Il ne faut pas réformer l’État

Réformer l’État est une tâche impossible. Le Mammouth produit lui-même sa mauvaise graisse.

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Il ne faut pas réformer l’État

Publié le 26 avril 2013
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Réformer l’État est une tâche impossible. Le Mammouth produit lui-même sa mauvaise graisse.

Par Michel de Poncins.

Il ne faut surtout pas réformer l’État et il faut le faire maigrir selon une méthode adaptée ce qui n’est pas évident. Les politiques qui, en France, ont imaginé des actions diverses pour prétendument le réformer étaient soit ignorants soit complices.

Raffarin avait annoncé 230 mesures pour réformer l’État ce qui devait générer 500 millions d’euros d’économies. La chasse aux taille-crayons était ouverte, avec Francis Mer comme  « Grand Veneur » qui avait réuni une commission de plusieurs dizaines de personnes pour organiser cette chasse !

François Fillon avait le projet de noter les ministres. Ce rôle de professeur était comique. Il les jugeait sur leurs aptitudes à faire passer des textes : cela revenait à leur capacité de nuire puisque le pays croule sous l’inondation de lois.

Une autre méthode fut la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui consiste en une analyse des missions et des actions de l’État, suivie de la mise en œuvre de scénarios de réformes structurelles. Cette RGPP inaugurée en 2007 puis poursuivie en 2012 n’a guère donné de résultats probants. Elle ne le pouvait pas car, selon une vieille tradition républicaine, elle dégageait une forte puanteur d’usine à gaz.

La fausse droite laissant la place à la vraie gauche, celle-ci a voulu continuer mais autrement. Nous voilà partis vers un audit des politiques publiques qui doit se prolonger pendant tout le quinquennat. Adieu à la RGPP et bonjour à la MAP ou modernisation de l’action publique. Personne ne voit pourquoi cela marcherait mieux maintenant.

Les objectifs avoués

Les personnes au pouvoir depuis des lustres sont noyées dans la même idéologie super-étatique, et ce quelle que soit leur appartenance sur l’échiquier politique. Bien que lavées et relavées par la  même pensée unique qu’elles alimentent comme d’autres, il leur reste assez de bon sens pour constater qu’elles agissent dans le vide.

En 2007, un audit avait dénoncé les dysfonctionnements : « Le travail de coordination interministériel connaît un emballement pathologique propre à la France ». Il y a trop de réunions interministérielles, trop de conseillers, trop de décisions prises sans l’avis des ministres, et le gouvernement ne parvient plus à travailler. Le phénomène s’est accru d’année en année. Les rapporteurs n’ont certes pas eu l’idée que le mal venait justement du nombre de ministres ! L’une des conséquences est la pléthore croissante des cabinets ministériels.

Il en résulte de temps à autre la résurgence de l’idée de réformer l’État.

Les objectifs avoués n’ont rien d’absurde : dépenser mieux, être plus efficace, faire des économies. Pour justifier l’immense remue-méninge de la maladie réformite, les chiffres d’économies prévues sont calculés à grand renfort d’experts. Ils sont faux par nature ; s’ils étaient justes par miracle, ces économies ne seraient jamais réalisées, les administrations faisant le gros dos en attendant la fin de l’épidémie.

L’explication de la réformite

Celle-ci se trouve dans l’obésité croissante de l’État, sur toile de fond d’idéologie socialiste qui répand l’effet de ruine dans tout le corps social.

L’État prétend s’occuper de toute la vie nationale dans tous les détails, au lieu de laisser le marché jouer librement et il s’invente ainsi une foule de tâches et d’objectifs dans lesquels il n’est pas possible de mettre de l’ordre et qui sont souvent contradictoires.

Tous les autres signes de la décadence de la France en découlent : inflation des ministères, inflation des conseillers et des « machins » inutiles, parlottes innombrables sans effet et sans intérêt, efforts perdus de coordinations impossibles, gaspillage inimaginable de temps et d’efforts.

Dans un pays libre, personne n’aurait l’idée d’infliger aux populations une horreur  « bourreaucratique » comme le chèque-transport, faisant suite au chèque-déjeuner ou au chèque-vacances ! Chacun gèrerait les évolutions du prix des carburants dans le cadre du marché. Et l’exemple vaut pour la majeure partie des actions étatiques qui devraient donc être supprimées à grande vitesse, comme il est parfaitement possible de le faire.

Jean-Louis Borloo est à lui seul un exemple emblématique. Étant l’auteur d’une parlotte mémorable du nom de Grenelle de l’environnement, il a inspiré 268 mesures. Celles-ci conduisent à l’inflation législative au nom de concepts aussi fumeux que le développement durable.

Dégraisser le Mammouth

L’État au fil du temps est devenu le Mammouth suprême, père de tous les Mammouths qui pillent la richesse nationale. Le rappel historique ci-dessus montre que le réformer est une tâche impossible. Ceux qui prétendent qu’un programme d’économies suffit sont des menteurs car la racine du mal subsistera.

La seule solution est de supprimer totalement des tâches complètes : plus de bureaux, plus de formulaires, plus de contentieux, plus de ministère, plus de cabinets, plus de guerres internes, plus de circulaires, plus de parlottes… Si quelqu’un veut et peut le faire, nous tenons à sa disposition une première liste de tâches réellement idiotes à supprimer.

Les lecteurs qui ne seraient pas convaincus peuvent constater qu’il existe depuis longtemps un ministère de la réforme de l’État : le Mammouth produit lui-même sa mauvaise graisse.

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  • J’abonde dans ce sens…
    Il est impossible de moderniser des organisations sans management depuis les origines… Et gouvernées par les syndicats .
    L’exemple suprême est de demander aux députes de publier leur propre patrimoine!!!

  • J’ai aimé l »‘idéologie socialiste qui répand l’effet de ruine dans tous le corps social. »

    C’est vrai sur le fonds, mais, ce qui ne gâte rien, bien élégant sur la forme.

    Merci.

  • Et si on prenait quatre mesures simples ?

    _____ Première mesure simple : suppression simultanée des aides aux entreprises et de l’impôt sur les sociétés (les aides cumulées aux entreprises dépassent le montant de l’IS, ce qui fait que l’opération est bénéficaire)

    _____Deuxième mesure : gel de toute modification fiscale pendant dix ans.

    _____Troisième mesure : abrogation du permis de construire préalable et majoration de 100% du droit à construire sur toutes les surfaces déjà constructibles (il manque un million de logements selon la Fondation Abbé Pierre)

    ______Quatrième mesure : arrêt de l’embauche de fonctionnaires pendant cinq ans et autorisation de transferts entre administrations ( le nombre de fonctionnaires a été majoré de 1 million en vingt ans, sans que le service soit d’une nature différente ou ait fondamentalement changé).

    En un jour, c’est le choc international suite à l’annonce de ces quatre mesures : « Enfin, la France se réveille ».

    En une semaine, la France est à la fois sidérée et retrouve l’optimisme.

    En un mois l’investissement repart à la hausse et toutes les délocalisations sont stoppées.

    En un semestre, la courbe du chômage est nettement inversée et les investissements étrangers affluent.

    En un an des projets de relocalisation se mettent en place et l’industrie du bâtiment prend de l’essor.

    En deux ans, les comptes publics sont rééquilibrés et la production industrielle monte en gamme qualitativement.

    En trois ans, le chômage repasse sous les 5% de la population active à la grande stupéfaction du Monde, et une ou deux innovations majeures sont produites en France.

    En cinq ans, notre enseignement supérieur retrouve son rayonnement international, et la langue française reprend des couleurs.

    En dix ans, la référence française entre dans l’Histoire. On parle alors de la Renaissance française, et du « dragon de l’Europe ». L’Allemagne est soulagée d’être libérée d’un boulet, et au contraire tirée vers le haut par nos innovations.

    *****

    Michel de Poncins, vous avez reçu la grâce de la foi et êtes catholique.

    Vous savez que selon le Catéchisme de l’Eglise catholique (CEC), la vertu d’espérance est une des trois vertus théologales. Je copie ici le paragraphe 1818 du CEC :

    « La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes ; elle les purifie pour les ordonner au Royaume des cieux ; elle protège du découragement ; elle soutient en tout délaissement ; elle dilate le cœur dans l’attente de la béatitude éternelle. L’élan de l’espérance préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charité. »

    Bien cordialement.

  • La réforme de l’État est ce grâce à quoi l’État étend les champs de son pouvoir et de son impuissance.

  • L’état de va JAMAIS se réformer.
    ll va s’écrouler complètement, et il sera ensuite reconstruit sur les bases de la nouvelle réalité issue de l’écroulement , seul Dieu sait de qoui elle sera faite.. cette « nouvelle situation »

  • Nous savons tous ce qu’il faut faire. Je subodore que certains politiques aussi. Mais comme il faut avoir la carrure d’un bucheron canadien pour manier la hache, ce profil n’existe pas dans le personnel actuel. Mânes de Maggie Thatcher, pouvez-vous revenir nous aider!

  • L’Etat est un monstre, en effet, engendré par des ordonnances pondues par le régime de Vichy auxquelles se sont surajoutées celles de 1945 pondues par le parti communiste. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, c’est la gauche marxiste épaulée par les syndicats qui gouverne la France par l’intermédiaire des administrations toutes sous la coupe des syndicats communistes. La France ressemble à la Russie soviétique et son effondrement est proche.
    J’ai écrit aujourd’hui sur mon blog une réflexion à ce sujet :
    http://jacqueshenry.wordpress.com/2013/04/26/amnistie-pour-les-faucheurs-de-mais-ogm/

  • Je me souviens d’une méga réunion entre Cabinet belge et français, où Paris m’invitait à venir discuter de problèmes bien concrets. Route de grand matin, je suis à pied d’oeuvre à 9 heures.

    Entre une noria d’agités, conseillers, directeurs de cabinet et autres inconnus, qui me saluent, et passent l’heure suivante à se chercher, se complimenter, s’envoyer des vacheries. Moi, je reste de glace.

    Puis l’un des intervenants se lance dans une péroraison interminable, à laquelle les autres ajoutent leur grain de sel. Je n’ai toujours pas ouvert la bouche, le concours de logorrhée se poursuit, il est 11.30 h.

    Là, la conversation change de cap : quel restaurant pour notre sublime invitée ? Les idées fusent, le débat est vif, on mobilise des chauffeurs, des secrétaires affolées nous réservent un salon … Je n’ai toujours pas ouvert la bouche.

    Nous passons à table, et là, pas un mot de nos affaires. Il faut bien faire un break, dirait-on.

    Retour sous les ors de la république : c’est la phase de digestion. Soudain, 16 heures approchant, on vient au sujet de notre collaboration. Réintroduction bavarde, je me tais toujours et laisse dire (beaucoup de sottises, mais qu’!mporte).

    Et tout à coup, LA PHRASE ! « Pensez-vous qu’une collaboration soit possible ?

    Moi, avec une sobriété exemplaire : « oui » !

    Et comme ils sont sciés, j’ouvre une porte : « désignez-moi un interlocuteur »

    La papote reprend, je me lève : « quand vous l’aurez choisi, qu’il prenne contact avec moi ». Et hop, retour à la mère-patrie, laissant la volaille en pleine discussion 🙂

    Ce qui prend une journée en France, c’est réglé en 2 minutes en Belgique. « J’ai un projet conjoint (défini en deux mots). Tu marches » ?
    Le lendemain, une note de synthèse, on échange quelques remarques, et on passe à l’action 🙂

    Avant de dégraisser le mammouth, il faudrait dégraisser les méninges des gens 🙂

    • Ce n’est pas propre à l’Etat…
      toutes les grosses structures françaises fonctionnent sur ce principe….
      J’y suis confronté au quotidien, à mon très modeste niveau, dès lors qu’il s’agit de décider comment nous organiser pour faire mieux, et à moindre cout… simplifiez s’avère alors d’une extrême complexité…

      • oui, c’est partout pariel, comme disait raymond barre:  » tel est le francais, grand parleur et petit faiseur  » .
        pour diserter du sexe des anges ou de la couleur du formulaire, les francais sont tres bon, quand les boches passent la frontière, ils jettent leurs fusil en criant  » sauvons nous, les boches arrivent « , apres quoi, ils leur demandent s’ils veulent du  » a l’ail « . encore dix ans, et ils demanderont a leur nouveaux maitres s’ils veulent du  » a l’al « 

    • C’est très inquiétant, car sachant que la Belgique est extrêmement socialiste, si elle l’est beaucoup moins que la France, on n’est pas dans la merde.

  • Le développement durable, un concept fumeux ? C’est une blague, j’espère ?
    Actualisez votre disque dur, c’est une externalité que l’on ne peut aujourd’hui plus ignorer.
    Quel avenir voulons nous laisser à nos enfants ?

    • en endetant le pays plus que de raison, les gens de votre espèce sont en train de le ruiner  » l’avenir de nos enfants « .

      • Que savez vous de mon espèce ?
        Je suis libérale, et je considère que le libéralisme doit se conjuguer avec les grands enjeux environnementaux. Le développement durable n’est de loin pas nécéssairement facteur d’endettement, au contraire, bien des richesses en ressortirons.
        Certains sont manifestement ici dans le déni, les générations futures, elles, seront confrontés à la réalité.

        • ce que je sais du dakota, c’est qu’il y a le dakota nord et le dakota sud, au millieu, les bad land, capitale; des moines, je crois. climat epouvantable l’hiver ( blizzard ) qui a ruiné de nombreux pionniers qui s’etaient lancés dans l’elevage au 19ième siecle. les monts rushmore doivent etre pas tres loins.
          question pour du pognon, appuyez sur le baiseur ( hehe … ) sans rancune !!!

        • Permettez-moi s’il vous plaît Mrs Dakota, de vous contredire. Développement durable? Certes le terme a permis à la droite conservatrice, de reprendre avec ce coup médiatique un concept de la chasse gardée écolos. Mais au delà, le respect des ressources naturelles et de la propriété d’autrui sont des idées économiques intemporelles, qui couvrent assez bien le même champ – et de manière plus franche quand même.
          Surtout, elles ne nécessitent pas une nouvelle couche de décrets « structurants », comme ceux couvrant typiquement le remplacement forcé « en 13 phases lunaires » des ampoules à filament par des engins à mercure – selon un catalogue de normes standards à redéfinir en cours de quinquénat et dont le recyclage demandera la distribution de combinaison ABC à toute la population.

  • Pour faire maigrir le Mammouth il n’y apas 36 solutions . Il faut l’affamer. Comme c’est le Mammouth qui décide des impots , la seule solution est l’esquive.

  • C’est tout comme demander a une personne en surpoids de faire un effort, tout en continuant de remplir son frigo a ras-bord.
    Le seul moyen de maigrir, c’est de diminuer les revenus de l’Etat. Loi interdisant le recours a la dette au dela de XX% du PIB.

  • On ne peut pas dégraisser le mamouth, le public comme les politiciens ayant dans le jeu démocratique que des incitations à faire le contraire. Le problème, c’est 1) la démocratie, 2) la centralisation.

  • Les commentaires sont fermés.

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