Turquie : une hirondelle ne fait pas le printemps

Erdogan ne veut pas renoncer à la dictature islamique. Y sera-t-il contraint ?

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Turquie : une hirondelle ne fait pas le printemps

Publié le 13 juin 2013
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Erdogan ne veut pas renoncer à la dictature islamique. Y sera-t-il contraint ?

Un article de l’aleps.

Il y a peu de ressemblance entre les événements dramatiques qui agitent la Turquie et les fameux « printemps arabes » qui ont tourné à la dictature islamique. Certes, dans les deux cas, c’est une pétition de démocratie qui a légitimé les manifestations et les Occidentaux sont tombés dans le panneau en applaudissant à la chute de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. Mais derrière le masque de la démocratie s’est imposée la dictature de la charia. En Turquie, c’est contre la dictature islamique et contre la mise en place progressive de la charia que des milliers de manifestants se sont mobilisés.

Qui sont-ils ? Le gros de la troupe est certainement composé de jeunes du CHP, le parti qui se réclame d’Ataturk, le père de la Turquie laïque et moderne, mais peu démocratique et soumise au pouvoir d’une armée puissante. Mais il y a aussi de jeunes libéraux, en double rupture et avec la tradition dictatoriale d’Ataturk et avec l’islamisation galopante du pays. Il y a encore des syndicats plutôt marxistes, opposants de toujours au pouvoir d’Istanbul.

Face aux manifestants, le Premier ministre Recep Erdogan. Au pouvoir depuis 2002, il avait au début de son mandat rendu crédible un Islam conservateur mais démocratique, se voulant modéré et moderne. Il avait réalisé des réformes économiques et sociales pour accélérer l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Mais les gouvernements européens, obnubilés par l’intégration politique, l’ont refusée. Erdogan a alors jeté le pays dans les bras d’un islamisme de plus en plus prégnant. Les femmes ont été voilées, invitées à avoir trois enfants au moins, les interdits religieux se sont multipliés (alcool, contraception). La diplomatie turque s’est infléchie et veut faire passer la reconstitution d’un empire ottoman pour solution aux conflits du Moyen-Orient.

L’opposition à Erdogan se tourne maintenant vers le président Abdullah Gül, l’autre chef du parti AKP, qui n’a pas grand pouvoir mais prend position contre son Premier ministre. Celui-ci n’a aucune intention de laisser la révolution s’installer en Turquie. Qui fera pression sur lui ?


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  • Le partie politique ne s’appelle pas CHD mais c’est CHP..

  • Ici, la médaille a deux faces. Le boum économique turc, la hausse du niveau de vie, l’ambiance féconde et joyeuse qui règne dans le pays, est une grande réussite d’Erdogan.

    L’ennui, c’est que sa succès story lui monte un peu à la tête, et qu’il la joue « l’Etat c’est moi » . Il y a son islamisme impérialiste qui dérange, et sans doute (même si la presse n’en parle pas) le malaise devant son soutien aux psychopathes qui investissent la Syrie.

  • Je ne sais pas où il a vu la dictature de la charia en Turquie … les femmes ne sont pas voilées de force, c’est juste une autorisation de porter le voile dans les universités, certains mangent dans la rue en plein Ramadan …

    et le parti c’est bien CHP qui a magnifiquement réussi à mettre le pain en faillite il y a une douzaine d’années …

    ah oui on ne peut vanter la démocratie, le choix du peuple … puis le rejeter quand cela ne va pas dans notre sens …

  • Heureux qu’AVANT Erdogan et la montée 200x de l’AKP le trait culturel des turcs ait su conservé les acquis du khémalisme ! Turcs libérés de la sinistre « ère ottomane » et ses millions de cadavres.
    La Turquie se révélait pays méditerranéen d’avant-garde : travailleurs, assez bien formés, excellent en commerce, expansionnistes, un pont culturel entre Europe et M-O.
    Puis vinrent les troubles PKK et ceux latéraux entre sunnites de clivages. Puis cette erreur U.E. d’avoir imprudemment lancé la perche de l’adhésion sans discernement, face à l’ex-URSS… Puis cet appui inconsidéré des USA poussant à adopter le partenaire OTAN dans le giron de l’UE.
    Soit toutes des actions qui nient la tendance identitaire si marquée aujourd’hui qu’elle amène d’ancien Etats partenaires à se comporter en rivaux ! Turkmenistan pas mort : telle devrait être la lecture actualisée (c’était déjà documenté dans une revue AUTREMENT il y a dix ans). L’hinterland post-ottoman se restructure dans une adversité bien claire. Faudrait y songer ! L’armée turque (khémaliste) restée longuement le garant d’un équilibre intérieur et géopolitique est très affaiblie par l’AKP de tous les retors. Prions le ciel (QUI ça ?) pour que le mouvement intérieur TK rééquilibre les déviances d’une décennie …

  • À Amellal Ibrahim

    Tout de même, n’est-ce pas Erdogan qui a déclaré : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats ».

    Comme programme, ce n’est pas très rassurant…

    • Bonjour,
      N’est t il pas vrai que Atatürk a fait naitre ce pays a partir des décombres d’une empire déchue…la jeunesse Turque actuelle le sait tres bien..car sans KEMAL notre pays aurait eu une autre allure..a L’OCCİDENTALE..et aurait eu d’autres propriétaires qui aujourd’hui encore viennent nous demander la remise des cléfs a chaque occassion…ce pays attire le monde entier!!!

  • Eh bien il faut être bien présomptueux pour tirer un bilan des révoltes árabes moins de 5 ans après la chute de ces gouvernements. La Tunisie et l’Egypte des dictatures islamiques? Vous offensez des millions de saoudiens et iraniens qui vivent vraiment sous la charia.

    Il y a eu des élections, il y a eu des vainqueurs. Tant que les élections restent organisées (crédibles) et que les droits individuels restent un mínimum respectés, il faut maintenir le soutien à ces nouveaux régimes.

    Les problèmes principaux restent la corruption de l’Etat et le chômage. Le reste (de pouvoir poser à poil devant un tribunal) on verra après.

  • Les commentaires sont fermés.

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