État de l’université en France

Une photographie de l’état de l’enseignement supérieur en France.

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État de l’université en France

Publié le 22 mai 2013
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Une photographie de l’état de l’enseignement supérieur en France.

Par Jean-Baptiste Noé.
Toutes les données citées sont issues de la publication « L’état de l’enseignement supérieur et de la recherche en France », édition 2013. C’est la sixième édition de cette étude, publiée annuellement par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

I/ Les dépenses de l’enseignement supérieur

Les dépenses augmentent depuis 30 ans.

Dépenses en 2011 : 28 milliards d’euros. En prix constants : dépenses multipliées par 2,6 depuis 1980, augmentation annuelle moyenne de 3,1%. Dépenses annuelles moyennes par étudiants en 2010 : 11 630 €, soit 41,8% de plus qu’en 1980. Équivaut à la dépense pour un lycéen général ou technique (11 470€). Coût d’un étudiant d’une université publique : 10 770 €. Coût d’un étudiant en CPGE : 15 080€.

Les 2/3 des dépenses concernent les dépenses de personnels. Part de l’État dans le financement du supérieur : 72% en 2011. Part des ménages : 8,4%. Aide financière en faveur des étudiants : 5,9 Mds en 2011, contre 3,5 Mds en 1995 (en prix constants).

Coût théorique d’une scolarité de 18 ans, allant jusqu’à la licence sans redoublement : 146 750€ en 2011 (soit 8 152€ par an).

Évolution des dépenses de l’enseignement supérieur, en euros constants de 2011

1980 : 10,7 Mds€ – 1990 : 15,6 Mds€ – 2000 : 21,4 Mds€ – 2010 : 27,8 Mds€

II/ Parcours et réussite à l’université

Part d’une génération ayant le bac : 60% en 1995 ; 77,5% en 2012.

Évolution de la réussite au baccalauréat en série générale. 1995 : 287 046 admis. ES : 76 555, soit 26,6% – L : 71 460, soit 24,9% – S : 139 031, soit 48,4%

2011 : 283 821 admis. ES : 92 856, soit 32,7% – L : 45 535, soit 16% – S : 145 430, soit 51,2%

Très forte désaffection pour la série L, qui perd 25 925 admis en 16 ans. La série ES progresse : + 16 301 admis. La série S aussi (+ 6 399) mais se stabilise en pourcentage. C’est la série ES qui connaît le plus fort essor (de 26,6% en 1995 à 32,7% en 2011).

Évolution du nombre d’étudiants. Huit fois plus d’étudiants en 2011 (2 350 000) qu’en 1960 (310 000). En 2020, ils devraient être plus de 2,5 millions. C’est l’enseignement privé qui a concentré l’essentiel de ce dynamisme. Il représente aujourd’hui 18% des étudiants. 77% d’une classe d’âge obtient le bac, contre 10% en 1960. La durée des études s’allonge : 32% des jeunes entrés en sixième en 1995 ont obtenu un diplôme de bac+3.

Rentée 2011 : 2,3 millions d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. C’est le plus fort chiffre obtenu. 2004-2011 : hausse des effectifs dans les secteurs suivants : Santé (+21%), Droit (+18,2%). Baisse des effectifs dans les secteurs suivants : Sciences (-5,8%), Lettres et Sciences Humaines (-12%).

En 2011, 76% des 20-24 ans ont fait des études supérieures (diplômée ou non), contre 28% des 45-49 ans. Cette situation concerne tous les milieux sociaux : Enfants de cadres ou de professions intermédiaires qui ont fait des études supérieures : 76% des 20-24 ans, 56% des 45-49 ans. Enfants d’ouvriers ou d’employés qui ont fait des études supérieures : 40% des 20-24 ans, 17% des 45-49 ans. 27% des enfants de cadres ont un bac+5 contre 6% des enfants d’ouvriers.

III/ Le profil des étudiants

En 2011, l’université représente 46% des effectifs étudiants. La santé, 8%. Les écoles d’ingénieurs et de commerce, 5% chacune. 5% des étudiants sont en IUT et 3% en CPGE. 44% des étudiants inscrits en Master le réussissent en deux ans. 54% le réussissent en deux ou trois ans.

Évolution des formations privées : 80% de la croissance des dix dernières années est due au secteur privé. Ses effectifs ont cru de 50%. En 2011, les formations privées représentent la totalité des écoles de commerce, 1/3 des effectifs des écoles d’ingénieurs, 1/6 des étudiants de CPGE.

Évolution des taux d’inscription du bac général dans le supérieur (2000-2011) – Université : 61,8% en 2000, 52,1% en 2011. CPGE : 12,6% en 2000, 13,2% en 2011. Autres formations : 9,1% en 2000, 14,1% en 2011.

L’inscription à l’université connaît une baisse conséquente en 11 ans, avec une perte de 9,7 points. Pour les CPGE, l’inscription reste relativement stable. Elles passent de 12,6% en 2000 à 13,3% en 2005, et se stabilise autour de ce chiffre depuis lors. La grande évolution est pour la catégorie autres formations, regroupant les IEP et les écoles de commerce, qui passe de 9,1% à 14,1%, soit un gain de 5 points. Il est probable qu’elle prenne une part de ceux qui ne s’inscrivent pas à l’université.

Origine de la série selon l’inscription dans le supérieur : Bac ES : 24,9% des bacheliers vont à l’université en 2002, et 25,3% en 2011. 12,9% vont en CPGE en 2002 et 14,6% en 2011. Bac L : 19,9% à l’université en 2002, 16,1% en 2011. 10,1% en CPGE en 2002, 9,1% en 2011. Bac S : 39,1% à l’université en 2002, 39,3% en 2011. 72,6% en CPGE en 2002 et 71,2% en 2011.

Sur 10 ans, la part de bacheliers s’inscrivant soit à l’université soit en CPGE reste donc stable, quelle que soit la série générale choisie.

Part des femmes dans le supérieur : 56% des étudiants. Lettres et Sciences Humaines : 71%. Paramédical et social : 84%. Écoles d’ingénieur : 27%. CPGE : 46%. 46% des femmes qui sortent du système éducatif ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 37% des hommes.

Devenir des bacheliers de 2008 : 81% des bacheliers généraux qui ont eu une mention au bac suivent une licence, contre 66% des bacheliers généraux qui n’ont pas eu de mention et 34% des bacheliers technologiques. Au total, 65% des bacheliers de 2008 se sont inscrits en L1. En L3, on retrouve 64% des bacheliers généraux de 2008 avec mention, 35% des sans mention, et 22% des technologiques. Au total, 41% des bacheliers de 2008 sont en L3.

Les bacheliers technologiques et professionnels sont ceux qui connaissent le plus fort taux d’échec en licence. Même s’ils peuvent s’y inscrire, cette voie est souvent synonyme d’échec pour eux. Ceux qui réussissent le mieux sont les bacheliers généraux qui ont obtenu le bac avec mention.

IV/ État de santé des étudiants

73% des étudiants s’estiment en bonne santé. Mais les ¾ d’entre eux se déclarent fatigués. 35% se disent déprimés. Les étudiants des CPGE sont plus fatigués et plus nerveux que les autres, ce qui s’explique par davantage de cours que les autres.

50% des étudiants exercent une activité rémunérée.

Les déplacements : En 2010, les étudiants consacrent en moyenne 1 heure par jour à leur déplacement. En moyenne, ils résident à 31 mn de leur lieu d’étude ; 51 mn en Île-de-France. En moyenne, ils dépensent 62€ par mois de frais de déplacement. 46% font le trajet à pied, 35% en voiture, 9% en vélo et 1% en deux-roues.

V/ Insertion professionnelle des diplômés de l’université

30 mois après l’obtention de leur diplôme, 91% des masters et 92% des licences professionnelles sont en emplois. 80% des LP ont un emploi stable, contre 73% des masters. 96% des LP ont un emploi à temps plein contre 94% des masters. Ces chiffres sont stables par rapport à 2007.

Les diplômés de Droit-Economie-Gestion (DEG) et Technologies-Sciences-Santé (TSS) connaissent des conditions d’embauche plus favorables que ceux de Sciences humaines et sociales (SHS) et de Lettres-Langues-Arts (LLA). Ainsi 92% des diplômés de Master de DEG et de TSS (qui représentent 71% de l’ensemble) sont en emploi 30 mois après leur entrée dans la vie active contre 88% et 85 % seulement en SHS et en LLA. L’avantage des premiers est plus net encore en termes de qualité des emplois occupés : ceux-ci sont plus souvent de niveau cadre ou profession intermédiaire (20 points d’écart entre TSS et LLA), plus souvent stables (20 points d’écart entre DEG et SHS), plus souvent à temps plein, avec un salaire net mensuel médian hors primes supérieur de 16% au moins.

Le taux de chômage des jeunes sortants sans diplôme de l’enseignement supérieur est supérieur à 15% de ceux qui ont un diplôme, qui sont à 5% de chômage.

La hiérarchie des diplômes établie à trois ans se confirme à 5 et 7 ans. Ce sont les jeunes sortants des écoles d’ingénieur, et les diplômés des écoles de commerce qui connaissent les meilleures conditions d’insertion. Ils ont les salaires les plus élevés et sont le plus souvent en emploi à durée indéterminée. À l’université, les sortants de diplômes à visée professionnelle s’en sortent mieux que ceux de la voie générale.

Mais au niveau M2 toutes voies confondues, les taux de chômage sont très faibles, et la part des jeunes en emploi à durée indéterminée augmente très fortement au fil des années. Au niveau L3, les titulaires d’une licence professionnelle sont avantagés par rapport aux titulaires de licences générales. Les premiers sont mieux rémunérés sur le marché du travail et plus souvent cadres et stabilisés dans leur emploi.

Génération 2004 (c’est-à-dire celle qui a passé le bac en 2004) : 25% de chômage dans l’ensemble de la génération en janvier 2005. 30% pour ceux qui n’ont pas fait d’étude, 21% pour ceux qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur. En décembre 2011, cette génération est à 11% de chômage, 16% pour ceux qui n’ont pas fait d’étude, et 5% pour ceux qui ont un niveau bac+4.

Génération 2004 : Taux d’emploi général : 85%. Non sortant de l’enseignement supérieur : 78%. Master recherche : 90%. Écoles de commerce : 94%. Doctorat : 97%.

La colonne « Ne se réalise pas professionnellement » est éloquente : 14% de la génération 2004 répond oui. 16% pour les non-sortants de l’enseignement supérieur. Le plus fort taux est obtenu chez ceux qui ont fait une école de commerce : 21%, alors même que leur taux de chômage est un des plus faibles : 2%. Le taux le plus faible est chez les doctorants et le secteur santé-social : 8%. Pour les écoles d’ingénieur c’est 12%.

« Estimez-vous être employés en dessous de votre niveau de compétence ? » 27% de la génération 2004 répond oui.

Le plus fort taux est là-aussi obtenu chez les anciens étudiants des écoles de commerce : 40% de oui chez les bac+4 écoles de commerce, 33% chez les bac+5. Le plus faible taux ? Chez les écoles d’ingénieur (19%) et le santé-social (13%).


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