Cuba : les forces productives et leurs entraves

Le modèle économique actuel cubain ressemble à un baiser de la mort pour le développement et la prospérité de l’île.

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Cuba : les forces productives et leurs entraves

Publié le 15 août 2013
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Le modèle économique actuel cubain ressemble à un baiser de la mort pour le développement et la prospérité de l’île.

Par Yoani Sánchez, depuis La Havane, Cuba.

Le même jour où Marino Murillo passait à la télévision pour expliquer le potentiel de prospérité du modèle économique cubain, la secrétaire du Parti Communiste d’une commune de Pinar del Rio tenait une réunion d’urgence avec plusieurs paysans. L’assemblée était réunie dans le village de San Juan y Martinez et se focalisa sur l’état d’urgence agricole qui traverse le pays. Entre autres sujets la fonctionnaire exigea des coopératives de la zone, principalement vouées à la culture du tabac, qu’elles sèment davantage de céréales et de graines alimentaires. « Le pays connaît une crise alimentaire » assura-t-elle, sans que cela provoque la moindre réaction parmi ceux qui l’écoutaient car le Cubain ordinaire n’a pas le souvenir de périodes autres que celles de crise, d’angoisse et de déchéance chronique. « Semez et ensuite vous récolterez… » s’empressa-t-elle de dire devant ceux qui avaient déjà entendu plus de promesses non tenues que de chants d’oiseaux.

Au bout d’un moment l’assemblée prit une autre tournure et les participants commencèrent à prendre en main l’ordre du jour. Les plaintes se mirent alors à pleuvoir. Un producteur de fruits expliqua les entraves à la négociation d’un contrat direct avec l’usine La Conchita et la possibilité de commercialiser ainsi ses mangues et ses goyaves. Au lieu de ça, il doit vendre la production à l’organisme d’État Acopia qui à son tour se charge d’alimenter l’industrie de pulpes et confitures. L’intermédiaire officiel existe toujours et se garde la plus grosse part du gâteau affirma l’agriculteur. Ainsi un rouleau de 400 mètres de grillage pour clôturer un terrain coûte quelques 80 pesos (3,30 USD) à une entreprise agricole d’État, alors que le paysan affilié à une coopérative peut arriver à payer pour la même quantité du même produit 600 pesos (25 USD). Un sac de ciment, indispensable lors des travaux d’agrandissement d’une exploitation, a une valeur maximale de 20 pesos (0,83 USD) pour la ferme d’État et de 120 pesos (5 USD, prix de détail pour la coopérative).

Lorsque les relations de production deviennent une camisole de force pour le développement des forces productives, alors le changement de ces relations s’impose. C’est ce que stipulait une des conclusions marxistes que nous avons le plus étudiées en terminale et à l’université. Donc si l’on confronte les déclarations de Marino Murillo avec les témoignages de plusieurs paysans et le désastre agricole qui nous entoure, on ne peut que conclure que le modèle économique actuel ressemble à un baiser de la mort pour le développement et la prospérité de Cuba. Cela ne sert pas à grand-chose que les fonctionnaires nous disent que maintenant c’est bon : la prospérité et le progrès sont au coin de la rue. Si l’homme dans les champs est harcelé par l’absurdité, ceux qui établissent toutes ces restrictions doivent débarrasser la voie et céder le pas à d’autres qui seront plus efficaces.


Sur le web. Traduction : Jean-Claude Marouby

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