Montebourg, donneur de leçon, s’en prend à l’Allemagne

Lors d’une intervention au Medef, Arnaud Montebourg a fustigé pêle-mêle l’Allemagne, l’euro fort et les politiques d’austérité en Europe.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Montebourg, donneur de leçon, s’en prend à l’Allemagne

Publié le 30 octobre 2013
- A +

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

montebourg coq

C’est la faute à l’Allemagne !

Monsieur Arnaud Montebourg, le ministre du « Redressement productif », probablement parce qu’il n’a pas redressé grand chose pour l’instant, nous a gratifié hier mardi 29 octobre d’une de ses saillies dont il a le secret. Après la coréanophobie, la sinophobie, l’indianophobie (qui nous a coûté le premier marché de Rafales signé), l’américanophobie, le voici maintenant dans le registre que l’on croyait à jamais oublié d’une époque sombre de notre histoire, celui de la germanophobie.

Dans la série « c’est la faute à tout le monde sauf à moi… », le ministre a profité d’une intervention au Medef pour fêter à sa manière le 20e anniversaire du traité de Maastricht.

C’était le bon temps quand on pouvait dévaluer comme on voulait…

Bon sang ne sachant mentir, le marxiste devenu ministre nous a gratifiés d’une de ces affirmations péremptoires et idéologiques qu’il affectionne particulièrement : « La monnaie est un outil mercantile, sous manipulation politique qui n’appartient pas aux banquiers centraux. » Puis, enchaînant sur la monnaie européenne : « L’euro n’appartient pas à l’Allemagne. Il appartient à tous les membres de la zone euro. Et nous en avons une part de propriété et nous avons à dire les choses. »

Le chemin étant tracé, il poursuivit : « L’Union européenne, c’est la dureté monétaire et la dureté budgétaire », « Qui peut dès lors s’étonner que l’UE soit aujourd’hui en situation de récession quand toutes les régions du monde connaissent ou reconnaissent la croissance ? »

Le monde entier contre Montebourg…

Ainsi donc, si la France connait la crise, c’est de la faute des Chinois qui sous-paient leurs salariés, des Coréens qui travaillent trop, des Indiens dont le patronat est avide, des Américains qui sont cupides, des Allemands qui veulent absolument confier l’Euro à une banque centrale et pas au gouvernement français. Voilà la haute pensée politique de notre ministre.

Le fait que l’Allemagne dispose de la même monnaie, s’impose la même rigueur et ne soit pas dans la même situation semble totalement échapper à notre révolutionnaire en herbe. Que dis-je, le fait qu’il y a 20 ans l’Allemagne était le malade de l’Europe et qu’aujourd’hui, malgré les crises, le coût de la réunification et… l’Euro (car n’oublions pas que l’Euro coûte très cher à l’Allemagne qui est obligée d’être solidaire des pays qui, comme Monsieur Montebourg, croient que « la monnaie est un outil mercantile sous manipulation politique… »), elle soit la première puissance européenne, le premier exportateur mondial semble tout à fait échapper à notre grand penseur…

L’Allemagne paiera !

Cherchant à étayer son attaque frontale de l’Allemagne, le ministre a cité un rapport d’il y a quelques mois du Fonds Monétaire International (FMI), qui demandait une politique monétaire plus souple en zone euro. « Ce qui m’amuse un peu, c’est que même le FMI le dit. Vous voyez un peu le gauchisme très dangereux du FMI », a-t-il ironisé, occultant le fait que le FMI n’a jamais demandé que la monnaie passe sous contrôle politique, ne connaissant que trop la probité des politiques européens et leur souci de la gestion de la monnaie, comme l’histoire nous l’enseigne.

M. Montebourg a aussi évoqué le commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani, qui aurait dit que « l’euro était trop fort » lors d’une réunion la semaine dernière à Bercy. Information que le ministre a ponctué d’un « La Commission européenne s’intéresse enfin aux vrais problèmes » péremptoire.

Même Stiglitz, il est d’accord !

Le stagiaire ayant écrit son intervention, sachant ménager ses effets, avait gardé pour la fin la citation-choc. S’en prenant pour finir à l’ « austérité » (mot tabou rejeté aussi bien par les politiques que par le peuple et par les employeurs devant lesquels s’exprimait Arnaud Montebourg), le ministre cita un article récent du prix Nobel d’Économie Joseph Stiglitz : « Aucune économie n’est jamais revenue à la prospérité avec des mesures d’austérité. C’est une leçon de l’histoire. »

Si bien sûr la rigueur budgétaire et la rigueur de gestion de l’argent public sont cataloguées « austérité », alors quel beau détournement de sens que l’utilisation de cette phrase de Stiglitz ! En tous cas, entendre ce « grand économiste » qui avait, en son temps, assuré que Fannie Mae et Freddie Mac ne présentaient aucun risque de défaillance et que l’ancien Président Nicolas Sarkozy avait appelé au chevet de la France (avec les résultats que l’on sait…), cité aujourd’hui par Arnaud Montebourg pour appuyer ses propos m’a personnellement presque autant fait rire qu’une bonne citation d’Attali ou de Minc !


Sur le web.

Voir les commentaires (11)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • « Si bien sûr la rigueur budgétaire et la rigueur de gestion de l’argent public sont cataloguées « austérité », alors quel beau détournement de sens que l’utilisation de cette phrase de Stiglitz ! »

    Austérité est un mot à double sens habilement employé par les étatistes pour confondre les esprits. Il signifie deux choses parfaitement antinomique : hausse des impôts et baisse des dépenses publiques. Si A=B et B=C alors A=C. Partant de ce principe, l’austérité qui consiste à réduire la dépense publique c’est mal donc baisser les impôts c’est mal. Cherchez l’erreur :-$

  • S’il n’est responsable de rien et incapable en tout, il va bien falloir un jour que quelqu’un lui dise qu’en matière d’économie la disparition de tout son ministère serait un plus.

  • J’ai travailler dans une entreprise qui appartenait à un gros groupe Américain, en France. Notre société était en pré-faillite, le groupe allait très bien, lui. Au fil du temps nous avons délocalisé notre production en Allemagne. Nous étions capable de traiter une unité, pendant que l’Allemagne en faisait 8 (ordre d’idée). Nos commandes étaient Françaises, pour des gros groupes, notre fabrication, elle, était en Allemagne….Rapidement, notre société Française a déposée le bilan et les employés sont aller au chomage. La production a donc été basculée à 100% en Allemagne ! CQFD
    Méchante Allemagne qui refuse d’être dans la misère, c’est trop injuste, bououou !!!!

  • Comment voulez vous que le peuple redevienne responsable de ses actes si même les « politique » se dédouane de leurs actions. Quand on fait une connerie, on paie le prix ! Ces a…… n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux. Égocentrique à son maximum

  • Bien sûr que la monnaie est un outil mercantile. Il n’y a que les naïfs pour croire le contraire qui a chaque fois ressortent les mêmes arguments à 2 balles sur le prix du pétrole moins cher et le pouvoir d’achat. La vraie question est de savoir si une économie florissante comme la nôtre et notre courageuse capacité de réformes, justifie une telle appréciation de notre monnaie ? Depuis juillet 2012, entre 12% et 40% contre nos principaux partenaires économiques hors zone UE : usd (+14%) , cad (+17%) , yen (+40%) , GBP (+10%), TRY(+26%), etc…On a la valeur de monnaie que l’on mérite et malheureusement l’euro est une monnaie d’allemands et pas d’espagnols, de français, d’italiens ou de grecs. Nous payerons cher bientôt, cette incapacité du marché à ajuster la valeur de notre monnaie.

    • « Bien sûr que la monnaie est un outil mercantile. » C’est ça ! On peut effectivement laisser la monnaie aux mains des politiciens. On en connait le résultat : systématiquement catastrophique, la ruine et la pauvreté généralisées pour les populations, quand ce n’est pas la guerre qui met un point final au pourrissement mercantile de la monnaie.

      • La monnaie n’est pas aux mains des politiciens. La monnaie est aux mains des marchés. Les politiciens bidouillent pour essayer de la faire monter ou descendre. Tôt ou tard le marché lui attribuera sa juste valeur. Nous sommes déjà ruinés et pauvres, mais l’euro masque aujourd’hui cette réalité.

  • Si vous n’avez vraiment rien à faire, regardez tourner votre lessiveuse … Vous y verrez passer dans le plus beau désordre votre pyjama à nounours, les chaussettes rouges du petit dernier, une serviette à carreaux, ou un jeans …

    Si la boite crânienne de Montebourde avait un hublot, le spectacle serait exactement pareil 🙂

  • Quel âne, c’est sa majorité qui a voulu la chute industrielle qu’il fustige tant.

    J’achète des petites pièce auto (moins de 3€) ainsi que des feutres et agraphes (1 ou 2€), le point commun entre mes pièces de bagnole et mes stylos ?

    made in germany.

    pourquoi les Allemands contiuent de fabriquer des petits trucs pas cher, quelques centimes de plus que l’équivalent Chinois ?

    Pourquoi les pièces RENAULT jadis fabriquées en France sont aujourd’hui fabriquée en Allemagne ?

    Le gouvernement auquel appartient Montebourg a fermé les usines une à une pendant que l’Allemagne continuait, et a profité de la croissance liée à la reprise de nos activités industrielles.

    Qu’est devenu DUCELIER ?? maintenant c’est BERU, made in germany.
    Qu’est devenu RENIX ?? maintenant c’est CONTINENTAL made in germany.
    Qu’est devenu SOLEX CARBURATION?? maintenant c’est BOSCH INJECTION made in germany.

    STAEDTLER, 80% de la production est made in germany
    ENERGIZER, la production des best-seller est made in germany

    Pendant que SKF ferme ses usines en France NRB Wälzlager grimpe en fleche….

    Peut etre ont-ils plus d’entrepreneur et moins d’administrateur que chez nous, et la volonté de faire de l’excellence industrielle.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles