La tâche qui attend les libertariens

Jour 1 de l’anthologie des 30 textes de Robert Wenzel qui vous amènera à devenir un libertarien bien informé : cet essai est extrait du chapitre 4 de L’Homme contre l’État-Providence (1969) de Henry Hazlitt.

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La tâche qui attend les libertariens

Publié le 7 juillet 2013
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Jour 1 de l’anthologie des 30 textes de Robert Wenzel qui vous amènera à devenir un libertarien bien informé : cet essai est extrait du chapitre 4 de L’Homme contre l’État-Providence (1969) de Henry Hazlitt.

L’Institut Coppet vous propose pour cet été, en partenariat avec Contrepoints, l’anthologie des trente textes libertariens de Robert Wenzel traduite en français. Robert Wenzel est un économiste américain éditeur du site Economic Policy Journal et connu pour son adhésion aux thèses autrichiennes en économie. Cette anthologie regroupe une trentaine de textes qui s’inscrivent quasi-exclusivement dans le courant autrichien et plus généralement dans la pensée libertarienne. Le but principal de cet ensemble bibliographique de très grande qualité est de former au raisonnement libertarien, notamment économique, toute personne qui souhaiterait en découvrir plus sur cette pensée.


Résumé : Nous, libertariens, ne pouvons pas nous contenter simplement de répéter des généralités quasi-religieuses de liberté, de libre entreprise et de gouvernement limité. Affirmer et répéter ces principes généraux est bien sûr absolument nécessaire, soit comme prologue, soit comme conclusion. Mais si nous voulons être individuellement ou collectivement efficaces, nous devons individuellement maîtriser beaucoup de connaissances détaillées et nous spécialiser sur un ou deux éléments pour montrer de quelle manière nos principes libertariens s’appliquent à des domaines spéciaux, et qu’ainsi nous puissions de façon convaincante débattre avec les partisans des programmes étatistes.


Par Henry Hazlitt.
Traduit par Manon Guillotin, Institut Coppet.

Henry Hazlitt (1894-1993) était un journaliste bien connu qui a écrit sur les questions économiques pour le New York Times, le Wall Street Journal, et Newsweek, parmi de nombreuses autres publications. Il est surtout plus connu comme l’auteur de l’ouvrage classique L’économie politique en une leçon (1946).

Au cours de ces trente dernières années, après que j’eus parlé ou écrit à propos d’un nouveau type de restriction sur la liberté humaine dans le domaine économique, d’une nouvelle attaque sur l’entreprise privée, on m’a parfois demandé, en personne ou par courrier, « Que puis-je faire » pour lutter contre la tendance socialiste ou inflationniste ? D’autres écrivains ou conférenciers, il me semble, se voient souvent poser la même question.

La réponse est loin d’être simple puisqu’elle dépend des circonstances et de la capacité de celui qui pose la question – qui peut être un homme d’affaires, une femme au foyer, un étudiant, informé ou non, intelligent ou non, éloquent ou non. Et la réponse peut varier selon ces circonstances présumées.

La guerre doit être menée sur un millier de fronts, et les vrais libertariens sont largement en infériorité numérique sur tous ces fronts.

La réponse générale est plus simple que la réponse particulière. Par conséquent, je voudrais écrire ici au sujet de la tâche qui attend tous les libertariens considérés collectivement.

Cette tâche est devenue immense, et semble grandir tous les jours. Quelques nations qui sont devenues complètement communistes, comme la Russie soviétique et ses satellites, essaient, en réponse à leur expérience malheureuse, de faire marche arrière par rapport à la centralisation complète et expérimentent une ou deux techniques quasi-capitalistes ; mais la dérive générale du monde – dans plus de 100 des 111 nations ou mini-nations environ qui sont maintenant membres du Fond monétaire international – s’oriente dans la direction d’un renforcement du socialisme et des contrôles.

La tâche de la petite minorité qui combat cette dérive socialiste semble presque sans espoir. La guerre doit être menée sur un millier de fronts, et les vrais libertariens sont largement en infériorité numérique sur tous ces fronts.

Dans un millier de domaines, les partisans de l’État-Providence, les étatistes, les socialistes et les interventionnistes se dirigent tous les jours vers davantage de restrictions de la liberté individuelle, et les libertariens doivent les combattre. Mais peu d’entre nous ont individuellement le temps, l’énergie, et les connaissances spécialisées dans plus d’une poignée de sujets pour être capable de le faire.

Un de nos problèmes les plus graves est que nous nous retrouvons confrontés à des armées de bureaucrates qui nous contrôlent déjà, et qui ont un intérêt direct au maintien et à l’expansion des contrôles qu’ils se sont engagés à faire appliquer.

 

Une bureaucratie croissante

Le gouvernement fédéral comporte maintenant environ 2500 agences de fonctionnement différentes, de bureaux, de départements et de divisions. On estime que les employés fédéraux civils à plein temps seront 2 693 508 au 30 juin 1970.

Et nous savons, pour prendre quelques exemples spécifiques, que parmi ces bureaucrates, 16 800 administrent les programmes du Ministère du logement et de l’urbanisme, 106 700 les programmes (incluant la Sécurité Sociale) du Ministère de la Santé, de l’Éducation et des Affaires sociales, et 152 300 les programmes de l’administration des vétérans.

Si nous voulons voir à quelle vitesse les composantes de cette bureaucratie ont augmenté, nous devons nous référer encore au Ministère de l’agriculture. En 1929, avant que le gouvernement des États-Unis n’entame des contrôles de récolte et des politiques de soutien des prix à grande échelle, ce ministère comptait 24 000 employés. Aujourd’hui, en incluant les travailleurs à temps partiel, il y en a 120 000, soit cinq fois plus, chacun d’eux ayant un intérêt économique vital (à savoir leurs propres emplois) à prouver que les contrôles particuliers qu’ils se sont engagés à formuler et à faire appliquer doivent être poursuivis et étendus.

Quelle chance ont les arguments de l’entrepreneur individuel, du professeur d’économie occasionnel et désintéressé, du chroniqueur, ou de l’éditorialiste, face à ceux des politiques et des actions de cette armée de 120 000 hommes, même en ayant eu le temps d’apprendre les faits détaillés d’une question particulière ? Leurs critiques sont soit ignorées soit noyées dans des contre-arguments organisés.

C’est un exemple parmi tant d’autres. Peu d’entre nous peuvent soupçonner qu’il y ait autant de dépenses injustifiées ou absurdes dans le programme de sécurité sociale aux États-Unis, ou que les engagements non financés déjà entrepris par ce programme (une estimation officielle excède un trillion de dollars) puissent s’avérer impossible à rembourser sans une inflation monétaire brute. Seule une poignée d’entre nous peut se douter que le principe même d’une assurance décès ou d’une assurance vieillesse, étatique et obligatoire, soit ouvert au débat. Mais il y a environ 100 000 employés à plein temps au Ministère de la Santé, de l’Éducation et des Affaires sociales, qui rejettent de telles craintes en les considérant comme absurdes, et qui insistent pour dire que nous n’en faisons toujours pas assez pour nos aînés, nos malades, nos veuves et nos orphelins.

Et puis il y a les millions de personnes qui sont déjà du côté des receveurs de ces paiements, qui en sont venues à les considérer comme un droit acquis, qui bien sûr les trouvent insuffisants, et qui sont outrées par la moindre suggestion d’un réexamen critique du sujet. La pression politique pour l’extension constante et l’augmentation de ces avantages sociaux est presque irrésistible.

Et même s’il n’y avait pas des armées entières d’économistes publics, de statisticiens et d’administrateurs pour lui répondre, le critique désintéressé et solitaire, qui espère faire entendre sa critique et être respecté par d’autres gens désintéressés et réfléchis, se retrouve lui-même contraint de se tenir informé des épouvantables montagnes de détails.

 

Trop d’affaires à suivre

Le Conseil national des relations de travail, par exemple, prend des centaines de décisions chaque année sur les sujets liés aux pratiques « déloyales » de travail. Au cours de l’année fiscale 1967, le Conseil a transmis 803 affaires « litigieuses quant à la loi et aux faits ». La plupart de ces décisions sont fortement orientées en faveur des syndicats ; beaucoup d’entre elles pervertissent l’intention de la loi de Taft-Hartley qu’ils enfreignent ostensiblement ; et dans certaines d’entre elles, le Conseil s’arroge des pouvoirs qui vont bien au-delà de ceux accordés par la loi. Les textes de la plupart de ces décisions sont très longs dans l’exposition des faits ou des faits allégués et des conclusions du Conseil. Comment l’économiste au plan individuel ou le rédacteur en chef peut-il se tenir au courant des décisions et commenter de manière avertie et intelligente celles qui impliquent un principe important ou un intérêt public ?

Reprenons le cas des grands organismes comme la Commission fédérale du commerce, la Commission des opérations de bourse, l’Agence fédérale des produits pharmaceutiques et alimentaires, la Commission fédérales des communications. Ces organismes combinent souvent les fonctions de législateurs, de procureurs, de juges, de jurés et d’administrateurs.

Pourtant, comment l’économiste individuel, l’étudiant en science politique, le journaliste, ou toute autre personne intéressée par la défense ou la préservation de la liberté, peuvent-ils avoir l’espoir de se tenir informés de ce déluge de décisions, de règlements et de lois administratives ? Il peut parfois se considérer chanceux d’être en mesure de maîtriser en quelques mois les faits qui concernent une seule de ces décisions.

Le Professeur Sylvester Petro de l’Université de New York a écrit un livre entier sur la grève de Kohler et un autre livre complet sur la grève de Kingsport et les leçons publiques à en tirer. Le Professeur Martin Anderson s’est spécialisé dans les folies des programmes de rénovation urbaine. Mais combien y en a-t-il parmi nous qui se considèrent libertariens et qui sont enclins – ou ont le temps – de faire cette recherche spécialisée et microscopique mais indispensable ?

En juillet 1967, la Commission fédérale des communications a fait passer une décision extrêmement nuisible ordonnant aux entreprises téléphoniques américaines et aux sociétés télégraphiques de baisser leurs tarifs pratiqués entre les États – qui étaient déjà 20 pour cent plus bas qu’en 1940, même si le niveau général des prix avait augmenté de 163 pour cent depuis cette époque. Pour écrire un simple éditorial ou une chronique là-dessus (et avoir confiance dans les faits qu’il avançait), un journaliste consciencieux devait étudier, parmi d’autres documents, le texte de la décision. Cette décision comptait 114 pages dactylographiées à interligne simple.

 

Et des plans pour la réforme

Nous, libertariens, avons du pain sur la planche.

Ce n’est pas seulement à la bureaucratie organisée que doit répondre le libertarien ; c’est également aux fanatiques individuels privés.

Pour préciser les contours de ce travail, ce n’est pas seulement à la bureaucratie organisée que doit répondre le libertarien ; c’est également aux fanatiques individuels privés. Il n’y a jamais un jour qui passe sans qu’un ardent réformateur ou qu’un groupe de réformateurs ne suggère une nouvelle intervention publique, un nouveau plan étatiste pour satisfaire un certain « besoin » présumé ou pour soulager une détresse présumée. Ils accompagnent leur plan par des statistiques élaborées qui sont censées prouver le besoin ou la détresse qu’ils veulent que les contribuables soulagent. On en arrive donc à ce que « les experts » réputés dans le soulagement, l’assurance chômage, la sécurité sociale, l’assistance médicale, les logements subventionnés, l’aide extérieure, soient précisément les gens qui préconisent plus de soulagement, d’assurance chômage, de sécurité sociale, d’assistance médicale, de logements subventionnés, d’aide extérieure et tout le reste. Et ainsi de suite.

Venons-en aux leçons que nous devons tirer de tout cela.

 

Les spécialistes de la défense

Nous, libertariens, ne pouvons pas nous contenter simplement de répéter des généralités quasi-religieuses comme la liberté, la libre entreprise et le gouvernement limité. Affirmer et répéter ces principes généraux est absolument nécessaire, bien sûr, soit comme prologue, soit comme conclusion. Mais si nous espérons être individuellement ou collectivement efficaces, nous devons individuellement maîtriser beaucoup de connaissances détaillées et nous spécialiser sur un ou deux éléments pour montrer de quelle manière nos principes libertariens s’appliquent à des domaines spéciaux et qu’ainsi nous puissions de façon convaincante débattre avec les partisans des programmes étatistes pour les logements sociaux, les subventions agricoles, l’assistance accrue, l’augmentation des aides sociales, l’accroissement de l’assistance médicale, les revenus garantis, l’augmentation des dépenses publiques, une taxation des revenus plus grande, particulièrement l’augmentation de la progressivité de la taxation, des tarifs douaniers plus élevés ou des quotas à l’importation, des restrictions ou des pénalités sur l’investissement étranger et les voyages à l’étranger, des contrôles des prix, des contrôles sur les salaires, des contrôles sur la location de logements, des contrôles sur les taux d’intérêt, plus de lois pour la soi-disant protection des consommateurs, des règlements toujours plus contraignants et partout des restrictions sur les entreprises.

Cela signifie, entre autres, que les libertariens doivent former et entretenir des organisations, non seulement dans le but de promouvoir leurs grands principes – comme le font, par exemple, la Foundation for Economic Education à Irvington-on-Hudson, à New York, l’American Institute for Economic Research à Great Barrington dans le Massachusetts et l’American Economic Foundation à New York – mais aussi pour promouvoir ces principes dans des domaines spéciaux. Je pense, par exemple, à d’excellentes organisations spécialisées existantes telles que le Citizens Foreign Aid Committee, Economists’ National Committee on Monetary Policy, la Tax Foundation etc.

Nous n’avons pas à craindre que trop de ces organisations spécialisées soient créées. L’inverse serait le vrai danger. Les organisations libertariennes privées aux États-Unis sont probablement dépassées à dix contre un par les organisations communistes, socialistes, étatistes et d’autres organisations de gauche qui se sont avérées trop efficaces.

Et je suis désolé de rendre compte du fait que presque aucune des associations d’entreprises conservatrices que je connaisse n’est aussi efficace qu’elle pourrait l’être. Ce n’est pas seulement qu’elles ont été timides ou silencieuses dans des moments où elles auraient dû s’exprimer, ou qu’elles se soient imprudemment compromises. Récemment, par crainte d’être étiquetées ultra-conservatrices ou réactionnaires, elles ont soutenu des mesures nuisibles pour les mêmes intérêts qu’elles étaient censées protéger. Plusieurs d’entre elles, par exemple, se sont révélées être en faveur de l’augmentation de l’impôt sur les sociétés par l’administration Johnson en 1968, parce qu’elles avaient peur d’affirmer que l’administration aurait plutôt dû réduire son dispendieux budget de sécurité sociale.

Tristement, le fait est qu’aujourd’hui la plupart des responsables des grandes entreprises en Amérique sont devenus si désorientés ou intimidés que, allant même jusqu’à défendre les arguments de l’ennemi, ils ne parviennent pas à se défendre de manière adéquate, même quand ils sont attaqués. L’industrie pharmaceutique a été soumise, depuis 1962, à une loi discriminatoire qui fait appliquer des principes légaux douteux, et sujets à débat, que le gouvernement n’a pas encore osé appliquer à d’autres domaines, et a été trop timide pour assurer sa propre défense de manière efficace. Et les fabricants automobiles, attaqués par un simple fanatique pour avoir produit des voitures « dangereuses à n’importe quelle vitesse », ont traité la question avec une combinaison incroyable de négligence et d’inconvenance qui a fait s’abattre sur leur tête une législation nuisible non seulement pour l’industrie, mais également pour tous les automobilistes.

 

La timidité des hommes d’affaires

Il est impossible de dire aujourd’hui où va frapper ensuite le sentiment anti-entreprise de Washington, additionné à l’envie d’un accroissement du contrôle gouvernemental. En 1967, le Congrès s’est permis de s’impliquer dans une extension du pouvoir fédéral douteuse sur des ventes de viande entre États américains. En 1968, ce dernier a passé une loi de « transparence des conditions de prêts », obligeant les prêteurs à calculer et à présenter des taux d’intérêt de la manière que les bureaucrates fédéraux les veulent calculés et exposés. Quand, en janvier 1968, le Président Johnson a soudainement annoncé qu’il interdisait aux entreprises américaines de faire davantage d’investissements directs plus loin en Europe, et qu’il les limitait ailleurs, la plupart des journaux et des hommes d’affaires, au lieu de lever une tempête de protestations contre ces invasions sans précédent de nos libertés, ont déploré leur « nécessité » et ont espéré que ce serait seulement « momentané ».

Le droit administratif discrétionnaire devrait être réduit au minimum ; il encourage la corruption.

L’existence même de cette timidité du milieu des affaires, qui laisse ces choses se produire, est la preuve que les contrôles étatiques et les pouvoirs publics sont déjà excessifs.

Pourquoi les dirigeants des grandes entreprises en Amérique sont-ils si timides ? C’est une longue histoire, mais je vais suggérer quelques raisons :

  1. Ils peuvent être entièrement ou en grande partie dépendants des contrats de guerre du gouvernement.
  2. Ils ne savent jamais quand ou pour quelles raisons ils seront considérés coupables de violer les lois antitrust.
  3. Ils ne savent jamais quand ou pour quelles raisons le Conseil national des relations de travail les considérera coupables de pratiques déloyales de travail.
  4. Ils ne savent jamais quand leurs déclarations d’impôts sur les revenus personnels seront hostilement examinées, et ils ne sont certainement pas confiants qu’un tel examen, et ses découvertes, soient entièrement indépendants du fait qu’ils aient été personnellement amicaux ou hostiles à l’administration au pouvoir.

On remarquera que les actions publiques, ou les lois que les hommes d’affaires supportent dans la crainte, sont des actions ou des lois qui laissent beaucoup de place au pouvoir discrétionnaire de l’administration. Le droit administratif discrétionnaire devrait être réduit au minimum ; il encourage la corruption et cette dernière est toujours propice à la loi du black jack ou du chantage.

 

L’acte d’accusation de Schumpeter

Les libertariens apprennent, pour leur plus grande peine, que les grands hommes d’affaires ne peuvent nécessairement pas être comptés parmi leurs alliés dans la bataille contre l’extension des empiétements étatiques. Les raisons sont nombreuses. Parfois, les hommes d’affaires préconiseront des droits de douane, des quotas à l’importation, des subventions et des restrictions de concurrence, parce qu’ils pensent, à tort ou à raison, que ces interventions publiques seront dans leur intérêt personnel, ou dans l’intérêt de leurs sociétés, et ne se sentent pas concernés par le fait qu’elles peuvent être à la charge du grand public. Le plus souvent, je pense, les hommes d’affaires préconisent ces interventions parce qu’ils sont sincèrement désorientés, parce qu’ils ne se rendent simplement pas compte des conséquences réelles qu’auront les mesures particulières qu’ils proposent, ou ne parviennent pas à percevoir les effets débilitants cumulatifs de ces restrictions croissantes de la liberté humaine.

Cependant, peut-être que dans la majorité des cas, les hommes d’affaires consentent aujourd’hui aux nouveaux contrôles publics par pure timidité.

Il y a une génération, dans son livre pessimiste, Capitalisme, Socialisme et Démocratie (1942), le regretté Joseph A. Schumpeter a entretenu la thèse selon laquelle « dans le système capitaliste il y a une tendance vers l’autodestruction ». Et comme preuve, il a cité la « lâcheté » des grands hommes d’affaires faisant face à l’attaque directe :

Ils discutent et ils plaident – ou ils engagent des avocats pour le faire en leur nom ; ils sautent sur chaque chance de compromis ; ils sont toujours prêts à céder ; ils ne livrent jamais un combat sous le drapeau de leurs idéals et intérêts propres : aux États-Unis, aucune résistance sérieuse n’a été opposée sur aucun point, de 1930 à 1940, à l’imposition de charges financières écrasantes ou à la promulgation d’une législation du travail incompatible avec une gestion efficace de l’industrie. [1]

C’est beaucoup trop pour les problèmes innombrables qui attendent les libertariens. Ils trouvent extrêmement difficile de défendre les sociétés particulières, et les industries du harcèlement et de la persécution, quand ces industries ne se défendent pas suffisamment bien ou convenablement. Pourtant, la division du travail est non seulement possible mais aussi souhaitable dans la défense de la liberté, comme elle l’est dans d’autres domaines. Et nombreux sont ceux qui n’ont ni le temps, ni la connaissance spécialisée, pour analyser des industries particulières ou des problèmes complexes spéciaux, et qui peuvent néanmoins être efficaces dans la défense de la cause libertarienne en martelant incessamment certains principes ou points jusqu’à ce que cela soit compris.

 

 

Quelques principes de base

Y a-t-il un seul de ces principes ou points sur lesquels les libertariens pourraient se concentrer de manière efficace ? Regardons cela de plus près, et nous pourrons finir en en trouvant non pas un, mais plusieurs.

L’État ne donne rien à quelqu’un qu’il ne prenne d’abord chez quelqu’un d’autre.

Une vérité simple qui pourrait être infiniment réitérée, et efficacement appliquée à 9/10 des propositions étatistes actuellement formulées ou promulguées avec une telle profusion, est que l’État ne donne rien à quelqu’un qu’il ne prenne d’abord chez quelqu’un d’autre. Autrement dit, toute son assistance et tous ses plans de subvention sont simplement des façons de voler à Pierre pour donner à Paul.

Ainsi, il peut être souligné que l’État-providence moderne est simplement un arrangement complexe par lequel personne ne paye pour l’éducation de ses propres enfants, mais tout le monde paye pour l’éducation de tous les enfants de tout le monde ; par lequel personne ne paye ses propres factures médicales, mais tout le monde paye toutes les factures médicales de tout le monde ; par lequel personne ne subvient à sa propre épargne retraite, mais tout le monde paye pour les épargnes retraite de tout le monde, etc. Comme mentionné auparavant, Bastiat a exposé le caractère illusoire de tous ces plans d’aide sociale il y a plus d’un siècle dans son aphorisme : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».

Une autre façon d’exposer ce qui ne va pas avec tous ces plans d’aide d’État est de constamment indiquer que vous ne pouvez pas remplir une cruche d’un litre avec une pinte. Ou bien, comme les programmes de dons de l’État doivent tous être financés par la taxation, à chaque nouveau plan proposé, le libertarien peut demander, « À la place de quoi ? ». Ainsi, s’il est proposé de dépenser un autre milliard de dollars pour l’envoi de plus d’hommes sur la lune, ou pour le développement d’un avion commercial supersonique, on peut souligner que ce milliard de dollars, extrait de la taxation, ne pourra alors pas satisfaire un million de besoins ou envies personnelles des millions de contribuables d’où il est extrait.

Bien sûr, quelques champions des pouvoirs publics toujours plus grands et des dépenses reconnaissent très bien ceci, et comme le Professeur J. K. Galbraith, par exemple, ils inventent la théorie selon laquelle les contribuables, laissés à eux-mêmes, dépensent l’argent qu’ils ont gagné très sottement, pour toutes sortes de futilités et âneries, et que seuls les bureaucrates, en prenant cet argent, sauront le dépenser sagement.

 

Connaître les conséquences

Un autre principe très important auquel le libertarien peut constamment faire appel est de demander aux étatistes de considérer aussi bien les conséquences secondaires sur le long terme de leurs propositions, et non pas simplement les conséquences directes et immédiates. Les étatistes admettront parfois tout à fait librement, par exemple, que l’État n’a rien à donner à quelqu’un qu’il ne doit d’abord prendre chez quelqu’un d’autre. Ils admettront qu’ils doivent déshabiller Pierre pour habiller Paul. Mais leur argument est qu’ils saisissent au riche Pierre pour subvenir aux besoins du pauvre Paul. Comme le Président Johnson l’a dit tout à fait franchement dans un discours le 15 janvier 1964 : « Nous allons essayer de prendre tout l’argent que nous considérons inutilement dépensé et le prendre à « ceux qui ont » et le donner à « ceux qui n’ont pas » qui en ont tellement besoin ».

Ceux qui ont l’habitude de considérer les conséquences sur le long terme admettront que tous ces programmes pour partager la richesse, et garantir des revenus, réduiront les incitations aux deux extrémités de l’échelle économique. Ils réduisent les incitations tant de ceux qui sont capables de gagner un revenu plus élevé, mais qui se le font retirer, que de ceux qui sont capables de gagner un revenu modéré, mais à qui on fournit les nécessités de la vie sans qu’ils aient à travailler.

Cette considération essentielle des incitations est presque systématiquement oubliée dans les propositions d’agitateurs qui veulent de plus gros et de plus nombreux plans d’assistance sociale étatique. Nous devrions tous être concernés par la situation critique du pauvre et du malheureux. Mais la dure question à laquelle n’importe quel plan pour soulager la pauvreté doit répondre est : comment pouvons-nous atténuer les pénalités d’échec et le malheur, sans saper les fondements des motivations à l’effort et au succès ? La plupart de nos réformateurs potentiels et humanitaires ignorent simplement la deuxième moitié de ce problème. Et quand ceux d’entre nous qui préconisons la libre entreprise sommes contraints de rejeter les plans « d’anti-pauvreté » l’un après l’autre, en raison du fait qu’ils mettraient de côté ces incitations, et produiraient sur le long terme plus de mauvais que de bon, nous sommes accusés par les démagogues et les irréfléchis d’être des obstructionnistes « négatifs » au cœur de pierre. Mais le libertarien doit avoir la force de ne pas être intimidé par cela.

Finalement, le libertarien qui souhaite marteler quelques principes généraux peut à plusieurs reprises faire appel aux énormes avantages de la liberté en comparaison avec la coercition. Mais il aura lui aussi de l’influence et n’exécutera son devoir correctement que s’il est arrivé à ses principes par une étude et une réflexion prudente. « Les gens du peuple d’Angleterre », a écrit autrefois Adam Smith, « sont très jaloux de leur liberté, mais comme les peuples de la plupart des autres pays n’ont jamais correctement compris ce en quoi cela consiste. » Arriver au concept approprié et à la définition de la liberté est difficile, et certainement pas facile.

 

Aspects légaux et politiques

Jusqu’ici, j’ai écrit comme si l’étude du libertarien, sa pensée et ses besoins d’argumenter étaient limités seulement au domaine de l’économie. Mais, bien sûr, la liberté ne peut être élargie ou préservée que si sa nécessité est comprise dans beaucoup d’autres domaines – et plus particulièrement dans le droit et en politique.

Nous devons nous demander, par exemple, si la liberté, le progrès économique et la stabilité politique peuvent être préservés si nous continuons à permettre à la population assistée – les gens qui sont principalement ou seulement soutenus par l’État et qui vivent à la charge des contribuables – à bénéficier de leurs privilèges. Les grands libéraux du XIXe et du début du XXe siècle, y compris John Stuart Mill et A.V. Dicey, ont exprimé leurs plus sérieuses inquiétudes sur ce point.

 

Une monnaie fiable et la fin de l’inflation

Ceci me mène, finalement, à une autre question sur laquelle tous ces libertariens qui manquent de temps ou d’éducation pour l’étude spécialisée peuvent efficacement se concentrer. Et ce, dans le but que l’État fournisse une monnaie fiable qui cesse de provoquer de l’inflation.

Cette question a l’avantage d’être claire et simple parce qu’elle est fondamentalement claire et simple. Toute l’inflation est générée par l’État. Toute l’inflation est le résultat de l’augmentation de la quantité de monnaie et de crédit ; et le remède est simplement d’interrompre l’augmentation.

Si les libertariens perdent sur la question de l’inflation, ils sont menacés par la défaite sur chacune des autres questions. Si les libertariens pouvaient gagner la question de l’inflation, ils pourraient se rapprocher de la victoire sur tout le reste. S’ils pouvaient stopper l’augmentation de la quantité de monnaie, ce serait parce qu’ils pourraient interrompre les déficits chroniques qui aboutissent à cette augmentation. S’ils pouvaient stopper ces déficits chroniques, ce serait parce qu’ils auraient interrompu l’augmentation rapide des dépenses de sécurité sociale, et des plans socialistes qui sont dépendants de ces dépenses. S’ils pouvaient interrompre l’augmentation constante des dépenses, ils pourraient interrompre l’augmentation constante du pouvoir de l’État.

La dévaluation de la livre britannique, d’abord en 1949 et de nouveau en 1967, pourrait, telle une contrebalance, avoir pour plus grand effet d’aider la cause libertarienne. Elle expose la faillite de l’État-providence. Elle expose la fragilité et le manque de fiabilité total du système monétaire international de la convertibilité papier-or, sous lequel le monde a fonctionné depuis 1944. Il y a à peine une monnaie sur cent dans le Fonds monétaire international, à l’exception du dollar, qui n’ait pas été dévaluée au moins une fois, depuis que le FMI a ouvert ses portes. Il n’y a pas la moindre unité de monnaie – et il n’y a aucune exception à cette affirmation – qui n’achète pas moins aujourd’hui, que lorsque le Fonds a été créé.

Au moment où j’écris ceci, le dollar, auquel pratiquement chaque autre monnaie est liée dans le système présent, est dans le péril le plus grave. Si la liberté doit être préservée, le monde devra finalement revenir à un système d’étalon or complet, dans lequel l’unité monétaire de chaque pays majeur devra être convertible en or sur demande, par quelqu’un qui le détient, sans discrimination. Je suis conscient que quelques défauts techniques peuvent être mentionnés avec l’étalon or, mais il a une vertu qui dépasse toutes les autres. Il n’est pas, comme la monnaie de papier, soumis aux caprices quotidiens des politiciens ; il ne peut pas être imprimé ou être autrement manipulé par les politiciens ; il libère le détenteur individuel de cette forme d’escroquerie ou d’expropriation par les politiciens ; c’est une sauvegarde essentielle pour la conservation non seulement de la valeur de l’unité monétaire en elle-même, mais de la liberté humaine. Chaque libertarien devrait le soutenir.

J’ai un dernier mot. Quel que soit le domaine dans lequel il se spécialise, quels que soient le principe ou la question pour lesquels il choisit d’exprimer un point de vue, le libertarien doit prendre position. Il ne peut pas se permettre de ne rien faire ou de ne rien dire. Je dois seulement lui rappeler l’appel éloquent au combat à la page finale du Socialisme de Ludwig von Mises, écrit il y a 35 ans :

Chacun porte sur ses épaules une parcelle de la société ; personne ne peut être délivré par d’autres de sa part de responsabilité. Et aucun homme ne peut trouver pour lui un moyen de salut si la société, dans son ensemble, court à sa ruine. C’est pourquoi chacun doit dans son propre intérêt engager toutes ses forces dans la lutte des idées. Personne ne peut demeurer à l’écart et se considérer comme étranger au débat ; l’intérêt de chacun est en jeu. Qu’il le veuille ou non, tout homme est engagé dans la grande lutte historique, dans la bataille décisive en présence de laquelle notre époque nous a placés. [2]


Notes :

  1. NdT : citation extraite des pages 173 et 174 de la traduction française de l’édition de 1942 accessible numériquement en cliquant sur le lien suivant : http://classiques.uqac.ca/classiques/Schumpeter_joseph/capitalisme_socialisme_demo/capitalisme_socialisme2.pdf.
  2. NdT : cette citation est issue de l’édition de la traduction française de 1938 aux éditions Génin dont le texte est consultable en cliquant sur le lien suivant : http://www.librairal.org/wiki/Ludwig_von_Mises:Le_Socialisme_-_conclusion.
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  • Merci pour cet excellent rappel/exposé : « La guerre doit être menée sur un millier de fronts. »

    On pourrait penser que le débat sur la pauvreté est le plus difficile car « nous sommes accusés par les démagogues et les irréfléchis d’être des obstructionnistes « négatifs » au cœur de pierre. »

    Le plus difficile reste le combat contre les sophismes.

    Il faut expliquer aux planificateurs que sous l’apparence de succès d’un « plan de relance », on ne peut pas démontrer que ça aurait été beaucoup mieux en laissant le marché se réorganiser (puisqu’on ne l’a pas laissé faire).

    Il faut démontrer que le ratio coût d’endettement sur redressements n’est pas restitué par les rapporteurs du « succès », et qu’il est donc trompeur de présenter un « plan de relance » comme un succès.

    Il faut combattre pour expliquer que sous l’apparence d’un « sauvetage », entrer dans la réalité des chiffres, implique comme le rappelle l’article, de consacrer du temps et de l’énergie que les libertariens n’ont pas forcément, pour démontrer la réalité de l’endettement du plan par rapport aux résultats obtenus.

    Si l’on ajoute à ça, tous les médias étatistes contre lesquels il faut lutter, ça donne ça :

    « Le sauvetage de l’automobile américaine en 2008-2009, au prix de 80 milliards de dollars d’aides publiques directes, passe aujourd’hui pour une réussite. La Maison-Blanche, les élus démocrates et la presse automobile spécialisée saluent quatre ans plus tard «la renaissance» d’une filière essentielle à toute grande économie industrielle. »

    http://www.lefigaro.fr/societes/2013/07/05/20005-20130705ARTFIG00805-l-incroyable-renaissance-de-l-automobile-americaine.php?m_i=HiIHabgHiS6X8wm4tbNjJPQ3Bz6OHbT3slWNaS6uodxG25THM

    On a du TAF !

    • En quoi le plan de sauvetage US du secteur automobile est-il un échec ? ok c’est 80Md, mais la quantité d’emploi sauvé les vaut largement il me semble, et les constructeurs sont probablements plus costauds aujourd’hui qu’hier.

      • Trotinette,

        La question n’est pas de savoir si le « sauvetage » est un échec, mais de savoir s’il est un succès ?

        80 MUSD dans un pays de 300 millions d’habitants ça fait plus de 250 $ par personne de dette. Est-ce que ça vaut le coût? Comment pouvez-vous le démontrer?

        Vous effacez d’un « ok c’est 80Md » une dette qui représente 1500 $ pour une famille avec 4 enfants. Vous ne pensez pas qu’ils auraient mieux à faire avec cet argent ?

  • Ceux qui n’ont pas vu le film 300 faites le et ditent vous que les spartiates c’est vous.

  • Le blog de Robert Wenzel est très intéressant soit dit en passant.

  • « Le Monde » publie une statistique sur l’absentéisme scolaire où il apparait que dans certains quartiers de Marseille il atteint, dans les collèges, de 25%.
    L’Etat veut réagir et s’apprête à dépenser de l’argent pour « éduquer » les parents.

    Maintenez vous votre objectif de ne plus rendre obligatoire la scolarisation pour régler ce probléme et responsabiliser parents et enfants. ?

    • Vous cherchez à dire quoi?

    • @Harrisburg: Ce fait prouve bien que l’education publique est inefficace. Par ailleurs je me mefie des gouvernements qui veulent educquer les adultes. Un dénommé Polpot a voulu le faire et on a vu ce que ca a donné.

      Par ailleurs je peux vous assurer que ceux de ces enfants qui vont chercher a avoir une education malgré la nullité de leurs parents seront eux beaucoup plus motivés que les armées de feignasses qui peuplent nos colleges et lycées. les educquer coutera infiniment moins cher.

  • En plus d’ être en accord avec l’article, cela fait doublement plaisir pour illustrer l’article, de voir l’oriflamme des Tea Party !

  •  » la théorie selon laquelle les contribuables, laissés à eux-mêmes, dépensent l’argent qu’ils ont gagné très sottement, pour toutes sortes de futilités et âneries,  »

    C’est malheureusement vrai.

    http://www.bornrich.com/

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