L’État contre le progrès

San Francisco : l’administration publique bloque les entrepreneurs qui cherchent à développer un système révolutionnaire de location de voitures.

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L’État contre le progrès

Publié le 18 juillet 2013
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San Francisco : l’administration publique bloque les entrepreneurs qui cherchent à développer un système révolutionnaire de location de voitures.

Par Édouard H.

Le capitalisme, c’est le progrès. On entend souvent ce mot être utilisé dans le champ lexical relatif à l’État, supposé nous apporter du « progrès social » et autre joyeusetés. Mais si l’on va au-delà des apparences, au-delà des mots, on ne peut que voir la réalité : c’est le marché libre qui fait aller l’humanité de l’avant, tandis que l’État n’est au mieux qu’un parasite venant s’accaparer une partie des gains, au pire une machine à ralentir voire empêcher à la base même le progrès. J’entends déjà les voix au loin « méziléfou » et autres « n’importe nawak », alors je vais illustrer ce phénomène par un exemple tout récent.

Dans cet article daté du 15 juillet dernier de venturebeat intitulé « San Fransisco bloque l’entreprise de transport la plus innovante », on nous raconte l’histoire de ces entrepreneurs qui cherchent à mettre en place un système révolutionnaire de location de voitures, mais qui se voient refuser l’opportunité d’offrir ce service aux habitants de San Fransisco car la Mairie les en empêche. Le titre de l’article est à ce propos malvenu : ce n’est pas « San Fransisco » qui bloque l’entreprise mais la Mairie, il s’agit de bien dissocier les deux.

Le principe de ce service appelé « Car2go » est simple mais génial : plutôt que de louer une voiture d’un point fixe et de devoir retourner la voiture à ce même point fixe ou à un autre emplacement fixe de l’entreprise, avec Car2go vous prenez une voiture, vous allez à votre destination, et vous la laissez. C’est aussi simple que ça. Pour trouver une voiture disponible, vous utilisez une application sur votre smartphone.

Les avantages pour les habitants de San Fransisco seraient immenses : à la différence des locations de voiture traditionnelles, vous ne payez pas quand vous n’utilisez pas la voiture. Imaginons que vous vouliez vous promener dans un parc. Avec un modèle classique de partage de voiture, vous devez payer pour tout le temps que vous passez dans le parc. Avec Car2go, vous ne payez que le temps où vous êtes en effet en train d’utiliser la voiture. Cela a aussi l’avantage d’augmenter l’utilisation de cette voiture : les voitures passent plus de temps conduites sur la route et moins de temps garées, empêchant les autres d’utiliser l’espace de parking. Ce système apporte donc des avantages non seulement à ses utilisateurs, mais pour toute personne qui cherche des places de parking. Merveilleux, non ?

Les technocrates de la Mairie de San Fransisco, dans un bel élan de planisme central (qui, on le sait, donne à chaque fois de splendides résultats), veulent étendre la disponibilité des services de partage de voiture sur la ville et ont donc créé un Plan qui force les organisations de partage de voiture à offrir des voitures dans des zones éloignées. De l’autre côté, Car2go offre une solution bien plus intelligente : ils utilisent leurs données pour savoir en temps réel où les voitures sont en effet utilisées.

Les voitures peuvent finir leur trajet n’importe où dans la ville, et Car2go utilise ces données pour constamment redessiner les frontières du service en fonction de la demande. Si les gens d’un quartier donné ne veulent pas du service, ce serait une mauvaise allocation des ressources que de mettre des voitures là-bas. Là où la Mairie tâtonne dans le noir pour mettre en place plus ou moins arbitrairement des emplacements, risquant continuellement d’allouer des ressources rares de manière complètement déconnectée de la demande réelle, Car2go adapte en temps réel son offre pour qu’elle corresponde au mieux à ce que les gens veulent. Grâce au marché libre, les ressources rares sont allouées efficacement.

Mais que nenni. La Mairie de San Fransisco refuse. « While promising in many respects, the potential benefits and effects of the one-way model are still insufficiently documented and understood at this time », ce que l’on peut traduire par « Bien que prometteur par de nombreux aspects, les potentiels bénéfices et effets du modèle à trajet unique sont toujours insuffisamment documentés et compris pour le moment ». L’État (compris ici au sens large) a peur de l’inconnu. Il a peur de ce qu’il ne contrôle pas. Il empêche des entrepreneurs de prendre des risques. Si le service s’avérait être un échec, ce sont les entrepreneurs capitalistes eux-mêmes qui en subiraient les conséquences et perdraient les fonds investis et non pas l’État ; le refus est donc d’autant plus absurde. D’où serait-ce à l’État de juger ou non si un service est appréciable à la place de la société civile ? Nos chers dirigeants seraient-ils doués d’un 6ème sens que nous ne possédons pas, appartiennent-ils à une race différente ?…

Cet événement met en lumière de manière très claire le fonctionnement d’un marché libre. Des entrepreneurs ont une idée. Ils voient un problème et tentent d’y apporter une solution. Cette solution pourrait s’avérer mauvaise, ou les gens pourraient très bien ne pas l’apprécier, impossible de connaître avec certitude le futur. Face à cela, les entrepreneurs franchissent le pas, investissent temps, énergie et argent dans un projet dans lequel ils croient. Font-ils cela dans un esprit de « service public », font-ils ça dans le but d’améliorer le sort de l’humanité ? C’est possible, mais ce n’est souvent pas le cas. Ils ne le font que dans une optique de gains personnels. Et au passage, ils rendent notre sort à tous plus enviable. Des ressources auparavant inutilisées ou sous-utilisées sont redirigées vers de meilleurs usages. Ces entrepreneurs sont faillibles, ils peuvent faire des erreurs, auquel cas la faillite survient tôt ou tard et les ressources sont de nouveau redirigées. À pas plus ou moins grands, l’humanité progresse.

Et face à cela il y a l’État. Que tous ses adorateurs se rendent bien compte d’une chose : avant d’être producteur de services (services aux business model la plupart du temps archaïques et qui pourraient être fournis de manière plus efficace sur un marché ouvert et libre, mais ce n’est pas l’objet de cet article), avant tout donc l’État est une gigantesque machine à empêcher de tourner en rond.

Avant d’organiser et financer le feu d’artifice du 14 juillet près de la Tour Eiffel, l’État c’est une immense organisation qui, pour toutes sortes de raisons (influence des corporatismes en touts genre, soif de pouvoir de ses agents, clientélisme des élus…), use de son extraordinaire monopole de la violence légitime pour ralentir voire complètement arrêter comme c’est le cas ici tout progrès de la société civile. Point de théorie du complot ici, la plupart des agents qui sont aux manettes de l’État agissant avec une ferme croyance que leurs actions servent le fameux « Intérêt Général ». L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Chers lecteurs, osez soulever le drap de sainteté qui couvre trop souvent l’État, osez regarder et dénoncer ses agissements les plus odieux. Et célébrez les innovations que les entreprises et autres organisations libres en tous genres nous apportent dans les zones de la société civile qui ne sont pas complètement contrôlées par l’État. Car c’est cette force-là, cette puissance merveilleuse et spontanée de la société civile qui nous a permis d’atteindre le degré de richesse dont nous avons la chance de bénéficier aujourd’hui.

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  • Je trouve un peu dur cet article pour l’Etat.
    A partir d’un certain Capital, l’Etat s’est doté d’une armée et d’une police qui lui permet depuis longtemps de voir fleurir son entreprise. L’idée est géniale, il suffit de demander plus de la moitié de leurs ressources à tous les administrés, la force publique pouvant contraindre à tout moment le con-tribuable de cracher au bassinet.
    Le business model le plus chou jamais inventé…

  • « use de son extraordinaire monopole de la violence légitime pour ralentir […] »
    –> violence légale, pas légitime.

  • A partir du moment où ceux qui décident ne prennent aucun risque, et ne risquent donc aucun retour de flamme, on arrive dans l’arbitraire le plus éthéré, et la fiscalité la plus délirante pour un service médiocre.

  • ça sent l’isotope 16 de l’hydrogène à plein nez cet article…
    A part ça il est aussi probable que comme les gens aiment bien être dorloté, que « les autres » s’occupent de tout à leur place pour ne rien avoir à faire ou à décider en dehors de leur vie privée (et encore…) et professionnelle (et encore…), il élisent des gens qui auront la « responsabilité » de prendre les decisions à leur place, les libéraux ne supportent pas cette idée, c’est sûr!!! Donc, pour assurer leur sécurité, ces « élites » démocratiquement élues limitent le champs d’action des électeurs et leur pouvoir individuel de manière à éviter tout problème qu’ils auraient à justifier auprès de nos médias nationaux aimant les choses tellement croustillantes.
    Les résultat sont là : baisse le la limitation de vitesse, ceinture obligatoire, casque obligatoire, barrières autour des piscines, augmentation des impôts pour assurer la protection, les « service public » si efficace, les interdictions de faire du roller dans le métro, les barrières en bord de quai à Bordeaux, les interdictions de se baigner dans tel ou tel marre, les suppressions des jeux dangereux dans les cours de récré, le matlassage systématique des aires de jeux publiques……..L’aspect tantaculaire est là parce que les gens ont été infantilisés et l’ont accepté en masse, c’est le grand progrès de l’occident tout entier. Ont voit bien où ça nous mène.
    La disparité devient colossale entre ceux qui veulent faire et ceux qui veulent que les autres fassent. Le socialisme semble pencher d’un côté précis dans cette balance, Il est en train d’arriver un moment, ne parlons pas du « grand soir », faut pas déconner non plus, où les gens vont se rendre compte que laisser faire les autres à un cout individuel gigantesque qui ne peut plus être assumé à titre individuel. Ils se diront peut-être rapidement qu’ils ont fait une grossière erreur et qu’il est temps de reprendre son destin (individuel) en main et que la somme de ces destins est facteur de progrès. Ca y est, I have a dream, la liberté d’entreprendre va peut-être revenir au devant de la scène.

  • San FranCisco avec un ‘c’ (en 6 endroits). Ca vient de « Francis-co » = Francois en espagnol

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