Forte baisse de la violence par armes à feu aux États-Unis

En 20 ans, le nombre de meurtres commis par armes à feu, une chute massive dont personne n’est conscient. Pourquoi ?

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Forte baisse de la violence par armes à feu aux États-Unis

Publié le 11 mai 2013
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En 20 ans, les homicides par armes à feu on chuté de près de 40%, une réalité dont très peu de citoyens sont conscients. Pourquoi ?

Par Boris Navio.

L’information fait désordre dans le climat qui règne actuellement autour de la question des armes à feu et de leur libre acquisition aux États-Unis. Ces vingt dernières années le nombre de meurtres commis avec une arme à feu a chuté de près de 40%, les blessures non mortelles de presque 70%. Les chiffres émanent des statistiques du ministère de la Justice américain cité par l’agence de presse Reuters, la source ne devrait pas faire l’objet de polémiques. Pourtant seuls 12% des Américains ont conscience de cette baisse, alors que 56% sont persuadés que la criminalité liée aux armes à feu a augmenté entre 1993 et 2013, d’après un récent sondage du Pew Research Center.

Pourquoi un tel écart entre la réalité et la perception qu’en ont les Américains ? Les fusillades tragiques qui ont marqué le pays durant ces deux décennies semblent jouer fortement : Columbine, Virginia Tech, Aurora, et plus récemment Newtown sont autant de coups de folie meurtriers qui ont frappé les esprits par leur horreur. La multiplication de ces massacres, mais aussi leur médiatisation massive, ont engendré un climat de psychose dans le pays à une époque où le risque zéro, pourtant illusoire, devient une exigence populaire. Le lobby anti-armes à feu a su profiter de l’émotion qui a suivi chacune de ces tragédies pour imposer l’idée que les armes étaient directement à l’origine d’un déchaînement de violence toujours plus important. Mais les faits sont têtus, et la réalité demeure : près de -40% d’homicides en vingt ans, alors que dans le même temps la population du pays a largement augmenté (on peut raisonnablement supposer que le nombre d’armes en circulation a également progressé par simple phénomène d’accumulation). Voilà de quoi relancer l’éternel débat sur la libre vente d’armes à feu, un débat au sein duquel il convient de distinguer deux niveaux de réflexion :

  • La vision utilitariste, qui consiste à évaluer l’efficacité des politiques possibles en matière d’armes à feu pour adopter celle qui semble limiter le nombre de victimes, peu importe que cela implique une interdiction ou une autorisation.
  • La vision morale, qui recommande de suivre les principes considérés comme justes, et ce quelles que soient les conséquences de cette politique.

Les lobbys « pro » et « anti » ont tous deux recours à l’une ou l’autre de ces visions selon le moment, l’interlocuteur, etc. Généralement la vision utilitariste a meilleure presse en raison de son pragmatisme, c’est par conséquent le premier niveau d’argumentation développé. Les arguments moraux ont tendance à venir en second lieu, mais pas toujours. Les lobbys pro-armes font régulièrement appel au droit naturel pour chaque être humain d’assurer sa propre défense, mais surtout à la garantie qu’apporte le second amendement à la constitution des États-Unis d’Amérique sur la liberté pour chaque citoyen de s’armer.

Chez les libéraux le débat se place également sur les deux niveaux d’argumentation, les libéraux classiques favorisant plutôt l’argument utilitariste là où les libertariens défendent le principe du port d’arme pour ne surtout pas laisser à d’autres le monopole de la violence légale, comme un garde-fou contre les dérives autoritaires voire totalitaires de certains États (les exemples ne manquent pas dans l’histoire). Notons que les libéraux français, comme leurs compatriotes, sont parfois influencés par la culture nationale qui conçoit très difficilement le port d’arme pour un citoyen. Nous descendons d’une culture millénaire dans laquelle le privilège de porter une arme était le plus souvent réservé à la noblesse et aux représentants des pouvoirs légaux, de sorte que la privation de moyens de défense individuels est rarement ressentie comme une frustration ou une injustice.

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  • Pour moi qui subit des assauts quotidien de mon environnement urbain, je peux dire que je ressens bien la frustration et l’injustice.
    Fils de famille « rurale » Il y a toujours un fusil de chasse et des cartouches disponible à domicile mais je ne me casse pas le cul à passer le permis.

  • En fait, l’américain ressent assez clairement le risque de voir Big Brother contingenter les armes de défense, alors que bien entendu il n’interdira jamais celles de la pègre ou des psychopathes.

    Depuis Boston, le club de la libre détention d’armes à feu a gagné … un million de membres !

    Notons encore que, là où il serait difficile pour un type quelconque de se procurer une arme à feu, on voit des tueurs en série égorger des bébés avec un couteau de cuisine, et des tortionnaires étouffer leur victime avec un oreiller. Va-t-on interdire les couteaux et les oreillers ?

    Il y a quelques mois, deux braves journalistes de la télé belge, ne connaissant rien au sujet, ce sont donné une semaine pour acheter des armes interdites. Leur moisson sidérante représentait un formidable arsenal d’une centaine de pièces diverses, à l’exclusion du matériel lourd qui leur a été proposé, mais auquel ils avaient dû renoncer pour cause de budget !
    Interdire les armes à feu, c’est en fait donner le monopole aux « méchants » !
    Reste la sécurité d’usage, qui doit s’apprendre. Chez nous, tous les enfants tirent à plomb vers 6 ans, et à la carabine 22 vers 9 ou 10. Autrement dit, désarmer la carabine ou casser le fusil, ne mettre personne en joue « pas même avec un balai », ce sont des réflexes acquis dès l’enfance. Le vrai danger, c’est la possession tardive et bâclée d’une arme à feu !

  • Cette baisse des crimes violent est commun a l’ensemble du monde occidental. Pas seulement aux États-Unis. Mais l’article ne signale que l’on se suicide, tirer ou blesse accidentellement bien plus par sa propre arme de sa propre main ou par une connaissance que l’on ne se fait tirer dessus par un étranger.

    Et en matière de crime de masse effectué par des ados aux usa, le fait est que dans la grande majorité des cas, ils sont commit avec des armes dérobé a leurs parents ! Lors de la dernière fusillade a l’école, la professeur a été abattu par son fils avec l’une des armes qu’elle avait acheté !

    Avoir une arme pour l’autodéfense, entendu, mais respecter les règles de sécurité. Il faut un permis pour conduire une voiture et l’inspecteur doit vous le refusé si vous ne savez vous pas respecté les règles et le lobby des armes a fait repousser un texte demandant un simple contrôle des achats par internet et vérifiant si vous n’êtes pas cinglé. Pour moi. C’est de la démence.

  • un bon article qui recadre le non débat sur les armes en Europe totalement pollué par les anti tout

  • « on peut raisonnablement supposer que le nombre d’armes en circulation a également progressé par simple phénomène d’accumulation » vous voulez baser la puissance de votre démonstration sur les chiffres incontestables de la baisse des meurtres mais il vous manque une donnée essentielle sur le le nombre d’arme en circulation. Pas très sérieux tout ça.

  • On pense que l’absence d’armes est un signe de civilisation. Or, on voit bien le résultat quand l’Etat s’arroge le monopôle de la sécurité : idéologique et inique.

  • Plus de meurtre à distance, style drone, moins de besoin d’armes de poings.

  • J’ai une collection reliée du « Petit Journal » du début du siècle (pas celui-ci, l’autre). A un moment ils offraient un revolver avec chaque nouvel abonnement. Je me souviens d’un article où ils arguaient que le revolver était l’arme du citoyen respectueux des lois: « son aboiement alerte la police qui fait sa ronde » à l’opposé du surin, l’arme des apaches par excellence, qui tue en douce, sans faire de bruit

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