Interview de Alexander McCobin, fondateur de Students for Liberty

Contrepoints a rencontré le fondateur de Students for Liberty, l’association qui fait découvrir les idée de liberté sur les campus.

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Alexander McCobin, fondateur de Students for Liberty

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Interview de Alexander McCobin, fondateur de Students for Liberty

Publié le 5 mai 2013
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Du 8 au 10 mars 2013 s’est tenue la 2ème Conférence Européenne de l’association Students For Liberty à Louvain en Belgique.  Près de 400 jeunes venus de tout le continent s’étaient donné rendez-vous autour des idées de liberté. Contrepoints était sur place pour recueillir les impressions de son président et fondateur, l’Américain Alexander McCobin, forcément heureux devant le succès si rapide de sa branche européenne.

En moins de 5 ans McCobin a transformé une petite association universitaire en une véritable entreprise florissante dédiée aux idées de liberté. « A Free Academy, A Free Society », telle est la devise de Students For Liberty. Désormais bien installée dans le paysage américain, SFL est en passe de réussir son pari d’investir les universités européennes et bientôt celles du monde entier en encourageant les étudiants à monter une franchise de l’association dans leur établissement. Grand costaud dans un joli costume, le jeune homme de 26 ans est un éternel enthousiaste qui a su, par son charisme, s’entourer d’une équipe dynamique à l’efficacité redoutable.

Alexander McCobin, fondateur de Students for Liberty

Contrepoints : Alexander, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre association ?

Alexander McCobin : Je suis Alexander McCobin, j’ai 26 ans et je suis le président de « Students For liberty ».

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour créer ce mouvement ? Avez-vous pris exemple sur d’autres associations du même type ?

Pas exactement. Cette organisation est avant tout le fruit de ma propre expérience et de celle d’autres étudiants. Nous avons en effet remarqué qu’il manquait fondamentalement une association comme celle-ci. J’ai commencé à être sensibilisé à ces idées le jour où pour mon anniversaire j’ai reçu de mon père Atlas Shrugged d’Ayn Rand, j’ai eu l’impression que ce livre était une transcription de tout ce que j’avais toujours pensé ! J’ai alors passé le reste du lycée à étudier l’objectivisme et le libéralisme.

Ainsi, lorsque je suis arrivé à l’université, j’étais un libertarien convaincu. Pendant les deux premières années, je n’ai trouvé personne avec qui partager ces idées. Au bout d’un moment je me suis dit : « Alex si tu penses comme ça, c’est que tu es fou ! Tu ferais mieux d’adopter la pensée socialiste, comme tous tes camarades ». Au lieu de ça, j’ai décidé de créer un groupe pour faire mieux connaître ces idées. Dès la première année, plus de 200 membres nous ont rejoints. J’ai alors compris qu’il y avait toujours eu des libertariens sur le campus mais qu’ils ne se connaissaient pas entre eux.

L’année suivante j’ai été pris en stage à Reason Foundation (ndj : think-tank américain majeur, avec lequel travaille Contrepoints). Ceci m’a permis de rencontrer d’autres groupes libertariens et nous avons commencé à échanger sur nos différentes expériences pour faire émerger les meilleures pratiques.

À partir de là nous avons décidé d’organiser une conférence pour 30 personnes à New York, mais celle-ci a regroupé plus d’une centaine d’étudiants venus de 42 universités de trois pays différents. Nous avons réalisé qu’il existait une véritable demande de la part des étudiants qui souhaitaient obtenir des conseils pour monter leur propre mouvement et le faire prospérer. De là est donc né le mouvement Students For Liberty. Il n’a depuis jamais cessé de grandir.

Est-ce pour vous une activité à temps plein ou avez-vous un métier par ailleurs ?

Pendant les trois premières années, je me suis consacré à cette association en tant que bénévole. Ensuite j’en suis devenu un salarié à temps plein tout en continuant par ailleurs mon doctorat de philosophie à l’université de Georgetown.

D’après vous, en quoi Students For Liberty est-elle différente des autres organisations du même type ?

À vrai dire, lorsque nous avons démarré il n’y avait pas d’autre organisation libertarienne de ce type aux États-Unis, du moins au niveau national, pour nous aider. C’est pourquoi nous avons voulu endosser ce rôle avec Students for Liberty. Les seules associations comparables seraient les Jeunes Démocrates et les Jeunes Républicains, mais celles-ci sont très politiquement liées au Parti Républicain ou au Parti Démocrate. C’est la différence avec nous, puisque notre association se revendique apolitique, destinée uniquement à diffuser des idées économiques et philosophiques. Il n’existe donc pas véritablement d’association comparable, et surtout pas avec une croissance aussi rapide que nous, en cela on peut dire que SFL est à part. En Europe, vous avez des organisations similaires, que nous essayons d’ailleurs d’épauler en leur fournissant des ouvrages gratuits et des sessions de formation. Notre seul et unique but est d’éduquer, de sensibiliser les gens aux idées qui défendent les libertés.

Justement croyez-vous que la politique soit un complément de votre action, ou pensez-vous qu’il ne faut compter que sur la société civile pour faire émerger les idées de liberté ?

Nous pensons que de toute manière on ne peut pas ignorer la politique. Si l’on veut véritablement que la société change, la politique est un passage obligé. Pour changer un système et les règles sur lesquelles il repose, il faut un moment ou à un autre l’intégrer.

Pensez-vous que c’est à vous même de le faire à l’avenir, ou n’êtes-vous ici que pour influencer les partis politiques ?

Ce qui est certain c’est qu’avant de parler d’engagement politique, il faut d’abord avoir conquis le champ des idées, les cœurs et les esprits des citoyens. N’oublions pas que les partis politiques comme les entreprises – les théoriciens du « public choice » nous le rappellent – répondent avant tout à une demande. Si avec Students For Liberty nous arrivons à convaincre de plus en plus de gens que les idées libérales sont les idées d’avenir, alors nous influencerons tous les partis politiques, pas seulement les républicains et/ou démocrates. C’est pourquoi nous cherchons d’abord avant tout à développer des idées, les faire connaître, pour faire émerger une nouvelle génération d’hommes et de femmes aptes à défendre les libertés. Certains d’entre eux feront de la politique, et d’autres non. Et c’est justement une bonne chose : il faut de futurs leaders politiques qui défendront nos idées. Mais il en faut également dans toutes les couches de la société, dans toutes les professions. Ils seront les relais d’opinion du futur.

Quelle est la plus grande réussite de Students for Liberty jusqu’à présent ? De quoi êtes-vous le plus fier ?

Pour être honnête, toute l’association ! Je suis impressionné par la rapidité de son développement. Je le suis à chaque nouvel événement, comme aujourd’hui, à la seconde conférence européenne de SFL.

Que pensez-vous justement de ces trois jours de débats et de conférences ? Êtes-vous satisfait de la manière dont l’événement s’est déroulé ?

Je suis plus que satisfait, cela a dépassé toutes nos attentes ! Il y avait plus de 350 participants qui ont parlé du futur de l’Europe et du reste du monde. Il y a à peine trois ans nous mettions en place la toute première équipe européenne et nous n’étions pas du tout sûrs que le mouvement prendrait. Aujourd’hui, l’organisation grandit encore plus vite en Europe qu’aux États-Unis.

N’est-ce pas parce que l’expérience que vous avez acquise en développant votre mouvement aux États-Unis vous a permis d’aller plus vite en Europe ?

Cela a pu jouer, en effet.

Quels sont les prochains objectifs de votre mouvement ? Visez-vous d’autres continents, comme l’Asie, l’Océanie, etc. ?

Il est clair que notre organisation a pour vocation d’être mondiale, et d’aider les étudiants où qu’ils soient. Nous sommes ainsi en train de monter d’autres équipes à travers le monde, qui sont en train de créer leurs propres programmes locaux, comme au Brésil. Il faut également mentionner le lancement d’un mouvement destiné aux pays hispanophones d’Amérique du Sud.

Nous allons également lancer notre première conférence en Afrique d’ici à la fin 2013, peut-être au Nigeria. En Asie et en Australie, nous en sommes encore à l’étape de la recherche des meilleurs dirigeants possibles pour les futures structures.

Je dois dire que nous ne faisons pas ça uniquement dans le but de nous qualifier d’organisation internationale. Nous voulons vraiment créer les structures adaptées pour répondre aux besoins du plus grand nombre d’étudiants possibles à travers tous les continents. C’est pourquoi d’ailleurs nous sommes venus en Europe. Nous ne sommes pas venus en nous disant « étendons-nous à tout prix, allons conquérir l’Europe ! ». Nous sommes venus parce que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une véritable attente exprimée par les étudiants européens. Je suis très optimiste pour l’avenir dans la mesure où nous recevons des demandes partout à travers le monde pour que nous venions nous y implanter.

Avez-vous entendu parler de mouvements libéraux en France ?

Assez peu, pour être franc. Principalement à travers les antennes locales de SFL. (Paris, Aix-Marseille notamment, ndj)

Qu’avez-vous à dire aux étudiants français intéressés par votre association ?

Que nous faisons tous partie du même mouvement. Nous avons tous à cœur la défense des libertés ; c’est un combat qui ne connaît pas de frontières. Nous sommes là pour vous aider et espérons que vous allez nous rejoindre !

La page Facebook de ESFL: http://www.facebook.com/EuropeSFL

Pour rejoindre l’antenne la plus proche de chez vous ou pour démarrer la votre, rendez-vous ici: http://studentsforliberty.org/european-students-for-liberty/join-the-esfl-network/

Propos recueillis par Boris Navio, traduction-transcription par PLG.

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  • Je trouve ça fou que le développement des organisations libérales soit si faible dans notre pays. Alors que des groupuscules communistes à l’encéphalogramme politique plat depuis 30-40 ans arrivent encore à conserver des noyaux de fanatiques sur tout le territoire.

  • « – Quelle est la plus grande réussite de Students for Liberty jusqu’à présent ? De quoi êtes-vous le plus fier ?

    – Pour être honnête, toute l’association ! »

    Si l’existence de l’association est la preuve que l’association a réussi, on n’est pas rendus. On aurait aimé que cette réponse ne satisfasse pas l’interviewer. Car, à la lecture de ce papier, impossible de savoir à quoi sert exactement Students for Liberty.

    Je suis allé sur leur site, voir quelle définition ils donnent de la liberté. La voici :

    « What Students For Liberty endorses are the principles that comprise liberty:
    Economic freedom to choose how to provide for one’s life;
    Social freedom to choose how to live one’s life;
    and Intellectual and academic freedom. »

    Encore et toujours le remplacement de LA liberté par LES libertés, histoire de faire gagner du terrain aux relativistes. Résultat : de ces trois catégories, la bonne – la troisième – est qualifiée de « social freedom ». Autant se tirer une balle dans le pied.

    Je ne comprends pas pourquoi tant de libertariens se prétendent les hérauts de la liberté la plus pure, alors qu’ils sont les premiers à en changer la définition pour coller avec leurs raisonnements ou leurs objectifs.

    • Erratum. « La bonne : la deuxième ». Évidemment.

    • Ce qu’il faut surtout voir avec SFL c’est le développement exponentiel de cette association. Pour avoir été à une de leurs conférences (Munich en 2012), le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils sont actifs.

      Pour une « jeune » organisation, ils parviennent tout de même à rassembler de nombreuses personnes d’origines différentes, dont des sceptiques. Ils ne se placent pas comme « hérauts de la liberté », mais plutôt comme une sorte de plateforme de rassemblement des libertariens au niveau universitaire. Il n’y a pas vraiment de doctrine unifiée et certains conférenciers peuvent avoir des opinions assez diverses sur de nombreuses questions. Ceci ne nuit pas au mouvement, bien au contraire : il a été pensé non pas comme un outil de promotion pure du libéralisme, mais comme un outil de rassemblement et de débat. La promotion, pour sa part, se fait uniquement par les initiatives individuelles des membres.

  • D’accord avec Pascal sur le glissement sémantique du mot liberté, mais franchement quand on s’adresse au grand public ça me semble un détail.

    Sur sa réponse satisfaite de l’existence de l’association ça ne me semble pas illogique, car le fait qu’en peu de temps l’asso ait réussi à réunir et motiver autant d’étudiants et à s’imposer dans les paysage associatif libéral est en soi une belle réussite !

    • Pardon, mais à mes yeux, le « paysage associatif » est un monde imaginaire…

      « quand on s’adresse au grand public ça me semble un détail »

      C’est quand on s’adresse au grand public, qu’il faut être le plus exigeant. La liberté a une définition, « la capacité de l’individu à décider de ce qu’il pense, dit et fait », et la modifier pour des raisons tactiques est une stratégie délirante, puisque le grand public comprend parfaitement cette définition et qu’il n’en veut pas d’autres, alors que celles des libertariens sont le plus généralement incompréhensibles à moins d’être soi-même libertarien (« la propriété de mon propre corps » et ce genre de formules de science-fiction relevant de la novlangue).

      On ne change pas les mots. On ne change pas le sens des mots. On fait avec, sans quoi on n’est plus réaliste.

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