L’impôt est consubstantiel à la République

On impose au peuple des contraintes et des règles dont il ne veut pas, en lui expliquant que cela est pour son grand plaisir.

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L’impôt est consubstantiel à la République

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 octobre 2013
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Par Jean-Baptiste Noé.

Bernard Cazeneuve, ministre délégué au Budget.
Bernard Cazeneuve, ministre délégué au Budget.

 

Dans le Figaro Magazine du 5 octobre 2013, le journaliste Vincent Nouzille interroge Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, au sujet de l’impôt. Les réponses du ministre sont pour le moins symptomatiques de la relation entre l’État et l’impôt.

— Admettez-vous que l’on paie trop d’impôts en France ?

Je ne veux pas alimenter un climat dans lequel l’impôt est mis au pilori, alors qu’il est consubstantiel à la République, qu’il participe au pacte républicain. Les impôts financent des services publics de qualité auxquels les Français tiennent, comme les hôpitaux, la sécurité, la justice, l’éducation et la solidarité.

Si la première partie de la réponse est intrigante, la deuxième est pour le moins étrange. Que les impôts financent les services publics, c’est un fait. Mais dans ce cas, ce n’est pas un impôt, c’est une contribution. L’impôt, pour les socialistes, ne sert pas uniquement à financer les dépenses de l’État mais aussi à réduire les inégalités en écrêtant les hauts revenus pour distribuer l’argent aux plus pauvres.

Chacun pourra mesurer la qualité des services publics que sont « les hôpitaux, la sécurité, la justice, l’éducation », chaque Français sait que le monde entier nous les envie. Pourquoi alors certains Français cherchent-ils à quitter la Sécurité sociale ? Chacun mesure aussi à quel point la justice est rendue avec célérité et impartialité, à quel point la sécurité est assurée dans nos bonnes villes de France (l’intervention de la police lors des émeutes du Trocadéro fut à ce titre exemplaire), et combien l’école publique fonctionne bien, ce que démontre son très large plébiscite par les parents.

Cette manie de parler au nom des Français, qui ne pensent pas un mot de ce que dit le ministre, est pour le moins étrange. Comme il est étrange d’intégrer la solidarité parmi les services publics. Quelle solidarité est évoquée ici, si ce n’est celle qui consiste à redistribuer les richesses du haut vers le bas.

Mais le plus surprenant dans cette réponse est bien évidemment la première partie de la réponse du ministre. L’impôt est « consubstantiel à la République, il participe au pacte républicain ». En un sens, c’est vrai. Les impôts n’ont jamais été aussi forts que sous la République car ce régime a nationalisé une grande partie des services publics qui étaient privatisés sous la monarchie. Que l’on pense, notamment, à l’hôpital et à l’école, qui étaient organisés par des congrégations religieuses, et de façon très exceptionnelle par l’État. La République a toujours veillé à créer un État centralisé et providentiel, donc à concentrer la subsidiarité entre ses mains, et par conséquent à augmenter les impôts. Pour retourner l’argument au ministre, on pourrait dire que pour baisser les impôts, il faut donc supprimer la République.

imgscan contrepoints 2013-2292 impôtLa mention du pacte républicain est elle aussi étrange. Il n’est pas rare que les hommes politiques y fassent référence, c’est peut-être du Rousseau mal digéré. Mais ce pacte républicain, qui l’a signé ? Y a-t-il un Français qui le connaisse, qui l’a lu, qui l’a accepté ? Où est-il possible de lire ce pacte républicain ? Et si on le refuse, est-il encore possible de vivre en France, voire d’être Français ? Quelle est la nature de ce pacte ? Est-ce un contrat, et dans ce cas il semble que l’on nous ait contraints à l’accepter, ce qui s’appelle de la vente forcée. Est-ce une manière de vivre dans la république ? Mais au nom de quoi des hommes politiques, qui sont les représentants du peuple, imposeraient-ils au peuple quelque chose dont celui-ci ne veut pas ?

Dans ces réponses se dégage donc une grave atteinte à la légitimité populaire, et un abus de souveraineté. Tout se passe comme si l’on imposait au peuple des contraintes et des règles dont il ne veut pas, en lui expliquant que cela est pour son grand plaisir.


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  • http://www.valeursactuelles.com/politique/sondage-exclusif.-pr%C3%A9sidentielle-2017-sarkozy-%C3%A9crase-hollande20131016.html
    « À l’exception des qualificatifs “honnête”, accordé par 50 % des Français à Hollande et par seulement 32 % à Sarkozy »
    Mon Dieu que les Français sont cons, mais CONS ! Alors que Hollande ne déclare pas ses impôts.

    •  » il n’y a plus de vendée, j’ai tous tué, sabré les hommes, enterré les enfants sous le pas de nos cheveaux, quand aux femmes, elle n’enfenteront plus de brigants. je n’ai aucun prisonniers à me reprocher, il aurait fallu leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire « 

  • « Pourquoi alors certains Français cherchent-ils à quitter la Sécurité sociale ? » Je pourrais vous répondre, il y a des imbéciles partout, mais je ne vais pas encore une fois provoquer les dingos qui viennent ici. Restons entre gens civilisés. Je me contenterai de vous retourner la question : pourquoi certains veulent-ils mettre en place une sécurité sociale comme la nôtre ?

    En effet, la justice est rendue en toute impartialité, à moins que quelqu’un puisse nous prouver le contraire ! En effet la sécurité est assurée en France, sauf bien sûr si vous considérez que l’existence d’actes de délinquance soit une preuve de non sécurité, dans ce cas, vous me citerez le pays dans lequel il n’existe pas de délinquance ! Le pays des bisounours peut-être ?
    En effet, l’école publique fonctionne bien, même si bien évidemment des améliorations sont à portée de main. Je vous fais simplement remarquer que les effectifs dans le privé sont stables depuis de nombreuses années, comme quoi, le mythe des parents qui mettraient en cause l’école publique reste bien un mythe. Ceci dit, après 10 ans de droite qui ont saccagé l’école publique, on comprendrait que les parents aillent voir ailleurs !

    Ce qui semble curieux c’est que vous n’êtes pas capable de faire le rapprochement entre république et donc si je vous suis services publics et progrès social (libertés individuelles, hausse de l’espérance de vie, baisse de la mortalité infantile, progrès scientifique, technique, etc. Finalement, on pourrait conclure votre article en se disant, que c’est une très bonne chose cet Etat providentiel mis en place par la République !

    Au fait, avez-vous signer un contrat vous interdisant de voler, de tuer, de violer ? Pourtant, j’ose espérer que vous ne commettez pas ces actes !

    Assez curieux pour un enseignant de ne pas comprendre que ce pacte dont parle le ministre est justement le pacte qu’on apprend à l’école républicaine, tout comme le fait d’apprendre à vivre en société, c’est à dire à respecter certaines règles (comme celles mentionnées au-dessus).

    • Rapidement.
      – A part Obama (combattu par une bonne moitié de sa population) personne ne veut un modèle comparable au notre en matière de sécu (et encore pour Obama, ça se discute, il reste un peu de libre concurrence entre les fournisseurs privés d’assurance maladie, c’est quand même 100x mieux qu’ici.)
      -La justice impartiale… Hum… des juges sans aucun contrôle de la part de la population, qui se donnent eux même des missions de partialité afin de « contrer les injustices sociales », c’est sûr que c’est impartial. Du « mur des cons » au nombreux exemples de deux poids deux mesures, on ne doit pas observer la même justice en France.
      -L’école… hum. Et bien hormis le privé hors contrat (cher et « dangereux » puisque souvent nouveau et apparemment instable), le privé à un nombre de place limité par le fameux « contrat d’association » ( ce contrat du « privé sous contrat ») en proportion du total des élèves scolarisés. Cette proportion étant atteinte depuis bien longtemps, évidemment que la proportion de gens dans le privé ne bouge pas. Si elle augmentait ce serait la preuve que les écoles privés violent la loi ! Après, pour ce qui est de la « qualité » du public… on voit juste le niveau s’effondrer depuis une vingtaine d’année (d’après les indicateurs internationaux). Et l’impact de la droite sur l’école ça me fait rigoler vu que l’Ed Nat est LE bastion de la gauche en France !!!

      Sinon, si on regarde le développement des « progrès sociaux » en parallèle à l’Etat providence, que ça soit en série temporelle ou en coupe transversale, hélas pour vous, les résultats vont dans le sens où réduire l’Etat providence augment tout le reste. Mais bon, ça n’est pas très bisounours, donc on va ignorer la réalité et se dire que théoriquement quand on claque pour des gens qu’on ne connait pas le pognon pris à des gens qu’on méprise collectivement, on est forcément d’une efficacité redoutable…

      • succintement.
        – Bien évidemment que de nombreuses personnes dans le monde envient et ont même mis en place un modèle de sécurité sociale comparable au nôtre. C’est vrai que c’est génial aux USA, le coût de la santé est bien plus élevé qu’en France pour une efficacité moindre !
        -vous m’expliquerez en quoi le mur des cons est un exemple de partialité lorsque la justoce est rendue par les juges ! N’hésitez pas à nous citer les exemples de partialité pour étayer un peu votre maigre thèse.
        -le niveau du public s’effondrer depuis une vingtaine d’années. Là aussi vous seriez bien gentil de nous citer un peu les enquêtes. Je pense que vous êtes totalement ignorant de ce domaine et vous contentez de resssaser une doxa répétée en boucle par des gens qui n’y connaissent pas beaucoup plus que vous ! Mais allez-y j’ai hâte de connaître vos sources ! En réalité, je pense que vous ne savez même pas comment sont faites les enquêtes de type PISA et ce qu’elles montrent !

        Bilan de vos propos : du vent, des clichés, il faudra regarder la réalité en face un jour !

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