La fuite des cerveaux, pire que la fuite des capitaux ?

La fuite des cerveaux n’est pas inexorable. Soyons audacieux, osons, c’est le propre même du chef d’entreprise et croyons en nos innovations

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La fuite des cerveaux, chassés par la vague fiscale ?

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La fuite des cerveaux, pire que la fuite des capitaux ?

Publié le 17 juin 2013
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La fuite des cerveaux n’est pas inexorable. Soyons audacieux, osons, c’est le propre même du chef d’entreprise  et croyons en nos innovations

Par Nadine Guyot-Touzeau, coach et profiler.

La fuite des cerveaux, chassés par la vague fiscale ?

Je n’ai de cesse d’évoquer depuis quelques années la fuite des cerveaux de notre pays auprès de diverses personnes dont des dirigeants d’organismes d’entrepreneurs. J’ai eu des réponses courtoises montrant une compréhension éduquée jusqu’à ces derniers mois où j’ai lu une réelle inquiétude dans le regard de mes interlocuteurs.

Notre économie se contente depuis des années de ce qui est sorti des 30 glorieuses et vit sur ses acquis sans avoir songé à réellement pérenniser cette période riche et créative. Et comme cela a fonctionné un bon moment, la courbe décroissante de développement R&D n’a pas été considérée tant que les courbes en chute constante du chiffre d’affaires et des finances ont été réellement analysées. De fait, le warning « remise en question créative » n’a pas été vu, ni même anticipé, afin d’éviter ce que nous vivons depuis quelques années.

Pourtant, des économistes en ont parlé et depuis longtemps, de France et de Navarre ! Un livre même, qui a mon sens contient de belles idées, l’a clamé et détaillé : Les 30 glorieuses sont devant nous (Karine Berger et Valérie Rabault).

Toutefois, les cris, les regards, les peurs se sont d’abord portées sur les fuites des capitaux !

L’argent français court vers d’autres pays en occultant une valeur dont la fuite provoque des dégâts inquantifiables : nos cerveaux brillent bien et plus ailleurs que dans l’hexagone.

Depuis 30 ans, à force de se prendre pour des cadors, de critiquer Pierre, Angelina , Hans, Aïcha et Alexey, de passer son temps à entraver la nouveauté, d’attendre qu’un autre agisse à sa place, de pleurer sur son sort, espérer des aides et s’asseoir sur les acquis de papa et maman, on est passé totalement à côté de l’action, de la force, d’idée,  de l’envie, de l’ouverture d’esprit, de productivité, de brillance même.

Notre image est devenue ringarde, vieillotte, prétentieuse, petite, frileuse, ridicule, inintelligente,  peu crédible,  de mauvais entrepreneurs, etc. C’est tout de même vexant pour un chef d’entreprise, surtout celui qui a une dynamique et des résultats conséquents.

« La France n’a jamais su garder ses cerveaux qu’elle produit pourtant en masse » n’ont de cesse de me dire mes connaissances outre hexagone.

Le capital est constamment mis en avant à en détrôner les places proches des chefs d’entreprise passant de l’opérationnel Directeur Commercial au financier appelé DAF. Pourtant, comme le dit un proverbe : il faut travailler pour le plaisir et non travailler pour gagner de l’argent et l’argent tombera.

La gourmandise a tué une de nos plus belles richesses : notre culture créative et débrouillarde qui fait naître de nombreux génies. Notre courage nous fait nous battre et notre intelligence nous invite à nous adapter… ailleurs.

Tel Daft Punk, le déclencheur du réveil français face à la fuite des cerveaux. Slate.fr titrait ainsi : comment nos élites ont-elles pu laisser cette pépite d’or appelée Daft Punk échapper à la France ? Très bonne question…

Des français qui sont nés, ont fait leurs études, ont créé un réseau, avaient des projets sur le sol français, une famille : ils ont tout quitté. Combien se sont fait jeter en présentant leur projet et ont réussi ailleurs ? Combien de français sont cités à l’étranger par ce qu’en France lancer leur société, mettre en place leur idée, exercer leur métier a été refusé sous prétexte qu’ils étaient soi-disant décalés  ou en avance ou trop nouveau, ou je ne sais quelle excuse tel un leitmotiv.

Des gens se sont permis de juger sur ce qu’ils sont et leur environnement sans se rappeler une des bases essentielles de l’économie :  créer, développer et innover !

Tout le système encourage à cela : comparer une CCI en France et une équivalence au Canada ou en Suisse ! Rien à voir.

Comparer l’approche novatrice face à un banquier français, une institution représentant des entrepreneurs français, un acteur de l’économie française, même la presse française avec celle de n’importe quel autre pays du monde, est un vrai grand écart à s’en claquer les abducteurs!

Comparer la réaction des Américains, Chinois face à une innovation qu’ils vont porter, tenter de copier, faire travailler, acheter, alors que le Français la rejettera ou la regardera de loin et attendra que quelqu’un fasse avant… ça peut durer… 30 ans !

J’ai en mémoire la bataille des chiropracteurs, des médecins français qui voyaient leurs confrères exercer librement leur métier au-delà de l’Hexagone et qui en France, passaient de procès en procès, de difficultés administratives en difficultés administratives. Pour in fine entendre aujourd’hui facilement le mot de chiropracteur dans toutes les bouches françaises. Leurs agendas le confirment !

En d’autres temps, c’est au bûcher que l’on allait directement, ou sur l’échafaud !

Soyons audacieux, osons, c’est le propre même du chef d’entreprise ! Croyons en nos innovations, les nouveaux métiers parfois nouveaux seulement sur l’hexagone !

Arrêtons d’imaginer que « Pierre qui roule n’amasse pas mousse », de pleurer sur le Concorde, de clamer notre TGV si c’est pour lire dans la presse étrangère que des cerveaux français sont des petits génies un peu partout sur la planète.

On ne quitte pas la France par choix, mais par dépit. Nous croyons en nous, en notre savoir, en nos expertises, en nos capacités, en notre potentiel de ce qu’on peut développer. Par ce qu’on a mesuré et que cela fonctionne et qu’on considère que la France peut très bien garder nos compétences, idées, innovations, etc…

Si je dis nous, c’est que je suis aussi concernée, que j’ai vu de nombreux Français dans les consulats, beaucoup de trentenaires, diplômés, qui comme moi, (bien que n’étant plus trentenaire), veulent simplement exercer leur métier, librement.

Ces nouveaux métiers, ces nouvelles approches, ces nouvelles idées, ces créations françaises sont à vendre au plus offrant étrangers !

La valeur de ces cerveaux se mesurera davantage sur l’image de l’entreprise et du pays que sur le chiffre d’affaires.  Encore faut-il considérer que le cerveau est lui une valeur.

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  • Bravo pour ce libre propos plein de vérités ! Plus grave encore c’est outre la fuite des cerveaux mais la psychologie des fuitards . J’imagine que plein de raisons les poussent à partir , mais quand on connait la mentalité relativement sédentaire des français ( contrairement à ce que l’on pourrait penser ) ; le mal est profond ( déjà Jospin s’interrogeait ) et à bien regarder ce sont les vrais acteurs de l’économie qui s’en vont . Les fonctionnaires restent ( formatage , image social , carriére programmé avec effets pervers : principe de Peter )et prennent les postes clés pour défendre leurs propres intérêts . Le choc de simplification est encore un vœu pieux .On se retrouve avec des rapports fonctionnaires et entrepreneurs difficilement gérables ! Face à une telle économie il faut des idées nouvelles que ne peuvent avoie nos élites . ils veulent traiter avec les memes médicaments qui ont entrainé la maladie …en variant les quantités et les associations . Par tir pour un ailleurs demande : critique , ouverture d »esprit , volonté , force ( mentale ) courage ……C’est exactement ce qui nous manque ! Je l’ai fait ! ,

  • Créer, développer, innover … prendre des risques, d’accord !
    Mais pour quel pays ? En 25 ans, la population de Paris a été quasi-remplacée. Le problème n’est pas seulement économique, il faut se sentir bien dans son pays pour y rester, avant de fonder une famille ou une entreprise. La France se dégrade trop vite pour y avoir un avenir. C’est aussi un problème de vitesse et en ce moment c’est « Sauve qui peut » !

  • Fuir la France est un magnifique geste de confiance en soi et d’amour de la vie.

    L’entrepreneur est avant tout en grand besoin d’un climat porteur. Dans la plupart des pays, un type qui réussit ce qu’il entreprend est un modèle, une idole à son échelle, quelle qu’elle soit.

    En France, c’est jalousie, dénigrement, et prélèvements mortifère, comme s’il fallait couper tout ce qui dépasse.

    Bien avant de sordides calculs financiers, c’est le climat favorable aux winners que recherche l’entrepreneur. Et certainement pas en France qu’il le trouvera.

  • Entierement d’accord pour la fuite !

    La France est devenue un cloaque ou la reussite, la difference, les idees divergentes au Parti sont devenues des tares! Gagner de l’argent est montre du doigt.

    Il faut etre « dans le moule » (si possible de la pensee unique socialiste).
    Gommer toutes les differences : impots et assurance maladie selon ses revenus (donc a quoi bon essayer de gagner plus), pas de difference culturelle (je viens de nulle part et je suis sans histoire), pas de difference de sexe (la, on touche le fond).

    La societe « a la sovietique ».

    La libre circulation des personnes et des biens existant encore,…. je vous ecris de l’etranger.

  • C’est même pas l’état français qui m’a fait partir principalement, mais les cadres dirigeants des boites françaises complètement cons et payant une poignée de figues, même quand on leur sauve le marché américain avec de bonnes idées ou leur trouve toutes sortes de bonnes idées brevetables.

    Quand j’ai pris la décision de partir, j’ai doublé mon pouvoir d’achat et probablement plus à l’avenir puisque percevant un pourcentage du CA sur mes inventions, impossible en France.

    • Comme l’ont dit plusieurs personnes, nous, les français sommes très sédentaire. Pour ma part, la décision de partir et partir ne fut pas difficile, et ce, probablement du a l’engouement. Mais par contre, en lisant l’actualité et en vivant dans le pays adoptif, je suis de plus en plus triste de voir l’état du pays.

  • Faux.

    Vous reprenez l’antienne bien connue : vous laissez entendre que les gens les plus capables (ces fameux « cerveaux ») – et eux uniquement – fuient la France.

    Fausse route. Ce ne sont pas les plus intelligents qui la quitte. Ni les plus idiots qui y entrent.

    Ces fameux cerveaux sont toujours présents en France. Tous ne partent pas, loin s’en faut.

    Nous exportons pas mal de Français (et pas seulement des cerveaux) mais nous recevons tous les mois pas mal d’Américains, de Suisses, d’Allemands et de Canadiens diplômés, lesquels sont emballés par ce qu’ils trouvent ici.

    Et plusieurs restent !

    Vous avez vu le nombre de journaux pour Expat in Paris ou Expat in France ? Avez-vous assisté le jeudi au pot des expatriés Québécois ? Pour ne parler que de ces derniers, ils sont plus de 10 000 à travailler à Paris en tant qu’expatriés, pour la plupart en informatique, en soin de la santé ou en art.

    Ce ne sont pas tous des cerveaux, mais il doit bien en avoir quelques-uns…

    Je veux bien croire que la France n’est pas un Eldorado, mais elle reste l’une des destinations les plus prisées en Europe pour quiconque veut faire carrière. Que des Français la quittent pour toute sorte de raisons reste de bon aloi. Qu’il s’y trouve des cerveaux parmi ceux-ci est indéniable. Mais laisser entendre que LES cerveaux français quittent le navire est un mensonge, surtout lorsqu’on ne fait pas mention des « cerveaux » qui y entre.

  • Pour qu’il y ait fuite de cerveaux, il faut qu’il y ait des cerveaux. Pour cela il faudrait d’abord ne pas persécuter les Humanités gréco-latines, non?

    Schola Nova – Humanités Gréco-Latines et Artistiques
    http://www.scholanova.be
    http://www.concertschola.be
    http://www.liberte-scolaire.com/…/schola-nova

  • Les commentaires sont fermés.

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