Laissons une chance à la démocratie en Égypte.
Par Natasa Jevtovic.

Le week-end dernier était organisée à Paris une manifestation pour dénoncer le coup d’état militaire en Égypte contre le président démocratiquement élu, Mohammed Morsi. D’autres manifestations sont prévues et organisées quotidiennement dans la capitale.
Après une dictature de Hosni Moubarak qui a duré trente ans, le printemps arabe a enthousiasmé le monde entier et permis l’organisation des premières élections libres en Égypte. Le parti Liberté et Justice de Mohammed Morsi, créé par les Frères musulmans, a remporté ces premières élections libres il y a tout juste un an. Et pourtant, excédés par la lenteur des réformes et l’absence de résultats en termes de croissance économique, certains Égyptiens ont cru comprendre que le même procédé utilisé pour renverser Moubarak pouvait être employé pour renverser Morsi. Après quelques manifestations des opposants, l’armée égyptienne l’a démis de ses fonctions et placé en détention préventive.
Les puissances occidentales ont longtemps soutenu les dictatures dans les pays musulmans, craignant que la démocratie puisse porter au pouvoir les islamistes. Le 11 février 2011, s’exprimant l’air grave sur le porte-avions Charles de Gaulle lors de la chute de Hosni Moubarak, François Fillon lui a rendu hommage en soulignant que « personne ne pourra contester la contribution qu’il a apportée à la cause de la paix dans la région. » [1]. Plus récemment, François Hollande a apporté son soutien au roi de Bahreïn en le recevant en catimini à l’Élysée, alors qu’une révolte populaire massive et sans couverture médiatique était réprimée par son gouvernement [2]. Les analystes s’accordaient pour dire que la démocratie était incompatible avec l’islam, consternés par les résultats des urnes en Tunisie, en Égypte ou encore en Turquie. Seulement, la mondialisation a apporté la diffusion de la démocratie et les cybercitoyens hyperconnectés du monde ne peuvent plus s’accommoder de la dictature.
Tout d’abord, il faut commencer par démystifier les partis dits islamistes : en réalité, ce sont des libéraux conservateurs. Libéraux parce qu’ils sont favorables à la liberté d’entreprendre et parce qu’ils emploient le discours économique libéral, conservateurs au niveau des valeurs morales et sociétales. L’écrivain libéral Guy Sorman les qualifie de « démo musulmans », à l’image des partis démocrates chrétiens européens, parfaitement compatibles avec la démocratie bien qu’inspirés de valeurs morales chrétiennes. Pour lui, la victoire de Mohamed Morsi en Égypte est en réalité « une victoire de la droite représentée par les Frères musulmans, […] rejetant dans l’opposition les salafistes à l’extrême droite et la gauche socialiste » [3].
Pendant trop longtemps, les Égyptiens ont vécu sous la dictature d’un parti unique et les islamistes représentaient la seule opposition connue, dont les activités se réduisaient au champ humanitaire et syndical. Une fois la liberté acquise, il faut du temps pour l’émergence des partis politiques correctement constitués et légitimes aux yeux du peuple. À titre d’exemple, après la chute du communisme dans les pays de l’Est, des centaines de petits partis politiques ont été créés pour participer aux premières élections libres : environ cinq cents en Pologne, une petite centaine en Yougoslavie d’après Milošević. Beaucoup étaient des associations professionnelles, syndicales ou culturelles. Après une longue période d’inexistence, il faut au moins une décennie pour que le paysage politique soit reconstitué. Cependant, une chose est certaine : il vaut mieux faire un mauvais choix que de ne pas avoir de choix du tout.
Comment faire en sorte que les gens choisissent les candidats éclairés ? À moins de réserver le droit de vote aux élites, ou encore d’instaurer un examen pour obtenir la capacité de vote, il est impossible d’empêcher une population donnée de faire un mauvais choix. Et puis, même un mauvais choix est un choix, il convient de le respecter si on prétend être démocrate.
En 1991 en Algérie, les élections législatives remportées par le Front islamique de salut ont été annulées suite à un coup d’état militaire. Ces événements ont entraîné une guerre civile qui a duré toute une décennie et emporté 200.000 morts. Malheureusement, les leçons n’ont pas été retenues. Alors que le mois du ramadan s’achève, le nouveau pouvoir militaire a annoncé la fin de la trêve et promis de disperser les manifestants pro-Morsi qui campent dans les rues égyptiennes.
Selon Jeffrey D. Sachs de l’université Columbia, économiste de transition et théoricien de la thérapie de choc employée dans les pays de l’Est pour permettre le passage au capitalisme, « la montée des violences exige le franchissement d’une première étape urgente : le rétablissement de Mohamed Morsi au poste de président dûment élu par le peuple égyptien. […] Les manifestations de rue, aussi massives soient-elles, ne sauraient valablement justifier un coup d’État militaire censé représenter la voix du ‘peuple,’ lorsque les résultats des élections indiquent précisément à plusieurs reprises une volonté toute autre. » [4].
D’ailleurs, il est très probable que si une nouvelle élection anticipée était organisée, le peuple choisirait de nouveau le parti de Liberté et Justice. Que fera-t-on alors ?
Après seulement une année au pouvoir en France, nous ne sommes pas non plus satisfaits de François Hollande, mais nous devons patienter encore quatre ans et espérer une alternance. La démocratie signifie aussi patienter jusqu’à la prochaine échéance électorale et respecter le choix de la majorité.
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Notes :
- Quand François Fillon rendait hommage à son ami dictateur Hosni Moubarak. ↩
- Flash Actu, « Hollande reçoit le roi du Bahreïn », Le Figaro, 23 juillet 2012. ↩
- Guy Sorman, « Égypte: victoire de la droite », Le futur, c’est tout de suite, 22 janvier 2012. ↩
- Jeffrey D. Sachs, « Le nécessaire retour d’un gouvernement égyptien élu par le peuple », Project Syndicate. ↩
« Après seulement une année au pouvoir en France, nous ne sommes pas non plus satisfaits de François Hollande, mais nous devons patienter encore quatre ans et espérer une alternance. La démocratie signifie aussi patienter jusqu’à la prochaine échéance électorale et respecter le choix de la majorité. »
Nous devons supporter encore quatre ans le choix d’une majorité *exprimée* (non absolue). Une véritable démocratie devrait permettre au peuple de réellement exercer sa souveraineté et ceci pas tous les cinq ans.
,n’iimporte quoi –
Les frères musulmans des libéraux-conservateurs ? Ca va loin en extrapolation.
Si on veut chercher des comparaisons alors Hazem al-Beblawi le nouveau premier ministre est bien plus libéral que toute la clique des frères musulmans réunis qui elle a usée de la démagogie clientéliste avant même d’être élue. Mais moins conservateur, ça oui c’est certain.
Les Egyptiens ont viré Morsi car il a restreint les libertés politiques et démocratiques au lieu de les garantir. Ca devenait tellement évident pour qui vit en Egypte et n’est pas frère musulman. A partir de là l’armée, qui a toujours dirigé en sous-main le pays, a arrêter de le soutenir et l’a renversé. L’Egypte continue sa Révolution. Après avoir viré un dictature et un autocrate il lui reste encore à réduire le poids de l’armée dans les décisions. Ca prendre le temps que ça prendra comme en Turquie mais Morsi n’était clairement pas un homme de progrès.
« Et puis, même un mauvais choix est un choix, il convient de le respecter si on prétend être démocrate. »
Pas si ce mauvais choix est contre la démocratie. Ca me parait une évidence… historique justement.
Jamais vu une telle capacité de parler des choses dont vous ignorez pourtant l’essentiel: des faits, des actes, des chiffres, des événements. Vous arrive t il d’étudier d’abord un sujet correctement avant d’en parler? Vous arrive t il de quitter le sentier battu et cesser le suivisme et regarder plus loin? Il n’est pas de notre faute que la langue arabe ne vous soit familière. Si cela est nivellement par le haut, que serait alors le nivellement par le bas ? W.Sabete, Maitre de conférences de droit constitutionnel, faculté de droit et de science politique (HDR).
La démocratie n’est qu’une forme de tyrannie étatique, parmi d’autres.
Que la tyrannie soit instituée par la plus large minorité ne change pas grand chose à l’affaire.
A la limite, cette tyrannie-ci est plus sournoise (puisqu’elle prétend laisser le choix), et le fascisme (ie considérer le groupe comme plus important que ses constituants, par définition) plus massif ; mais à part ces détails, franchement, même trous du cul, même merde.
Cet article est un tissu d’aneries. Vous ne connaissez de toute évidence rien du fond culturel de ces populations baigné d’Islam.
L’Islam est tout simolement l’absolu antithèse des valeurs que vos prétendez défendre.
Vous regardez et jugez ces évènements par le petit bout de la lorgnette de vos valeurs occidentales sans essayer d’étudier le fond du problème. En cela, vous ne valez pas tellement mieux que nos super journalistes des grands quotidiens subventionnés nationaux.
La démocratie pour les musulmans avec toutes les valeurs qui s’y rattachent sont tout simplement des notions totalement étrangères.
Leur donner le choix est un cadeau empoisonné qui introduit des divisions sociétales absolument insoutenables. Mais n’est ce pas d’ailleurs le but recherché.
Sujet difficile que cette auteure qui n’en maîtrise pas toutes les notions a le courage d’aborder. On la remercie donc de contribuer à Contrepoints et de prendre le temps d’écrire des articles au lieu de l’insulter.
Sinon, les frères musulmans ne sont en aucun cas des libéraux conservateurs mais plus libéraux que les partis laïcs egyptiens.
Le vrai débat qui est soulevé ici tient à la légitimité démocratique. Certains vous diront que Hitler a été élu et que donc la suprématie des urnes ne suffit pas. Ils couplent la démocratie avec le respect des droits individuels (penser, religion, opinion, association, égalité des sexes devant la Loi, propriété). Ce qui est tout à fait vrai.
Pour d’autres, la démocratie est un apprentissage est à moins que le futur pouvoir islamique ne souhaite mettre fin aux élections (comme l’a fait le régime islamique en Iran). Il fallait laisser le processus aller à son terme. On observe le PJD au Maroc, certes limité par la monarchie marocaine qui semble capable d’intégrer le processus démocratique. Des frères musulmans sont aussi présents dans l’opposition en Jordanie et on trouve des partis islamistes en Indonésie qui respecte la démocratie.
Cependant chaque cas est particulier et si on regarde le cas egyptien , on peut voir qu’on se dirige vers une poursuite du régime de Moubarack corrompu avec la classe dirigeante de l’armée. Bientôt vous reverrez apparaître les cas de tortures dans les commissariats. Les bénéfices de l’armée seront pas touchés. Pourquoi? Parce que ce nouveau régime n’a de légitimité que la force que l’armée lui apporte. il n’y aura pas de nouvelles élections ou bien truquées comme avant. Ils ne voudront surement pas revoir les frères qu’ils ont chassés ou les salafistes. Bref, on aura droit à la vague d’immigration de chômeurs egyptiens, islamistes ou non. Il y aura sans doute aussi d’autres troubles sociaux vu l’arrivée prochaines des jeunes sur le marché du travail.
Surprenant cet article sur Contrepoints. Que de contresens. L’erreur classique qui consiste à confondre démocratie et liberté. Comment soutenir un groupe qui au nom de la démocratie renvoie ses adeptes au moyen âge? Comment est-il possible d’ignorer à ce point l’agenda rétrograde de Morsi!
Voilà de quoi conforter la thèse selon laquelle la démocratie « représentative », à base d’élections, n’est pas compatible avec la Démocratie, celle qu’on est désormais obligé de qualifiée de « directe » pour l’identifier, cad celle du peuple, -par le peuple-, pour le peuple, et non pas celle -par-des représentants- donc, puisqu’ils ne sont pas représentatifs hélas.
Cela doit être pour cela que je ne suis pas pour la démocratie représentative, mais que je suis libertarienne.
Je n’aime pas trop l’idée de devoir se plier aux décisions d’un Etat, si néfastes soient-elles, sur le simple prétexte qu’une majorité (de ceux qui se sont déplacés jusqu’au urnes) a voté pour le personnel aux commandes. Surtout si les dirigeants démocratiquement élus s’amusent à s’accorder des pouvoirs qui ne devraient pas être entre leurs mains.
Il n’y a pas que l’armée cherchant à remplacer Morsi, il y a aussi une partie du peuple égyptien. C’est un peu plus compliqué qu’une armée responsable d’une tentative de putsch.
Sans vouloir faire dans le cliché : auriez-vous été démocrates en Allemagne en 1934, auriez-vous attendu « l’alternance » ?
Je vous cite : «Et puis, même un mauvais choix est un choix, il convient de le respecter si on prétend être démocrate.»
Mais Morsi aussi prétend «être un démocrate», alors qu’il ne l’est pas du tout. Certes, il s’est servi de la démocratie (les urnes) pour arriver au pouvoir, mais il n’est pas là pour «démocratiser» l’Islam. Il est là pour islamiser la démocratie, au point, à terme, de rendre l’Islam incontournable et de faire disparaître la démocratie (l’Iran est un bel exemple). Cet agenda est commun à tous les «Frères musulmans», de toute obédience nationale (Erdogan, Ghannouchi, etc.).
Le Front islamique de salut, lui, avait pour but la création d’un État islamique en Algérie. Si ce genre de parti gagnait des élections en France, vous croyez vraiment que vous auriez la possibilité de «patienter encore quatre ans et espérer une alternance»? Je vous laisse imaginer la réponse.
Bien installé à l’Université Columbia, Jeffrey D. Sachs, économiste de transition (??), écrit avec une belle superbe : «Les manifestations de rue, aussi massives soient-elles, ne sauraient valablement justifier un coup d’État militaire censé représenter la voix du ‘peuple,’ lorsque les résultats des élections indiquent précisément à plusieurs reprises une volonté toute autre. »
Comme c’est facile de se payer de mots… S’il était égyptien et libéral de surcroît, vous croyez vraiment qu’il écrirait une telle phrase? Certes non. Il serait Place Tahrir, à manifester ardemment pour que son peuple «démocratique» qui a voté pour Morsi ne le ramène pas 800 ans en arrière, lui, le libéral, et considérerait l’avènement de Morsi et de «son» Islam comme une véritable catastrophe.
Quand les Occidentaux vont-ils enfin comprendre que la démocratie n’a rien à voir avec l’Islam et que les islamistes de tous poils s’en servent comme une simple étape pour parvenir à leurs fins : islamiser la société et éradiquer la démocratie (ou en faire un paravent) et verrouiller l’avenir une fois pour toute?
Oui, comme c’est facile de se payer de mots, d’autant plus qu’ils ne coûtent rien. On peut même en faire un article qui paraît dans Contrepoints et qui apporte peu au débat.
Est-ce une plaisanterie ou Mme Jevtovic est à ce point ignorante de la situation en Egypte?
Comment peut-on écrire un article sur un sujet que l’on ignore totalement?
Non, je crois plutôt que c’est simplement une provocation (ou en tous cas je veux le croire) pour nous faire réagir.
Si ce n’est pas le cas, le mieux serait qu’elle se limite à écrire des articles sur l’immobilier.
Je sais que ce que je vais dire est politiquement incorrect mais il faut que cela soit dit.
En 2011 il y avait deux foule, et nul ne peut nier que les partisans de Moubarak étaient nombreux, peut être un peu moins, mais venir les second c’est un peu difficile.
Pour rappelle la veille de sa démission les USA avait dit qu’il démissionnerait, il a dit le soir dans un magnifique discourt qu’il ne céderait pas à l’étranger et le lendemain l’armé financé par les USA dont on connait le dirigeant actuel font pression et…
Bref la plupart de ses soutiens direct on quitter le pays où se sont fait tué par les émeutiers, des pillards, des islamistes, des démocrates ou que sais je.
Bref il ne faisait pas bon d’être pro-Moubarak, des milices et groupes révolutionnaire grouillant partout, semant pillage, vole et assassinat.
Les élections qu’on affirmait les plus libre qui soit était tout de même dans ce contexte et avec cela au second tour et face à un ex ministre de Moubarak, Morsi ne gagne qu’avec 51%, cherchez l’erreur.
Moubarak a été élu puisqu’il était le seul candidat, seul puis qu’aucun n’avait eu autant de signature de parlementaire, àprès il y a a bien la théorie du complot des FM qui disent avoir filmé des truquages, mais serieusement Moubarak n’avait pas 80% de soutien, mais pas 20% non plus il était autour de 50% très vraisemblablement, cette dites révolution, comme la plupart de ses prétendus révolutions ne sont qu’une imposture.
Et les FM ne sont pas conservateur, il sont adepte de Qutb, inspirateur d’Al-Qaida et ne s’étant jamais démarqué du marxisme-lénisme.
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