon les milieux sociaux, les croyances idéologiques ou religieuses, les engagements politiques.

Mais le choix fondamental reste toujours le même.

Dans une démocratie, l’école doit-elle instruire ou éduquer ? En réalité, il faut nécessairement répondre : les deux, mon général. Tout est une question de nuances dans ce domaine.

 

Pas d’instruction sans éducation

Que l’on se situe au ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles