Pollution : Pékin masqué

Forte pollution à Pékin : les nouvelles classes moyennes chinoises grondent.

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Pollution : Pékin masqué

Publié le 28 mai 2013
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Forte pollution à Pékin : les nouvelles classes moyennes chinoises grondent.

Par Guy Sorman.

L’air de Pékin est devenu irrespirable, dangereux : les parents fortunés éloignent les enfants, les Occidentaux y limitent leur séjour et les familles ne les accompagnent plus. Parfois règne sur la ville une sorte de purée de pois qui interdit les atterrissages et contraint les automobilistes à allumer leurs phares en plein jour. Quelle est l’explication de cette pollution sans équivalent ailleurs ?

Les industries qui autrefois occupaient la ville (Mao Zedung avait souhaité que toutes les pagodes soient remplacées par des cheminées d’usine et y parvint presque) sont maintenant éloignées. Le vent du désert, puissant, de tradition apporte la poussière mais nettoie l’atmosphère. Il reste la circulation automobile, dense mais pas plus que dans n’importe quelle autre capitale d’Asie. La cause unique de la pollution de Pékin, explique le journaliste blogueur Michael Anti de passage par Paris, est « la mauvaise qualité de l’essence utilisée par les automobiles » : celles-ci sont toutes d’un modèle récent mais l’essence est fournie par un monopole, SINOPEC, qui appartient à l’armée. Celui-ci, sans concurrent et au-delà de toute critique, fournit le carburant le plus ordinaire possible et le moins cher à produire.

Puisque SINOPEC est coupable, la solution paraît simple : que le gouvernement impose des normes ! Mais « le Parti communiste n’a pas, dit Michael Anti, le pouvoir d’imposer quoi que ce soit à l’armée ». Pékin, ajoute-t-il, n’est « pas pollué par l’essence mais par le régime politique singulier de la Chine ».

Seule issue possible : une révolte de la société civile que Michael Anti envisage. Les nouvelles classes moyennes ont renoncé à la liberté politique en échange du droit de s’enrichir, mais il leur faut maintenant renoncer à la santé, en raison de la pollution et de la toxicité des produits alimentaires de base : le riz est pollué au cadmium, on n’ose plus aller au restaurant… « Si le Parti communiste est ébranlé, dit Michael Anti, il faut redouter soit le chaos, soit la dictature militaire ».

Les Chinois ne veulent ni de l’un ni de l’autre. Et de quel côté seront les Occidentaux ? « Quand Moubarak a été renversé, dit Anti, les Occidentaux démunis, mal préparés, ne savaient plus à qui s’adresser ? » En Chine, demande-t-il, « à qui parlerez-vous si le Parti communiste est contesté par une rébellion civile » ? Ce scénario n’est pas certain, mais Michael Anti nous invite à nous y préparer. « Just in case », dit-il en anglais. Le Just in case China alternative.


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  • Oui enfin bon là ça va franchement, c’est vrai qu’en hiver il y a eu un bon mois où le fog était réellement impressionnant certains jours. Je ne savais pas pour la qualité de l’essence, je pensais que la pollution était due aux centrales à charbon. La fin de l’article part un peu dans tous les sens, oui on fait attention à ce qu’on mange, mais je n’ai jamais rencontré de gens qui n’osent plus aller au restaurant. Quant à la perspective d’une révolte à partir des problèmes sanitaires, elle me paraît pour le moins saugrenue. Les contestations vont certainement se faire plus pressantes dans les années qui viennent, mais leur fondement sera bien plutôt politique, et surtout économique je pense.

  • En bref : le smog chinois, au delà du seul aspect économique, entre autres noirceurs, le reflet d’une civilisation en pleine décadence, juste en léger décalage avec l’occident confronté plus avant aux conséquences ravageuses de la crise majeure.

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