L’UMP veut libérer l’école ? Chiche !

Lors de sa récente convention consacrée à l’éducation, l’UMP a fait de la liberté à l’école le thème majeur de sa refondation scolaire.

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L’UMP veut libérer l’école ? Chiche !

Publié le 2 octobre 2013
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Lors de sa récente convention consacrée à l’éducation, l’UMP a fait de la liberté à l’école le thème majeur de sa refondation scolaire.

Par Jean-Baptiste Noé.

Lors de sa convention de septembre 2013 consacrée à l’éducation, l’UMP a fait de la liberté à l’école le thème majeur de sa refondation scolaire. À ma connaissance, c’est la première fois qu’un parti de gouvernement désigne la liberté scolaire comme solution aux maux de l’école. Depuis de nombreuses décennies, c’était les moyens qui étaient mis en avant, y compris à droite. C’est un tournant conceptuel majeur dans le monde politique et dans le monde de l’éducation, et il faut le saluer comme tel. Mais si la droite a souvent eu de bonnes idées quand elle était dans l’opposition, elle est régulièrement revenue à une politique sociale-démocrate quand elle était au pouvoir. Espérons que, si l’UMP revient aux affaires en 2017, elle applique son programme scolaire, qui présente des avancées considérables pour la reconstruction de l’école.

Je note ici des propositions qui me semblent aller dans le bon sens :

1/ Associer les parents à la vie de l’école. Le rapport rappelle que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, et que l’école doit être le prolongement de cette éducation. Il ne doit pas y avoir concurrence dans l’éducation. Du reste, les parents sont ceux qui payent l’école (comme contribuable pour le public, comme client pour le privé), et ceux qui y mettent leurs enfants. Il est donc normal qu’ils aient un droit de regard.

2/ Donner plus d’autonomie aux établissements. L’UMP propose que les chefs d’établissement puissent recruter librement leur équipe pédagogique, que les professeurs soient évalués par l’établissement, et que ceux-ci puissent adapter leur pédagogie à leurs élèves. Ces mesures sont le minimum pour qu’un établissement puisse fonctionner correctement.

3/ Créer des écoles à chartes. Les écoles à chartes sont des écoles créées par des particuliers ou des associations autour d’un projet pédagogique innovant, et très souvent tournées vers l’éducation d’enfants en difficulté. Elles sont entièrement financées par l’État. Cette proposition est la plus novatrice, car elle fait voler en éclat le dogme de la nationalisation de l’école.

4/ Autre mesure qui la rejoint : accorder les subsides en fonction du nombre d’élèves, et non pas en fonction des établissements. Le terme chèque scolaire n’est pas évoqué. Par prudence ou par manque de courage ? Toujours est-il que la définition qui est donnée à ce mode de financement est bien celle du chèque scolaire. Enfin de vraies idées libérales !

5/ Réformer les statuts des enseignants. Faire en sorte que les professeurs ne se contentent pas de donner des cours, mais qu’ils assurent aussi du préceptorat, et qu’ils passent du temps avec les élèves pour discuter de leur orientation. Faire donc de vrais professeurs, qui soient des maîtres de vie, et pas uniquement des dispensateurs de cours. La rémunération serait proportionnée à ce travail supplémentaire.

Seul bémol dans ce souffle de liberté, la rengaine sur les TICE et l’équipement numérique. Certes, il est nécessaire d’équiper les classes en outils informatiques, et l’on peut faire du bon travail avec cela, mais le rapport de l’UMP reprend pratiquement le rapport Fourgous, dont j’avais montré qu’il est, à mes yeux, dangereux, dans le sens où il introduit à grand bruit le pédagogisme, qui est l’autre plaie du système éducatif. Pédagogisme d’ailleurs que le rapport UMP ne dénonce jamais. Enfin, dernières bonnes mesures, la suppression du collège unique, avec la valorisation des filières techniques et professionnelles, et la suppression de la carte scolaire.

Oui, ces propositions sont très encourageantes. Mais malheur à vous, hommes politiques, si vous promettez la liberté et si vous ne l’accordez pas à votre peuple une fois au pouvoir.


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  • Toute évolution est bonne à prendre… Mais j’ai quand même quelques doutes sur cet enfumage de première…
    1- associer les parents? Il faut clairement définir si les parents sont simplement consultés , s’ils disposent d’une voix décisionnaire… Et le champ de xo décision: programme, rythmes, innovation et aménagement pédagogiques , organisation et vie scolaire/ périscolaire, recrutement/exclusion des enseignants, des personnels et des élèves , etc
    Quand c’est flou..
    2- école très privée? Je n’aime vraiment pas le « entièrement  » financé par l’état…
    C’est pas très libéral.., au delà du chèque éducation..
    3- l’autonomie de recrutement des établissements n’est réaliste qu’avec l’abandon du statut de fonctionnaire, prof à vie dans un matière apprise a 20ans…
    C’est un des gros pb de ce mammouth … Tout est figé..
    Sans clairement profiter du renouvellement pour supprimer le concours stupide et le fonctionnariat qu’il octroie … Aucun espoir réel…

    • Bien entendu que l’UMP est prête à réformer l’école en profondeur.
      Et en premier lieu supprimer la circulaire « Peillon » sur les rythmes scolaires que tous les élus UMP combattent avec la plus ferme détermination..

      • Richard_UMP sait il expliquer pourquoi cela n’a pas été fait durant les 10 années de pouvoir UMP ? et que cela n’était pas davantage prévu dans le programme de 2012 ?

        PS : et au passage, c’est vraiment méconnaitre les enfants pour envisager les grandes sections dans l’enceinte du primaire… c’est vraiment méconnaitre l’inefficacité de l’initiation de la langue étrangère au primaire pour vouloir l’étendre à la maternelle… et c’est quasi comique de réduire l’implication des parents à un guide remis à tous les étages…
        JAMAIS le programme de l’UMP pour 2017 ne parle de l’enfant… sauf pour l’évaluer, le classer… le menacer…

      • @richard_ump
        Vous n’avez pas compris. Ici, on n’est pas pour 4 jours ou pour 4,5 jours d’école, on est pour la liberté des écoles de décider des « rythmes scolaires » et de tout le reste. Oui, cela remet en cause le dogme « républicain » de la même école pour tous : on aime la liberté ou on ne l’aime pas, on croit en ses vertus ou on y crois pas.

        • @hibou
           » Oui, cela remet en cause le dogme « républicain »  »

          A l’UMP il ne sera JAMAIS question de remettre en cause les fondements républicains.
          Notre électorat est foncièrement républicain et nous ne le trahirons jamais.

          • @richard_ump
            Vous avez une réaction typiquement politicienne : vous vous focalisez sur un mot hautement galvaudé, et vous vous moquez du fond de l’affaire. De la posture, que de la posture…

          • Ah bon.
            Il me semblait pourtant qu’une bonne part des électeurs de l’UMP ne trouverait rien à redire à une monarchie parlementaire. C’est quoi ce baratin ripouxblicain (pour info, le FN est violemment républicain, tout comme le Front de Gauche… la « république » c’est quoi ? Le mode de gouvernement soutenu par Jefferson ou l’URSS -républicaine aussi- ?)

          • @richard_UMP : j’admire les gens qui ont la foi….

            Mais avec un parti politique, il vaut mieux ne pas dire « JAMAIS »…

          • Oui la France est républicaine on pourrait même la renommé en République Démocratique…Française

      • On s’en moque totalement que le rythme soit celui de Peillon ou celui qui prévalait avant. En fait il faut que profs et parents puissent librement choisir ce qui leur convient, ce qui convient aux enfants.
        Ces histoires de rythmes c’est de l’enfumage des parents autour d’une bataille sur les horaires de travail de fonctionnaires qui de toutes façons travaillent un nombre d’heures imprécis (logiquement plus que le nombre d’heures de face à face, mais combien ? pas beaucoup en réalité, malgré les cris d’orfraie des profs).

        • @ Franz
           » il faut que profs et parents puissent librement choisir ce qui leur convient,  »
          Est-ce que vous voulez dire par là, choisir des programmes scolaires qui lui permettent d’accéder rapidement à l’emploi au sortir de sa scolarité ?

    • «1- associer les parents? Il faut clairement définir si les parents sont simplement consultés , s’ils disposent d’une voix décisionnaire… Et le champ de xo décision: programme, rythmes, innovation et aménagement pédagogiques , organisation et vie scolaire/ périscolaire, recrutement/exclusion des enseignants, des personnels et des élèves , etc»

      Étant donné qu’il n’y aura plus de carte scolaire (enfin c’est ce qu’ils promettent………), si vos doutes se matérialisent, ça ne serait pas foncièrement dramatique car il suffira aux parents de mettre leurs enfants ailleurs et les revenus de l’établissement non-coopératif chuteront.

  • Gouverner, c’est l’art du possible.

    L’UMP va évidemment dans la bonne direction conceptuelle, mais une fois aux affaires, le choix est pous trivial, surtout en France : tout laisser tel quel, ou réformer et se trouver avec ces grèves générales sur le dos, et des pavés qui volent, ou de défilés politiques de gosses de maternelles …

    PS Pour Cap 2006, une précision : associer les parents se fait partout en Scandinavie. Cela consiste à contraindre les parents à apprendre à lire et à écrire à leurs enfants avant qu’ils entrent à l’école (zvant les primaires, l’Etat n’intervient simplement pas). C’est demander ç chaque parent ce qu’il va « prester » : un père va donner des conférences, une mère accompagner la classe à la piscine, une autre donner cours de couture, ou faire de comptabilité de l’école, ou accompagner en voyage scolaire, etc. Aucun parent n’est dispensé.Aucun parent n’est dispensé.

    Puis, les écoles sont ouvertes : il n’est pas rare de voir une femme venir s’installer dans la classe de son gosse pour assister au cours, avant de partir faire ses courses.

    Evidemment, la synergie parents-enseignants est optimale, il n’y a jamais de réclamatations, ni d’enfants qui finassent entre deux autorités.

    Vous soyez cela en France, avec la mentalité ambiante ??? 🙂

    • C’est pas mal comme concept, sauf que le mot « obligé » me dérange. Les parent devraient pouvoir exercer leur liberté, venir ou ne pas venir, diriger ou laisser d’autres faire.

      Et je pense qu’avec des parents dans les salles de classes de temps à autres, ça pousserait quelques profs à se mettre à bosser un poil plus sérieusement. Surtout si les parents ont ensuite un mot à dire au niveau de la suite de la carrière des dits profs.

  • 1. Erreur ce ne sont pas les parents qui paient l’école mais l’ensemble des citoyens Français. Ensuite, l’école n’est pas le prolongement de l’éducation donnée par les parents qui ne regarde qu’eux et à laquelle ils n’ont pas de compte à rendre, l’école enseigne des savoirs, des valeurs communes pour former un citoyen. Des parents ont tout loisir pour éduquer leurs enfants pour haïr la république, l’école non. Cela ne veut nullement dire que les parents doivent être exclus de l’école, ils doivent intervenir mais à un niveau bien spécifique et bien plus souvent en tant qu’auditeurs qu’en tant qu’acteurs.

    2. Vous nous expliquerez en quoi ces mesures sont le minimum pour le bon fonctionnement d’un établissement. Pour ma part, je vous renverrai à l’exemple suédois qui a mis en place ce genre de mesure dans les années 90, la chute a été spectaculaire.

    3. Bof, en fait, vous nous proposez de différencier l’enseignement. A ceci près que le but de l’école est justement de former des individus ayant un bagage commun.

    4. autrement dit, on ne tient pas compte des difficultés du public reçu, on fait comme si chaque élève était interchangeable, aberrant ! Sans même parler du désastre de la suppression de la carte scolaire qui a contribué à accentuer les inégalités scolaires.

    5. il y a des conseillers d’orientation pour ça bien plus qualifiés que les enseignants.

    Vous critiquez le pédagogisme (c’est de bon ton, même si ce terme fourre-tout est employé à tort et à travers, et finalement ne veut pas dire grand chose), mais en réalité, notamment par la mesure 5., cela y ressemble !

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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