Ce que le socialisme vous prend, ce qu’il vous rendra – ou pas

La Sécurité Sociale n’a d’assurance que le nom. Son mode de fonctionnement ignorant largement le profil de risque de l’assuré dans le calcul de sa cotisation, elle constitue principalement un mécanisme de transfert de richesses entre citoyens.

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Ce que le socialisme vous prend, ce qu’il vous rendra – ou pas

Publié le 27 juin 2013
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La Sécurité Sociale n’a d’assurance que le nom. Son mode de fonctionnement ignorant largement le profil de risque de l’assuré dans le calcul de sa cotisation, elle constitue principalement un mécanisme de transfert de richesses entre citoyens. C’est la raison pour laquelle sa survie dépend de son caractère monopolistique et obligatoire.

Par Acrithène.

Dans un article précédent, je vous avais produit le graphique ci-dessous. Il montrait que depuis 1980, des 12 000€ d’augmentation (net d’inflation) du prix d’un salarié moyen pour les entreprises, seuls 4 000€ avaient été récupérés par les salaires nets. Le reste a été capté par les cotisations sociales.

Salaires1

Il y a eu deux types d’objections à mon analyse. D’abord, que, contrairement à ce que sous-entendait le titre, la chose n’avait rien de socialiste vu qu’elle concernait aussi la droite. Sans doute existent-ils des nuances dans le socialisme, mais l’essentiel de la droite française est socialiste, sa partie la plus libérale étant, à mon avis, le centre.

L’autre objection est que cet argent que nous prend l’État d’une main, il nous le rend d’une autre. Certes, il ne le garde pas dans ses poches, sans quoi il serait capitalisé au lieu d’être en faillite. Mais penser que l’argent que vous donnez vous revient d’une autre manière est d’une grande candeur. Économiquement, cela n’a pas beaucoup de sens de menacer les gens de prison s’ils refusent de se donner de l’argent à eux-mêmes. Mais surtout, il est évident que les gens qui payent ne sont pas ceux qui reçoivent. L’objet de ce billet est de vous en convaincre.

C’est quoi, une assurance ?

La Sécurité Sociale se présente officiellement sous la forme d’une assurance, ce qu’elle n’est pas du tout.

Le principe fondamental d’une assurance est de mutualiser les risques de sorte que personne n’y gagne en moyenne, mais que chacun en profite par élimination de l’incertitude qui pèse sur son avenir. Dans un système d’assurance, chacun paye ce que l’assureur estime qu’il coûtera en moyenne. Et ainsi, le montant de la prime d’assurance dépend fondamentalement du risque de l’assuré.

La Sécurité Sociale ne fonctionne absolument pas de cette manière. Elle n’évalue jamais les risques individuels. Votre cotisation à l’assurance maladie ne dépend pas de votre âge ou de votre mode de vie. Ce que vous payez à l’assurance maladie dépend de votre salaire. Les salariés mieux payés sont-ils davantage malades ? Votre cotisation à l’assurance vieillesse est tout aussi indifférente à votre espérance de vie. Votre cotisation chômage n’est pas non plus calculée selon le risque de perdre votre emploi et de ne pas en retrouver un.

Ce fonctionnement assure de facto une décorrélation des sommes cotisées et des bénéfices reçus. Il ne choquerait personne qu’on considère qu’une assurance auto qui pratique les mêmes primes d’assurance pour les bons et les mauvais conducteurs fait payer les premiers pour les dégâts causés par les seconds.

D’ailleurs, sur un marché concurrentiel (comprendre « libre et consenti »), une telle assurance ne survivrait pas, car les conducteurs présentant un profil de risque plus faible trouveraient à s’assurer à moindre frais chez la concurrence. Cette rupture entre le profil de risque et la prime d’assurance impose à la Sécurité Sociale son caractère monopolistique et coercitif.

De plus, une assurance a pour objet de couvrir les risques négatifs. Or une bonne part de la Sécurité Sociale fonctionne à l’envers d’une assurance vie, vu qu’une partie de ses prestations sont versées à la condition de votre survie. D’un point de vue financier, si un couple de quinquagénaire meurt dans un accident de voiture, l’ « assurance » empoche 400 000€ d’économie sur les pensions futures de retraite, et les soins de santé en fin de vie. Cette perversion dérive d’une confusion fondamentale entre l’épargne et l’assurance. Ici, elle mène à ce que l’ »assurance vieillesse » se compose de deux instruments financiers : un instrument d’épargne + une assurance contre le risque de vivre !

La composition « assurantielle » de la retraite représente donc un transfert financier des assurés à faible espérance de vie vers ceux à forte espérance de vie, plus une assurance à l’envers pour les risques de morts accidentelles.

Dans n’importe quel système de marché un assureur offrirait pour un total de cotisation donné, une pension supérieure aux individus présentant une espérance de vie plus faible. C’est d’ailleurs ainsi que les assureurs offraient des pensions viagères plus fortes aux hommes jusqu’à ce que la Cour de Justice de l’Union Européenne décide en décembre dernier que ce qui est différent doit être assuré de la même manière.

Analyse chiffrée

Une analyse numérique des différentes branches de la Sécurité Sociale permet de rendre concrètes ces considérations un peu théoriques.

Assurance chômage

Dans mon exemple, notre salarié français moyen reçoit un salaire brut de 31 220€, soit 24 520€ de salaire net. La cotisation chômage est de 6,4% du salaire brut, c’est-à-dire 1 998€. D’après le simulateur de pole-emploi (source), cela lui donne droit, en cas de chômage et après 5 ans de travail à temps plein, à 16 747€ d’indemnités ARE (Allocation Retour à l’Emploi) annuelle.

Pour que notre salarié reçoive sur sa carrière la somme qu’il a donnée, il faudrait qu’il s’attende en moyenne à ce que les mois d’indemnisations chômage représentent une proportion p de l’ensemble de sa vie active, où p est la solution de l’équation suivante.

1 998€ x (1-p) – 16 747€ x p = 0€

Ce qui donne = 10,66%. Sur une carrière de 40 ans, cela signifie que l’assurance chômage est une bonne affaire si vous vous attendez à passer en moyenne 51 mois à recevoir les allocations chômage.

Si vous estimez que cette évaluation de votre risque moyen est très au-dessus de la réalité, c’est que vous payez pour d’autres. Personnellement, diplômé d’HEC, je trouve assez audacieux qu’on m’explique que la cotisation chômage est pour mon propre bien. Si c’est par « solidarité », qu’on porte le débat sur ce sujet et qu’on arrête d’appeler la chose « assurance ». Auquel cas, c’est bien sur le socialisme, c’est-à-dire la collectivisation des fruits du travail, que porte le sujet. Tout détestable qu’il est, le diplômé d’HEC ne paye pas plus de 3 000€ de cotisations chômage par an pour s’assurer lui-même.

Assurance maladie

L’assurance maladie (…. maternité, invalidité, décès, solidarité) est aussi une jolie arnaque qui n’a pas grand-chose d’une assurance. Elle représente 13,85% du salaire brut. Dans notre cas du salarié français moyen, cela représente 4 324€ par an.

Pourtant, d’après le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (source), la dépense moyenne remboursée pour une personne en âge de travailler (20-65 ans) tourne plus vraisemblablement autour de 1 500€ par an. A supposer une famille avec deux enfants, on arrive peut-être à 4 000€ de dépense moyenne pour 8 600€ de cotisations.

À nouveau, il y a décorrélation de la prime d’assurance payée avec le risque moyen encouru par le cotisant. Ce qui signifie qu’il ne s’agit pas d’une assurance. La cause de cette décorrélation, c’est qu’à l’échelle individuelle, l’écrasante majorité des dépenses de santé se trouvent en fin de vie. Autrement dit, les actifs en bonne santé payent pour les inactifs âgés en mauvaise santé.

Santé par age

Mais après tout, ce dernier principe ne semble pas si absurde. Espérons que nous soyons tous vieux un jour. Mais dans ce cas, on ne parle plus seulement d’une assurance, mais d’un produit d’épargne qui déplace le pouvoir d’achat des jours heureux vers ceux plus difficiles. Cependant, l’assurance maladie ne fonctionne absolument pas comme un produit d’épargne : la preuve, elle n’a que des dettes. Explications…

Le calcul de 4 324€ de cotisation par an ne dérive en rien d’une estimation de ce que vous coûterez lorsque vous serez plus âgé, mais de votre salaire et de ce que coûte aujourd’hui la santé des personnes âgés (environ 6 000€ en moyenne par an au-delà de 65 ans) et surtout du nombre qu’ils sont aujourd’hui ! Le plus grand déterminant de la cotisation maladie n’est pas la dépense moyenne de santé au cours d’une vie, mais le salaire de l’individu et le ratio actifs/retraités ! Il ne s’agit donc en rien de prévoir à l’avance les risques pesant sur votre propre santé. Le ratio actifs/retraités n’aurait aucune importance si la structure de la pyramide des âges était invariable. Mais comme le montre le débat sur le système des retraites, ce n’est absolument pas le cas.

La meilleure preuve de cette totale décorrélation entre la prime d’assurance et le risque de l’assuré, donc entre ce qu’individu paye et ce qu’il reçoit, est que l’arrivée massive des papy-boomersentraînera de très importantes dépenses de santé. Si l’assurance maladie était vraiment un produit de prévoyance, elle aurait accumulée de l’épargne pour financer cette distorsion démographique, plutôt que d’avoir accumulé pas loin de 100 milliards d’euros de déficits depuis 2000.

Dans un billet précédent que je vous invite à lire, je vous montrais qu’à périmètre de remboursement stable, la distorsion démographique et l’évolution du coût de la santé impliqueraient une multiplication absurde par 5 des cotisations maladies d’ici 2030. Comme cette multiplication est impossible, le périmètre de remboursement va continuer à décroître d’une année sur l’autre, mais pas le montant des cotisations.

Notre salarié moyen paye donc aujourd’hui pour des soins qui ne seront plus remboursées lorsqu’il en aura lui-même besoin. Il ne paye donc pas pour s’assurer.

Assurance vieillesse

La retraite, j’en parle en long et en large dans mon blog. Je pense que le mieux est de vous laisser lire mon billet à succès qui montre par une simple règle de trois que la génération de 1950 a reçu 3€ de pension pour 1€ cotisé, et que celle de 1990 recevra, peut-être, 1€ pour 1€.

Lire : Retraites, pourquoi la jeunesse devrait se révolter

Cela dit, pour apporter quelque chose de nouveau, je vous propose le graphique suivant, repris à Peter Diamond (AER, 2004), Prix Nobel 2010. Ce graphique prend l’exemple de la retraite par répartition américaine, semblable à la nôtre dans son fonctionnement mais d’une étendue bien plus limitée. La courbe en pointillés mesure les transferts nets par génération. C’est-à-dire ce qu’a gagné chaque génération net de la valeur de ce qu’elle a cotisé. Le graphique s’arrête à la génération 1950, car ce que paieront et recevront les générations nées après 1950 reste très largement indéterminé aujourd’hui.

Net Transferts

Exemple de lecture : la génération américaine née en 1910 a reçue un transfert net de 400 milliards de dollars (de 2002) annuel. Pour l’ensemble des générations nées avant 1910, la somme s’établit à 8 000 milliards.

Que montre le graphique ? Que toutes les générations nées après 1935 ont un transfert net négatif. C’est totalement cohérent avec les modèles d’économie politique. La retraite par répartition ayant été mise en place en 1935 aux États-Unis, les politiciens l’ont fait payer aux américains dont les suffrages n’avaient alors aucun intérêt – les citoyens à naître qui ne voteraient au mieux qu’à partir de 1955 – et s’en sont servi pour acheter l’enthousiasme des électeurs du moment.

La deuxième courbe, en noire, représente la somme cumulée des transferts (échelle de droite). Cette somme en 1950 représente la facture restant à payer pour les cohortes nées après 1950. Dommage que les données françaises soient trop opaques pour reproduire ce genre de calculs.

Conclusion

La Sécurité Sociale n’est pas une assurance. Comme la plupart des constructions socialistes, elle s’approprie un concept puis cherche à en détourner le sens.

Si les réserves de fonds propres requis des assurances privées par la régulation prudentielle s’appliquaient à la Sécurité Sociale, le régulateur la mettrait immédiatement en faillite et le sauvetage de l’assureur AIG deviendrait une anecdote historique.

Si la Sécurité Sociale n’était pas un monopole et une obligation, elle ferait de même faillite. La raison en est qu’à l’échelle individuelle, les prestations reçues n’ayant que peu de rapport avec les cotisations payées, la part de la population lésée trouverait immédiatement à s’assurer librement ailleurs.

Sur le web.

À lire aussi :
Salaires : ce que le capitalisme vous offre, ce que le socialisme vous laisse.

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  • Ce que je propose va permettre aux entreprises de produire de la solidarité. Grâce à cela la solidarité dont font partie l’assurance santé et les retraites par répartition devient une source de profits. Ce n’est plus un coût pour les entreprises. Mes solutions ont l’avantage de respecter la liberté de tous, tout en offrant plus pour la solidarité. Pour en savoir plus : http://www.orvinfait.fr/les_retraites_peuvent_rapporter_aux_entreprises.html

  • Je trouves les deux articles très bon.
    Ils peuvent servir de base pour tenter de faire ouvrir les yeux à cette masse d’ignorant.

  • Parfaitement d’accord avec l’auteur, simplement quelques bémols sur l’argumentation.

    Sur l’exemple de la décorrélation entre risques et tarifs de la Sécurité Sociale d’abord. Je suis tout à fait d’accord qu’une prime doit être tarifiée en fonction du risque. Simplement pour le justifier donner l’exemple de l’assurance auto dans un premier temps puis de poursuivre sur la vie ensuite est incohérent. L’auto fonctionne par mutualisation, la vie c’est de la capi. Deux systèmes qui fonctionnent de façon extrêmement différente. De plus, je ne sais pas ce qu’il est entendu par l’expression « risques négatifs ». Et surtout, les contrats vie couvrent aussi des risques en cas de vie. Certaines sorties en assurance vie se font lorsque l’assuré est encore en vie.
    Enfin, grossières erreurs sur l’arrêt de la CJUE. L’arrêt n’a pas été rendu en décembre, il a été rendu le 1er mars 2011. Il ne condamnait pas non plus des rentes plus élevés aux hommes. L’arrêt s’est simplement borné à poser le principe que le sexe ne pouvait plus être retenu par un assureur comme critère pour tarifier un risque. C’est à partir du 21 décembre 2012 que ce principe dégagé dans l’arrêt devait être appliqué par les assureurs. (Quand on ne connait pas, on ne parle pas…)

    Très grosse confusion ensuite entre mutualisation et capitalisation sur l’assurance santé. Les sinistres issus des risques de santé sont payés à la fois par des assurances gérées en capi (GAV par exemple) ou bien, par des assurances gérées selon la mutualisation, (complémentaire santé par exemple). A chaque fois les enjeux pour avoir un bon S/P sont différents. Différences que dont l’auteur ne rend pas compte.

    Enfin, la Sécurité Sociale est bien un assureur. Elle appelle des primes, pour provisionner le paiement de sinistre issus de risques. C’est donc on ne peut plus clairement un assureur. Maintenant, l’incohérence de la tarification en fait un assureur incompétent, et l’incapacité à payer les sinistres correctement en fait un assureur qui n’exécute pas ses engagements.
    Incohérent et irrespectueux certes, mais la Sécurité Sociale reste un assureur.

    Pour terminer, sur la solvabilité, c’est avec des raisonnements tel celui de l’auteur qu’on abouti à protéger la Sécurité Sociale, en ne la considérant pas comme assureur, on tombe dans la thèse de ceux qui contestent la fin du monopole, et surtout on conforte l’absence de soumission aux contrôles de solvabilité et de pratiques commerciales par l’ACP.

    • Les assureurs gèrent des produits qui ont des caractéristiques de la capitalisation ne font pas de l’assurance au sens de la théorie économique, mais proposent des produits hybrides épargne/assurance.

      Typiquement, ce que les assureurs français appellent « assurance vie » est un hybride assurance/épargne. La partie assurance se limite à l' »assurance décès », tandis que le reste, que vous appelez « capi » est un produit d’investissement. En anglais, « life insurance » ne couvre à ma connaissance que l' »assurance décès ».

      La seule capitalisation que possède une pure assurance, c’est la réserve rendue nécessaire par l’imperfection de la Loi des Grands Nombres ou la présence d’une covariance entre les risques assurés qui limite la mutualisation.

      Le fait que les assureurs vendent des produits d’investissement ne fait pas de ces produits des produits d’assurance.

      La raison pour laquelle je dis que la Sécurité Sociale n’est pas une assurance n’est pas qu’elle ne couvre pas des sinistres. Oui, elle couvre des sinistres. Cependant, si c’était cela son objectif, elle n’aurait ni besoin d’exister – le marché fait ça très bien – ni besoin d’être obligatoire ni besoin d’être monopolistique. Donc la cause de son existence n’est pas là, mais bien dans une redistribution de richesses a priori, entre personnes ayant des richesses différentes ou présentant a priori des profils de risques différents. Autrement dit, son essence n’est pas dans l’assurance, mais dans la redistribution.

      En cela, les défauts énumérés pas l’article ne sont pas des erreurs ou des incompétences, mais sont délibérées.

      • L’écueil de votre raisonnement tient dans le fait que vous faites la confusion entre façon dont est gérée la branche d’assurance (capi/mutualisation) ; la fonction in fine du produit d’assurance.

        L’assurance vie remplit aujourd’hui essentiellement une fonction de produit d’investissement comme vous l’avez à juste titre fait remarquer. Sans omettre non plus qu’il existe encore des produits souscrits afin de couvrir le risque de décès. Si la fonction du produit d’assurance reste essentiellement l’investissement, il n’en demeure pas moins que c’est de l’assurance à part entière. Sans le risque de vivre ou mourir, vous ne pouvez concevoir l’assurance vie. Dès lors, même si la fonction a été détournée de protection contre un risque à investissement, un contrat d’assurance vie reste un contrat d’assurance. Il dépend bien d’un risque. C’est la conclusion à laquelle est parvenu notamment Mme Aubry Quentin dans un mémoire de recherche. Position que la Cour de cassation a aussi adopté. L’assurance vie nait bien d’un risque. Dès lors c’est de l’assurance.

        Il en est de même avec la sécurité sociale. Sa fonction est comme là aussi vous le démontrer bien, redistribuer des richesses. Cela dit, l’activité exercée c’est de l’assurance. La même activité qu’un courtier grossiste en santé, la même qu’une mutuelle santé. Simplement les moyens pour réaliser l’activité d’assurance sont diamétralement opposés, la fonction in fine de même. Mais c’est de l’assurance santé.

        Vous adoptez le même raisonnement qu’un socialiste de cette façon. Vous dissociez qualifier une activité en fonction d’un de ses buts finaux en omettant l’ensemble des caractéristiques qui la fonde. C’est en ça que je trouve que votre raisonnement est erroné. Typiquement un socialiste dira la même chose que vous : « la Sécu ne fait pas d’assurance, elle redistribue ». Le seul point de divergence entre vous et un socialiste sera sur l’opportunité d’une telle redistribution imposée. Vous êtes parfaitement contre, le socialiste sera totalement pour. Simplement ça n’est pas de la sorte qu’il faut raisonner pour obtenir la fin du monopole.

        Les directives 92/49 s. prohibent un monopole pour les activités d’assurance. Ce qui permet aux anti directives 92/49 de justifier l’innaplication à la Sécurité Sociale, c’est justement sa fonction redistributive qui l’exclurait des activités d’assurance. NON NON et NON. La Sécu fait de l’assurance santé, soumettons la aux dispositions de la libre concurrence et aux contrôles de solvabilité.

        • Vous avez une vision impérialiste de ce qu’est l’assurance. Tout cours de finance commence par la couverture de risque, et personne n’appelle cela de l’assurance. La théorie moderne du portefeuille est une théorie de l’élimination de la variance, et personne n’appelle cela de l’assurance.

          Oui un socialiste dira la même chose que moi. C’est normal, ce que j’explique, c’est que la Sécurité Sociale est socialiste. Un socialiste qui lit mon texte sera non seulement d’accord avec moi, mais trouvera que tout ceci est bien normal.

          Ce n’est pas parce qu’un socialiste dit que le ciel est bleu qu’il a tort.

          Ce que pense la Cour de Cassation m’est bien égal, ce n’est pas aux juristes de décider de ce qui tient à la finance et de ce qui tient à l’assurance.

          L’assurance-vie, c’est deux produits agrégés en un. La partie mutualisation (celle qui verse de l’argent des vivants aux morts) est un produit d’assurance, la partie capitalisation est un produit financier d’investissement.

          Je ne raisonne pas de sorte à obtenir la fin du monopole de la Sécurité Sociale. Je raisonne de sorte de dire ce que je pense être vrai. Excusez-moi, mon métier n’est ni politicien, ni lobbyiste, je suis prof, ce qui m’intéresse c’est de dire ce que je crois être vrai.

          • Croire qu’un contrat d’assurance vie n’est pas un produit d’assurance vie est à des années lumières de ce qu’est le vrai.
            Dans une optique financière effectivement cette assurance est un produit d’investissement. Mais la réalité est -que vous le vouliez ou non- que l’assurance vie, c’est bien une assurance sur la vie et la mort. La fonction financière des choses ne dicte pas ce que les choses sont.
            Si j’investis dans les chevaux, même si leur fonction passe d’animal domestique à produit d’investissement, les chevaux restent des chevaux, parce que ce sont des chevaux. C’est exactement la même chose pour l’assurance vie. Même si ça devient un produit financier, c’est avant tout une assurance. C’est la réalité, réalité confirmée elle même par le droit, ne vous en déplaise.
            Quant à dire que l’assurance vie c’est deux produits en un, c’est absolument faux. Et c’est d’autant plus faux que vous osez dire qu’il y a une partie gérée par mutualisation et une autre par capitalisation. C’est on ne peut plus faux. L’assurance vie n’est gérée que par capi, pour des raisons purement techniques, mais aussi et surtout parce que c’est juridiquement absolument interdit de mutualiser sur la vie. Aucun banquier et assureur européen ne mutualise la vie. Si vous vendez des garanties dommages et des garanties vie en même temps, vous gérez le dommage par mutualisation et vous êtes tenus d’encaisser les primes de dommages via une société distincte de celle qui encaisse les primes en vie. A aucun moment la vie n’est gérée par mutualisation, c’est un mensonge de le dire.

            Si vous ne raisonnez pas de sorte à obtenir la fin du monopole de la Sécu alors pourquoi dénoncer en amont les travers de celle-ci ? Et pourquoi publiez sur un site qui était fut un temps le moins anti-libéral des médias ?

            Plein de courage pour la fin de votre thèse, encore plus pour l’inscription sur la liste des maitres de conférences, et d’avantage pour l’agrégation des facultés de sciences économiques.
            Petit doctorant deviendra grand…

          • Si vous investissez dans un cheval et que vous l’appelez cochon, cela reste un cheval.

            Evidemment que l’assurance décès est mutualiste. Le fait que ce soit interdit et pratiqué ne montre que le fait que la réglementation est ignorante des concepts.

            Par exemple, j’ai une carte visa premier, si je prends un vol demain, et que le vol se crashe, ma famille touche 310 000€. Est-ce tiré du capital lié au 100€ que je verse à Visa chaque année ? Non, c’est lié à la mutualisation entre assurés.

            Si ce n’est pas le cas, c’est bien que ces 310 000€ viennent des millions de personnes qui ont eux aussi versé 100€, mais qui n’ont pas eu d’accident.

          • Et merci pour votre encouragement.

            Heureusement, je n’aurai jamais à m’inscrire sur la liste des maîtres de conférence, à vivre avec leur salaire scandaleux, et à enseigner à des étudiants de la fac française.

  • C’est bien d’être obligé de s’assurer à une assurance en faillite de continuer de cotiser pour une retraite qui se réduiras en peau de chagrin ,de se faire déposséder de ses bien par un jeu de lois qui vous dit « que c’est obligatoire » et que l’on doit payer encore plus d’impôts csg crds etc…. Le réveil va être très dur!

  • Bonjour, je ne suis absolument pas issus d’une formation économique, mais le sujet m’intéresse. Pour simplifier d’avantage ce que j’ai compris, en gros ce qui à été payé par les générations précédentes est déjà consommé, et ce qui est payé en ce moment ne suffit pas à couvrir le besoins actuel, et l’avenir du financement est pire à cause de la fluctuation dans la pyramide des âges.
    Mais que se passera t-il après le passage des baby boomers (en admettant que le système résiste)? Peut-on espérer que le système se rééquilibre?

    • on peut tout espérer… mais ça reviendrait à espérer que les mêmes causes (le pilotage politique par des zélus court-termistes et clientéliste) produise des effets différents, et même opposé,s de ceux qu’ils ont produit jusqu’à présent. C’est une définition de la folie, non ?

    • « Peut-on espérer que le système se rééquilibre ? » Non.

      Le système par répartition s’appuie sur la destruction du capital disponible, ce qui détruit les emplois des jeunes générations censées financer les retraites des anciens. C’est pourquoi la répartition est viciée dès sa conception et comporte en elle-même les raisons de son échec. Il en va d’ailleurs ainsi de n’importe quel système collectiviste.

      « Après le passage des baby boomers » : ce n’est pas une question de nombre. La baisse du nombre de cotisants rapporté au nombre de bénéficiaire ne fait qu’accélérer la faillite inéluctable de la répartition mais n’est pas la cause principale de son effondrement.

  • Mais j’ai cru comprendre, précisément, que la sécurité sociale n’a plus de monopole (même si elle se garde bien de le dire)…

    C’est ce qu’explique Claude Reichman dans deux vidéos, comment quitter la sécurité sociale…

    Vous avez ici <a href="http://www.dailymotion.com/video/x100aav_claude-reichman-explique-comment-sortir-de-la-securite-sociale-1-sur-2_news"<la première partie et là la seconde

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