Une France bloquée par le capitalisme de connivence

Le capitalisme de connivence est destructeur d’opportunités, de richesses, d’emplois et d’adhésion républicaine, comme l’a très bien montré l’émission Capital de M6 hier soir. Réaction à chaud.

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Une France bloquée par le capitalisme de connivence

Publié le 7 octobre 2013
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Le capitalisme de connivence est destructeur d’opportunités, de richesses, d’emplois et d’adhésion républicaine, comme l’a très bien montré l’émission Capital de M6 hier soir. Réaction à chaud.

Par Vincent Bénard.

Deux émissions de télévision sont venues cette semaine ajouter un peu plus à l’écœurement du simple citoyen que je suis, quand bien même je suis déniaisé depuis longtemps quant à la pourriture de notre classe politique.

Mercredi, c’est « Cash Investigation » qui montrait comment syndicats, patronats et partis politiques détournaient sans vergogne une grande part de l’argent de la formation professionnelle de son but initial.

Hier soir, c’est « Capital » qui s’est attaqué aux lobbys qui sclérosent la France. J’ai raté le début, mais la seconde moitié valait son pesant de vomissures.

Un exemple : un entrepreneur fonde dans le sud de la France un service de VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) low cost. La boite s’appelle EasyTake et semble connaître un franc succès au démarrage. Panique des taxis qui vont réussir à couler le concurrent… avec l’aide du ministère de l’intérieur qui va changer deux fois la loi, par peur d’une grève des taxis :

  • Une première fois pour imposer une longueur minimale des véhicules, de 10cm supérieure aux 4m40 choisis par Easytake. Celui-ci est obligé de renouveler sa flotte de véhicules. On peine à comprendre pourquoi un véhicule de 4m40 serait impropre au transport de passagers payants…
  • Comme l’intrus n’a pas renoncé, le lobbying des taxis fait, un peu plus tard, changer la puissance minimale du moteur obligatoire. EasyTake doit jeter l’éponge, ne pouvant pas renouveler deux fois en 6 mois sa flotte. Faillite, investisseurs ruinés, 20 chauffeurs à pôle emploi.

Il s’agit d’un « petit scandale ordinaire » du capitalisme socialisé, ou « capitalisme de connivence ». Un entrepreneur a été spolié, ruiné, par la complicité d’un syndicat de taxis puissant et de l’État.

Bien sûr, cet entrepreneur ne peut en aucun cas espérer obtenir une quelconque réparation du braquage, pardon, du préjudice subi, de la part de ceux qui ont manigancé sa perte. Le vol légal parfait. L’histoire ne dit pas si le ministre qui a cédé sous la menace des taxis n’a pas, en contrepartie de sa bonne composition, reçu quelque compensation. Je n’en serai pas outre mesure surpris. Mais qu’importe : aucun acteur de ce massacre législatif ne sera jamais inquiété.

Une boite qui offrait un service utile à un prix inférieur à celui de ses concurrents est morte. Ce n’est évidemment pas le drame du siècle. Mais on imagine sans peine que chaque année, plusieurs dizaines de petits nouveaux entrants qui tentent de bousculer tel ou tel lobby établi se font casser les reins.

Ce n’est pas qu’un problème économique. C’est le signe que notre État de droit est en train de mourir.

La dernière partie de l’émission a présenté quelques moyens par lesquels des lobbyistes professionnels, mandatés par tel ou tel groupe d’intérêt, faisaient passer auprès de l’assemblée des amendements favorables à leur point de vue. L’envers du décor, en quelque sorte. Un amendement sur deux serait en fait préparé par des officines spécialisées, qui fourniraient les députés en amendements prêts à voter.

Rappelons que tout ceci n’a rien à voir avec le libéralisme, car évidemment, il se trouvera toujours quelques gauchistes pour affirmer le contraire. Les libéraux sont pour la compétition. Pour que les modèles de business nouveaux et efficaces remplacent les anciens. Ils sont contre l’usage de la force réglementaire ou fiscale de l’État pour privilégier untel ou untel. Ce qui se passe en France n’a pas vraiment de nom labellisé. Oligarchisme, Kleptocratie, Capitalisme socialisé, de connivence… Quel que soit le nom qu’on lui donne, ce « modèle » d’organisation de société est destructeur d’opportunités, de richesses, d’emplois, et plus encore, d’adhésion républicaine.

Le ras-le-bol des français vis-à-vis de cette concussion permanente dont ils sont les cocus, et le réflexe manichéen des profiteurs de ces prébendes de faire accuser un libéralisme qui n’existe que dans leurs fantasmes, risque de jeter des masses d’honnêtes gens dans les bras de joueurs de pipeau extrémistes, qui se contenteront à leur tour de détourner la force coercitive de l’État au profit de leurs protégés. Et pour que les dénonciateurs se taisent, ils rogneront encore plus sur notre liberté d’exposer leurs turpitudes.

Le seul moyen d’en finir est de retirer à l’État le pouvoir d’accorder des privilèges. En 1905, nous séparions la religion de l’État. De la même façon, nous avons aujourd’hui besoin d’une grande loi de séparation du capitalisme et de l’État, voire d’une VIème république vraiment libérale.

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  • Parfaitement d’accord sur l’ensemble de votre article, évidemment, mais ce mal n’est pas que Français, les US (entre autre) l’appliquent en interne et surtout s’en servent comme bouclier par rapport à la concurrence internationale.

  • Les taxis c’est bien une vache à lait pour l’état. Pourquoi voudraient-ils une concurrence sur des systèmes fort coûteux.

    Ces politiques qui veulent une secrétaire par stylo, c’est une foutaise dans le monde du traitement numérique. Pourquoi ne pas scinder l’administration en entités rentables ?

  • Attention au sens des mots.

    En parlant de « capitalisme » (de « connivence » ou « socialisé »), c’est un peu un péché contre l’esprit.

    Car enfin : ça n’a plus rien de capitalisme. C’est simplement un système oligarchique, mafieux, qui oeuvre pour tel ou tel groupe, et sous groupe.

    Il y a bien entendu le groupe politicien, ensuite le groupe « public » (fonctionnaires), le coeur de la clientèle, mais ensuite il y a en effet des sous clientèles :
    -associations.. mais financées par le « public »
    -les indépendants mais protégées par un statut garanti par le « public » (notaires, taxis etc.)
    -entreprises « privées » mais qui vivent de rente accordée par le « public »
    -entreprises « privées », dont une large partie de leur CA vient du « public » (travaux publics, etc.)

    Bref… un mélange infâmant, sale qui devrait totalement occulter le terme « capitalisme ».

    De la même manière qu’il n’y a plus de « marché », il n’y a plus beaucoup de « capitalisme » (le vrai) en France.

    Redressons donc les mots : clientèles, mafia, lobbies… voilà les mots, les maux officiels de la France.

    • Bravo a Christophe Absolument vrai il semble que les mots sont maintenant detournés de leurs vrai sens et hélas il me semble que c’est a dessein ainsi quelqu’un pourra dire qu’hier il a compris ce qu’etait le capitalisme , un monde de voyous Il en est de même pour les braqueurs violeurs et assassins affublés du doux nom de jeunes au fallacieux pretexte que bien qu’ayant avoués ou pris l’arme a la main ils ne sont pas encore jugés .

    • @Christophe :

      Le capitalisme veut dire essentiellement « propriété privée des moyens de production ».

      Donc le capitalisme peut très bien se mélanger avec des dictatures, systèmes oligarchiques ou autres.

      Ce que vous appeler « capitalisme » correspond en fait à « capitalisme libéral de libre marché »

      • Ben non ! Christophe a raison…

        Vous rappelez vous-même que le capitalisme veut dire essentiellement « propriété privée des moyens de production ».

        Quel peut être le droit de propriété ? Un nom sur un bout de papier ? Ou le droit d’utiliser, de jouir des fruits et de disposer de ce bien ?

        Le fait est qu’en France, les racines communistes sont tellement profondes, que la propriété privée est une fiction. On pourrait passer des heures à démontrer, exemples à l’appui, qu’en réalité l’utilisation nous est limitée quand elle nous est pas interdite, que les fruits de nos biens nous sont spoliés, sans parler des conditions restrictive dans lesquelles nous avons le droit de disposer de notre bien lorsque d’autres estiment avoir des droits dessus !

        Donc le capitalisme peut difficilement se mélanger avec les dictatures, systèmes oligarchiques et autres systèmes collectivistes.

    • @christophe

      Je suis aussi d’accord avec votre commentaire, l’imprécision autour du terme capitalisme renvoie à une idée que le changement vers un idéal qui remplacerait ce régime de capitalisme par pire.

      Le trafic d’influence, le jeux de pouvoir ça ressemble à l’influence de l’église du temps du roi. C’est sans doute plus, un terme d’anti-démocratique que du capitalisme ou de l’anti-capitalisme.

  • Je crois que nous gagnerions beaucoup à cesser de parler de capitalisme de connivence pour parler de connivence tout court.

  • Toute forme de protectionnisme, que ce soit pas lois ad hoc ou subsides, est un abus de droit, crée une distorsion de concurrence, et entrave gravement tout progrès. En outre, du point de vue sociétal, c’est au départ une emplâtre sur une jambe de bois, et finalement cela se retourne contre ceux-là mêmes qu’on prétendait protéger.

    Quand on entend les discours de la gauche, FN en tête, et le succès auprès des gens, on a froid dans le dos.

  • Le problème, c’est que par manque de culture économique, la plupart des gens accusent le libéralisme des méfaits du capitalisme de connivence…

  • Autre exemple de connivence d’état : l’affaire  » TAPIS / CL / ADIDAS  » !

  • et si vous l’appeliez « Fascisme » !

  • Plutôt que de parler de capitalisme de connivence, je préfère parler d’étatisme de connivence.
    C’est en effet l’État le seul ennemi, ce n’est pas le capitalisme.
    Et en discutant avec des gauchistes, dès que j’ai prononcé le terme « capitalisme de connivence » ils se sont jetés sur moi, triomphants, comme si j’avais admis que le Mal c’était le capitalisme.
    Le problème c’est l’État qui corrompt le capitalisme, pas le contraire.

    • Marie-Pierre, pour qu’il y ait connivence il faut être, au minimum, deux à y gagner !

      • La question n’est pas là. La question est sur les termes à employer pour ne pas mettre l’interlocuteur dans la confusion.
        Si on parle de capitalisme de connivence, immédiatement on porte la faute sur le seul capitalisme. Or c’est l’état qui corrompt le capitalisme, pas l’inverse.

        • C’est sur, le syndicat des taxis est une structure étatique…

        • Marie-Pierre, la notion de corruption de fonctionnaire est écrite dans nos tables de lois, la notion de corruption dans le privé ne peut exister que dans une charte interne d’une entreprise.

  • Je ne me souviens pas d’avoir lu quoi que ce soit sur cette réforme de la loi des taxis dans la presse nationale. Non seulement il y a corruption, mais ses conséquences les plus officielles sont passées sous silence. La loi cachée est une grande innovation du néo-marxisme.

  • Parfaitement d accord. Ajoutons que les lobbies n ont rien de libéral. En effet si l état n était pas tout puissant mais réduit à son minimum, et donc avec un pouvoir minimal, il n y aurait aucun intérêt à faire du lobbying auprès de celui ci.

    Plus l état est puussant , plus le lobbying est interessant. Or, seuls les plus grands et puissants peuvent faire du lobbying donc plus l état est puissant (et censé protéger les plus faibles), plus les puissants sont favorisés !

  • Les commentaires sont fermés.

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