La mondialisation de l’inégalité

Avec un titre sous forme de conclusion, François Bourguignon reprend la plupart des clichés à la mode sur les inégalités. Et si les réalités (et les solutions) étaient bien différentes ?

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La mondialisation de l'inégalité, par François Bourguignon (Crédits Seuil, tous droits réservés)

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La mondialisation de l’inégalité

Publié le 15 mai 2013
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Avec un titre sous forme de conclusion, François Bourguignon reprend la plupart des clichés à la mode sur les inégalités. Et si les réalités (et les solutions) étaient bien différentes ?

Par Bogdan Calinescu.
Un article de l’aleps.

Ancien économiste de la Banque Mondiale, François Bourguignon apparaît comme le « spécialiste » des inégalités dans le monde. Son essai fait le tour du sujet mais n’apporte pas des réponses originales. Oui, il a raison de faire la différence entre les inégalités au sein d’un pays et celles d’un pays à l’autre. Il existe des inégalités entre les Américains mais on ne peut pas les comparer avec celles entre un Américain et un Somalien. L’auteur reconnaît aussi que le monde s’est enrichi, surtout depuis les années 1990. L’Inde et la Chine sont beaucoup plus riches qu’il y a 30 ans. La mondialisation a eu donc des effets bénéfiques. Néanmoins, il conclue à l’aggravation des inégalités depuis environ 30 ans. Et la mondialisation en est responsable. Au sein des pays, le phénomène inégalitaire se serait accru comme aux États-Unis. Et l’auteur de citer – inévitablement – les études des Thomas Piketty. Pour Bourguignon, « nos sociétés seraient de plus en plus inégalitaires et il faut corriger les injustices sociales ». Il faut « combattre la mondialisation des inégalités ». Vaste programme qui sent la hausse des impôts (même si l’auteur sait qu’elle peut avoir des effets néfastes sur l’économie) et du nombre de fonctionnaires, le clientélisme électoral et la redistribution aveugle. Cette politique interventionniste risque d’être faussée par la concurrence internationale. Bourguignon a la solution : il faut une « concertation internationale en matière de politiques redistributives ». Ça sent le gouvernement mondial…

Et si la réalité était différente ? D’abord, le monde s’est considérablement enrichi ces 20 dernières années. L’Amérique latine, l’Asie ont connu un développement économique impressionnant grâce à la mondialisation. En fait, les pays à la traîne sont surtout les pays qui ont fermé la porte à la mondialisation : la Corée du Nord, Cuba, la Bolivie, plusieurs pays africains… À moins d’être de (très) mauvaise foi, il est faux de dire que la mondialisation a accentué les inégalités. Elle a, au contraire, rendu les pays encore plus riches. Regardons les chiffres. Au début du XXe siècle, la différence moyenne entre les revenus les plus bas et les revenus les plus élevés étaient de 300. À la fin des années 2000, cette différence est de 50. C’est encore beaucoup mais c’est 6 fois moins qu’il y a un siècle. Il est vrai qu’il existe des salaires mirobolants comme ceux de certains footballeurs mais ce sont des exceptions. Oui, il existe des milliardaires. Mais il faudrait plus de Bill Gates et plus de Steve Jobs pour que les autres s’enrichissent et non pas l’inverse. Le système le plus « juste » c’est celui dans lequel les pauvres peuvent devenir riches et non pas l’inverse. Si les 1% des plus riches détiennent une très grosse fortune c’est qu’ils ont réussi. Et il faut rajouter que ces 1% payent 70% du total de l’impôt sur le revenu. Oui, on peut considérer que certaines inégalités se sont creusées, beaucoup plus dans des pays en développement rapide comme la Chine. Mais c’est aussi parce que les gens peuvent s’enrichir plus vite grâce aux opportunités économiques.

L’arme la plus efficace contre les inégalités n’est pas la redistribution mais la possibilité de s’enrichir. Les États-Unis montrent l’exemple. Dans le classement des milliardaires actuels, seulement 24% y figuraient en 1987. Le reste ce sont des entrepreneurs qui ont réussi et cela montre que la mobilité sociale est extrêmement importante car ça change tous les ans. C’est pareil pour les classes moyennes. La part des individus appartenant à la classe moyenne n’a cessé d’augmenter. La lutte contre les inégalités est devenue un véritable fonds de commerce qui ne tient pas compte des réalités économiques. Réduire les inégalités c’est d’abord offrir les opportunités pour réussir.


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  • Les politiques économiques et sociales des États et notamment leurs aspects écologiques, migratoires et de l’emploi ne peuvent avoir de sens que si sont pris en compte les fondamentaux de la démographie mondiale et les problèmes (dont la pauvreté et la pollution) qu’elle génère inexorablement.
    Ne pas en tenir compte ne peut que conduire à une aggravation de la pauvreté, de la misère profonde et des inégalités de toutes sortes, dans un monde de plus en plus riche.
    Voir à ce sujet : http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com

  • ‘la différence moyenne entre les revenus les plus bas et les revenus les plus élevés étaient de 300. À la fin des années 2000, cette différence est de 50’ Ce serait bien de nous étayer cette affirmation avec vos sources, qui est concerné par cette comparaison? Le Monde entier, la France? Certains sur ce site sont complètement incredibles dans leurs délires liberalistes…Ce type d’articles est juste bon pour de la propagande, dommage qu’on ne puisse pas s’essuyer avec un écran d’ordinateur.

  • « aggravation de la pauvreté », lol

    Extrait du rapport sur la distribution mondiale du revenu par le National Bureau of Economic Research :

    Le taux de pauvreté dans le monde a chuté de 80% passant de 0.268 en 1970 à 0.054 en 2006. Nous trouvons que diverses mesures de l’inégalité mondiale ont décliné substantiellement… etc…

    Beaucoup de chart sur la CHUTE spectaculaire des inégalités dans le monde dans l’étude en question.

    http://www.nber.org/papers/w15433

  • Un aperçu des inégalités salariales et de la pauvreté :
    1 travailleur canadien sur 6 touche un salaire du niveau du seuil de pauvreté. Idem pour 1 Nord-américain sur 5 soumis aux contrats courts, aux emplois précaires, soit 40 à 50 millions d’individus. Tandis que les dirigeants de grandes entreprises touchent de 6000 à 73.000 $ de l’heure. En 2007, entrée en crise majeure, il y avait 27 millions de Nord-américains qui étaient dépendants de bons alimentaires pour vivre, en 2013 ils sont près de 50 millions. En France, il y a 17 millions d’individus qui affrontent un état de grande pauvreté, et l’on pourrait multiplier les exemples.

    Un aperçu des organisations supranationales :
    Soixante-quatre ans après la création du FMI et de la Banque Mondiale (B.M) à Bretton Woods, il n’était plus possible de couvrir plus avant leurs grandes insuffisances. Plus d’échappatoire possible pour masquer leur rôle, leurs objectifs et leurs relations avec d’autres grandes institutions, notamment l’ONU. D’où la réaction des peuples et des observateurs du Nord et du Sud appelant à une remise en question de leur fonctionnement, et de la finalité de leur but.

    • Et cet article aujourd’hui: « Le FMI s’inquiète que 0,5 % de la population détienne plus de 35 % des richesses »
      Arrêtez donc de déblatérer vos délires ultra-liberalistes. Le liberalisme plutôt que le socialisme, tout à fait d’accord mais sans gouvernements et grosses entreprises corrompues et avec des règles pour rétablir les déséquilibres.

    • Le seuil de pauvreté est une mesure relative (% de population en dessous du revenu médian) qui ne veut pas dire grand chose. Un pauvre américain n’aura pas les mêmes problèmes qu’un pauvre d’un pays en développement. Ces mesures de la pauvreté négligent les mouvements au sein des différentes catégories. Un pauvre ne l’est pas tout au long de sa vie.

      Je vous invite à vous informer sur ceci:

      http://www.contrepoints.org/2012/12/04/106736-pauvrete-et-comparaisons-grossieres-le-cas-franceetats-unis

      Si tant d’américain sont sous bons alimentaires, c’est moins en raison de la hausse de l’extrême pauvreté mais plus des surplus agricoles induit par les subventions fédérales. Ces coupons sont un moyen d’écouler les stocks et d’éviter une baisse prix des céréales.

      Enfin la Banque Mondiale et le FMI ne sont en rien responsable de la pauvreté. D’ailleurs les pays sont libres d’adhérer à leur programme ou pas. Plusieurs ne le font pas et ne s’en sortent pas mieux. (épargnez nous les exemples vénézueliens et équatoriens qui ne sont en aucun cas stables et ne durent que grâce à la rente pétrolière malgré une fuite des capitaux et une chute de l’investissement).

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