Marseille : la « capitale de la violence » a besoin de libre marché

La répression ne résoudra rien, au contraire, dans la ville phocéenne. Nos politiques doivent revoir les fondements éthiques et économiques de leur interventionnisme « républicain ».

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Marseille : la « capitale de la violence » a besoin de libre marché

Publié le 2 octobre 2013
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La répression ne résoudra rien, au contraire, dans la ville phocéenne. Nos politiques doivent revoir les fondements éthiques et économiques de leur interventionnisme « républicain ».

Par Emmanuel Martin.

Marseille est la capitale européenne de la culture 2013 mais c’est surtout pour sa violence et sa criminalité qu’elle fait la Une ces temps-ci.

Elle a même été surnommée par la presse internationale « endroit le plus dangereux de l’Europe pour un jeune ».

Après une intensification de la vague de meurtres supposément liés à la drogue, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a appelé à un « pacte national » pour une répression plus stricte afin de sauver, selon lui, la ville de la violence liée au trafic de drogue, essentiellement l’herbe et le shit.

Certains appellent à davantage de subventions – un « plan Marshall » – pour aider les banlieues pauvres de la cité phocéenne. Malheureusement, les politiques prohibitionnistes et interventionnistes ne feront qu’aggraver les choses.

Tout d’abord, les gangs et les meurtres sont liés à la criminalisation même de la vente et de la consommation de drogues. C’est la prohibition qui génère la violence. Parce que l’activité est illégale et que le coût de se faire prendre est élevé, les prix de la marchandise illégale montent, ce qui attire bien évidemment les dealers.

Mais le caractère illégal nécessite un degré d’organisation et de protection, les concurrents recourant à la violence pour protéger leurs marchés illégaux. Davantage de répression fondée sur la prohibition conduira davantage de violence, comme en témoigne la guerre contre la drogue aux États-Unis et au Mexique.

Jeffrey Miron, enseignant à Harvard et analyste au Cato Institute, revient d’Amsterdam et voici ce qu’il écrivait il y a quelques jours à propos de la ville hollandaise connue pour sa liberté en matière de drogue et de prostitution :

« L’absence de violence n’est pas surprenante. La prohibition, et non la consommation de drogues, voilà la principale raison de l’association entre violence et drogue, prostitution, jeu, ou toute marchandise interdite.

Sur un marché légal, les participants résolvent leurs différends avec des avocats, devant des tribunaux. Sur un marché illégal, ils ne peuvent pas utiliser ces méthodes et recourent à la violence à la place. »

Dans un pays dont l’exportation principale est le vin, une boisson pas exactement puritaine faut-il le rappeler, on se demande bien pourquoi tant de raffut à propos des drogues douces. Après tout, les dommages potentiels de l’alcool sont bien pires.

Alors, pourquoi ne pas interdire l’alcool ? Question de cohérence. Évoquer l’idée pourrait au passage aider les politiciens à se souvenir des effets désastreux de la prohibition de l’alcool aux États-Unis dans les années vingt, et les faire réfléchir.

En effet, la violence est créée parce que certains politiciens ont décidé que les gens ne devraient pas fumer librement. Avec quelle autorité morale ? La légalisation permettrait d’éliminer la prime gigantesque qui va aux gangsters qui se spécialisent dans des activités illégales et réduirait les risques d’intoxication créés par l’illégalité, les dealers, par définition informels, pouvant vendre des produits coupés dangereux.

Pour les jeunes de ces banlieues, le trafic de drogue est le moyen le plus sûr de sortir de la pauvreté. C’est là le drame. En effet, Marseille est une ville pauvre. Elle est en réalité victime, comme bien des endroits, de politiques nationales fondées à la fois sur des règles complexes et sur l’idée égalitaire d’harmonisation issue de l’idéologie républicaine.

Marseille semble être enfermée dans un cercle vicieux de pauvreté. Une grande partie de la population est d’origine immigrée et pauvre, notamment en provenance d’Afrique du Nord et des Comores.

Un tiers de la population vit en dessous du taux de pauvreté. Le taux de chômage explose dans ses banlieues. Il y a clairement un problème d’intégration. À droite, certains soulignent l’incapacité d’absorber les immigrés.

Pourtant, le problème n’est pas l’immigration. Cette dernière a toujours joué un rôle moteur de dynamisme en particulier pour cette ville cosmopolite. Le problème est une combinaison de politiques soi-disant républicaines, essentiellement technocratiques, qui créent des trappes à pauvreté et fabriquent l’exclusion économique et donc sociale.

Les immigrés pauvres et leurs réseaux économiques sont caractérisés typiquement par une faible productivité. Un faible niveau d’éducation associé à un faible niveau de division du travail dans le réseau entraine logiquement de faibles salaires et une faible capacité à se conformer à certaines réglementations coûteuses.

Et compte tenu de l’inépuisable inventivité des législateurs français, ces réglementations peuvent être en effet très coûteuses en termes non seulement d’argent mais aussi de complexité quand on veut faire des affaires en France. En plaçant la barre trop haute, ces règles doublement coûteuses sont une cause d’exclusion dans les quartiers pauvres.

Un autre aspect rarement débattu de la question est celui du salaire minimum, qui est en même temps national et en réalité assez élevé (environ 60 % du salaire médian français). Nous savons que le salaire minimum a des effets pervers à l’encontre de ceux ayant une faible productivité, les excluant du marché du travail.

Mais c’est pire que cela. Un seul salaire minimum, qui plus est élevé, sur l’ensemble d’un territoire national avec des niveaux très différents de développement économique est la meilleure recette pour créer encore plus de divergence de développement en générant un chômage massif dans les poches à faible productivité.

C’est un peu comme si l’on essayait d’imposer le salaire minimum français en Bulgarie ou au Maroc : la plupart des entreprises ne pourraient pas se le permettre étant donné la taille de leur marché et de leurs profits. En forçant des niveaux de salaires trop élevés relativement à la structure des économies micro-locales, nos politiques empêchent tout bonnement les communautés pauvres, à Marseille et ailleurs, de faire des affaires et de prospérer.

Pour restaurer l’atmosphère paisible de cette ville magnifique, les politiciens à Paris devraient cesser de fabriquer d’arrogantes règlementations et laisser les gens échanger librement comme dans tant d’autres endroits.

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  • Si les drogues douces ne sont pas en vente libre, c’est pour une raison très simple, c’est qu’il deviendrait impossible d’assurer la sécurité de Paris, tous les dealers devant se rabattre sur des activités plus violentes pour continuer à gagner leur vie.

    • A moins qu’ils participent à un marché légal de drogues douces. Même si les marges sont plus faibles il y a plein de nouveaux jobs qui apparaissent pour la production et la transformation du produit.

  • Encore un auteur bisounours…

    Marseille est pourrie jusqu’à l’os par ses dirigeants et ses bandits, et ce depuis 45.
    Sans parler que c’est la ville avec le plus de chômage, le plus d’étrangers, la plus sale (ben oui, y a encore des gens qui pratiquent la toilette volante à Marseille), etc…
    Certains gradés de la gendarmerie commencent à penser que cette ville est perdue, c’est dire…

    Ce n’est pas de répression dont Marseille a besoin, mais de la loi martiale et de l’éviction de tous les parasites (du haut comme du bas) qui y vivent.

    • @tubifex
      D’accord avec toi.
      Marseille est une ville horrible.
      Il faut être stupide pour penser que les truands se reconvertiraient en honnêtes commerçants respectueux de leurs concurrents avec la légalisation de la drogue.plieraient

      • Comme quoi y en a qui regardent trop les tontons flingueurs.

        N’exagérez pas non plus trop, il n’y a pas QUE des délinquants, mais c’est clair que l’état de droit se limite à peu de chose, c’est encore la corse du continent.

  • Etant donné que ces voyous s’entretuent surtout entr’eux, pourquoi ne pas laisser jouer la sélection naturelle ?

    Chaque dealer ou caïd abattu, ce sont de fameuses économies de Police, de Justice, d’avocats pro déo, de prisons, de réinsertions … et de récidives. Bon débarras.

    Quant aux citoyens de base, chantons la Marseillaise : « aux armes, citoyens ! »

    Contrairement au catéchisme de la gauche, les villes où il y a un maximum de braves types armés sont celles qui ont le taux le plus bas de criminalité.

    • C’est une fausse vérité, on peut peut être aussi leur vendre de meilleures armes qu’ils se tuent plus vite …. etc….

      des comme ça il y en a des tonnes, mais ceci n’explique pas que ces gens vivent de petits larcins et qu’ils entre-tuent ça reste marginal en rapport au nombre de larcins.

      On pourrait y développer des centres de compétences.

  • il n’y a pas de drogue douce, juste des drogues lentes.

  • Le mal qui ronge Marseille est la corruption, le clientélisme et l’affairisme de son personnel politique. L’empilement ds institution est une technique de paralysie et de partage de l’argent public. LA libéralisation de la drogue est un non sujet qui permet d’éviter d’accuser les responsables.

  • Beaucoup ici sont victimes de la presse : Il n’y a pas plus de violence à Marseille qu’à Paris ou Lyon, mais Marseille intègre sa banlieue.

    Englobez St Denis, Villeurbanne, Gennevilliers, Vénissieux … Vous verrez que le nombre de crimes et délits n’est pas plus important à Marseille que dans les autres grandes villes.

    Et s’il est vrai que l’état a créé des ghettos en transformants des quartiers en véritable poudrière (appelé logements sociaux !!!) cela ne représente, for heureusement, qu’une petite partie de la ville.

    Cette ville est même étonnamment calme compte-tenu des conditions réunies : Très forte immigration, taux de chômage élevé, nombre de quartiers ghettos …

    Il n’y a pas eu, à Marseille, les problèmes qu’ont connus Toulouse, Grenoble, Villeurbanne, Montreuil, Argenteuil, Les Mureaux …, voire Londres ou Stockholm.

    • De quoi veux tu parler avec les problèmes de Grenoble et Toulouse qui n’existeraient pas sur Marseille ?

    • Voyons :
      St Denis : riche en weshs, drogue et armes.
      Grenoble (que je connais bien) : riche en weshs, culture mafieuse, plaque tournante de la drogue.
      Villeurbanne et Vénissieux : riche en weshs, stockage de drogue
      (rappel : en rhône alpes, la troisième source de PIB de la région, c’est le commerce de la drogue).
      Marseille : cosmopolite +++, culture mafieuse, import de drogue.

      Toutes les villes sur les axes Marseille/Paris ou Marseille/geneve sont pourries par les weshs et le commerce de la drogue. Cela ne peut être un hasard.

      Dans tous les cas que vous citez, même les viles étrangères, il y a une variable qui revient tellement qu’elle en est devenue constante et qui pèse lourd : weshs.
      La seconde semble la corruption des pontes locaux…

  • Il faut donner l’indépendance à Marseille et en faire une cité-état comme Singapour.Cette idées est même reprise par des ultra-nationalises c’est dire…Ou alors une ville à charte,comme proposée pour le Honduras…

  • « Pourtant, le problème, ce n’est pas l’immigration. » L’auteur m’autorisera à mettre en doute une telle affirmation. D’autant que, très franchement, je n’ai rien, mais alors rien compris à son explication selon laquelle l’immigration ne serait pas le problème.

  • Juste un commentaire, « Marseille est une ville pauvre »???
    Bien sûr les quartiers des 8ème, de la pointe Rouge sont pauvres, chacun à Marseille le sait!
    Mais, regardez un après midi (pas le matin car ils dorment encore) l’entrée du magasin Netpresso, réputé pour ses prix bas et vous verrez tous les pauvres de Marseille, attardez vous à la terrasse de l’OM et surveillez les voitures dans le trafic, que des voitures de pôvres!!
    La pauvreté de Marseille est une galéjade qui sert les élus dans leurs courses aux subventions et justifier les demandes d’aides de tous poils auprès de Paris! Et vous, vous y croyez encore? A l’exception de petits retraités qui ont trimé toute leur vie, le reste vit bien des fruits de trafics en tous genres, d’arrangements avec les lois et leurs représentants!
    Marseille, ville attachante, c’était vrai mais aujourd’hui qui ose encore y croire? Voyez l’impact de Marseille ville culturelle!!! Un triomphe!! Les touristes ne s’y trompent pas!!

    • Je suis très étonnée de lire les commentaires la-dessus. Les lecteurs de Contrepoints auraient-ils basculé à l’extrême droite? Ou c’est peut être tout simplement un manque de culture économique et de références historiques? Renseignez vous sur les chiffres de l’immigration italienne et espagnole à Marseille d’il y a qq décénnies, vous verrez que le problème d’intégration ne se posait pas, alors qu’il y avait un paquet d’immigrés. Regardez d’autres pays où il y a bcp d’immigrés, notamment les Etats-Unis et l’Angleterre.
      Quant à l’argument qu’il faut maintenir l’interdiction de la drogue pour occuper les dealers, c’est risible! Croyais vous qu’une interdiction de l’alcool réduirait les taux de braquages parce que les délinquants seraient occupés ailleurs? Les êtres humains répondent à des incitations, si des opportunités de gagner bcp sans effort existent – ils y vont; si c’est pas le cas, ils canalisent leurs efforts ailleurs. Les gens ne sont pas fondamentalement mauvais de nature, soyez un peu optimistes!

      • Lina : « Renseignez vous sur les chiffres de l’immigration italienne et espagnole à Marseille d’il y a qq décénnies »
        ————————-
        Insinuer que l’immigration italienne et ibérique et l’immigration musulmane (Maghreb et Comores) seraient comparables, c’est justement manquer sérieusement de culture économique et historique.
        Il n’y a rien de comparable, question religion (il n’y a qu’à voir les Turcs en Allemagne, ceux qui causent problème sont invariablement les Turcs musulmans, pas les Turcs laiques, kémalistes ou alaouites), question apparition de l’assistanat généralisé de ces dernières décennies, question QI (faut voir le QI d’un Comorien, il y a de quoi faire peur), question culture…

  • Marseille tout n’est pas délinquance, nous pouvons nous promener dans le centre ville, comme à Paris, en prenant quelques précautions en évitant de nuit certaines rues, et de jour certains quartiers. Regardez ce blog http://quartiernordconnection.skyrock.com/
    Où l’on voit comme au nord de Paris que c’est l’urbanisme, fait d’immeubles trop concentrés, qui est une des causes des regroupements des populations pauvres avec peu d’espoir en l’avenir. Toutes les grandes villes ayant des problèmes semblables, qui ont modifié leur paysage urbain, voient une régression de la délinquance. C’est long et cher pour l’État, mais c’est le prix pour rectifier ces erreurs du passé.

  • je pense qu il faut en faire une enclave comme celle du maroc ,3rangees de barbeles pour empecher les francais de souches de se refugier en pays musulmans …bonne idee non..?

  • Les commentaires sont fermés.

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