Élus, augmentez-vous : il n’y a pas de meilleur moyen de sensibiliser le contribuable

L’augmentation par les élus de leurs indemnités est sans doute la meilleure campagne de sensibilisation du contribuable. Élus, continuez !

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Élus, augmentez-vous : il n’y a pas de meilleur moyen de sensibiliser le contribuable

Publié le 2 avril 2013
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Les temps sont difficiles, les Français ont du mal à boucler leurs fins de mois, et les élus ne sont pas en reste. Contribuables, rassurez-vous : ils ont la possibilité de décider de leurs indemnités, et ne s’en privent pas.

Par Baptiste Créteur.

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Commençons par une information joyeuse : les élus du Cateau-Cambrésis ont voté une baisse de 10% de leurs indemnités. Un geste qu’il faut saluer ; il aurait été préférable de répercuter les économies ainsi réalisées par une baisse des impôts plutôt que par l’accroissement d’autres dépenses, mais il est toujours agréable de voir les représentants du peuple penser en premier lieu à l’intérêt de ce dernier.

Ce n’est pas tout à fait la démarche des élus de la communauté d’agglomération du Val Maubuée, qui ont décidé d’augmenter leurs indemnités de 30%. Certains élus ont protesté ; les socialistes ont un indéniable talent pour rassembler les Français contre eux, et notamment à rassembler UMP et communistes – qui se rassemblent pour dénoncer les résultats minables de l’action gouvernementale et présidentielle et, malheureusement trop rarement, les magouilles et détournements divers commis par les sympathiques élus.

L’augmentation coutera 84 000 €, à se partager entre le président et ses 15 vice-présidents – une petite armée mexicaine au service d’une communauté d’agglomération de 86 000 habitants. Même les délégués communistes sont contre, c’est dire.

Notre pays vit à l’heure de l’austérité, ont déclaré ces derniers, et notre population est la première mise à contribution. Le point d’indice du salaire du fonctionnaire est gelé depuis trois ans. Et le premier geste de notre communauté d’agglomération serait d’augmenter les indemnités d’élus de près de 30% ?

La population n’est pas la première mise à contribution ; c’est la seule. L’État n’a pas réduit son train de vie, ni entamé le début du commencement d’une austérité pourtant nécessaire. Toute la population n’est d’ailleurs pas mise également à contribution ; seuls les contribuables paient, et dans des proportions différentes. La prise en compte du niveau de revenus dans le montant des allocations familiales versées ne fait qu’accroître la contribution nette des ménages concernés, qui sont déjà les plus gros contributeurs nets.

On fait donc toujours porter l’effort par les mêmes, ceux qui « ne sont pas à plaindre » et pourraient donc légitimement financer les désirs de tous les autres. Mais le droit de propriété est naturel et imprescriptible pour chaque individu. On peut considérer que l’État est une formidable tuyauterie qui prélève partout et redistribue partout et que, par conséquent, tout le monde en bénéficie d’une façon ou d’une autre. Mais beaucoup d’argent se perd en chemin, beaucoup sert à faire fonctionner la tuyauterie, et il devient difficile de savoir de quoi chacun bénéficie et combien cela lui coute.

Récemment, dans l’émission Ce Soir Ou Jamais, Jacques Attali déclarait que les Français avaient bénéficié de plus de services de la part de l’État que ce pour quoi ils payaient dans la mesure où l’État était en déficit ; par conséquent, il serait normal d’envisager des solutions comme celle adoptée à Chypre. La dette de l’État français devient la dette de tous les Français, et on peut faire payer certains d’entre eux pour la rembourser.

S’il est évident que ce sont, en dernière analyse, les Français qui paieront, il est plus que temps de changer de paradigme et de comprendre qu’aujourd’hui, l’État n’est pas réellement au service des citoyens.

D’abord – et on ne le rappellera sans doute jamais assez – parce que la priorité aujourd’hui pour tout homme politique sensé et sensible à l’intérêt des citoyens serait la réduction de la dépense publique. Ou plutôt – parce qu’on n’insistera jamais assez – parce que ce serait son seul axe de travail, son seul programme, son seul leitmotiv.

Également parce que certains élus et fonctionnaires n’hésitent pas à utiliser l’État à leur bénéfice direct ou celui de leurs amis. Les innombrables subventions, notamment à la presse et au cinéma, ont un coût direct pour le contribuable. Les mesures de protection de certains secteurs ont également un coût, plus difficile à estimer mais bien réel. Et le manque de transparence des dépenses de l’État et des élus laisse planer de fortes présomptions de clientélisme.

Enfin, parce que, s’ils étaient vraiment soucieux du sort des Français, les hommes politiques cesseraient de leur mentir. Non, la France ne va pas bien, et elle a peu de chances d’aller mieux dans les années à venir. Les prévisions de croissance sont régulièrement revues à la baisse, les déficits revus à la hausse, les régimes sociaux devront subir d’importants changements pour éviter leur faillite pure et simple. Et surtout, l’État ne peut rien faire pour relancer la croissance.

Au mieux, il peut diminuer progressivement les entraves qu’il lui pose, mais il n’a pas l’air très motivé. Lorsque des députés se sont récemment attaqué au problème des normes – 400 000 pour les seules collectivités territoriales – ils ont proposé d’en supprimer… 23. Un excellent travail de débroussaillage, très soigné et méticuleux pour éviter de nuire à la biodiversité de notre paysage juridique, qui ne débouche sur rien. Et pour éviter de subir les mêmes entraves, l’exécutif veut légiférer par ordonnances – il n’y a pas de raisons que l’État subisse les mêmes contraintes que les citoyens qu’il est censé servir, n’est-ce pas ?

Quant à réduire les prélèvements, tant que la dépense publique ne diminuera pas, c’est inenvisageable. Et comme l’économie va mal, les dépenses sociales vont augmenter, et la seule raison pour laquelle les hommes politiques ne tentent pas une nouvelle relance inefficace, ce n’est pas parce qu’ils ne croient plus au dogme keynésien – pourtant largement invalidé par leurs précédentes tentatives – mais parce qu’ils n’ont plus la marge de manœuvre suffisante pour le faire.

On continuera donc à mentir aux Français ; à leur présenter de faux obstacles, pour leur éviter de se rendre compte que les normes et les prélèvements sont les principales entraves à la prospérité et à la croissance ; à leur présenter l’État comme un gentil protecteur qui agit toujours dans leur intérêt pour leur éviter de s’intéresser de trop près aux abus, gaspillages et effets pervers de l’intervention étatique ; à leur annoncer une austérité qui n’a pas lieu pour les assommer sous une fiscalité apocalyptique plutôt que réduire le train de vie de l’État.

La meilleure chance que les Français prennent conscience du problème que représente aujourd’hui un État trop gourmand est sans doute le genre d’abus auquel viennent de se livrer les élus de la communauté d’agglomération du Val Maubuée. Chers élus, j’espère que votre campagne de sensibilisation des contribuables sera une grande réussite.

—-

La France croule sous le poids de ses 600.000 élus

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