Vous avez dit « bulle » ?

Qu’est-ce qu’une bulle financière ? Pour y voir plus clair, revenons au siècle d’Isaac Newton.

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Vous avez dit « bulle » ?

Publié le 1 août 2013
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Qu’est-ce qu’une bulle financière ? Pour y voir plus clair, revenons au siècle d’Isaac Newton.

Par Jean-Baptiste Besson.

Sir Isaac Newton

Depuis 2007, vous avez entendu parler de bulle financière, de l’explosion de ladite bulle et de ses conséquences sur l’économie puisque nous traversons depuis plus de 5 ans une crise économique majeure. Le mot bulle, loin de l’image pure d’une « petite quantité d’air prenant une forme sphérique dans un liquide » est devenu pour vous anxiogène et synonyme de risque. Soyez rassurés, même Isaac Newton en son temps s’est laissé piéger. Il en a perdu son fameux sens de l’attractivité terrestre et ainsi senti la gravité véhiculée par une bulle. Comment Isaac Newton a-t-il lui aussi pu être pris pour une pomme par un effet de bulle ?

« Bulle », l’expression devenue célèbre depuis plus de 5 ans, comme l’est devenu le fameux AAA des agences de notation, n’en demeure pas moins floue. Finance, krach, bulle, subprimes… Pour beaucoup, ces mots s’entrechoquent et raisonnent comme des maux terrifiants.

Mais qu’est-ce qu’une bulle financière ? En finance, on a pour habitude de dire que toute situation dans laquelle la valeur d’un actif atteint des niveaux jugés comme globalement excessifs en comparaison avec sa valeur réelle, est une situation de bulle. Vous ne comprenez toujours pas ?

Pour y voir plus clair, revenons au siècle d’Isaac Newton. L’Angleterre endettée du début du XVIIIème siècle (et oui les états endettés ne sont pas nés au XXIème siècle non plus) cherche à développer avec la riche Espagne de l’époque des relations commerciales prospères. En 1711 est donc créée la South Sea Company à qui l’Angleterre attribue le monopole du commerce avec l’Espagne et ses jeunes colonies américaines. Pour accélérer le désendettement de son pays, Robert Harley propose alors aux créanciers de l’Angleterre d’échanger leurs titres de dette publique contre des actions de la South Sea Company. L’engouement est tel, que même Sir Isaac Newton achète des actions. La spéculation va bon train et de nombreuses sociétés douteuses se développent dans cette euphorie généralisée, certaines d’ailleurs avec des réelles motivations frauduleuses. Inquiet de l’emballement généré, le Parlement anglais décide en juin 1720 de voter le Bubble Act. Le mot Bulle est né. L’objectif de la loi est clair : toute société qui se créerait en faisant appel à des capitaux extérieurs devrait recevoir au préalable un agrément royal. Alors que le cours de l’action de la South Sea Company est au sommet, certains commencent à vendre leurs titres et rapidement le cours s’effondre. Et voilà comment le mot bulle s’est introduit dans le langage financier et que l’un des premiers emballements des cours boursiers s’est donc arrêté net après l’adoption par le Parlement anglais du Bubble Act.

Dans l’affolement général qui accompagne l’éclatement de la bulle, Sir Isaac Newton ne parvient pas à vendre rapidement ses titres et se retrouve ruiné. On comprend dès lors en quoi l’expression bulle financière a été connotée négativement dès son apparition.

Il n’en faut pas pour autant oublier que l’économie ne peut avancer que par une succession de bulles, par succession de croyances en des revenus futurs supérieurs à ceux d’aujourd’hui. Ainsi l’histoire économique est-elle une succession de bulles : bulles sur les tulipes hollandaises au XVIIème siècle, la South Sea Company au XVIIIème siècle, la bulle immobilière européenne et le krach de Vienne en 1873, la bulle spéculative des années 1920, la bulle Internet des années 1990, la bulle immobilière des années 2000…

L’économie mondiale essuie encore aujourd’hui les comportements déraisonnés des années 2000 et un surendettement privé / public globalisé. Il faudra sûrement plusieurs années pour épurer la situation et essuyer les dernières traces de l’éclatement de la bulle. Mais soyez déjà sûrs que la prochaine bulle est déjà en constitution (crédit étudiant aux Etats-Unis, dette obligataire, marché des droits carbones,…) et que son implosion/explosion finira bien par se produire, car il en va ainsi de la vie économique. Car pour reprendre les propos de Sir Isaac Newton après ses immenses pertes financières dans la bulle de la South Sea Company, nous savons « calculer les mouvements des corps pesants mais pas la folie des foules ».

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  • « Il n’en faut pas pour autant oublier que l’économie ne peut avancer que par une succession de bulles, par succession de croyances en des revenus futurs supérieurs à ceux d’aujourd’hui. »

    Croyance .. non. Confiance … oui. Ce n’est pas la même chose.

  • Un socialiste, lorsqu’il voit un commissaire du peuple lancer une pomme en l’air, il a la certitude durant sa montée qu’elle va continuer à monter pour atteindre le cosmos. Et lorsqu’inéluctablement, elle ralenti et finit par retomber, il y voit une machination de la dictature des marchés, des capitalistes…

    • Les croyances des socialistes sont beaucoup plus pragmatiques que cela. Les (etato-)socialistes sont des « croyants » de la croissance via des investissements « magiques » parce que croissance du secteur marchand signifie hausse des revenus fiscaux, donc plus de possibilité de s’arroser eux mêmes, leurs cercles de soutien, et leurs « clients » électoraux. Tout comme les « socialistes » poussent à la marchandisation croissante des relations humaines, pour les mêmes raisons. Relation marchande = TVA, taxes, impots, etc.. Les (etato-)socialistes, quoi qu’ils en disent, sont entièrement acquis à la logique du profit à tout prix. Ils ne font que masquer leur cynisme derrière une confiture de paroles particulièrement sucrée.

  • Il faut la puérilité d’un socialiste pour croire qu’un système puisse éliminer les bulles, que les fonctionnaires puissent être plus clairvoyants que le commun des mortels lorsqu’ils risquent leurs propres capitaux, en somme que la planification centralisée vaille mieux que le marché.

    Pour autant cet article semble dédouaner les politiciens de leurs écrasantes responsablités dans les pires bulles.
    Or leurs lubies mégalomanes font bien plus de dégâts parce qu’ils engagent les moyens de autres au moyen de la coercition d’État. Ainsi, la bulle internet fut à la fois inévitable (l’avènement d’internet obligeait à revoir toute la prospective) et sans grandes conséquences; alors que celle des subprimes fut entièrement fabriquée par la politique, et autrement destructrice !
    Quant à celle de l’État-providence, Dieu sait dans quel abîme son explosion est en train de nous conduire…

  • « Il n’en faut pas pour autant oublier que l’économie ne peut avancer que par une succession de bulles »

    L’allocation parfaite du capital c’est comme le risque zéro, ca n’existe pas. Donc, oui, les bulles sont inévitables. Cependant, les bulles les plus récentes ont atteint les proportions que l’on connait À CAUSE de l’intervention gouvernementale et des banques centrales! (cf: crise de l’immobilier américain).

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