Bisphénol A : le gouvernement français serait-il allé trop vite ?

En raison de récentes études, les hommes politiques français ont peut-être eu tort d’interdire le bisphénol-A de tous les contenants alimentaires.

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Bisphénol A : le gouvernement français serait-il allé trop vite ?

Publié le 6 mars 2013
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En raison de récentes études, les hommes politiques français ont peut-être eu tort d’interdire le bisphénol-A de tous les contenants alimentaires.

Par Valentin Petkantchin.
Un article de l’Institut économique Molinari.

C’est bien connu en science : constater une corrélation ne signifie absolument pas qu’il existe un lien de causalité entre les phénomènes observés. Vous remarquez par exemple que le nombre de noyades augmente de pair avec le nombre de glaces vendu sur les plages. Il serait tentant de conclure que l’interdiction de consommer des glaces sur la plage pourrait sauver des vies humaines. En fait, un troisième facteur – à l’image du beau temps – pourrait très bien expliquer les deux phénomènes.

Ce cas de figure (simpliste à dessein) illustre pourtant assez bien ce qui se passe actuellement à propos du bisphénol-A (BPA).

À l’instar de nombreuses substances chimiques, le BPA n’est pas sans risques sanitaires dans l’absolu. De nombreuses études associent ainsi sa présence à de nombreuses maladies telles que le diabète de type 2, problèmes cardio-vasculaires, certains cancers, etc. Cette corrélation a été instrumentalisée par des groupes de pression et des hommes politiques dans leurs efforts visant à interdire le BPA.

Pourtant, plusieurs nouvelles études, présentées récemment à la conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science, indiquent qu’une telle corrélation serait là-aussi trompeuse.

Dans l’une d’elles, le Professeur Richard Sharpe, expert en médecine reproductive de l’Université d’Edinbourg ayant étudié les effets du BPA, constate ainsi qu’aucune étude ne démontre que l’exposition au BPA serait la cause des maladies qu’on lui incrimine. Il pousse l’analyse plus loin en précisant que l’hypothèse d’une relation de cause à effet serait peu logique parce que « cela signifierait que le bisphénol-A est incroyablement puissant et toxique, ce qui n’est pas conforme aux études publiées ». Un mauvais régime alimentaire, i.e. la surconsommation de fast food par exemple, pourrait tout aussi bien, selon l’expert, expliquer l’obésité et le diabète constaté que la présence de BPA.

Une autre étude – commandée par l’Environmental Protection Agency (EPA) américaine et réalisée par une équipe rattachée au Département de l’énergie des États-Unis – va également dans ce sens. Fondée sur l’analyse de 150 études portant sur le BPA et sur la concentration de la substance chez 30 000 personnes dans 19 pays, elle conclut que l’exposition réelle de la population en général serait plusieurs centaines, voire milliers de fois, inférieure à celle qui causerait des effets toxiques tels que ceux que l’on observe chez les animaux et fondant la croyance en un lien entre BPA et diverses maladies.

Ces études remettent ainsi en cause – pour l’instant – la dangerosité du BPA dans les conditions d’utilisation réelle. Mais elles prouvent surtout qu’il n’existe pas de consensus scientifique sur le sujet. D’ailleurs, si un consensus existe en la matière, il conclut plutôt à l’innocuité du BPA qui a été régulièrement confirmée lors des évaluations par les différentes agences sanitaires dans le monde.

Les hommes politiques français auraient donc eu tort de se précipiter et d’interdire le bisphénol-A (BPA) de tous les contenants alimentaires pour 2015 et de ceux destinés aux enfants et aux femmes enceintes dès le début de cette année.

Ce ne serait pas si grave, si un tel « précautionnisme » précipité n’ignorait pas dans le même temps les bénéfices économiques du BPA. Et s’il n’était pas finalement dangereux pour la sécurité alimentaire et la santé des consommateurs.

En effet, utilisé depuis environ un demi-siècle, le BPA est présent dans de nombreux produits dont dépend notre niveau de vie, à l’image des résines époxy protégeant de manière optimale, sous forme de vernis, nos aliments et boissons. Or, ces vernis sont le seul « rempart » à l’heure actuelle contre des intoxications alimentaires, liées à des bactéries comme l’E.Coli ou le botulisme, une maladie paralytique grave pouvant causer la mort. Ce n’est pas du jour au lendemain que des substituts valables seront trouvés.

Le « zèle » des pouvoirs publics français pourrait bien obliger les consommateurs français à faire face à des produits plus chers, mais aussi à des risques accrus pour leur santé, liés à une sécurité alimentaire sous-optimale du fait de l’utilisation de substituts au BPA aux effets inconnus.


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  • Je trouve que votre analyse est pertinente. Toutefois je coince sur : Ce n’est pas du jour au lendemain que des substituts valables seront trouvés. La pensé en limitant les actes ne peut pas aboutir à de nouvelles découvertes.

  • Il convient de toujours garder à l’esprit ce fait essentiel
    La plupart des résultats publiés sont faux
    (Most Published Research Findings Are False)

    http://www.plosmedicine.org/article/info:doi/10.1371/journal.pmed.0020124

    En cherchant des corrélations entre tout et n’importe quoi, on en trouve, parce qu’il en existe qui sont totalement aléatoires. pour reprendre votre exemple des glaces, à force de chercher si les glaces ont un effet sur les noyades, les insolations, le diabète, les cancer et milliers d’autre pathologies, les chutes d’avion, les accidents de trains et les coups d’état, les ouragans et les tremblements de terre, vous allez forcément trouver une corrélation un jour.
    Et vu l’omniprésence des produits chimiques, et leur nombre, il est fatal que vous trouviez des corrélations — aléatoire ! — entre chacun d’entre eux et un truc néfaste.

    • à P
      Je plussoie ! Merci d’avoir dit très exactement ce que j’aurais aimé dire.

    • Les lobbys sont très actifs pour nous tromper, (voir les lobbys du tabac et de l’amiante qui ont bloqué les interdictions pour éviter les morts) et faire croire que ce BPA est sans danger alors que toutes les études montrent que les perturbateurs endocriniens ont des effets à long terme graves sous estimés ( mais peu d’études à plus de 3 mois !! ).
      Le BPA est très similaire à un autre bisphénol : le distilbène (voir sur wikipedia les différents produits ,) juste le pont entre les deux phénols change, jugé mensongèrement sans danger et prescrit pendant des décennies contre les fausses couches, une horreur qui entraine des malformations graves sur des générations !!

      lisez l’historique résumé des produits chimiques : un empoisonnement universel Fabrice Nicolino ed. LLL

      Tous ces produits bisphénols, et autres perturbateurs endocriniens, sont dangereux et c’est criminel de les autoriser sans tests approfondis sur 3 générations de souris au moins .

      lisez un historique résumé : un empoisonnement universel Fabrice Nicolino ed. LLL

      Les terroristes détraqués font bien moins de morts que ces saletés chimiques mises partout !!

  • le Bisphénol A est utilisé pour le revêtement intérieur des canettes de sodas et bières dont la consommation régulière est mauvaise pour la santé, sans doute est ce celà le vrai facteur et pas le BPA ??
    sur les produits de substitution on s’est rendu compte que les substituts au paraben étaient allergènes

  • Les chimistes ont trouvé la parade au BPA avec le bisphénol Sulfonate (BPS), une molécule étrangement identique au BPA qui comme le BPA se fixe sur les récepteurs stéroïdiens – et ce dernier point a été clairement démontré – avec des niveaux d’interférence de l’ordre de picomolaire. Les études ont été réalisées in vitro. Or il n’existe aucune étude in vivo sur animal et a fortiori sur l’homme dans ce sens car ce type d’investigation est prohibitif et les chimistes n’envisagent même pas un instant de les réaliser. L’ « affaire » du BPA met en avant l’effet d’une quelconque molécule chimique à des doses infimes et répétitives. C’est aussi le cas pour la radioactivité. Maintenant, le fait que certains décideurs prennent des initiatives contre l’usage d’un tel composé n’est que la conséquence du principe fallacieux de précaution qui date de l’encéphalite bovine et du sang contaminé, une loi qui protège d’abord les politiciens et ensuite, éventuellement, les citoyens et consommateurs.
    Le débat, que ce soit à propos du BPA (et bientôt du BPS) ou d’autres xénobiotiques, est loin d’être terminé ! J’ai écrit un certain nombre d’articles sur mon blog à ce sujet.

    • jacqueshenry : « et ce dernier point a été clairement démontré – avec des niveaux d’interférence de l’ordre de picomolaire »
      ————————
      Des « niveaux d’interférence de l’ordre de picomolaire » ainsi que « l’effet d’une quelconque molécule chimique à des doses infimes et répétitives », ça ne veut strictement rien dire, c’est de la soupe, typique de la « science » escrologiste.

      Respirer de l’air, boire de l’eau, manger n’importe quel aliment, aller au soleil, avaler une banane (40 bq de radioactivité) a aussi « de l’effet et des niveaux d’interférence », souvent massif. Et alors ???

    • La radioactivité à faible dose a pour effet de stimuler certains mécanismes de défense.

  • Le gag dans cette histoire du BPA, c’est que la seule alternative (recommandée même par les écolo) c’est le BPS (Bisphénol S). Qui est lui reconnu comme irritant, cancérigène et toxique…

  • Les commentaires sont fermés.

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