Théorème de régression et Bitcoin

Le Bitcoin est révolutionnaire dans la mesure où sa valeur monétaire provient non pas d’une marchandise bien palpable, mais de sa valeur en tant que système de paiement sécurisé, rapide, et bon marché.

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Bitcoin (Crédits : Antanacoins, licence Creative Commons)

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Théorème de régression et Bitcoin

Publié le 6 novembre 2013
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Par Brice Rothschild.

Bitcoin (Crédits : Antanacoins, licence Creative Commons)« La valeur n’existe pas en dehors de la conscience des hommes ». C’est ainsi que Carl Menger a énoncé ce qu’on appelle la subjectivité de la valeur, qui avait déjà été pressentie par les Scolastiques de l’école de Salamanque au XVIème siècle, puis par Turgot, Say et Bastiat au XVIIIème et XIXème siècles. Cette conception s’oppose à la tentative de donner un fondement objectif à la valeur des choses, comme par exemple en mesurant la quantité de travail nécessaire à la production du bien considéré.

Ludwig von Mises a repris les travaux de Carl Menger et en a déduit le théorème de régression. D’où vient la valeur que chacun de nous accorde à la monnaie ? Surtout de nos jours, avec des monnaies décrétées par les gouvernements, on peut s’interroger. Considérons d’abord une monnaie marchandise, comme l’or. J’accepte de l’or comme paiement à un instant t si à l’instant t-1, j’ai constaté le pouvoir d’achat qu’il possédait. Les personnes qui l’ont accepté comme paiement à l’instant t-1 l’ont fait parce qu’ils ont constaté qu’à l’instant t-2, l’or avait un pouvoir d’achat. Ainsi de suite, en remontant jusqu’à la première utilisation de l’or comme monnaie, on trouve que la première personne qui l’a accepté comme paiement ne l’a fait que parce qu’elle avait constaté que l’or servait à un certain nombre d’usages valorisés par d’autres personnes. Ainsi, le théorème de régression affirme que toute monnaie tire sa valeur de son utilisation non monétaire. Ceci est aussi valable pour les monnaies décrétées : l’euro vient du franc, de la lire, etc. qui eux-mêmes étaient grosso modo échangeables contre de l’or jusqu’en 1971.

Le Bitcoin semble troubler cette logique car, à première vue, il n’a aucune valeur non monétaire. Le système Bitcoin n’est qu’une base de données publique et collectivement sécurisée où est enregistré l’ensemble des transactions en Bitcoins qui ont eu lieu depuis sa création. Mais cela ressemble à un raisonnement circulaire : pourquoi quelqu’un accepterait un paiement en Bitcoins si personne ne les accepte ? Comme pour Facebook à ses débuts, les premiers utilisateurs avaient leurs raisons. Son ancrage dans la mouvance du logiciel libre (Linux, Firefox, Wikipédia, etc.) l’a sans doute aidé à démarrer. Il fallait bien une motivation pour dépenser du temps et de l’argent dans cette affaire. L’analogie avec Facebook est tout à fait pertinente, car vous avez là un réseau qui, en grandissant, a gagné en valeur. À partir d’une certaine taille (permettant une liquidité sur les places de marché), il est devenu possible de l’utiliser pour transférer des fonds et payer à un coût moindre que par les systèmes propriétaires que sont Visa, Paypal et autres Western Union. Pourquoi le coût est-il moindre ? Parce que le réseau n’a pas de maître : il s’autorégule, supprimant le besoin d’un tiers de confiance fort onéreux. La rémunération nécessaire de ceux qui mettent à disposition de la puissance de calcul pour vérifier les transactions est très faible par rapport à leur montant. De plus, l’effet réseau ne bénéficie plus à un oligopole aux tarifs élevés, mais à un protocole parfaitement neutre puisque Bitcoin est un logiciel libre : les barrières à l’entrée de l’écosystème Bitcoin sont donc basses, favorisant ainsi la concurrence.

Ainsi apparaît l’utilisation non monétaire du Bitcoin : un système de paiement très compétitif dont le fonctionnement est possible grâce à la gigantesque puissance de calcul mise à disposition par ceux qui vérifient la régularité des transactions. En définitive, la valeur du Bitcoin réside dans sa capacité à s’immuniser face aux menaces de corruption à un coût extrêmement faible. Le Bitcoin est révolutionnaire dans la mesure où sa valeur monétaire provient non pas d’une marchandise bien palpable, mais de sa valeur en tant que système de paiement sécurisé, rapide, et bon marché. Nous n’en finissons pas de mesurer la portée de l’enseignement de Carl Menger !


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  • Je vous invite à découvrir une nouvelle monnaie virtuelle se proposant, entre autre, comme modèle pour permettre la mise en place du revenu universel:
    http://www.thankmoney.com/accueil/pourquoi.aspx

    • L’équation du « revenu universel » :

      – quantité de monnaie proposée = 5 « Thanks » (au départ)
      – quantité de travail, de services ou de produits fournis en échange = Que Dalle

      D’où l’égalité de valeur :

      5 Thanks = Que Dalle

      Et donc :

      1 Thanks = 1/5ème de Que Dalle = mille millards de Que Dalle = Que Dalle

      La question cruciale :

      Vu que le Thanks vaut Que Dalle et s’obtient en échange de Que Dalle, qui acceptera
      d’offrir quoi que ce soit – à part des Que Dalle – en échange de Thanks ?

      Ma conclusion :

      L’enfer monétaire est pavé de bonnes intentions.

      • Peut on dire alors des Bitcoins que c’est du vent ? Une suite de chiffres crypto machin et rien d’autre.
        Que ce code peut être craké ou remplacé par un mineur pavé de bonnes intentions ?

        ça me laisse rêveur et dubitatif ce truc. Un mélange de grande joie et de grande tristesse. Pour moi le bitcoin idéal est en or, et pourquoi pas avec un code crypto truc dessus. On se retrouve avec du concret, de la bonne marchandise avec de la valeur.

        • Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis ! Le bitcoin est très loin d’être un gadget pour gogos. Il est vraiment issu d’une réflexion poussée sur la nature de la valeur et de la monnaie.

          Vous évoquez l’or. Mais qu’est-ce qui fait la valeur de l’or, sinon la subjectivité humaine ? Les humains ont toujours aimé l’or, parce que c’est un joli métal brillant. Mais c’est tout : l’or n’a pas de valeur intrinsèque ! Il a même très peu d’utilisations industrielles. La valeur de quelque chose, ce n’est que l’opinion commune des humains sur ce qu’ils sont prêts à offrir en échange de cette chose.

          Récapitulons donc les raisons pour lesquelles les humains achètent de l’or. D’abord, il y a toutes les applications en bijouterie, et les quelques usages industriels. Mais pourquoi certains achètent-ils des lingots, qui vont rester des lingots, et resteront enfermés dans un coffre ? Parce que l’or est considéré comme une bonne valeur de réserve. Pourquoi bonne ?

          1. L’or est un moyen pratique, compact, peu coûteux de stocker de la valeur. Pas besoin d’énormes cuves ou d’acheter un tanker comme pour le pétrole : tout l’or du monde extrait depuis des milliers d’années tient dans 2 piscines olympiques. Dans un simple coffre peu coûteux, et pour un coût de maintenance quasi nul, on peut donc stocker une énorme valeur.

          2. L’attachement à l’or – et sa valeur – n’est pas une mode récente. Il s’inscrit dans une histoire, une mémoire collective millénaire, qui assure une confiance absolue aux acteurs du marché dans le fait qu’aucune révolution copernicienne ne fera miraculeusement et subitement que dans 1 semaine, 1 mois ou 1 an, les gens vireront leur cuti et aimeront moins l’or qu’aujourd’hui. Même les plus constructivistes et autres idéologues illuminés de l’Homme Nouveau affichent leur fatalisme et savent qu’ils ne parviendront pas à détourner les gens de la « relique barbare » dont palait Keynes.

          3. Contrairement aux billets de banques (réputés photocopiables à volonté d’un simple clic de souris), l’or n’est pas photocopiable. Malgré les efforts conjugués de toute la communauté financière – alchimistes, banquiers véreux, politiciens dépensiers aux abois – jamais personne n’a réussi à faire apparaître de l’or physique grâce à une signature. La nature leur a toujours tenu tête : quelles qu’aient été les supplications et les singeries déployées par des humains pour que la nature « émette » plein l’or sans rien foutre en échange, celle-ci est restée inflexible et insensible. Si on veut de l’or, il n’y a qu’un moyen : suer et creuser. La nature est, si on veut, un émetteur 100% inhumain, 100% incorruptible, et 100% insensible aux nécessités d’un système financier décadent, qui n’accepte d’émettre des fifrelins d’or qu’en échange de gros efforts. Ces efforts forment aussi, en partie, la valeur de l’or : on ne peut jamais se détacher complètement de la valeur-travail, puisque quelqu’un qui creuse pour le compte d’autrui, il faut bien le payer !

          4. L’or ne sert à rien. Vu qu’il a peu d’applications industrielles, et qu’il sert juste à faire joli, détenir de l’or dans le seul but de stocker de la valeur ne prive personne de quoi que ce soit. Si on stockait du cuivre, on priverait des populations de courant électrique ou d’internet. Si on stockait du pétrole, on provoquerait des pénuries. Si on stocke des terres, on peut empêcher des gens de se nourrir. En stockant de l’or, on ne provoque aucune pénurie d’aucune sorte, vu que l’or n’est nécessaire à personne.

          De ces 4 conditions qui font de l’or un bon candidat monétaire, le bitcoin en rassemble 3. Il n’y a que la tradition millénaire (et la certitude qu’aucune remise en cause de la valeur n’est possible) qui fait défaut, mais ce trait a tendance à diminuer au fur et à mesure que le bitcoin s’installe. Ce qui fait sa force : à la place de la nature impitoyable, inhumaine, incorriptible et inflexible qui émet l’or, on a un programme informatique jugé jusqu’à présent tout aussi impitoyable, inhumain, incorruptible et inflexible qui émet des bitcoins. Tant que ce programme montrera sa fiabilité et tant que – à l’opposé – banquiers et politiciens monopolistes étaleront leur veulerie, leurs mensonges, et leurs manipulations, le bitcoin continuera à grimper.

          • « En stockant de l’or, on ne provoque aucune pénurie d’aucune sorte, vu que l’or n’est nécessaire à personne. » Ce n’est pas aussi simple, comme l’histoire économique l’a montré à plusieurs reprises. Celui qui stocke l’or monétaire prive autrui d’une partie du potentiel de participation à l’échange volontaire, du moins à court terme. Dès qu’on modifie sensiblement les termes de l’équation MV=PT en réduisant M par une thésaurisation soudaine, le risque est d’entraîner temporairement la chute de T. A plus long terme, P et V s’ajustent aux quantités restant en circulation, ou bien une monnaie de substitution est adoptée, mais entre temps, ceux qui ont été temporairement exclus de l’échange volontaire sont appauvris, voire pire… Le problème, c’est qu’ils sont exclus pour de mauvaises raisons, purement monétaires donc, et non pour des raisons à proprement parler « économiques » (qualité, quantité et utilité de leur production, volonté d’échanger…) Du coup, la situation risque passablement de les énerver et ceux qui thésaurisent doivent apprendre à courir vite et loin (ou inventent des boucs émissaires s’ils sont au gouvernement).

      • Théorème de régression.
        Dire merci à quelqu’un, ça lui rapporte que dalle, mais ça lui fait plaisir.
        Ce plaisir, on peut avoir envie d’en recevoir plus, donc on commence à donner de l’importance au vecteur du plaisir, on lui donne une valeur.
        A partir du moment ou ça a une valeur, ça peut servir d’échange avec d’autres choses de valeur.
        Et petit à petit, ça peut s’étendre à tous les secteurs.

        Ceci dit, J’ai bien précisé un « modèle ». C’est la façon dont est créée cette monnaie qui fait que cela rend possible un revenu universel. Plutôt que de créer des euros en fonction des dettes (donc donner les euros aux banques pour qu’elles les prêtent ensuite), pourquoi ne pas créer des euros en les distribuant d’une manière équitable entre tout le monde ?
        Thank money est un moyen pour dire « merci » à n’importe qui, n’importe quand, n’importe où, il a pour but premier de faire la même chose qu’un « j’aime » sur Facebook, sauf que le destinataire du j’aime n’a pas besoin d’être un site web, et que cela lui donne plus de valeur car le nombre de « merci » donné est proportionnel au nombre de merci reçus (donc limité, donc rare, donc prend de la valeur). Et donc, c’est le mécanisme pour donner ce « plus de valeur » qui en fait un modèle alternatif pour les monnaies « réelles ».

        • Le bitcoin doit justement sa valeur au fait que personne ne peut faire en sorte qu’il se multiplie au gré de la volonté des gens de rester assis dans leur fauteuil à consommer sans produire !

          Une monnaie-papier ou électronique représente toujours un titre de créance. Un billet de 20 euros qui traîne dans votre poche est un certificat émis par le banquier central qui dit « ce billet donne droit à son porteur de tirer pour 20 euros de marchandises produites par d’autres que vous dans n’importe quel magasin de l’UE ». On n’a en effet pas besoin d’argent pour jouir de (ou consommer) ce qu’on a fabriqué soi-même… Mais si vous émettez de l’argent que vous distribuez aux gens en échange de zéro production, sur qui et sur quoi voulez-vous qu’ils soient créanciers avec leurs « thanks » ? Sur des esclaves bangladeshis capturés pour la cause, et leur production ? Si vous me dites que ceux qui reçoivent cet argent ne sont créanciers de rien ni de personne, cela signifie qu’ils ne savent rien acheter avec leurs « thanks » : et à quoi pourrait bien servir de l’argent qui ne permet de rien acheter ?

          L’erreur de base de la pensée magique mercantiliste est de postuler qu’il existe, quelque part en Laponie, une Machine Magique où l’on introduit d’un côté des billets de banque (ou des bits d’ordinateur), et d’où ressortent miraculeusement, de l’autre côté, des steaks bien tendres, de beaux logements, des T-shirts bangladeshis, des voitures japonaises, des « services à la personne » (fournis par qui ?), des places d’avion vers les destinations de vacances, des médicaments, des tablettes 4G, etc !

          • Vous avez 2 moyens d’avoir des « euros thanks » (c’est à dire des thanks qui deviendraient une vraie monnaie):
            – vous vous contentez du revenu de base (ce qui remplace rsa, allocation chômage, retraite, invalidité, allocations, …).
            – vous travaillez, vous recevez des thanks pour votre travail, cela s’ajoute à votre revenu de base, et vous dépensez l’ensemble.
            La théorie du revenu de base a déjà été étudiée par de nombreuses personnes, elle n’est qu’un moyen de permettre à tous de vivre décemment, elle est plus « juste » (tout le monde le touche) et plus simple que les systèmes d’allocations (calculs de seuils, cumuls d’allocations, …).
            Vous trouvez sans doute anormal que des personnes qui ne font rien touchent un revenu, mais c’est pourtant le sens de l’histoire, car la robotisation va tuer l’emploi, tout simplement parce qu’à partir du moment ou les robots seront capables de faire tout ce que font les humains (à plus ou moins longue échéance en fonction du type de tache), il ne faut plus espérer « de nouveaux gisements d’emplois » pour remplacer les emplois perdus (tous les nouveaux gisements seront aussi exploités par les robots).
            Donc à partir du moment ou la majorité des humains ne travaillera plus « contre un salaire », il faudra bien trouver un moyen de répartir les richesses créées par les robots. La solution naturelle est que le système monétaire intègre ça, et permette le passage en douceur de la situation actuelle à la situation future ou il ne restera plus pour la majorité des humains que le revenu de base pour vivre.
            Je ne sais pas si ça va prendre 2 ans, 20 ans ou 200 ans avant que le système actuel s’écroule à cause de la disparition du travail, mais tous les signes montrent qu’on est sans doute bien plus proche d’un écroulement qu’on le pense, puisque la plupart des économies avancées (Usa, RU, japon, et dans une certaine mesure zone euro) ont déjà activé la « Machine Magique » (Quantitative easing) comme seule solution pour permettre au système de survivre, et ne savent déjà plus comment l’arrêter. Et ils ne peuvent pas l’arrêter tout simplement parce que s’ils l’arrête le chômage repartira franchement à la hausse ce qui provoquera une explosion sociale.
            Après, vous pouvez toujours répondre que s’il y a du chômage, c’est parce que les dirigeants sont des clowns, qu’ils ne sont pas assez libéraux, regardez par exemple la Suisse, … et je suis d’accord avec vous, c’est une partie des raisons. Mais ce n’est pas la seule, car s’ils sont comme ça, c’est parce qu’une partie du peuple sait que s’ils étaient payés en fonction de leur valeur réelle (donc en dessous du smic), ils n’auraient pas assez pour vivre, donc ils n’ont pas d’autres choix que de sa battre pour qu’un système distributif existe et soit supportable (le problème en France étant qu’il est devenu insupportable). Donc les politiques doivent les écouter (comme Merkel qui a été obligée de prendre en considération la volonté d’un smic généralisé en Allemagne).

  • Comment expliquer son inflation actuelle ?

    Peut on imaginer utiliser les Bitcoins comme
    – monnaie de réserve, ou
    – comme monnaie en transit.

    Je m’explique, il y a une crise de l’Euro, je vends mes Euros, j’achète des Bitcoins avec.

    Puis j’achète de la couronnes Norvégienne ou autre monnaie, ou même de l’or avec mes Bitcoins.

    Cela peut il expliquer l’inflation actuelle sur cette monnaie ?

    • Je crois que c’est de plus en plus à la fois une monnaie de transit et une monnaie de réserve individuelle. Mais c’est aussi un véhicule de spéculation — que risque-t-on de plus qu’en bourse à acheter quelques bitcoins avec une petite part des liquidités dont nous inondent les banques centrales — et un moyen d’échapper au contrôle des états sur les comptes bancaires et les échanges — et à ce titre, l’augmentation de la masse de billets en circulation est parallèle à celle du cours du bitcoin.

      Ah, et si vous croyez à une crise de l’euro, il vaut mieux acheter les bitcoins _avant_ !

    • Ce qui explique la hausse du cours est que le prix actuel est massivement sous-évalué par rapport au prix futur.

    • Il n’y a pas d’inflation sur les bitcoins, il y a déflation.

      L’inflation, c’est la hausse des prix des choses qu’on peut acheter en échange de la monnaie considérée. Les prix des marchandises exprimées en dollars ou en euros augmentant beaucoup moins vite (inflation modérée) que le nombre de dollars ou d’euros qu’on peut obtenir en échange d’un bitcoin, le pouvoir d’achat de chaque bitcoin ne fait qu’augmenter. Il y a donc déflation (diminution des prix exprimés en bitcoins) et non inflation.

      Cette déflation est due à la rareté relative du bitcoin par rapport à la demande. Ou plutôt de l’extrême rareté, dans le monde, de monnaies qui inspirent confiance. Cette rareté n’a rien de naturelle : elle est organisée par les Etats qui offre des monopoles d’émission à des banques centrales émettant de la monnaie de singe.

      Dans un système libre, où le communisme monétaire a été aboli, où la liberté d’émission existe, n’importe qui peut émettre de la monnaie, la seule limite naturelle étant la liberté d’autrui, qui est libre d’accepter ou de refuser d’être payé en tout type de monnaie. Si je suis producteur de pommes, je peux très bien griffonner sur un bout de papier « Bon pour 1 kg de pommes ». En-dessous « Ce bon porte le N° 4355 sur un total de 10000 bons émis, sous la supervision du huissier Untel ». Encore en-dessous «  »Moi, Machinchose, producteur de pommes installé à Glande-Sur-Rhénale dans le Bas-Rhin, garantis par une hypothèque sur ma ferme que ce bon peut être échangé à tout moment contre un kg de pommes ». A partir du moment où un tiers (un fournisseur, un commerçant, ou n’importe qui) accepte d’être payé (pour n’importe quelle prestation) avec ces billets (qui sont des reconnaissances de dettes), ces billets deviennent effectivement des moyens de paiement, et donc de la monnaie. Dans un tel système, les gens émettent en permanence de la monnaie (forte ou faible, selon que les affaires marchent bien ou moins bien) en suffisance, ni trop ni trop peu, permettant à absolument toutes les transactions possibles de s’effectuer. Il n’existe jamais de pénurie d’un quelconque type de monnaie. Comme l’avait montré le siècle de liberté d’émission en Ecosse du 18ème au 19ème siècles, un système libre ne peut engendrer ni inflation, ni déflation. Les monnaies émises en trichant disparaissent immédiatement, car personne n’en veut.

    • Quand l’article est paru, le bitcoin valait 250$, 30 heures après il en vaut 300 ! Il y a quelque chose à l’oeuvre, dont :
      – le succès de BTC China
      – le distributeur de change automatique à Vancouver (les Chinois sont nombreux au Canada à envoyer du fric au pays…)
      – les CFD BTC/USD chez Plus500 par exemple
      – le simple fait que le bitcoin ait survécu à la fermeture de Silk Road 1 et à la volonté américaine.

      Western Union fait 5 G$ de chiffre d’affaires, combien de temps avant que ces transferts ne se fassent en bitcoins ?

  • « avec des monnaies décrétées par les gouvernements » : ne serait-il pas temps d’arreter le delire? En ce qui concerne les devises convertibles (USD, EUR, JPY, GBP…) le marche est le plus important qu’il soit, faisant intervenir des dizaines de milliers d’operateurs aux interets differents et, a ma connaissance, le plus proche d’un marche libre que tout autre marche global de nos jours.
    Je vous accorde que les gouvernements interviennent sur ce marche et tentent de le manipuler mais ils ne le maitrisent pas, nous l’avons vu avec Soros face au gouvernement britannique ou lorsque Montebourg qui se plaint de ne pas voir l’euro au niveau qu’il souhaite…

    • Il me semble que le Japon a décidé de doubler sa masse monétaire, non ? Donc d’une part le Bitcoin, où la masse monétaire évolue suivant une règle connue de tous et immuable, de l’autre le Yen, où un gouvernement décide un beau jour qu’il double le nombre d’unités par rapport à ce que les détenteurs pouvaient prévoir.

    • Le marché des devises décrétées/fiat, aussi grand soit-il, a pour fondement les lois qui imposent ces devises. En France, il s’agit notamment des articles R642-2 et R642-3 du Code pénal.

      http://www.wikiberal.org/wiki/Monnaie-fiat

  • L’auteur pose une excellente question mais je ne vois pas qu’il apporte une réponse satisfaisante. Si le théorème de régression est correct, alors des bitcoins ont dû être initialement acquis pour un usage non monétaire. Le(s)quel(s) pouvai(en)t-il(s) être? Si on dit que la valeur monétaire du bitcoin provient de sa valeur en tant que système de paiement rapide, sûr, etc., cela semble présupposer le bitcoin comme intermédiaire des échanges. On est déjà dans l’usage monétaire!

    • Les premiers usages étaient du type collection, comme sans doute pour l’or ou les pierres précieuses. Comme pour tout objet de collection, c’est ensuite le marché qui en définit la valeur. L’originalité du bitcoin est à mon avis qu’il était conçu sur l’anticipation de son usage monétaire, que son parcours était inscrit dans ses gènes en quelque sorte, mais cela ne signifie pas qu’il en ait sauté la partie initiale, celle où le bitcoin n’avait qu’une valeur de curiosité pour la grande majorité des gens.

    • C’est parce que le système Bitcoin a certaines qualités que les bitcoins deviennent un intermédiaire d’échange. La valeur non monétaire des bitcoins, c’est leur capacité à rendre un service : celui de pouvoir utiliser l’écosystème Bitcoin, i.e. payer rapidement de façon sécurisée et à faible coût. L’effet réseau fait le reste.

      On peut également penser que la spéculation a particulièrement aidé au début à permettre l’existence de places de marché, en plus de l’attrait qu’offre tout objet de curiosité comme MichelO le dit plus haut.

  • Le billet de 10 euros est révolutionnaire dans la mesure où sa valeur monétaire provient non pas d’une marchandise bien palpable, mais de sa valeur en tant que système de paiement sécurisé, rapide, et bon marché.
    Ba oui…

    • Sauf erreur, jamais aucune monnaie fiat n’a jamais été créée de toute pièce, sans avoir eu avant un lien avec un bien ayant un usage non monétaire (or pour le billet de 10 euros, biens de l’Église pour les assignats, etc.). Si vous avez un contre exemple, je suis preneur.

      • Quelque chose qui n’en est pas très loin : en 76, j’ai fait un séjour en Italie, la Monnaie y était en grève et il y avait pénurie de pièces. Les chambres de commerce avaient émis des milliers de chèques au porteur de 10 ou 20 lires, qu’on utilisait à la place, sans savoir s’il y avait la moindre garantie derrière, juste par commodité (sauf pour les distributeurs de boissons, évidemment 🙂 ). Sauf que les chambres de commerce n’étaient pas des états, il y a les principales caractéristiques d’une monnaie fiat, et ça montre que ce qui compte est l’accord consensuel sur la valeur du bout de papier plus que le bien que l’émetteur prétend qu’il remplace.

      • Actuellement l’ensemble de l’or detenu dans toute la zone euro (10 000 tonnes) ne couvre que 3% de la masse monetaire en euro. Et seule une partie de cette masse d’or est vraiment utilisee comme reserve.

        Je suis d’accord avec vous, toutes les monnaies fiat reposent sur un actif tangible a leurs debuts…mais a l’heure actuelle euro et dollar sont dematerialises a plus de 95% et leur valeur reflete donc bien plus leur qualite de moyen de paiement (rapidite, securite, simplicite, stabilite) que celle de la reserve qui est derriere.

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