L’état réel de l’économie mondiale est inquiétant

L’impression monétaire des banques centrales, combinée à l’endettement public, a créé un monde de richesse et de prospérité illusoire.

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L’état réel de l’économie mondiale est inquiétant

Publié le 13 septembre 2013
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L’impression monétaire des banques centrales, combinée à l’endettement public, a créé un monde de richesse et de prospérité illusoire.

Par Egon von Greyerz (*).

Nous voici de retour à la période des premiers bourgeons d’une reprise, de faux espoirs et d’incompréhension totale de l’état réel de l’économie mondiale. Il y a quelques petites bonnes nouvelles qui, combinées avec des statistiques économiques manipulées et ajustées saisonnièrement, donnent aux politiciens ce dont ils ont besoin pour disséminer leur évangile optimiste de reprise qui n’a rien à voir avec la réalité.

Un monde basé sur la dette

Comment un monde endetté de $250 mille milliards et nageant dans plus de $1 million de milliards de produits dérivés sans valeur peut-il s’en sortir ? Évidemment, il ne peut pas, parce que c’est un monde supporté par des jambes de monnaie de papier sans valeur… des jambes qui deviennent de plus en plus longues et de moins en moins stables jour après jour, vu que des milliards s’ajoutent à la dette chaque année.

Que ce soit en Europe, aux États-Unis, au Japon ou dans plusieurs autres pays, la situation est devenue totalement irréparable. Mais, comme je l’ai dit dans des articles et interviews récents, ce n’est pas seulement que la situation est irréparable, mais il semble que nous soyons à la fin d’un cycle économique qui a débuté à la fin du Moyen-Âge. J’ai déjà écrit à ce sujet, en 2009, dans un article intitulé « Les années sombres sont là ». Les cycles économiques majeurs prennent beaucoup de temps à se développer et, si nous sommes maintenant au début d’un ralentissement important de l’économie mondiale, les gens qui vivent aujourd’hui ne connaîtront que le tout début de cette baisse. Mais, malheureusement, ce début entraînera des chambardements importants et très déplaisants qui n’épargneront presque personne.

Nous venons de vivre un siècle de fausse prospérité, basée sur de la monnaie imprimée et du crédit. Ces 100 dernières années, nous avons eu la création de la Fed aux États-Unis (une banque centrale appartenant à des banquiers privés, qui l’ont créée et la contrôlent) et du système bancaire fractionnel (permettant aux banques d’utiliser l’effet de levier de 10 à 50), qui ont fait exploser la dette gouvernementale et créé un marché de produits dérivés de plus de $1,4 million de milliards. C’est ce qui explique principalement pourquoi l’économie mondiale a pris tant d’expansion, ce dernier siècle et, particulièrement, ces 40 dernières années. Ces quatre jambes très vacillantes, i.e. l’impression monétaire des banques centrales, l’usage de l’effet de levier par les banques, les emprunts gouvernementaux et la fabrication de produits dérivés, ont créé un monde de richesse illusoire et de prospérité illusoire. Il y a également une totale absence de valeurs morales ou éthiques. Nous sommes à l’étape finale d’une ère d’extrême décadence, une ère qui, malheureusement, ne peut bien finir, et qui finira mal.

Il n’y a pas d’espoir pour l’Europe

Là encore, les gouvernements et les médias continuent de nous nourrir de nouvelles qui n’ont rien à voir avec l’état réel de l’économie mondiale. En Europe, le pays méditerranéens s’endettent à un rythme exponentiel. Les ratios dette/PIB de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la Grèce vont de 100% à 180%. Ils essaient, de manière futile, des mesures d’austérité, mais cela n’engendre rien d’autre qu’une croissance plus faible et des dettes supérieures. Malheureusement, il n’existe pas d’issue pour ces pays où la population souffre terriblement. La meilleure solution consisterait à sortir de l’Union européenne et de l’euro, renoncer à payer les dettes, et dévaluer les monnaies. Mais les « eurocrates » ne sont pas prêts à accepter cela, et préféreront plutôt ajouter encore plus de dette et imprimer plus de monnaie, rendant la situation bien pire.

La dette des États-Unis va engloutir le monde entier

La situation aux États-Unis n’est guère meilleure. Il n’existe pratiquement aucune statistique publiée qui ait quoi que ce soit à voir avec la réalité. Le vrai taux de chômage est de 23%, et non de 7%, tel que publié. Le PIB, si l’on utilise les chiffres réels d’inflation, est en déclin depuis des années, et les salaires, en valeur réelle, sont en déclin depuis quarante ans. L’augmentation perçue du niveau de vie n’a été possible que par une augmentation massive de la dette du gouvernement américain. La dette du gouvernement américain était de $1 mille milliards en 1980, $8 mille milliards en 2006, lorsque Bernanke est devenu président de la Fed, et elle est maintenant de $17 mille milliards, et elle augmente d’au moins mille milliards de dollars par an. Alors Bernanke a réussi à créer $9 mille milliards de dette durant ses courtes sept années à la tête de la Fed. Cela avait pris 230 ans, de 1776 à 2006, pour que la dette des États-Unis atteigne les $8 mille milliards, et Bernanke a battu ce record en sept ans. Une réussite étonnante. Et cette dette n’inclut pas le passif non capitalisé du gouvernement, qui tourne autour de $220 mille milliards. Mais quelle personne saine d’esprit pourrait bien croire que les États-Unis se sortiront de ce trou ?

Eh oui, les États-Unis et les autres pays imprimeront des quantités illimitées de monnaie. Mais cette monnaie imprimée n’est que des bouts de papier sans valeur et n’a rien à voir avec la création de richesse. Toute cette impression monétaire ne fera que s’ajouter à cette dette insoutenable et ne créera pas un sou de prospérité. À la place, nous assisterons sans doute à une dépression hyperinflationniste dans plusieurs pays. Pour les quelques privilégiés qui ont des actifs financiers à protéger, l’or physique entreposé hors du système bancaire devrait constituer la meilleure façon de préserver sa richesse et son pouvoir d’achat.


Source. Traduction : GoldBroker.com

(*) Egon von Greyerz, fondateur de Matterhorn Asset Management AG (MAM) et de Goldswitzerland.com, est aussi membre du conseil d’administration de FDR Capital (Goldbroker.com).

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  • Bah, il suffit de procéder à la consolidation de toutes les dettes et de créer un nouveau dollar valant un million d’anciens pour ne plus avoir le vertige des chiffres. Ce ne sont pas les montants qui doivent impressionner, ce sont les déséquilibres permanents dans les flux. Là est le péril, là est la base de la flamme où il faut vite diriger l’extincteur.

    • Ces espoirs sont effectivement fondés mais une monnaie solide reste primordiale pour que le marché alloue les ressources raisonnablement.

      Tant que les politiciens supplanteront le marché grâce à la création monétaire, nous serons prisonniers du marasme.

  • « Comment un monde endetté de $250 mille milliards et nageant dans plus de $1 million de milliards de produits dérivés sans valeur peut-il s’en sortir ? »

    Attention aux confusions, au moins deux ici !

    Confondre la dette avec les produits dérivés est identique à confondre les primes d’assurance avec la valeur des biens assurés : cela n’a pas de sens pratique, sauf à fantasmer sur l’effondrement final du monde. Dans ces conditions, comme « nous serons tous morts » (citation), les montants en question importent peu.

    Sinon, confondre la dette publique avec la dette privée n’est pas pertinent. Seule la dette publique est mauvaise car on sait bien que l’Etat ne produit rien. Il ne peut donc jamais honorer ses engagements. En revanche, la dette privée est bienfaisante, parce qu’elle est le prélude à la création de richesses nouvelles. Certes, une partie de la dette privée est rendue nocive lorsque les Etats interviennent à tort et à travers en poussant les acteurs économiques à réaliser de mauvais investissements. Mais ce n’est pas une raison pour systématiser la critique, sans précision ni finesse.

    Ceci dit, oui le monde va mal à cause de l’absence de concurrence monétaire dans chaque territoire considéré indépendamment des autres. La crise terminale des Etats obèses est aussi la crise des monnaies monopoles, véritables « reliques barbares » (citation).

  • « La meilleure solution consisterait à sortir de l’Union européenne et de l’euro, renoncer à payer les dettes, et dévaluer les monnaies.  »

    – Sortir de l’euro signifie concrètement augmenter sa dette.
    – Renoncer à payer sa dette signifie à ne plus pouvoir emprunter par la suite.
    – Dévaluer sa monnaie n’empêchera jamais que vos voisins fassent de même ce qui annule absolument tous les effets positifs de cette mesure, du moins si on l’utilise abusivement.

    • Ëtre dans l’Euro rend solidaire des dettes des autres, donc en sortir permet de diminuer la dette (le montant sera plus gros exprimé dans une monnaie dévalué, mais ce n’est pas une augmentation).

      Ne plus pouvoir emprunter ? C’est la sanction de l’incurie, pour les particuliers comme pour les pays. Nous la méritons, et nous l’aurons.

      Dévaluer, c’est acter les errements passés.
      Ne pas le faire, c’est du déni.
      On peut prôner une monnaie stable dans l’absolu (avenir) ET une dévaluation dans l’immédiat (passé).
      Notre gestion passée et présente a été absolument lamentable et refuser de l’admettre ne nous permettra pas de corriger le tir.

  • Il n’existe que deux moyens pour créer de la richesse et donc amélioré son sort : le capitalisme et l’innovation. Tous les reste c’est de la littérature.

    • en fait, pour créer de la richesse, il y a deux chose: le nombre d’heure que l’on travaille et la productivité de l’heure de travaille, cette dernière, dépendant souvent de la quantité de capital investit .

      • Non, c’est insuffisant.

        On peut être très productif à creuser des trous un jour et les reboucher le lendemain sans pour autant avoir créé la moindre richesse. Produire est nécessaire mais insuffisant. Il faut également un acheteur prêt à acheter votre production et que vous soyez d’accord pour la lui céder. Encore faut-il que l’acheteur ait également quelque chose à échanger, autrement qu’il ait également fait preuve de productivité et soit volontaire pour participer à l’échange.

        C’est dans la possibilité de l’échange volontaire qu’apparaissent effectivement les richesses nouvelles.

  •  » il semble que nous somme à la fin d’un cycle qui a débuté à la fin du moyen-age  »

    saperlipopette, tonnerre de brest !! je dirait mème plus: tonnerre de Vannes ( morbihan ).

    voila que le magazine contrepoint fait dans le millénarisme. les guerres de religion, la révolution française, les deux guerres mondiales ne seraient donc rien en comparaison à la période que nous allons vivre ?

    Paco rabane, revient !!

  • Bonjour,

    Savez vous qui sont les « propriétaires » de la Fed ? J’ai vu des listes de « gouverneurs ». Où peut-on trouver les statuts de cet établissement ?

    Cordialement,

    Bruno

  • La question posée étant celle de constater un lâché permanent de liquidité et pas d’inflation (réellement mesurée).
    En fait, cet argent qui n’est destiné qu’aux « institutionnels » ne fait que remplir la baudruche des produits dérivés et celle des marchés, ce phénomène créé un effet d’amortisseur, cela va durer un temps mais ne peut être éternel, puis, le ressort devrait se détendre brutalement.
    Dès lors nous retrouverons rapidement un taux d’inflation à 2 chiffres et ce partout sur la planète.
    La seule capacité qu’il faut reconnaitre à tous ces pseudos spécialistes, est celle de contenir suffisamment le phénomène pour que le crash ne soit pas vraiment visible en temps réel, ce n’est qu’avec un peu de recul et effectivement quelques décennies que nous pourrons en analyser l’ampleur et les conséquences.

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