« Allez-vous en, François Hollande ! » de Dominique Jamet

Dans un court essai, le journaliste Dominique Jamet adresse au président un conseil qu’il devrait suivre.

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« Allez-vous en, François Hollande ! » de Dominique Jamet

Publié le 9 juillet 2013
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Dans un court essai, le journaliste Dominique Jamet adresse au président un conseil qu’il devrait suivre.

Par Francis Richard.

Dans le temps je me régalais des éditos de Dominique Jamet dans L’Aurore, Le Quotidien de Paris ou Le Figaro. C’est pourquoi je me réjouissais de lire son coup de colère aux Éditions Mordicus. Je n’avais pas tort de me réjouir. Avec un sérieux bémol toutefois. Ce coup de colère se présente sous la forme d’une lettre ouverte au Président de la République française, pour lequel l’auteur a de l’affection puisqu’il lui sert du « cher François Hollande ».

Bien sûr il n’est pas question de déflorer tout le sujet de cette lettre. Ce ne serait pas sympa pour l’épistolier qui mérite d’être lu intégralement. Mais quelques citations valent mieux que des commentaires, comme des dessins sont plus parlants que de longues explications.

Dominique Jamet, après avoir rappelé que François Hollande a « été élu pour partie sur une adhésion, pour partie sur un rejet », souligne qu’il n’est pas le président de tous les Français, sinon dresserait-il « les pauvres contre les riches, les salariés contre les entrepreneurs, la droite immuable contre la gauche éternelle, les hommes de progrès contre les suppôts de la réaction et les homosexuels contre les hétérosexuels ? » Il faut dire que les sujets de société permettent « en monopolisant l’attention de l’opinion publique, d’occulter et de faire momentanément oublier les échecs et les scandales qui fleurissent sous [ses] pas » : « Aujourd’hui, c’est le projet de mariage pour tous, demain ce sera l’euthanasie ou l’aménagement des peines de prison. »

Bien sûr ces sujets de société figurent parmi les soixante propositions du candidat Hollande, mais « voter pour un homme ou pour un parti n’implique évidemment pas que l’on approuve tous les points de son programme ou même qu’on en ait pris connaissance. » A contrario il y a d’autres engagements pour lesquels Hollande n’était pas mandaté et qu’il a pourtant tenus, tout droit sortis de sa boîte à outils « tels que l’austérité, l’alourdissement de la pression fiscale ou les diverses et ingénieuses ponctions sur le pouvoir d’achat des retraités, et qui ne sont apparus dans leur nudité qu’au fil de révélations précautionneusement distillées. »

J’en viens au bémol. Car Dominique Jamet fait alors preuve d’inculture quand il écrit à l’adresse de son cher François :

La politique mortifère pour laquelle vous avez opté s’inscrit dans le droit fil du libéralisme de votre prédécesseur et de la plus grande soumission aux impératifs de l’eurocratie. C’est celle que rejettent aujourd’hui tous les peuples d’Europe, celle de la rigueur financière et de la rigueur sociale, des économies et des sociétés croulant sous le poids de la dette et des impôts, de la diminution de l’activité et des recettes, de la spirale du déclin.

Comme ce qu’il décrit, c’est le socialisme, je présume que l’emploi du mot libéralisme est une coquille, que les lecteurs de Dominique Jamet ne rectifieront malheureusement pas d’eux-mêmes. Car, en quoi est-ce du libéralisme que d’augmenter la dette et les impôts (et par là-même gonfler encore plus un Etat obèse), d’empêcher le libre exercice de l’activité, de se soumettre aux oukases de Bruxelles ? Dominique Jamet convient pourtant que les remèdes prescrits par le docteur Hollande sont voués à l’échec : « Les emplois d’avenir, les contrats de génération, le recrutement de soixante mille enseignants sont des remèdes aussi coûteux qu’inefficaces. Payés par le contribuable au prix d’une insupportable hausse de la pression fiscale, ils alourdissent le déficit sans enrayer la montée du chômage. L’assistanat fait un temps illusion avant de faire faillite. » J’aimerais que Dominique Jamet m’explique alors en quoi ces remèdes sont ceux du libéralisme ? Mais il est vrai qu’aujourd’hui, les mots perdent de leur sens, même sous la plume d’un journaliste averti comme lui.

Il est évident que François Hollande est une erreur de distribution (le seul processus de sa désignation par le PS le montre) et qu’il devrait en tirer la conséquence, celle qu’il envisageait dans un livre d’entretiens avec Edwy Plenel, Devoirs de vérité, paru en 2006 et dont Dominique Jamet extrait la citation suivante :

Si d’aventure, une crise profonde se produisait ou des élections législatives intervenaient, contredisant l’élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence…

Nous y sommes dans la crise profonde. Rien n’oblige François Hollande à partir, « mais la raison l’emporte parfois sur le droit ». La conclusion de Dominique Jamet s’impose donc :

On dit communément que vous êtes brave, au sens que l’on donne à ce mot dans le Midi. Il n’y a pas de honte à reconnaître que l’on a présumé de ses capacités et que l’on n’est pas à la hauteur du poste où vous ont hissé les circonstances. Alors, M. Hollande, si vous voulez laisser un nom honoré dans l’histoire, et pendant qu’il en est encore temps, soyez brave : allez-vous en !

C’est un conseil d’ami, que François Hollande devrait suivre…

• Dominique Jamet, Allez-vous en, François Hollande !, Éditions Mordicus, 32 pages, juin 2013.


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Voir les commentaires (19)

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  • Politique prescrite par la commission européenne = libéralisme. Comment un si grand nom du journalisme peut-il arriver à un niveau pareil ? Tristesse. Quand les classes littéraires françaises vont-elles réaliser le niveau où elles sont descendues et, saisies de honte, se reprendre ?

  •  » la perversion de la cité commence par la fraude des mots » Platon

    la liberté, c’est l’esclavage !! l’ignorance, c’est la force !! (1984)

  • Comment vendre un bouquin en France si on ne « stigmatise » pas le libéralisme?

  • Brave, gentil et cher Hollande.

  • Tiens, trouver « du libéralisme » en France, il a de bons yeux, le Monsieur 🙂

    Pour le reste, Mollande semble une tortue piquet : celle qu’on trouve posée sur un piquet, qui n’y est pas venue toute seule, et ne sit absolument pas ce qu’elle y a à faire ni comment en descendre.

    Je dis « semble » parce que le projet socialiste n’est pas de gérer l’Etat, mais de « changer la société », à la matraque s’il le faut.

    Promotion de l’homosexualité dès la maternelle, quitus pénal pour les mafrats de gauche, asservissement des riches, immiction dans la vie privée jusque dans ses moindres détails, favoritismes et privilèges, c’est ça leur grand jeu.

  • Lorsqu’il écrit « Cher François Hollande » est-ce l’évaluation d’un coût?
    Lorsqu’il le décrit « brave », est-ce qu’il veut dire qu’il est « méritant »?

  • Houlala !
    Je suis certain que notre président va lire ce livre et quitter instantanément le pouvoir…

    Hollande n’est ni pire ni meilleur que d’autres. Les présidents ça passe, c’est l’avantage d’une république d’ailleurs, par rapport à une royauté où l’on peut rester 70 ans avec le même connard.

    Je ne comprend pas comment ce type peut se rendre malade en regardant un président. Il n’a qu’à changer de chaine.

    • « Hollande n’est ni pire ni meilleur que d’autres »
      Apparemment, les Français ne sont pas de votre avis puisqu’il bat tous les records d’impopularité.

      • « Apparemment, les Français ne sont pas de votre avis puisqu’il bat tous les records d’impopularité. »

        Ah ben en fait non…

        Il est à 24% de cote de confiance, alors que sarko avait heurté la barre des 20% fin 2011.

        Précision ici : http://bit.ly/1892QcM

        Si sarko l’avait emporté en 2012, il serait sans doute aujourd’hui à 15% de cote de confiance, car il n’aurait pas pu, comme FH, rejeter la responsabilité de la situation sur son prédécesseur.

        A l’époque, il y avait aussi des voix qui hurlaient sarko démission, avec l’efficacité qu’on sait.

        Le recordman de tous les temps, c’était Chirac en 2006, avec une cote de confiance de 16%.

        C’est énervant, hein, la réalité, surtout chiffrée.

        • 😆 Rarement lu telle mauvaise foi !!!
          Un an après son élection, la popularité de Sarkozy était à 37%. 37% !!
          Il a fallu attendre 4 ans pour que sa cote s’écrase.

          Ton poulain Moi-Président, il n’avait pas fait un an qu’il avait déjà la cote de popularité d’un président en fin de 2e mandat ! 😆

          Il s’agit bien d’un record : la chute la plus brutale et la plus rapide. Moi-Président est un tocard comme jamais la France n’a eu (et pourtant les 3 précédents président avaient déjà atteint des sommets de nullité), et les Français sont tout de même suffisamment lucides pour s’en rendre compte.

          S’il est piteusement à 24% au bout d’un, qu’est-ce que ça va être dans 4 ans !

          « C’est énervant, hein, la réalité, surtout chiffrée. »
          Faut apprendre à lire les chiffres, et notamment comparer des choses comparables, hein, mon coco…

    • Panemetcircenses : « Hollande n’est ni pire ni meilleur que d’autres. »

      Ce qui démontre que vous ne savez absolument pas de quoi vous parlez. Une bonne mine, quelques bons mots et vous pensez comprendre ce qui se passe fiscalement, législativement et économiquement pour des dizaines de millions de gens.

      • Ce pauvre hollande a autant de pouvoir sur les événements économiques que son prédécesseur, c’est à dire pas grand chose. Il masque son impuissance un tout petit peu moins bien, c’est tout ce qu’il serait possible de lui reprocher. Sarko aurait fait exactement ce qu’il a fait en matière économique (d’ailleurs c’était dans son programme, peu ou prou), avec la même absence crasse de résultats. Probablement pire, car il croyait vraiment à cette connerie sans fond qu’est la tva sociale.

        Allez, respirez un bon coup, et répétez après moi : « Les présidents, ça passe ».

        • panemetcircenses: « Ce pauvre hollande a autant de pouvoir sur les événements économiques que son prédécesseur, c’est à dire pas grand chose »

          Si tu veux dire par là qu’il est prisonnier du système qui l’a enfanté (élites, médias, corporations, appareil d’état) je suis d’accord avec toi.
          Même un sarko au discours très vaguement libéral s’est mis à faire du hardcore socialisme sous la tempête de propagande idéologique qui s’est abattu sur lui.

          D’un autre coté ils sont aussi prisonniers parce qu’ils le veulent bien et que ce sont des sans-couilles, le président a quand même pas mal de pouvoir et si quelqu’un peut réformer et expliquer c’est bien un socialiste parce que l’intteligentsia est bien emmerdées ; difficile de balancer « des heures sombres » toutes les deux lignes avec un copain.

          Par contre ce que tu ne comprends pas c’est que si les autres ont aussi fait les imbéciles, le bateau France n’avait pas encore le nez sur l’iceberg a ce moment. Ce qui n’était qu’une incompétence grave avant relève de la haute trahison face à la situation actuelle.

          • « Ce qui n’était qu’une incompétence grave avant relève de la haute trahison face à la situation actuelle. »

            Quand on commence à invoquer la notion hautement fumeuse de « haute trahison » (c’est celle qui sert le plus souvent à justifier les coups d’Etat), et ce juste parce que celui qui est au pouvoir nous déplait, c’est surtout qu’on n’aime pas beaucoup l’idée même d’institutions.

            Vous êtes dans l’âme un autocrate, ça se sent, même si vous l’ignorez ou le déniez.

            Accepter que l’autre bord soit au pouvoir, ne pas considérer les incompétents du camp d’en face comme des traitres, quand on considère ceux de son camp juste comme des idiots, c’est ça le commencement de la sagesse.

          • panemetcircenses : « et ce juste parce que celui qui est au pouvoir nous déplait »

            Le pays est en train de couler coco, personnellement ça ne m’affectera pas car je suis mobile mais contrairement à toi je déplore tous les malheurs qui vont arriver (qui sont en train d’arriver) à la population. Regarde du coté de la Grèce ou de l’Espagne ce n’est pas une question de « déplaisir » et ce n’est pas un amusement.

            Le diagnostique était bon, tu n’as absolument aucune idée de la situation ni de l’économie.

  • Invoquer l’impopularité record de Hollande comme argument en faveur du libéralisme… Hmmm, pas sûr. Le rejet de ce Président par défaut vient en majorité de Français qui trouvent, à tort ou à raison, sa politique pas assez à gauche, trop clémente envers « les riches-la finance-l’Europe », etc… Trop libérale, précisément.

  • Une telle confusion est largement employée partout. Mais quand elle est faite par quelqu’un qui a fait de l’économie et de la finance, on se demande qui étaient ses profs.
    Pays de dégénérés. Les français ont le pays qu’ils méritent.

  • DOMINIQUE JAMET se trompe (…une fois de plus) de cible.

    Le problème auquel sont confrontées les démocratie actuelles ce n’est ni Fr.Hollande, ni Sarkozy, ni Cameron, c’est l’incapacité des peuples à inventer pour eux-mêmes des alternatives politiques crédibles à un système qu’il dénonce et condamne.

    Sans elles, un départ de François Hollande ne changerait rien, ou pas grand chose.

  • Etant adhérent à DLR, j étais présent lors de votre venue à Orléans dernièrement!

    Je souhaitais savoir s’il est normal que des mouvements défendant un conflit étranger (Palestine/Israel) soient autorisés à défiler et s’opposer aux force »s de l’ordre , attaquer les lieux de culte,..dans notre pays qui ne semble plus gouverné? Merci. Cordialement, J.Furnari

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